HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, Livre I

Chapitres 150-159

  Chapitres 150-159

[1,150] CL. σμύρνην δὲ ὧδε ἀπέβαλον Αἰολέες. Κολοφωνίους ἄνδρας στάσι ἑσσωθέντας
καὶ ἐκπεσόντας ἐκ τῆς πατρίδος ὑπεδέξαντο. μετὰ δὲ οἱ φυγάδες τῶν
Κολοφωνίων φυλάξαντες τοὺς Σμυρναίους ὁρτὴν ἔξω τείχεος ποιευμένους
Διονύσῳ, τὰς πύλας ἀποκληίσαντες ἔσχον τὴν πόλιν. (2) βοηθησάντων δὲ
πάντων Αἰολέων, ὁμολογίῃ ἐχρήσαντο τὰ ἔπιπλα ἀποδόντων τῶν Ἰώνων
ἐκλιπεῖν Σμύρνην Αἰολέας. ποιησάντων δὲ ταῦτα Σμυρναίων ἐπιδιείλοντο σφέας
αἱ ἕνδεκα πόλιες καὶ ἐποιήσαντο σφέων αὐτέων πολιήτας.
[1,150] CL. Voici à quelle occasion les Éoliens perdirent Smyrne. Des Colophoniens, ayant eu du désavantage dans une sédition, avaient été obligés de s'expatrier. Les habitants de Smyrne leur donnèrent un asile parmi eux. Quelque temps après, ces fugitifs ayant observé que les Smyrnéens célébraient hors de leur ville une fête en l'honneur de Bacchus, ils en fermèrent les portes, et s'en emparèrent. Les Éoliens vinrent tous au secours ; mais enfin il fut arrêté, d'un commun accord, qu'ils laisseraient les Ioniens en possession de la ville, et que ceux-ci leur rendraient tous leurs effets mobiliers. Les Smyrnéens ayant accepté cette condition, on les distribua dans les onze autres villes éoliennes, qui leur accordèrent le droit de cité.
[1,151] CLI. αὗται μέν νυν αἱ ἠπειρώτιδες Αἰολίδες πόλιες, ἔξω τῶν ἐν τῇ Ἴδῃ
οἰκημενέων? κεχωρίδαται γὰρ αὗται. (2) αἱ δὲ τὰς νήσους ἔχουσαι πέντε μὲν
πόλιες τὴν Λέσβον νέμονται (τὴν γὰρ ἕκτην ἐν τῇ Λέσβῳ οἰκημένην Ἀρίσβαν
ἠνδραπόδισαν Μηθυμναῖοι ἐόντας ὁμαίμους), ἐν Τενέδῳ δὲ μία οἴκηται πόλις,
καὶ ἐν τῇσι Ἑκατὸν νήσοισι καλεομένῃσι ἄλλη μία. (3) Λεσβίοισι μέν νῦν καὶ
Τενεδίοισι, κατά περ Ἰώνων τοῖσι τὰς νήσους ἔχουσι, ἦν δεινὸν οὐδέν? τῇσι δὲ
λοιπῇσι πόλισι ἕαδε κοινῇ Ἴωσι ἕπεσθαι τῇ ἂν οὗτοι ἐξηγέωνται.
[1,151] CLI. Telles sont les villes que les Éoliens possèdent actuellement en terre ferme, sans y compter celles qu'ils ont au mont Ida, parce qu'elles ne font point corps avec elles. Ils ont aussi cinq villes dans l'île de Lesbos. Quant à la sixième, nommée Arisba, les Méthymnéens en ont réduit les habitants en esclavage, quoiqu'ils leur fussent unis par les liens du sang. Ils ont aussi une ville dans l'île de Ténédos, et une autre dans les îles qu'on appelle Hécatonnèses. Les Lesbiens et les Ténédiens n'avaient alors rien à craindre, non plus que ceux d'entre les Ioniens qui habitaient dans les îles ; mais les autres villes résolurent dans leur conseil de suivre les Ioniens partout où ils voudraient les mener.
