HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, Livre I

Chapitres 120-129

  Chapitres 120-129

[1,120] CXX. Ἁρπάγῳ μὲν Ἀστυάγης δίκην ταύτην ἐπέθηκε, Κύπου δὲ πέρι βουλεύων
ἐκάλεε τοὺς αὐτοὺς τῶν Μάγων οἳ τὸ ἐνύπνιὸν οἱ ταύτῃ ἔκριναν. ἀπικομένους δὲ
εἴρετο Ἁστυάγης τῇ ἔκρινάν οἱ τὴν ὄψιν. οἳ δὲ κατὰ ταὐτὰ εἶπαν λέγοντες ὡς
βασιλεῦσαι χρῆν τὸν παῖδα, εἰ ἐπέζωσε καὶ μὴ ἀπέθανε πρότερον. (2) δὲ
ἀμείβεται αὐτοὺς τοῖσιδε. "ἔστι τε παῖς καὶ περίεστι, καί μιν ἐπ? ἀγροῦ
διαιτώμενον οἱ ἐκ τῆς κώμης παῖδες ἐστήσαντο βασιλέα. δὲ πάντα ὅσα περ οἱ
ἀληθέι λόγῳ βασιλέες ἐτελέωσε ποιήσας? καὶ γὰρ δορυφόρους καὶ θυρωροὺς καὶ
ἀγγελιηφόρους καὶ τὰ λοιπὰ πάντα διατάξας ἦρχε. (3) καὶ νῦν ἐς τί ὑμῖν ταῦτα
φαίνεται φέρειν;" εἶπαν οἱ Μάγοι "εἰ μὲν περίεστί τε καὶ ἐβασίλευσε παῖς μὴ ἐκ
προνοίης τινός, θάρσεέ τε τούτου εἵνεκα καὶ θυμὸν ἔχε ἀγαθόν? οὐ γὰρ ἔτι τὸ
δεύτερον ἄρχει. παρὰ σμικρὰ γὰρ καὶ τῶν λογίων ἡμῖν ἔνια κεχώρηκε, καὶ τά γε
τῶν ὀνειράτων ἐχόμενα τελέως ἐς ἀσθενὲς ἔρχεται". (4) ἀμείβεται Ἀστυάγης
τοῖσιδε. "καὶ αὐτὸς Μάγοι ταύτῃ πλεῖστος γνώμην εἰμί, βασιλέος
ὀνομασθέντος τοῦ παιδὸς ἐξήκειν τε τὸν ὄνειρον καί μοι τὸν παῖδα τοῦτον εἶναι
δεινὸν ἔτι οὐδέν. ὅμως μέν γέ τοι συμβουλεύσατέ μοι εὖ περισκεψάμενοι τὰ
μέλλει ἀσφαλέστατα εἶναι οἴκῳ τε τῷ ἐμῷ καὶ ὑμῖν". (5) εἶπαν πρὸς ταῦτα οἱ
Μάγοι " βασιλεῦ, καὶ αὐτοῖσι ἡμῖν περὶ πολλοῦ ἐστι κατορθοῦσθαι ἀρχὴν τὴν
σήν. κείνως μὲν γὰρ ἀλλοτριοῦται ἐς τὸν παῖδα τοῦτον περιιοῦσα ἐόντα Πέρσην,
καὶ ἡμεῖς ἐόντες Μῆδοι δουλούμεθά τε καὶ λόγου οὐδενὸς γινόμεθα πρὸς
Περσέων, ἐόντες ξεῖνοι? σέο δ? ἐνεστεῶτος βασιλέος, ἐόντος πολιήτεω, καὶ
ἄρχομεν τὸ μέρος καὶ τιμὰς πρὸς σέο μεγάλας ἔχομεν. (6) οὕτω ὦν πάντως ἡμῖν
σέο καὶ τῆς σῆς ἀρχῆς προοπτέον ἐστί. καὶ νῦν εἰ φοβερόν τι ἐνωρῶμεν, πᾶν ἂν
σοὶ προεφράζομεν. νῦν δὲ ἀποσκήψαντος τοῦ ἐνυπνίου ἐς φαῦλον, αὐτοί τε
θαρσέομεν καὶ σοὶ ἕτερα τοιαῦτα παρακελευόμεθα. τὸν δὲ παῖδα τοῦτον ἐξ
ὀφθαλμῶν ἀπόπεμψαι ἐς Πέρσας τε καὶ τοὺς γειναμένους".
