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[1,130] CXXX. Ἀστυάγης μέν νυν βασιλεύσας ἐπ? ἔτεα πέντε καὶ τριήκοντα οὕτω τῆς
βασιληίης κατεπαύσθη, Μῆδοι δὲ ὑπέκυψαν Πέρσῃσι διὰ τὴν τούτου πικρότητα,
ἄρξαντες τῆς ἄνω Ἅλυος ποταμοῦ Ἀσίης ἐπ? ἔτεα τριήκοντα καὶ ἑκατὸν δυῶν
δέοντα, πάρεξ ἢ ὅσον οἱ Σκύθαι ἦρχον. (2) ὑστέρῳ μέντοι χρόνῳ μετεμέλησέ τέ
σφι ταῦτα ποιήσασι καὶ ἀπέστησαν ἀπὸ Δαρείου, ἀποστάντες δὲ ὀπίσω
κατεστράφθησαν μάχῃ νικηθέντες. τότε δὲ ἐπὶ Ἀστυάγεος οἱ Πέρσαι τε καὶ ὁ
Κῦρος ἐπαναστάντες τοῖσι Μήδοισι ἦρχον τὸ ἀπὸ τούτου τῆς Ἀσίης. (3) Ἀστυάγεα
δὲ Κῦρος κακὸν οὐδὲν ἄλλο ποιήσας εἶχε παρ? ἑωυτῷ, ἐς ὃ ἐτελεύτησε. Οὕτω δὴ
Κῦρος γενόμενός τε καὶ τραφεὶς καὶ ἐβασίλευσε καὶ Κροῖσον ὕστερον τούτων
ἄρξαντα ἀδικίης κατεστρέψατο, ὡς εἴρηταί μοι πρότερον. Τοῦτον δὲ
καταστρεψάμενος οὕτῳ πάσης τῆς Ἀσίης ἤρξε.
| [1,130] CXXX. Astyages perdit ainsi la couronne, après un règne de trente-cinq ans. Les
Mèdes, qui avaient possédé cent vingt-huit ans l'empire de la haute Asie, jusqu'au
fleuve Halys, sans cependant y comprendre le temps qu'y régnèrent les Scythes,
passèrent sous le joug des Perses à cause de l'inhumanité de ce prince. Il est vrai que,
s'en étant repentis par la suite, ils le secouèrent sous Darius ; mais, ayant été
vaincus dans un combat, ils furent de nouveau subjugués. Cyrus et les Perses, s'étant
alors soulevés contre les Mèdes sous le règne d'Astyages, furent dès lors maîtres de
l'Asie. Quant à Astyages, Cyrus le retint près de lui jusqu'à sa mort, et ne lui fit point
d'autre mal. Telles furent la naissance de Cyrus, son éducation, et la manière dont il
monta sur le trône. Il battit dans la suite Crésus, qui lui avait fait le premier une
guerre injuste, comme je l'ai déjà dit, et par la défaite de ce prince il devint maître de
toute l'Asie.
| [1,131] CXXXI. Πέρσας δὲ οἶδα νόμοισι τοιοῖσιδε χρεωμένους, ἀγάλματα μὲν καὶ νηοὺς καὶ
βωμοὺς οὐκ ἐν νόμῳ ποιευμένους ἱδρύεσθαι, ἀλλὰ καὶ τοῖσι ποιεῦσι μωρίην
ἐπιφέρουσι, ὡς μὲν ἐμοὶ δοκέειν, ὅτι οὐκ ἀνθρωποφυέας ἐνόμισαν τοὺς θεοὺς
κατά περ οἱ Ἕλληνες εἶναι? (2) οἳ δὲ νομίζουσι Διὶ μὲν ἐπὶ τὰ ὑψηλότατα τῶν
ὀρέων ἀναβαίνοντες θυσίας ἔρδειν, τὸν κύκλον πάντα τοῦ οὐρανοῦ Δία
καλέοντες? θύουσι δὲ ἡλίῳ τε καὶ σελήνῃ καὶ γῇ καὶ πυρὶ καὶ ὕδατι καὶ ἀνέμοισι.