[1,152] CLII. ὡς δὲ ἀπίκοντο ἐς τὴν Σπάρτην τῶν Ἰώνων καὶ Αἰολέων οἱ ἄγγελοι (κατὰ
γὰρ δὴ τάχος ἦν ταῦτα πρησσόμενα), εἵλοντο πρὸ πάντων λέγειν τὸν Φωκαέα,
τῷ οὔνομα ἦν Πύθερμος. δὲ πορφύρεόν τε εἷμα περιβαλόμενος, ὡς ἂν
πυνθανόμενοι πλεῖστοι συνέλθοιεν Σπαρτιητέων, καὶ καταστὰς ἔλεγε πολλὰ
τιμωρέειν ἑωυτοῖσι χρηίζων. (2) Λακεδαιμόνιοι δὲ οὔ κως ἐσήκουον, ἀλλ? ἀπέδοξέ
σφι μὴ τιμωρέειν Ἴωσι. οἳ μὲν δὴ ἀπαλλάσσοντο, Λακεδαιμόνιοι δὲ ἀπωσάμενοι
τῶν Ἰώνων τοὺς ἀγγέλους ὅμως ἀπέστειλαν πεντηκοντέρῳ ἄνδρας, ὡς μὲν ἐμοὶ
δοκέει, κατασκόπους τῶν τε Κύρου πρηγμάτων καὶ Ἰωνίης. (3) ἀπικόμενοι δὲ
οὗτοι ἐς Φώκαιαν ἔπεμπον ἐς Σάρδις σφέων αὐτῶν τὸν δοκιμώτατον, τῷ οὔνομα
ἦν Λακρίνης, ἀπερέοντα Κύρῳ Λακεδαιμονίων ῥῆσιν, γῆς τῆς Ἑλλάδος μηδεμίαν
πόλιν σιναμωρέειν, ὡς αὐτῶν οὐ περιοψομένων.
[1,152] CLII. Les ambassadeurs des Ioniens et des Éoliens, s'étant rendus à Sparte en diligence, choisirent, aussitôt après leur arrivée, un Phocéen, nommé Pythermus, pour porter la parole au nom de tous les autres. Pythermus se revêtit d'une robe de pourpre, afin que, sur cette nouvelle, les Spartiates se trouvassent à l'assemblée en plus grand nombre. S'étant avancé au milieu d'eux, il les exhorta, par un long discours, à prendre leur défense ; mais les Lacédémoniens, sans aucun égard pour leur demande, résolurent entre eux de ne leur accorder aucun secours. Les Ioniens se retirèrent. Quoique les Lacédémoniens eussent rejeté leur demande, ils ne laissèrent pas de faire partir, sur un vaisseau à cinquante rames, des gens qui, à ce qu'il me semble, devaient observer l'état où se trouvaient les affaires de Cyrus et de l'Ionie. Lorsque ce vaisseau fut arrivé à Phocée, ces députés envoyèrent à Sardes Lacrinès, le plus considérable d'entre eux, pour faire part à Cyrus du décret des Lacédémoniens, qui portait qu'il se gardât bien de faire tort à aucune ville de la Grèce ; qu'autrement Sparte ne le souffrirait pas.