[1,120] CXX. Le roi, s'étant ainsi vengé d'Harpage, manda les mêmes mages qui avaient interprété son songe de la manière que nous avons dit, afin de délibérer avec eux sur ce qui concernait Cyrus. Les mages arrivés, il leur demanda quelle explication ils avaient autrefois donnée du songe qu'il avait eu. Ils lui firent la même réponse : « Si l'enfant, dirent-ils, n'est pas mort, en un mot, s'il vit encore, il faut qu'il règne. - L'enfant vit et se porte bien, leur dit Astyages ; il a été élevé à la campagne : les enfants de son village l'ont élu pour leur roi. Il a fait tout ce que font les véritables rois ; il s'est donné des gardes du corps, des gardes de la porte, des officiers pour lui faire le rapport des affaires ; en un mot, il a créé toutes les autres charges. Que pensez-vous que cela puisse présager ? - Puisque l'enfant vit, répondirent les mages , et qu'il a régné sans aucun dessein prémédité, rassurez-vous, seigneur, vous n'avez plus rien à craindre, il ne régnera pas une seconde fois. Il y a des oracles dont l'accomplissement s'est réduit à un événement frivole, et des songes qui ont abouti à bien peu de chose. - Je suis moi-même aussi de cet avis, reprit Astyages ; l'enfant ayant déjà porté le nom de roi, le songe est accompli ; je crois n'en avoir plus rien à craindre. Cependant réflé-hissez-y mûrement, et donnez-moi le conseil que vous penserez le plus avantageux à votre sûreté et à la mienne. - Seigneur, dirent les mages, la stabilité et la prospérité de votre règne nous importent beaucoup ; car enfin la puissance souveraine, venant à tomber entre les mains de cet enfant qui est Perse, passerait à une autre nation ; et les Perses, nous regardant comme des étrangers, n'auraient pour nous aucune considération, et nous traiteraient en esclaves. Mais vous, seigneur, qui êtes notre compatriote, tant que vous occuperez le trône, vous nous comblerez de faveurs, et nous régnerons en partie avec vous. Ainsi notre intérêt nous oblige, à tous égards, à pourvoir à votre sûreté et à celle de votre empire. Si nous pressentions maintenant quelque danger, nous aurions grand soin de vous en avertir ; mais, puisque l'issue de votre songe est frivole, nous nous rassurons, et nous vous exhortons à vous tranquilliser de même : éloignez de vous cet enfant, et renvoyez-le en Perse à ceux dont il tient le jour. »
[1,121] CXXI. ἀκούσας ταῦτα Ἀστυάγης ἐχάρη τε καὶ καλέσας τὸν Κῦρον ἔλεγέ οἱ τάδε.
" παῖ, σὲ γὰρ ἐγὼ δι? ὄψιν ὀνείρου οὐ τελέην ἠδίκεον, τῇ σεωυτοῦ δὲ μοίρῃ
περίεις? νῦν ὦν ἴθι χαίρων ἐς Πέρσας, πομποὺς δὲ ἐγὼ ἅμα πέμψω. ἐλθὼν δὲ ἐκεῖ
πατέρα τε καὶ μητέρα εὑρήσεις οὐ κατὰ Μιτραδάτην τε τὸν βουκόλον καὶ τὴν
γυναῖκα αὐτοῦ".
[1,121] CXXI. Astyages, charmé de cette réponse, manda Cyrus. « Mon fils, lui dit-il, je vous ai traité avec injustice, sur la foi d'un vain songe ; mais enfin votre heureux destin vous a conservé, et vous vivez. Soyez tranquille ; partez pour la Perse, escorté par ceux que je vous donnerai pour vous accompagner : vous y verrez votre père et votre mère, qui sont bien différents de Mitradates et de sa femme. »
[1,122] CXXII. ταῦτα εἶπας Ἀστυάγης ἀποπέμπει τὸν Κῦρον. νοστήσαντα δέ μιν ἐς τοῦ
Καμβύσεω τὰ οἰκία ἐδέξαντο οἱ γεινάμενοι, καὶ δεξάμενοι ὡς ἐπύθοντο,
μεγάλως ἀσπάζοντο οἷα δὴ ἐπιστάμενοι αὐτίκα τότε τελευτῆσαι, ἱστόρεόν τε
ὅτεῳ τρόπῳ περιγένοιτο. (2) δέ σφι ἔλεγε, φὰς πρὸ τοῦ μὲν οὐκ εἰδέναι ἀλλ?