(3) τούτοισι μὲν δὴ θύουσι μούνοισι ἀρχῆθεν, ἐπιμεμαθήκασι δὲ καὶ τῇ Οὐρανίῃ
θύειν, παρά τε Ἀσσυρίων μαθόντες καὶ Ἀραβίων. καλέουσι δὲ Ἀσσύριοι τὴν
Ἀφροδίτην Μύλιττα, Ἀράβιοι δὲ Ἀλιλάτ, Πέρσαι δὲ Μίτραν.
| [1,131] CXXXI. Voici les coutumes qu'observent, à ma connaissance, les Perses. Leur usage
n'est pas d'élever aux dieux des statues, des temples, des autels ; ils traitent au
contraire d'insensés ceux qui le font : c'est, à mon avis, parce qu'ils ne croient pas,
comme les Grecs, que les dieux aient une forme humaine. Ils ont coutume de sacrifier
à Jupiter sur le sommet des plus hautes montagnes, et donnent le nom de Jupiter
à toute la circonférence du ciel. Ils font encore des sacrifices au Soleil, à la Lune, à la
Terre, au Feu, à l'Eau et aux Vents, et n'en offrent de tout temps qu'à ces divinités.
Mais ils y ont joint dans la suite le culte de Vénus Céleste ou Uranie, qu'ils ont
emprunté des Assyriens et des Arabes. Les Assyriens donnent à Vénus le nom de
Mylitta, les Arabes celui d'Alitta, et les Perses l'appellent Mitra.
| [1,132] CXXXII. θυσίη δὲ τοῖσι Πέρσῃσι περὶ τοὺς εἰρημένους θεοὺς ἥδε κατέστηκε? οὔτε
βωμοὺς ποιεῦνται οὔτε πῦρ ἀνακαίουσι μέλλοντες θύειν, οὐ σπονδῇ χρέωνται,
οὐκὶ αὐλῷ, οὐ στέμμασι, οὐκὶ οὐλῇσι? τῶν δὲ ὡς ἑκάστῳ θύειν θέλῃ, ἐς χῶρον
καθαρὸν ἀγαγὼν τὸ κτῆνος καλέει τὸν θεόν, ἐστεφανωμένος τὸν τιάραν
μυρσίνῃ μάλιστα. (2) ἑωυτῷ μὲν δὴ τῷ θύοντι ἰδίῃ μούνῳ οὔ οἱ ἐγγίνεται ἀρᾶσθαι
ἀγαθά, ὁ δὲ τοῖσι πᾶσι Πέρσῃσι κατεύχεται εὖ γίνεσθαι καὶ τῷ βασιλέι? ἐν γὰρ δὴ
τοῖσι ἅπασι Πέρσῃσι καὶ αὐτὸς γίνεται. ἐπεὰν δὲ διαμιστύλας κατὰ μέλεα τὸ
ἱρήιον ἑψήσῃ τὰ κρέα ὑποπάσας ποίην ὡς ἁπαλωτάτην, μάλιστα δὲ τὸ
τρίφυλλον, ἐπὶ ταύτης ἔθηκε ὦν πάντα τὰ κρέα. (3) διαθέντος δὲ αὐτοῦ Μάγος
ἀνὴρ παρεστεὼς ἐπαείδει θεογονίην, οἵην δὴ ἐκεῖνοι λέγουσι εἶναι τὴν ἐπαοιδήν?
ἄνευ γὰρ δὴ Μάγου οὔ σφι νόμος ἐστὶ θυσίας ποιέεσθαι. ἐπισχὼν δὲ ὀλίγον
χρόνον ἀποφέρεται ὁ θύσας τὰ κρέα καὶ χρᾶται ὅ τι μιν λόγος αἱρέει.
| [1,132] CXXXII. Voici les rites qu'observent les Perses en sacrifiant aux dieux dont je viens de
parler. Quand ils veulent leur immoler des victimes, ils ne dressent point d'autel,
n'allument point de feu, ne font pas de libations, et ne se servent ni de flûtes, ni de
bandelettes sacrées, ni d'orge mêlée avec du sel. Un Perse veut-il offrir un sacrifice à
quelqu'un de ces dieux, il conduit la victime dans un lieu pur, et, la tête couverte
d'une tiare couronnée le plus ordinairement de myrte, il invoque le dieu. Il n'est pas
permis à celui qui offre le sacrifice de faire des voeux pour lui seul en particulier ; il
faut qu'il prie pour la prospérité du roi et celle de tous les Perses en général, car il est
compris sous cette dénomination. Après qu'il a coupé la victime par morceaux, et
qu'il en a fait bouillir la chair, il étend de l'herbe la plus tendre, et principalement du
trèfle. Il pose sur cette herbe les morceaux de la victime, et les y arrange. Quand il les
a ainsi placés, un mage, qui est là présent (car sans mage il ne leur est pas permis
d'offrir un sacrifice), un mage, dis-je, entonne une théogonie ; c'est le nom qu'ils
donnent à ce chant. Peu après, celui qui a offert le sacrifice emporte les chairs de la
victime, et en dispose comme il juge à propos.