[1,153] CLIII. ταῦτα εἰπόντος τοῦ κήρυκος, λέγεται Κῦρον ἐπειρέσθαι τοὺς παρεόντας οἱ
Ἑλλήνων τινες ἐόντες ἄνθρωποι Λακεδαιμόνιοι καὶ κόσοι πλῆθος ταῦτα ἑωυτῷ
προαγορεύουσι? πυνθανόμενον δέ μιν εἰπεῖν ἄνθρωποι Λακεδαιμόνιοι καὶ κόσοι
"οὐκ ἔδεισά κω ἄνδρας τοιούτους, τοῖσι ἐστι χῶρος ἐν μέση τῇ πόλι
ἀποδεδεγμένος ἐς τὸν συλλεγόμενοι ἀλλήλους ὀμνύντες ἐξαπατῶσι? τοῖσι, ἢν
ἐγὼ ὑγιαίνω, οὐ τὰ Ἰώνων πάθεα ἔσται ἔλλεσχα ἀλλὰ τὰ οἰκήια". (2) ταῦτα ἐς
τοὺς πάντας Ἕλληνας ἀπέρριψε Κῦρος τὰ ἔπεα, ὅτι ἀγορὰς στησάμενοι ὠνῇ τε
καὶ πρήσι χρέωνται? αὐτοὶ γὰρ οἱ Πέρσαι ἀγορῇσι οὐδὲν ἐώθασι χρᾶσθαι, οὐδέ
σφι ἐστὶ τὸ παράπαν ἀγορή. (3) μετὰ ταῦτα ἐπιτρέψας τὰς μὲν Σάρδις Ταβάλῳ
ἀνδρὶ Πέρσῃ, τὸν δὲ χρυσὸν τόν τε Κροίσου καὶ τὸν τῶν ἄλλων Λυδῶν Πακτύῃ
ἀνδρὶ Λυδῷ κομίζειν, ἀπήλαυνε αὐτὸς ἐς Ἀγβάτανα, Κροῖσόν τε ἅμα ἀγόμενος
καὶ τοὺς Ἴωνας ἐν οὐδενὶ λόγῳ ποιησάμενος τὴν πρώτην εἶναι. (4) τε γὰρ
Βαβυλών οἱ ἦν ἐμπόδιος καὶ τὸ Βάκτριον ἔθνος καὶ Σάκαι τε καὶ Αἰγύπτιοι, ἐπ?
οὓς ἐπεῖχέ τε στρατηλατέειν αὐτός, ἐπὶ δὲ Ἴωνας ἄλλον πέμπειν στρατηγόν.
[1,153] CLIII. Lacrinès. ayant exécuté ses ordres, on dit que Cyrus demanda aux Grecs qui étaient présents quelle sorte d'hommes c'était que les Lacédémoniens, et quelles étaient leurs forces pour oser lui faire de pareilles défenses. Sur la réponse qu'ils lui firent, il parla ainsi au héraut des Spartiates : « Je n'ai jamais redouté cette espèce de gens qui ont au milieu de leur ville une place où ils s'assemblent pour se tromper les uns les autres par des serments réciproques. Si les dieux me conservent la santé, ils auront plus sujet de s'entretenir de leurs malheurs que de ceux des Ioniens. » Cyrus lança ces paroles menaçantes contre tous les Grecs, parce qu'ils ont dans leurs villes des places ou marchés où l'on vend et où l'on achète, et que les Perses n'ont pas coutume d'acheter ni de vendre ainsi dans des places, et que l'on ne voit point chez eux de marchés. Ce prince donna ensuite le gouvernement de Sardes à un Perse, nommé Tabalus ; et , ayant chargé Pactyas, Lydien, de transporter en Perse les trésors de Crésus et des autres Lydiens, il retourna à Agbatanes, et emmena Crésus avec lui, ne faisant point assez de cas des Ioniens pour aller d'abord contre eux. Babylone, les Bactriens, les Saces et les Égyptiens étaient autant d'obstacles à ses desseins. Il résolut de marcher en personne contre ces peuples, et d'envoyer un autre général contre les Ioniens.
[1,154] CLIV. ὡς δὲ ἀπήλασε Κῦρος ἐκ τῶν Σαρδίων, τοὺς Λυδοὺς ἀπέστησε Πακτύης
ἀπό τε Ταβάλου καὶ Κύρου, καταβὰς δὲ ἐπὶ θάλασσαν, ἅτε τὸν χρυσὸν ἔχων
πάντα τὸν ἐκ τῶν Σαρδίων, ἐπικούρους τε ἐμισθοῦτο καὶ τοὺς ἐπιθαλασσίους
ἀνθρώπους ἔπειθε σὺν ἑωυτῷ στρατεύεσθαι. ἐλάσας δὲ ἐπὶ τὰς Σάρδις
ἐπολιόρκεε Τάβαλον ἀπεργμένον ἐν τῇ ἀκροπόλι.
[1,154] CLIV. Cyrus ne fut pas plutôt parti de Sardes, que Pactyas fit soulever les Lydiens contre ce prince et contre Tabalus. Comme il avait entre les mains toutes les richesses de cette ville, il descendit sur le bord de la mer, prit des troupes à sa solde, engagea les habitants de la côte à s'armer en sa faveur, et, marchant contre Sardes, il assiégea Tabalus, qui se renferma dans la citadelle.