ἡμαρτηκέναι πλεῖστον, κατ? ὁδὸν δὲ πυθέσθαι πᾶσαν τὴν ἑωυτοῦ πάθην?
ἐπίστασθαι μὲν γὰρ ὡς βουκόλου τοῦ Ἀστυάγεος εἴη παῖς, ἀπὸ δὲ τῆς κεῖθεν
ὁδοῦ τὸν πάντα λόγον τῶν πομπῶν πυθέσθαι. (3) τραφῆναι δὲ ἔλεγε ὑπὸ τῆς τοῦ
βουκόλου γυναικός, ἤιέ τε ταύτην αἰνέων διὰ παντός, ἦν τέ οἱ ἐν τῷ λόγῳ τὰ
πάντα Κυνώ. οἱ δὲ τοκέες παραλαβόντες τὸ οὔνομα τοῦτο, ἵνα θειοτέρως δοκέῃ
τοῖσι Πέρσῃσι περιεῖναί σφι παῖς, κατέβαλον φάτιν ὡς ἐκκείμενον Κῦρον κύων
ἐξέθρεψε.
[1,122] CXXII. Astyages, ayant ainsi parlé, renvoya Cyrus en Perse. Cambyse et Mandane, ayant appris ce qu'il était, le reçurent et l'embrassèrent, comme un enfant qu'ils avaient cru mort en naissant. Ils lui demandèrent comment il avait été conservé : Cyrus leur répondit que jusqu'alors il l'avait ignoré, et qu'à cet égard il avait été dans une très grande erreur ; qu'en chemin il avait été instruit de ses malheurs ; qu'il s'était cru fils du bouvier d'Astyages, mais que, depuis son départ, il avait tout appris de ses conducteurs. Il leur conta comment il avait été nourri par Cyno, la femme du bouvier, dont il ne cessait de se louer et de répéter le nom. Son père et sa mère, se servant de ce nom pour persuader aux Perses que leur fils avait été conservé par une permission particulière des dieux, publièrent partout que Cyrus ayant été exposé dans un lieu désert, une chienne l'avait nourri. Voilà ce qui donna lieu au bruit qui courut.
[1,123] CXXIII. ἐνθεῦτεν μὲν φάτις αὕτη κεχώρηκε. Κύρῳ δὲ ἀνδρευμένῳ καὶ ἐόντι τῶν
ἡλίκων ἀνδρηιοτάτῳ καὶ προσφιλεστάτῳ προσέκειτο Ἅρπαγος δῶρα πέμπων,
τίσασθαι Ἀστυάγεα ἐπιθυμέων? ἀπ? ἑωυτοῦ γὰρ ἐόντος ἰδιώτεω οὐκ ἐνώρα
τιμωρίην ἐσομένην ἐς Ἀστυάγεα, Κῦρον δὲ ὁρέων ἐπιτρεφόμενον ἐποιέετο
σύμμαχον, τὰς πάθας τὰς Κύρου τῇσι ἑωυτοῦ ὁμοιούμενος. (2) πρὸ δ? ἔτι τούτου
τάδε οἱ κατέργαστο? ἐόντος τοῦ Ἀστυάγεος πικροῦ ἐς τοὺς Μήδους, συμμίσγων
ἑνὶ ἑκάστῳ Ἅρπαγος τῶν πρώτων Μήδων ἀνέπειθε ὡς χρὴ Κῦρον
προστησαμένους Ἀστυάγεα παῦσαι τῆς βασιληίης. (3) κατεργασμένου δέ οἱ
τούτου καὶ ἐόντος ἑτοίμου, οὕτω δὴ τῷ Κύρῳ διαιτωμένῳ ἐν Πέρσῃσι βουλόμενος
Ἅρπαγος δηλῶσαι τὴν ἑωυτοῦ γνώμην ἄλλως μὲν οὐδαμῶς εἶχε ἅτε τῶν ὁδῶν
φυλασσομενέων, δὲ ἐπιτεχνᾶται τοιόνδε? (4) λαγὸν μηχανησάμενος, καὶ
ἀνασχίσας τούτου τὴν γαστέρα καὶ οὐδὲν ἀποτίλας, ὡς δὲ εἶχε οὕτω ἐσέθηκε
βυβλίον, γράψας τά οἱ ἐδόκεε? ἀπορράψας δὲ τοῦ λαγοῦ τὴν γαστέρα, καὶ δίκτυα
δοὺς ἅτε θηρευτῇ τῶν οἰκετέων τῷ πιστοτάτῳ, ἀπέστελλε ἐς τοὺς Πέρσας,
ἐντειλάμενὸς οἱ ἀπὸ γλώσσης διδόντα τὸν λαγὸν Κύρῳ ἐπειπεῖν αὐτοχειρίῃ μιν
διελεῖν καὶ μηδένα οἱ ταῦτα ποιεῦντι παρεῖναι.