| [1,133] CXXXIII. ἡμέρην δὲ ἁπασέων μάλιστα ἐκείνην τιμᾶν νομίζουσι τῇ ἕκαστος ἐγένετο. ἐν
ταύτῃ δὲ πλέω δαῖτα τῶν ἀλλέων δικαιεῦσι προτίθεσθαι? ἐν τῇ οἱ εὐδαίμονες
αὐτῶν βοῦν καὶ ἵππον καὶ κάμηλον καὶ ὄνον προτιθέαται ὅλους ὀπτοὺς ἐν
καμίνοισι, οἱ δὲ πένητες αὐτῶν τὰ λεπτὰ τῶν προβάτων προτιθέαται. (2) σίτοισι
δὲ ὀλίγοισι χρέωνται, ἐπιφορήμασι δὲ πολλοῖσι καὶ οὐκ ἁλέσι? καὶ διὰ τοῦτο φασὶ
Πέρσαι τοὺς Ἕλληνας σιτεομένους πεινῶντας παύεσθαι, ὅτι σφι ἀπὸ δείπνου
παραφορέεται οὐδὲν λόγου ἄξιον? εἰ δέ τι παραφέροιτο, ἐσθίοντας ἂν οὐ
παύεσθαι. (3) οἴνῳ δὲ κάρτα προσκέαται, καί σφι οὐκ ἐμέσαι ἔξεστι, οὐκὶ οὐρῆσαι
ἀντίον ἄλλου. ταῦτα μέν νυν οὕτω φυλάσσεται, μεθυσκόμενοι δὲ ἐώθασι
βουλεύεσθαι τὰ σπουδαιέστατα τῶν πρηγμάτων? (4) τὸ δ? ἂν ἅδῃ σφι
βουλευομένοισι, τοῦτο τῇ ὑστεραίῃ νήφουσι προτιθεῖ ὁ στέγαρχος, ἐν τοῦ ἂν
ἐόντες βουλεύωνται, καὶ ἢν μὲν ἅδῃ καὶ νήφουσι, χρέωνται αὐτῷ, ἢν δὲμὴ ἅδῃ,
μετιεῖσι. τὰ δ? ἂν νήφοντες προβουλεύσωνται, μεθυσκόμενοι ἐπιδιαγινώσκουσι.
| [1,133] CXXXIII. Les Perses pensent devoir célébrer plus particulièrement le jour de leur
naissance que tout autre, et qu'alors leur table doit être garnie d'un plus grand
nombre de mets. Ce jour-là, les gens heureux, se font servir un cheval, un
chameau, un âne et un boeuf entiers, rôtis aux fourneaux. Les pauvres se contentent
de menu bétail. Les Perses mangent peu de viande, mais beaucoup de dessert, qu'on
apporte en petite quantité à la fois. C'est ce qui leur fait dire que les Grecs en
mangeant cessent seulement d'avoir faim, parce qu'après le repas on ne leur sert rien
de bon, et que, si on leur en servait, ils ne cesseraient pas de manger. Ils sont fort
adonnés au vin, et il ne leur est pas permis de vomir ni d'uriner devant le monde. Ils
observent encore aujourd'hui ces usages. Ils ont coutume de délibérer sur les affaires
les plus sérieuses après avoir bu avec excès ; mais, le lendemain, le maître de la
maison où ils ont tenu conseil remet la même affaire sur le tapis avant que de boire.