[1,155] CLV. πυθόμενος δὲ κατ? ὁδὸν ταῦτα Κῦρος εἶπε πρὸς Κροῖσον τάδε. "Κροῖσε, τί
ἔσται τέλος τῶν γινομένων τούτων ἐμοί; οὐ παύσονται Λυδοί, ὡς οἴκασι,
πρήγμάτα παρέχοντες καὶ αὐτοὶ ἔχοντες. φροντίζω μὴ ἄριστον
ἐξανδραποδίσασθαι σφέας. ὁμοίως γὰρ μοι νῦν γε φαίνομαι πεποιηκέναι ὡς εἴ
τις πατέρα ἀποκτείνας τῶν παίδων αὐτοῦ φείσατο? (2) ὡς δὲ καὶ ἐγὼ Λυδῶν τὸν
μὲν πλέον τι πατέρα ἐόντα σὲ λαβὼν ἄγω, αὐτοῖσι δὲ Λυδοῖσι τὴν πόλιν
παρέδωκα, καὶ ἔπειτα θωμάζω εἰ μοι ἀπεστᾶσι". μὲν δὴ τά περ ἐνόεε ἔλεγε, δ?
ἀμείβετο τοῖσιδε, δείσας μὴ ἀναστάτους ποιήσῃ τὰς Σάρδις. (3) " βασιλεῦ, τὰ
μὲν οἰκότα εἴρηκας, σὺ μέντοι μὴ πάντα θυμῷ χρέο, μηδὲ πόλιν ἀρχαίην
ἐξαναστήσῃς ἀναμάρτητον ἐοῦσαν καὶ τῶν πρότερον καὶ τῶν νῦν ἑστεώτων. τὰ
μὲν γὰρ πρότερον ἐγώ τε ἔπρηξα καὶ ἐγὼ κεφαλῇ ἀναμάξας φέρω? τὰ δὲ νῦν
παρεόντα Πακτύης γὰρ ἐστὶ ἀδικέων, τῷ σὺ ἐπέτρεψας Σάρδις, οὗτος δότω τοι
δίκην. (4) Λυδοῖσι δὲ συγγνώμην ἔχων τάδε αὐτοῖσι ἐπίταξον, ὡς μήτε ἀποστέωσι
μήτε δεινοί τοι ἔωσι? ἄπειπε μέν σφι πέμψας ὅπλα ἀρήια μὴ ἐκτῆσθαι, κέλευε δὲ
σφέας κιθῶνάς τε ὑποδύνειν τοῖσι εἵμασι καὶ κοθόρνους ὑποδέεσθαι, πρόειπε δ?
αὐτοῖσι κιθαρίζειν τε καὶ ψάλλειν καὶ καπηλεύειν παιδεύειν τοὺς παῖδας. καὶ
ταχέως σφέας βασιλεῦ γυναῖκας ἀντ? ἀνδρῶν ὄψεαι γεγονότας, ὥστε οὐδὲν
δεινοί τοι ἔσονται μὴ ἀποστέωσι".