[1,123] CXXIII. Cyrus étant parvenu à l'âge viril, comme il était le plus brave et le plus aimable des jeunes gens de son âge, Harpage, qui désirait ardemment se venger d'Astyages, lui envoyait des présents, et le pressait de le seconder. Étant d'une condition privée, il ne voyait pas qu'il lui fût possible de se venger par lui-même de ce prince ; mais ayant observé que Cyrus, en croissant, lui donnait l'espoir de la vengeance, et venant à comparer les aventures de ce prince et ses malheurs avec les siens, il s'attacha à lui et se l'associa. Il avait déjà pris quelques mesures, et il avait su profiter des traitements trop rigoureux que le roi faisait aux Mèdes, pour s'insinuer dans l'esprit des grands, et leur persuader d'ôter la couronne à Astyages, et de la mettre sur la tête de Cyrus. Cette trame ourdie, et tout étant prêt, Harpage voulut découvrir à Cyrus son projet ; mais comme ce prince était en Perse, et que les chemins étaient gardés, il ne put trouver, pour lui en faire part, d'autre expédient que celui-ci. S'étant fait apporter un lièvre, il ouvrit le ventre de cet animal d'une manière adroite, et sans en arracher le poil ; et, dans l'état où il était, il y mit une lettre où il avait écrit ce qu'il avait jugé à propos. L'ayant ensuite recousu, il le remit à celui de ses domestiques en qui il avait le plus de confiance, avec un filet, comme s'il eût été un chasseur, et lui ordonna de vive voix de le porter en Perse à Cyrus , et de lui dire, en le lui présentant, de l'ouvrir lui-même et sans témoins.
[1,124] CXXIV. ταῦτά τε δὴ ὦν ἐπιτελέα ἐγίνετο καὶ Κῦρος παραλαβὼν τὸν λαγὸν
ἀνέσχισε? εὑρὼν δὲ ἐν αὐτῷ τὸ βυβλίον ἐνεὸν λαβὼν ἐπελέγετο, τὰ δὲ γράμματα
ἔλεγε τάδε. " παῖ Καμβύσεω, σὲ γὰρ θεοὶ ἐπορῶσι? οὐ γὰρ ἂν κοτὲ ἐς τοσοῦτο
τύχης ἀπίκευ? σύ νυν Ἀστυάγεα τὸν σεωυτοῦ φονέα τῖσαι. (2) κατὰ μὲν γὰρ τὴν
τούτου προθυμίην τέθνηκας, τὸ δὲ κατὰ θεούς τε καὶ ἐμὲ περίεις? τά σε καὶ πάλαι
δοκέω πάντα ἐκμεμαθηκέναι, σέο τε αὐτοῦ περὶ ὡς ἐπρήχθη, καὶ οἷα ἐγὼ ὑπὸ
Ἀστυάγεος πέπονθα, ὅτι σε οὐκ ἀπέκτεινα ἀλλὰ ἔδωκα τῷ βουκόλῳ. σύ νυν, ἢν
βούλῃ ἐμοὶ πείθεσθαι, τῆς περ Ἀστυάγης ἄρχει χώρης, ταύτης ἁπάσης ἄρξεις.
Πέρσας γὰρ ἀναπείσας ἀπίστασθαι στρατηλάτεε ἐπὶ Μήδους? (3) καὶ ἤν τε ἐγὼ
ὑπὸ Ἀστυάγεος ἀποδεχθέω στρατηγὸς ἀντία σεῦ, ἔστι τοι τὰ σὺ βούλεαι, ἤν τε
τῶν τις δοκίμων ἄλλος Μήδων? πρῶτοι γὰρ οὗτοι ἀποστάντες ἀπ? ἐκείνου καὶ
γενόμενοι πρὸς σέο Ἀστυάγεα καταιρέειν πειρήσονται. ὡς ὦν ἑτοίμου τοῦ γε
ἐνθάδε ἐόντος, ποίεε ταῦτα καὶ ποίεε κατὰ τάχος".