Si on l'approuve à jeun, elle passe ; sinon on l'abandonne. Il en est de même des
délibérations faites à jeun ; on les examine de nouveau lorsqu'on a bu avec excès.
| [1,134] CXXXIV. ἐντυγχάνοντες δ? ἀλλήλοισι ἐν τῇσι ὁδοῖσι, τῷδε ἄν τις διαγνοίη εἰ ὅμοιοί
εἰσὶ οἱ συντυγχάνοντες? ἀντὶ γὰρ τοῦ προσαγορεύειν ἀλλήλους φιλέουσι τοῖσι
στόμασι? ἢν δὲ ᾖ οὕτερος ὑποδεέστερος ὀλίγῳ, τὰς παρειὰς φιλέονται? ἢν δὲ
πολλῷ ᾖ οὕτερος ἀγεννέστερος, προσπίπτων προσκυνέει τὸν ἕτερον. (2) τιμῶσι
δὲ ἐκ πάντων τοὺς ἄγχιστα ἑωυτῶν οἰκέοντας μετά γε ἑωυτούς, δευτέρα δὲ τοὺς
δευτέρους? μετὰ δὲ κατὰ λόγον προβαίνοντες τιμῶσι? ἥκιστα δὲ τοὺς ἑωυτῶν
ἑκαστάτω οἰκημένους ἐν τιμῇ ἄγονται, νομίζοντες ἑωυτοὺς εἶναι ἀνθρώπων
μακρῷ τὰ πάντα ἀρίστους, τοὺς δὲ ἄλλους κατὰ λόγον τῆς ἀρετῆς ἀντέχεσθαι,
τοὺς δὲ ἑκαστάτω οἰκέοντας ἀπὸ ἑωυτῶν κακίστους εἶναι. (3) ἐπὶ δὲ Μήδων
ἀρχὸν τῶν καὶ ἦρχε τὰ ἔθνεα ἀλλήλων, συναπάντων μὲν Μῆδοι καὶ τῶν ἄγχιστα
οἰκεόντων σφίσι, οὗτοι δὲ καὶ τῶν ὁμούρων, οἳ δὲ μάλα τῶν ἐχομένων, κατὰ τὸν
αὐτὸν δὴ λόγον καὶ οἱ Πέρσαι τιμῶσι? προέβαινε γὰρ δὴ τὸ ἔθνος ἄρχον τε καὶ
ἐπιτροπεῦον.
| [1,134] CXXXIV. Quand deux Perses se rencontrent dans les rues, on distingue s'ils sont de
même condition, car ils se saluent en se baisant à la bouche ; si l'un est d'une
naissance un peu inférieure à l'autre, ils se baisent seulement à la joue ; et si la
condition de l'un est fort au-dessous de celle de l'autre, l'inférieur se prosterne devant
le supérieur. Les nations voisines sont celles qu'ils estiment le plus, toutefois après
eux-mêmes. Celles qui les suivent occupent le second rang dans leur esprit ; et,
réglant ainsi leur estime proportionnellement au degré d'éloignement, ils font le
moins de cas des plus éloignées. Cela vient de ce que, se croyant en tout d'un mérite
supérieur, ils pensent que le reste des hommes ne s'attache à la vertu que dans la
proportion dont on vient de parler, et que ceux qui sont les plus éloignés d'eux sont
les plus méchants. Sous l'empire dés Mèdes, il y avait de la subordination entre les
divers peuples. Les Mèdes les gouvernaient tous ensemble, aussi bien que leurs plus
proches voisins. Ceux-ci commandaient à ceux qui étaient dans leur proximité, et ces
derniers à ceux qui les touchaient. Les Perses, dont l'empire et l'administration
s'étendent au loin, ont aussi dans la même proportion des égards pour les peuples
qui leur sont soumis.
| [1,135] CXXXV. ξεινικὰ δὲ νόμαια Πέρσαι προσίενται ἀνδρῶν μάλιστα. καὶ γὰρ δὴ τὴν
Μηδικὴν ἐσθῆτα νομίσαντες τῆς ἑωυτῶν εἶναι καλλίω φορέουσι, καὶ ἐς τοὺς
πολέμους τοὺς Αἰγυπτίους θώρηκας? καὶ εὐπαθείας τε παντοδαπὰς
πυνθανόμενοι ἐπιτηδεύουσι, καὶ δὴ καὶ ἀπ? Ἑλλήνων μαθόντες παισὶ μίσγονται.