[1,155] CLV. Sur cette nouvelle, que Cyrus apprit en chemin, ce prince dit à Crésus : « Quand verrai-je donc la fin de ces troubles ? Les Lydiens ne cesseront point, suivant toutes les apparences, de me susciter des affaires, et de s'en faire à eux-mêmes. Que sais-je s'il ne serait pas plus avantageux de les réduire en servitude ? J'en agi, du moins à ce qu'il me semble, comme quelqu'un qui aurait épargné les enfants de celui qu'il aurait fait mourir. Vous étiez pour les Lydiens quelque chose de plus qu'un père, je vous emmène prisonnier; je leur ai remis leur ville, et je m'étonne ensuite qu'ils se révoltent ! » Ce discours exprimait la manière de penser de ce prince : aussi Crésus, qui craignait qu'il ne détruisit entièrement la ville de Sardes, et qu'il n'en transplantât ailleurs les habitants, reprit la parole : « Ce que vous venez de dire, seigneur, est spécieux ; mais ne vous abandonnez pas entièrement aux mouvements de votre colère, et ne détruisez point une ville ancienne, qui n'est coupable ni des troubles précédents, ni de ceux qui arrivent aujourd'hui. J'ai été la cause des premiers, et j'en porte la peine. Pactyas a offensé celui à qui vous avez confié le gouvernement de Sardes : qu'il en soit puni. Pardonnez aux Lydiens ; mais, de crainte qu'à l'avenir ils ne se soulèvent, et qu'ils ne se rendent redoutables, envoyez- leur défendre d'avoir des armes chez eux, et ordonnez-leur de porter des tuniques sous leurs manteaux, de chausser des brodequins, de faire apprendre à leurs enfants à jouer de la cithare, à chanter, et les arts propres à les rendre efféminés. Par ce moyen, seigneur, vous verrez bientôt des hommes changés en femmes, et il n'y aura plus à craindre de révolte de leur part. »
[1,156] CLVI. Κροῖσος μὲν δὴ ταῦτά οἱ ὑπετίθετο, αἱρετώτερα ταῦτα εὑρίσκων Λυδοῖσι
ἀνδραποδισθέντας πρηθῆναι σφέας, ἐπιστάμενος ὅτι ἢν μὴ ἀξιόχρεον πρόφασιν
προτείνῃ, οὐκ ἀναπείσει μιν μεταβουλεύσασθαι, ἀρρωδέων δὲ μὴ καὶ ὕστερον
κοτὲ οἱ Λυδοί, ἢν τὸ παρεὸν ὑπεκδράμωσι, ἀποστάντες ἀπὸ τῶν Περσέων
ἀπόλωνται. (2) Κῦρος δὲ ἡσθεὶς τῇ ὑποθήκῃ καὶ ὑπεὶς τῆς ὀργῆς ἔφη οἱ
πείθεσθαι. καλέσας δὲ Μαζάρεα ἄνδρα Μῆδον, ταῦτά τέ οἱ ἐνετείλατο προειπεῖν
Λυδοῖσι τὰ Κροῖσος ὑπετίθετο, καὶ πρὸς ἐξανδραποδίσασθαι τοὺς ἄλλους
πάντας οἳ μετὰ Λυδῶν ἐπὶ Σάρδις ἐστρατεύσαντο, αὐτὸν δὲ Πακτύην πάντως
ζῶντα ἀγαγεῖν παρ? ἑωυτόν.
[1,156] CLVI. Crésus lui donna ce conseil, qu'il croyait plus avantageux pour les Lydiens que d'être vendus comme de vils esclaves. Il sentait que, à moins de lui alléguer de bonnes raisons, il ne réussirait pas à le faire changer de résolution ; et d'ailleurs il appréhendait que si les Lydiens échappaient au danger présent, ils ne se soulevassent dans la suite contre les Perses, et n'attirassent sur eux une ruine totale. Ce conseil causa beaucoup de joie à Cyrus, qui, étant revenu de sa colère, témoigna à Crésus qu'il le suivrait. En même temps il manda un Mède, nommé Mazarès, lui ordonna de déclarer aux Lydiens l'avis que Crésus lui avait suggéré ; et de plus il lui commanda de réduire en servitude tous ceux qui s'étaient ligués avec eux pour assiéger Sardes ; mais surtout de lui mener Pactyas vivant. Ces ordres donnés en chemin, il continua sa route vers la Perse.