[1,124] CXXIV. Le domestique ayant exécuté ses ordres, Cyrus ouvrit le lièvre, et y ayant trouvé une lettre, il la lut. Elle était conçue en ces termes : « Fils de Cambyse, les dieux veillent sur vous ; autrement vous ne seriez jamais parvenu à un si haut degré de fortune. Vengez-vous d'Astyages, votre meurtrier : il a tout fait pour vous ôter la vie : si vous vivez, c'est aux dieux et à moique vous le devez. Vous avez sans doute appris, il y a longtemps, tout ce qu'il a fait pour vous perdre, et ce que j'ai souffert moi-même pour vous avoir remis à Mitradates, au lieu de vous faire mourir. Si vous voulez suivre aujourd'hui mes conseils, tous les États d'Astyages seront à vous. Portez les Perses à secouer le joug, venez à leur tête attaquer les Mèdes ; l'entreprise vous réussira, soit qu'Astyages me donne le commandement des troupes qu'il enverra contre vous, soit qu'il le confie à quelque autre des plus distingués d'entre les Mèdes. Les principaux de la nation seront les premiers à l'abandonner ; ils se joindront à vous, et feront les plus grands efforts pour détruire sa puissance: Tout est ici disposé pour l'exécution. Faites donc ce que je vous mande, et faites-le sans différer. »
[1,125] CXXV. ἀκούσας ταῦτα Κῦρος ἐφρόντιζε ὅτεῳ τρόπῳ σοφωτάτῳ Πέρσας ἀναπείσει
ἀπίστασθαι, φροντίζων δὲ εὑρίσκεται ταῦτα καιριώτατα εἶναι? ἐποίεε δὴ ταῦτα.
(2) γράψας ἐς βυβλίον τὰ ἐβούλετο, ἁλίην τῶν Περσέων ἐποιήσατο, μετὰ δὲ
ἀναπτύξας τὸ βυβλίον καὶ ἐπιλεγόμενος ἔφη Ἀστυάγεά μιν στρατηγὸν Περσέων
ἀποδεικνύναι. "νῦν τε," ἔφη λέγων, " Πέρσαι, προαγορεύω ὑμῖν παρεῖναι
ἕκαστον ἔχοντα δρέπανον. Κῦρος μὲν ταῦτα προηγόρευσε. ἔστι δὲ Πέρσεων
συχνὰ γένεα, καὶ τὰ μὲν αὐτῶν Κῦρος συνάλισε καὶ ἀνέπεισε ἀπίστασθαι ἀπὸ
Μήδων. (3) ἔστι δὲ τάδε, ἐξ ὧν ὧλλοι πάντες ἀρτέαται Πέρσαι, Πασαργάδαι
Μαράφιοι Μάσπιοι. τούτων Πασαργάδαι εἰσὶ ἄριστοι, ἐν τοῖσι καὶ Ἀχαιμενίδαι
εἰσὶ φρήτρη, ἔνθεν οἱ βασιλέες οἱ Περσεῖδαι γεγόνασι. (4) ἄλλοι δὲ Πέρσαι εἰσὶ
οἵδε, Πανθιαλαῖοι Δηρουσιαῖοι Γερμάνιοι. οὗτοι μὲν πάντες ἀροτῆρες εἰσί, οἱ δὲ
ἄλλοι νομάδες, Δάοι Μάρδοι Δροπικοὶ Σαγάρτιοι.
[1,125] CXXV. Cyrus, ayant lu cette lettre, ne songea plus qu'à chercher les moyens les plus sages pour engager les Perses à se révolter. Après y avoir bien réfléchi, voici ce qu'il imagina de plus expédient, et il s'y tint. Il écrivit une lettre conforme à ses vues, l'ouvrit dans l'assemblée des Perses, et leur en fit lecture. Elle portait qu'Astyages le déclarait leur gouverneur. « Maintenant donc, leur dit-il, je vous commande de vous rendre tous ici chacun avec une faux. » Tels furent les ordres de Cyrus. Les tribus qui composent la nation perse sont en grand nombre. Cyrus en convoqua quelques-unes, et les porta à se soulever contre les Mèdes. Ce sont celles qui ont le plus d'influence sur tous les autres Perses, savoir, les Pasargades, les Maraphiens et les Maspiens. Les Pasargades sont les plus illustres ; les Achéménides, d'où descendent les rois de Perse, en sont une branche. Les Panthialéens, les Dérusiéens, les Germaniens, sont tous laboureurs. Les autres, savoir, les Daens, les Mardes, les Dropiques et les Sagartiens, sont nomades , et ne s'occupent que de leurs troupeaux.