γαμέουσι δὲ ἕκαστος αὐτῶν πολλὰς μὲν κουριδίας γυναῖκας, πολλῷ δ? ἔτι
πλεῦνας παλλακὰς κτῶνται.
| [1,135] CXXXV. Les Perses sont les hommes les plus curieux des usages étrangers. Ils ont
pris en effet l'habillement des Mèdes, s'imaginant qu'il est plus beau que le leur ; et
dans la guerre ils se servent de cuirasses à l'égyptienne. Ils se portent avec ardeur aux
plaisirs de tous genres dont ils entendent parler, et ils ont emprunté des Grecs
l'amour des garçons. Ils épousent chacun plusieurs jeunes vierges, mais ils ont encore
un plus grand nombre de concubines.
| [1,136] CXXXVI. ἀνδραγαθίη δὲ αὕτη ἀποδέδεκται, μετὰ τὸ μάχεσθαι εἶναι ἀγαθόν, ὃς ἂν
πολλοὺς ἀποδέξῃ παῖδας? τῷ δὲ τοὺς πλείστους ἀποδεικνύντι δῶρα ἐκπέμπει
βασιλεὺς ἀνὰ πᾶν ἔτος. τὸ πολλὸν δ? ἡγέαται ἰσχυρὸν εἶναι. (2) παιδεύουσι δὲ
τοὺς παῖδας ἀπὸ πενταέτεος ἀρξάμενοι μέχρι εἰκοσαέτεος τρία μοῦνα, ἰχνεύειν
καὶ τοξεύειν καὶ ἀληθίζεσθαι. πρὶν δὲ ἢ πενταέτης γένηται, οὐκ ἀπικνέεται ἐς
ὄψιν τῷ πατρί, ἀλλὰ παρὰ τῇσι γυναιξὶ δίαιταν ἔχει. τοῦδε δὲ εἵνεκα τοῦτο οὕτω
ποιέεται, ἵνα ἢν ἀποθάνῃ τρεφόμενος, μηδεμίαν ἄσην τῷ πατρὶ προσβάλῃ.
| [1,136] CXXXVI. Après les vertus guerrières, ils regardent comme un grand mérite d'avoir
beaucoup d'enfants. Le roi gratifie tous les ans ceux qui en ont le plus. C'est dans le
grand nombre qu'ils font consister la force. Ils commencent à cinq ans à les instruire,
et depuis cet âge jusqu'à vingt ils ne leur apprennent que trois choses : à monter à
cheval, à tirer de l'arc et à dire la vérité. Avant l'âge de cinq ans un enfant ne se
présente pas devant son père, il reste entre les mains des femmes. Cela s'observe afin
que, s'il meurt dans ce premier âge, sa perte ne cause aucun chagrin au père.
| [1,137] CXXXVII. αἰνέω μέν νυν τόνδε τὸν νόμον, αἰνέω δὲ καὶ τόνδε, τὸ μὴ μιῆς αἰτίης εἵνεκα
μήτε αὐτὸν τὸν βασιλέα μηδένα φονεύειν, μήτε τῶν ἄλλων Περσέων μηδένα τῶν
ἑωυτοῦ οἰκετέων ἐπὶ μιῇ αἰτίῃ ἀνήκεστον πάθος ἔρδειν? ἀλλὰ λογισάμενος ἢν
εὑρίσκῃ πλέω τε καὶ μέζω τὰ ἀδικήματα ἐόντα τῶν ὑπουργημάτων, οὕτω τῷ
θυμῷ χρᾶται. (2) ἀποκτεῖναι δὲ οὐδένα κω λέγουσι τὸν ἑωυτοῦ πατέρα οὐδὲ
μητέρα, ἀλλὰ ὁκόσα ἤδη τοιαῦτα ἐγένετο, πᾶσαν ἀνάγκην φασὶ ἀναζητεόμενα
ταῦτα ἀνευρεθῆναι ἤτοι ὑποβολιμαῖα ἐόντα ἢ μοιχίδια? οὐ γὰρ δή φασι οἰκὸς
εἶναι τόν γε ἀληθέως τοκέα ὑπὸ τοῦ, ἑωυτοῦ παιδὸς ἀποθνήσκειν.