[1,157] CLVII. μὲν δὴ ταῦτα ἐκ τῆς ὁδοῦ ἐντειλάμενος ἀπήλαυνε ἐς ἤθεα τὰ Περσέων,
Πακτύης δὲ πυθόμενος ἀγχοῦ εἶναι στρατὸν ἐπ? ἑωυτὸν ἰόντα δείσας οἴχετο
φεύγων ἐς Κύμην. (2) Μαζάρης δὲ Μῆδος ἐλάσας ἐπὶ τὰς Σάρδις τοῦ Κύρου
στρατοῦ μοῖραν ὅσην δή κοτε ἔχων, ὡς οὐκ εὗρε ἔτι ἐόντας τοὺς ἀμφὶ Πακτύην
ἐν Σάρδισι, πρῶτα μὲν τοὺς Λυδοὺς ἠνάγκασε τὰς Κύρου ἐντολὰς ἐπιτελέειν, ἐκ
τούτου δὲ κελευσμοσύνης Λυδοὶ τὴν πᾶσαν δίαιταν τῆς ζόης μετέβαλον. (3)
Μαζάρης δὲ μετὰ τοῦτο ἔπεμπε ἐς τὴν Κύμην ἀγγέλους ἐκδιδόναι κελεύων
Πακτύην. οἱ δὲ Κυμαῖοι ἔγνωσαν συμβουλῆς περὶ ἐς θεὸν ἀνοῖσαι τὸν ἐν
Βραγχίδῃσι? ἦν γὰρ αὐτόθι μαντήιον ἐκ παλαιοῦ ἱδρυμένον, τῷ Ἴωνές τε πάντες
καὶ Αἰολέες ἐώθεσαν χρᾶσθαι. δὲ χῶρος οὗτος ἐστὶ τῆς Μιλησίης ὑπὲρ
Πανόρμου λιμένος.
[1,157] CLVII. Pactyas, apprenant que l'armée qui marchait contre lui approchait de Sardes, prit l'épouvante, et se sauva à Cyme. Cependant Mazarès arriva à Sardes avec une très petite partie de l'armée de Cyrus ; mais, n'y ayant pas trouvé Pactyas, il fit d'abord exécuter les ordres du roi. Les Lydiens se soumirent, et changèrent leur ancienne manière de vivre. Il envoya ensuite à Cyme sommer les habitants de lui livrer Pactyas. Il fut résolu, dans l'assemblée des Cyméens, qu'on enverrait consulter l'oracle des Branchides sur le parti qu'il fallait prendre ; car il y avait là un ancien oracle, auquel les Ioniens et les Éoliens avaient tous coutume de recourir. Ce lieu est dans le territoire de Milet, au-dessus du port de Panorme.
[1,158] CLVIII. πέμψαντες ὦν οἱ Κυμαῖοι ἐς τοὺς Βραγχίδας θεοπρόπους εἰρώτευν περὶ
Πακτύην ὁκοῖόν τι ποιέοντες θεοῖσι μέλλοιεν χαριεῖσθαι. ἐπειρωτῶσι δέ σφι
ταῦτα χρηστήριον ἐγένετο ἐκδιδόναι Πακτύην Πέρσῃσι. ταῦτα δὲ ὡς
ἀπενειχθέντα ἤκουσαν οἱ Κυμαῖοι, ὁρμέατο ἐκδιδόναι? (2) ὁρμημένου δὲ ταύτῃ
τοῦ πλήθεος, Ἀριστόδικος Ἡρακλείδεω ἀνὴρ τῶν ἀστῶν ἐὼν δόκιμος ἔσχε μὴ
ποιῆσαι ταῦτα Κυμαίους, ἀπιστέων τε τῷ χρησμῷ καὶ δοκέων τοὺς θεοπρόπους
οὐ λέγειν ἀληθέως, ἐς τὸ δεύτερον περὶ Πακτύεω ἐπειρησόμενοι ἤισαν ἄλλοι
θεοπρόποι, τῶν καὶ Ἀριστόδικος ἦν.
[1,158] CLVIII. Les Cyméens, ayant envoyé des députés aux Branchides, demandèrent à l'oracle de quelle manière ils devaient se conduire à l'égard de Pactyas, pour se rendre agréables aux dieux. L'oracle répondit qu'il fallait le livrer aux Perses. Sur le rapport des députés, les Cyméens se disposèrent à rendre Pactyas ; mais, quoique le peuple se mît en devoir de le faire, Aristodicus, fils d'Héraclides, homme de distinction parmi les citoyens de Cyme, s'opposa à cette résolution, et empêcha qu'on ne la suivît, jusqu'à ce ,qu'on eût fait au sujet de Pactyas une seconde députation, dans laquelle il fut admis, soit qu'il se défiât de l'oracle, soit qu'il soupçonnât d'infidélité le rapport des députés.