[1,126] CXXVI. ὡς δὲ παρῆσαν ἅπαντες ἔχοντες τὸ προειρημένον, ἐνθαῦτα Κῦρος, ἦν γάρ
τις χῶρος τῆς Περσικῆς ἀκανθώδης ὅσον τε ἐπὶ ὀκτωκαίδεκα σταδίους εἴκοσι
πάντῃ, τοῦτον σφι τὸν χῶρον προεῖπε ἐξημερῶσαι ἐν ἡμέρῃ. (2) ἐπιτελεσάντων
δὲ τῶν Περσέων τὸν προκείμενον ἄεθλον, δεύτερα σφι προεῖπε ἐς τὴν ὑστεραίην
παρεῖναι λελουμένους. ἐν δὲ τούτῳ τά τε αἰπόλια καὶ τὰς ποίμνας καὶ τὰ
βουκόλια Κῦρος πάντα τοῦ πατρὸς συναλίσας ἐς τὠυτὸ ἔθυσε καὶ παρεσκεύαζε
ὡς δεξόμενος τὸν Περσέων στρατόν, πρὸς δὲ οἴνῳ τε καὶ σιτίοισι ὡς
ἐπιτηδεοτάτοισι. (3) ἀπικομένους δὲ τῇ ὑστεραίῃ τοὺς Πέρσας κατακλίνας ἐς
λειμῶνα εὐώχεε. ἐπείτε δὲ ἀπὸ δείπνου ἦσαν, εἴρετο σφέας Κῦρος κότερα τὰ τῇ
προτεραίῃ εἶχον τὰ παρεόντα σφι εἴη αἱρετώτερα. (4) οἳ δὲ ἔφασαν πολλὸν
εἶναι αὐτῶν τὸ μέσον? τὴν μὲν γὰρ προτέρην ἡμέρην πάντα σφι κακὰ ἔχειν, τὴν
δὲ τότε παρεοῦσαν πάντα ἀγαθά. παραλαβὼν δὲ τοῦτο τὸ ἔπος Κῦρος
παρεγύμνου τὸν πάντα λόγον, λέγων (5) "ἄνδρες Πέρσαι, οὕτω ὑμῖν ἔχει.
βουλομένοισι μὲν ἐμέο πείθεσθαί ἔστι τάδε τε καὶ ἄλλα μυρία ἀγαθά, οὐδένα
πόνον δουλοπρεπέα ἔχουσι, μὴ βουλομένοισι δὲ ἐμέο πείθεσθαι εἰσὶ ὑμῖν πόνοι
τῷ χθιζῷ παραπλήσιοι ἀναρίθμητοι. (6) νῦν ὦν ἐμέο πειθόμενοι γίνεσθε
ἐλεύθεροι. αὐτός τε γὰρ δοκέω θείῃ τύχῃ γεγονὼς τάδε ἐς χεῖρας ἄγεσθαι, καὶ
ὑμέας ἥγημαι ἄνδρας Μήδων εἶναι οὐ φαυλοτέρους οὔτε τἄλλα οὔτε τὰ πολέμια.
ὡς ὦν ἐχόντων ὧδε, ἀπίστασθε ἀπ? Ἀστυάγεος τὴν ταχίστην".