| [1,137] CXXXVII. Cette coutume me parait louable ; j'approuve aussi la loi qui ne permet à
personne, pas même au roi, de faire mourir un homme pour un seul crime, ni à
aucun Perse de punir un de ses esclaves d'une manière trop atroce pour une seule
faute. Mais si, par un examen réfléchi, il se trouve que les fautes du domestique
soient en plus grand nombre et plus considérables que ses services, son maître peut
alors suivre les mouvements de sa colère. Ils assurent que jamais personne n'a tué ni
son père ni sa mère, mais que, toutes les fois que de pareils crimes sont arrivés, on
découvre nécessairement, après d'exactes recherches, que ces enfants étaient
supposés ou adultérins. Car il est, continuent-ils, contre toute vraisemblance qu'un
enfant tue les véritables auteurs de ses jours.
| [1,138] CXXXVIII. ἅσσα δέ σφι ποιέειν οὐκ ἔξεστι, ταῦτα οὐδὲ λέγειν ἔξεστι. αἴσχιστον δὲ
αὐτοῖσι τὸ ψεύδεσθαι νενόμισται, δεύτερα δὲ τὸ ὀφείλειν χρέος, πολλῶν μὲν καὶ
ἄλλων εἵνεκα, μάλιστα δὲ ἀναγκαίην φασὶ εἶναι τὸν ὀφείλοντα καί τι ψεῦδος
λέγειν. ὃς ἂν δὲ τῶν ἀστῶν λέπρην ἢ λεύκην ἔχῃ, ἐς πόλιν οὗτος οὐ κατέρχεται
οὐδὲ συμμίσγεται τοῖσι ἄλλοισι Πέρσῃσι? φασὶ δέ μιν ἐς τὸν ἥλιον ἁμαρτόντα τι
ταῦτα ἔχειν. (2) ξεῖνον δὲ πάντα τὸν λαμβανόμενον ὑπὸ τουτέων πολλοὶ
ἐξελαύνουσι ἐκ τῆς χώρης, καὶ τὰς λευκὰς περιστεράς, τὴν αὐτὴν αἰτίην
ἐπιφέροντες. ἐς ποταμὸν δὲ οὔτε ἐνουρέουσι οὔτε ἐμπτύουσι, οὐ χεῖρας
ἐναπονίζονται, οὐδὲ ἄλλον οὐδένα περιορῶσι, ἀλλὰ σέβονται ποταμοὺς μάλιστα.
| [1,138] CXXXVIII. Il ne leur est pas permis de parler des choses qu'il n'est pas permis de
faire. Ils ne trouvent rien de si honteux que de mentir, et, après le mensonge, que de
contracter des dettes ; et cela pour plusieurs raisons, mais surtout parce que, disent-
ils, celui qui a des dettes ment nécessairement. Un citoyen infecté de la lèpre
proprement dite, ou de l'espèce de lèpre appelée leucé, ne peut entrer dans la ville, ni
avoir aucune communication avec le reste des Perses ; c'est, selon eux, une preuve
qu'il a péché contre le Soleil. Tout étranger attaqué de ces maladies est chassé du
pays ; et, par la même raison, ils n'y veulent point souffrir de pigeons blancs. Ils
n'urinent ni ne crachent dans les rivières ; ils ne s'y lavent pas même les mains, et ne
permettent pas que personne y fasse rien de semblable ; car ils rendent un culte aux fleuves.
| [1,139] CXXXIX. καὶ τόδε ἄλλο σφι ὧδε συμπέπτωκε γίνεσθαι, τὸ Πέρσας μὲν αὐτοὺς λέληθε,
ἡμέας μέντοι οὔ? τὰ οὐνόματά σφι ἐόντα ὅμοια τοῖσι σώμασι καὶ τῇ
μεγαλοπρεπείῃ τελευτῶσι πάντα ἐς τὠυτὸ γράμμα, τὸ Δωριέες μὲν σὰν
καλέουσι, Ἴωνες δὲ σίγμα? ἐς τοῦτο διζήμενος εὑρήσεις τελευτῶντα τῶν Περσέων
τὰ οὐνόματα, οὐ τὰ μὲν τὰ δ? οὔ, ἀλλὰ πάντα ὁμοίως.
| [1,139] CXXXIX. Ils ont aussi quelque chose de singulier qu'ils ne connaissent pas eux-
mêmes, mais qui ne nous a point échappé. Leurs noms, qui sont empruntés ou des
qualités du corps ou de la dignité des personnes, se terminent par cette même lettre
que les Doriens appellent san, et les Ioniens sigma ; et, si vous y faites attention, vous
trouverez que les noms des Perses finissent tous de la même manière, sans en
excepter un seul.
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