[1,159] CLIX. ἀπικομένων δὲ ἐς Βραγχίδας ἐχρηστηριάζετο ἐκ πάντων Ἀριστόδικος
ἐπειρωτῶν τάδε. "ὦναξ, ἦλθε παρ? ἡμέας ἱκέτης Πακτύης Λυδός, φεύγων
θάνατον βίαιον πρὸς Περσέων? οἳ δέ μιν ἐξαιτέονται, προεῖναι Κυμαίους
κελεύοντες. (2) ἡμεῖς δὲ δειμαίνοντες τὴν Περσέων δύναμιν τὸν ἱκέτην ἐς τόδε οὐ
τετολμήκαμεν ἐκδιδόναι, πρὶν ἂν τὸ ἀπὸ σεῦ ἡμῖν δηλωθῇ ἀτρεκέως ὁκότερα
ποιέωμεν". μὲν ταῦτα ἐπειρώτα, δ? αὖτις τὸν αὐτόν σφι χρησμὸν ἔφαινε,
κελεύων ἐκδιδόναι Πακτύην Πέρσῃσι. (3) πρὸς ταῦτα Ἀριστόδικος ἐκ προνοίης
ἐποίεε τάδε? περιιὼν τὸν νηὸν κύκλῳ ἐξαίρεε τοὺς στρουθοὺς καὶ ἄλλα ὅσα ἦν
νενοσσευμένα ὀρνίθων γένεα ἐν τῷ νηῷ. ποιέοντος δὲ αὐτοῦ ταῦτα λέγεται
φωνὴν ἐκ τοῦ ἀδύτου γενέσθαι φέρουσαν μὲν πρὸς τὸν Ἀριστόδικον, λέγουσαν
δὲ τάδε "ἀνοσιώτατε ἀνθρώπων, τί τάδε τολμᾷς ποιέειν; τοὺς ἱκέτας μου ἐκ τοῦ
νηοῦ κεραΐζεις;" (4) Ἀριστόδικον δὲ οὐκ ἀπορήσαντα πρὸς ταῦτα εἰπεῖν "ὦναξ,
αὐτὸς μὲν οὕτω τοῖσι ἱκέτῃσι βοηθέεις, Κυμαίους δὲ κελεύεις τὸν ἱκέτην
ἐκδιδόναι; τὸν δὲ αὖτις ἀμείψασθαι τοῖσιδε "ναὶ κελεύω, ἵνα γε ἀσεβήσαντες
θᾶσσον ἀπόλησθε, ὡς μὴ τὸ λοιπὸν περὶ ἱκετέων ἐκδόσιος ἔλθητε ἐπὶ τὸ
χρηστήριον".
[1,159] CLIX. Les députés étant arrivés aux Branchides, Aristodicus, portant la parole pour eux, consulta le dieu en ces termes : « Grand dieu, le Lydien Pactyas est venu chercher un asile parmi nous pour éviter la mort dont le menacent les Perses. Ils le redemandent, et nous ordonnent de le remettre entre leurs mains ; mais, quoique nous redoutions leur puissance, nous n'avons pas osé jusqu'ici leur livrer ce suppliant que nous n'ayons appris de vous avec certitude ce que nous devons faire.» Le dieu lui lit la même réponse, et lui commanda de rendre Pactyas aux Perses. Sur cela, Aristodicus alla, de dessein prémédité, autour du temple, et enleva les moineaux et toutes les autres espèces d'oiseaux qui y avaient fait leurs nids. On raconte que tandis qu'il exécutait son dessein, il sortit du sanctuaire une voix qui s'adressait à lui, et lui disait : « O le plus scélérat de tous les hommes, n’as-tu bien la hardiesse d'arracher de mon temple, mes suppliants ? » et qu'Aristodicus, sans se déconcerter, lui répondit : « Quoi ! grand dieu, vous secourez vous-même vos suppliants, et vous ordonnez aux Cyméens de livrer le leur? - Oui, je le veux, reprit la même voix ; et c'est afin que, ayant commis une impiété, vous en périssiez plus tôt, et que vous ne veniez plus consulter l'oracle pour savoir si vous devez livrer des suppliants. »


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Dernière mise à jour : 3/03/2005