[1,126] CXXVI. Lorsqu'ils se furent tous présentés armés de faux, Cyrus, leur montrant un certain canton de la Perse, d'environ dix-huit à vingt stades, entièrement couvert de ronces et d'épines, leur commanda de l'essarter tout entier en un jour. Ce travail achevé, il leur ordonna de se baigner le lendemain, et de se rendre ensuite auprès de lui. Cependant, ayant fait mener au même endroit tous les troupeaux de son père, tant de chèvres que de moutons et de boeufs, il les fit tuer et apprêter. Outre cela , il fit apporter du vin et les mets les plus exquis, pour régaler l'armée. Le lendemain , les Perses étant arrivés, il les fit asseoir sur l'herbe, et leur donna un grand festin. Le repas fini, Cyrus leur demanda laquelle de ces deux conditions leur paraissait préférable, la présente, ou celle de la veille. Ils s'écrièrent qu'il y avait une grande différence entre l'une et l'autre : que le jour précédent ils avaient éprouvé mille peines, au lieu qu'actuellement ils goûtaient toutes sortes de biens et de douceurs. Cyrus saisit cette réponse pour leur découvrir ses projets. « Perses, leur dit-il, tel est maintenant l'état de vos affaires : si vous voulez m'obéir, vous jouirez de ces biens, et d'une infinité d'autres encore, sans être exposés à des travaux serviles. Si , au contraire, vous ne voulez pas suivre mes conseils, vous ne devez attendre que des peines sans nombre, et pareilles à celles que vous souffrîtes hier. Devenez donc libres en m'obéissant ; car il semble que je sois né, par un effet particulier de la bonté des dieux, pour vous faire jouir de ces avantages : et d'ailleurs je ne vous crois nullement inférieurs aux Mèdes, soit dans ce qui concerne la guerre, soit en toute autre chose. Secouez donc au plus tôt le joug sous lequel Astyages vous tient asservis. »
[1,127] CXXVII. Πέρσαι μέν νυν προστάτεω ἐπιλαβόμενοι ἄσμενοὶ ἐλευθεροῦντο, καὶ πάλαι
δεινὸν ποιεύμενοι ὑπὸ Μήδων ἄρχεσθαι. Ἀστυάγης δὲ ὡς ἐπύθετο Κῦρον ταῦτα
πρήσσοντα, πέμψας ἄγγελον ἐκάλεε αὐτόν. (2) δὲ Κῦρος ἐκέλευε τὸν ἄγγελον
ἀπαγγέλλειν ὅτι πρότερον ἥξοι παρ? ἐκεῖνον Ἀστυάγης αὐτὸς βουλήσεται.
ἀκούσας δὲ ταῦτα Ἀστυάγης Μήδους τε ὥπλισε πάντας, καὶ στρατηγὸν αὐτῶν
ὥστε θεοβλαβὴς ἐὼν Ἅρπαγον ἀπέδεξε, λήθην ποιεύμενος τά μιν ἐόργεε. (3) ὡς
δὲ οἱ Μῆδοι στρατευσάμενοι τοῖσι Πέρσῃσι συνέμισγον, οἳ μέν τινὲς αὐτῶν
ἐμάχοντο, ὅσοι μὴ τοῦ λόγου μετέσχον, οἳ δὲ αὐτομόλεον πρὸς τοὺς Πέρσας, οἱ δὲ
πλεῖστοι ἐθελοκάκεόν τε καὶ ἔφευγον.
[1,127] CXXVII. Les Perses, qui depuis longtemps étaient indignés de se voir assujettis aux Mèdes, ayant trouvé un chef, saisirent avec plaisir l'occasion de se mettre en liberté. Astyages, ayant eu connaissance des menées de Cyrus, le manda auprès de lui par un exprès. Cyrus commanda au porteur de cet ordre de lui dire qu'il irait le trouver plus tôt qu'il ne souhaitait. Sur cette réponse, Astyages fit prendre les armes à tous les Mèdes ; et, comme si les dieux lui eussent ôté le jugement, il donna le commandement de son armée à Harpage, ne se souvenant plus de la manière dont il l'avait traité. Les Mèdes, s'étant mis en campagne, en vinrent aux mains avec les Perses. Tous ceux à qui Harpage n'avait point fait part de ses projets se battirent avec courage. Quant aux autres, il y en eut une partie qui passa d'elle-même du côté des Perses ; mais le plus grand nombre se comporta lâchement de dessein prémédité.
[1,128] CXXVIII. διαλυθέντος δὲ τοῦ Μηδικοῦ. στρατεύματος αἰσχρῶς, ὡς ἐπύθετο τάχιστα
Ἀστυάγης, ἔφη ἀπειλέων τῷ Κύρῳ "ἀλλ? οὐδ? ὣς Κῦρός γε χαιρήσει". (2) τοσαῦτα
εἶπας πρῶτον μὲν τῶν Μάγων τοὺς ὀνειροπόλους, οἵ μιν ἀνέγνωσαν μετεῖναι
τὸν Κῦρον, τούτους ἀνεσκολόπισε, μετὰ δὲ ὥπλισε τοὺς ὑπολειφθέντας ἐν τῷ
ἄστεϊ τῶν Μήδων, νέους τε καὶ πρεσβύτας ἄνδρας. (3) ἐξαγαγὼν δὲ τούτους καὶ
συμβαλὼν τοῖσι Πέρῃσι ἑσσώθη, καὶ αὐτός τε Ἀστυάγης ἐζωγρήθη καὶ τοὺς
ἐξήγαγε τῶν Μήδων ἀπέβαλε.
[1,128] CXXVIII. Astyages n'eut pas plutôt appris la déroute honteuse des Mèdes, et que son armée était entièrement dissipée, qu'il s'emporta en menaces contre Cyrus. « Non, dit-il, Cyrus n'aura pas sujet de s'en réjouir. » Il n'en dit pas davantage ; mais il commença par faire mettre en croix les mages, interprètes des songes, qui lui avaient conseillé de laisser partir Cyrus. Il fit ensuite prendre les armes à ce qui restait de Mèdes dans la ville, jeunes et vieux, les mena contre les Perses, et leur livra bataille. Il la perdit, avec la plus grande partie de ses troupes, et tomba lui-même entre les mains des ennemis.
[1,129] CXXIX. ἐόντι δὲ αἰχμαλώτῳ τῷ Ἀστυάγεϊ προσστὰς Ἅρπαγος κατέχαιρέ τε καὶ
κατεκερτόμεε, καὶ ἄλλα λέγων ἐς αὐτὸν θυμαλγέα ἔπεα, καὶ δὴ καὶ εἴρετό μιν
πρὸς τὸ ἑωυτοῦ δεῖπνον, τὸ μιν ἐκεῖνος σαρξὶ τοῦ παιδὸς ἐθοίνησε, τι εἴη
ἐκείνου δουλοσύνη ἀντὶ τῆς βασιληίης. (2) δέ μιν προσιδὼν ἀντείρετο εἰ ἑωυτοῦ
ποιέεται τὸ Κύρου ἔργον. Ἅρπαγος δὲ ἔφη, αὐτὸς γὰρ γράψαι, τὸ πρῆγμα ἑωυτοῦ
δὴ δικαίως εἶναι. (3) Ἀστυάγης δέ μιν ἀπέφαινε τῷ λόγῳ σκαιότατόν τε καὶ
ἀδικώτατον ἐόντα πάντων ἀνθρώπων, σκαιότατον μέν γε, εἰ παρεὸν αὐτῷ
βασιλέα γενέσθαι, εἰ δὴ δι? ἑωυτοῦ γε ἐπρήχθη τὰ παρεόντα, ἄλλῳ περιέθηκε τὸ
κράτος, ἀδικώτατον δέ, ὅτι τοῦ δείπνου εἵνεκεν Μήδους κατεδούλωσε. (4) εἰ γὰρ
δὴ δεῖν πάντως περιθεῖναι ἄλλῳ τεῷ τὴν βασιληίην καὶ μὴ αὐτὸν ἔχειν,
δικαιότερον εἶναι Μήδων τεῷ περιβαλεῖν τοῦτο τὸ ἀγαθὸν Περσέων. νῦν δὲ
Μήδους μὲν ἀναιτίους τούτου ἐόντας δούλους ἀντὶ δεσποτέων γεγονέναι,
Πέρσας δὲ δούλους ἐόντας τὸ πρὶν Μήδων νῦν γεγονέναι δεσπότας.
[1,129] CXXIX. Harpage, charmé de le voir dans les fers, se présenta devant lui, l'insulta ; et, entre autres reproches, lui ayant rappelé ce repas où il avait fait servir la chair de son fils, il lui demanda quel goût il trouvait à l'esclavage qui en était une suite, et s'il le préférait à une couronne. Astyages lui demanda à son tour s'il s'attribuait l'entreprise de Cyrus. Harpage reprit qu'il le pouvait avec justice, puisque c'était lui qui l'avait préparée en écrivant à ce prince. Astyages lui fit voir qu'il était le plus inconséquent et le plus injuste de tous les hommes : le plus inconséquent, puisque, pouvant se faire roi, si du moins il était l'auteur de la révolte actuelle, il avait mis la couronne sur la tête d'un autre ; et le plus injuste, puisque, pour le repas dont il s'agissait, il avait réduit les Mèdes en servitude. En effet, s'il était absolument nécessaire de donner la couronne à un autre, et s'il ne voulait pas la garder pour lui-même, il aurait été plus juste de la mettre sur la tête d'un Mède que sur celle d'un Perse ; qu'enfin il avait donné des fers à sa patrie, quoiqu'elle ne fût point coupable; et qu'il avait rendu les Perses maîtres des Mèdes, eux qui en avaient été les esclaves.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 3/03/2005