HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, Livre I

Chapitres 0-9

  Chapitres 0-9

[1,0] Ἡροδότου Ἱστοριῶν πρώτη ἐπιγραφόμενη Κλειὼ.
Ἡροδότου Ἁλικαρνησσέος ἱστορίης ἀπόδεξις ἥδε, ὡς μήτε τὰ γενόμενα ἐξ
ἀνθρώπων τῷ χρόνῳ ἐξίτηλα γένηται, μήτε ἔργα μεγάλα τε καὶ θωμαστά, τὰ
μὲν Ἕλλησι τὰ δὲ βαρβάροισι ἀποδεχθέντα, ἀκλεᾶ γένηται, τά τε ἄλλα καὶ δι? ἣν
αἰτίην ἐπολέμησαν ἀλλήλοισι.
[1,0] HISTOIRE d' HÉRODOTE - LIVRE PREMIER : CLIO En présentant au public ces recherches, Hérodote d'Halicarnasse se propose de préserver de l'oubli les actions des hommes, de célébrer les grandes et merveilleuses actions des Grecs et des Barbares, et, indépendamment de toutes ces choses, de développer les motifs qui les portèrent à se faire la guerre.
[1,1] I. Περσέων μέν νυν οἱ λόγιοι Φοίνικας αἰτίους φασί γενέσθαι τῆς διαφορῆς.
τούτους γὰρ ἀπό τῆς Ἐρυθρῆς καλεομένης θαλάσσης ἀπικομένους ἐπὶ τήνδε τὴν
θάλασσαν, καὶ οἰκήσαντας τοῦτον τὸν χῶρον τὸν καὶ νῦν οἰκέουσι, αὐτίκα
ναυτιλίῃσι μακρῇσι ἐπιθέσθαι, ἀπαγινέοντας δὲ φορτία Αἰγύπτιά τε καὶ Ἀσσύρια
τῇ τε ἄλλῃ ἐσαπικνέεσθαι καὶ δὴ καὶ ἐς Ἄργος. (2) τὸ δὲ Ἄργος τοῦτον τὸν χρόνον
προεῖχε ἅπασι τῶν ἐν τῇ νῦν Ἑλλάδι καλεομένῃ χωρῇ. ἀπικομένους δὲ τούς
Φοίνικας ἐς δὴ τὸ Ἄργος τοῦτο διατίθεσθαι τὸν φόρτον. (3) πέμπτῃ δὲ ἕκτῃ
ἡμέρῃ ἀπ? ἧς ἀπίκοντο, ἐξεμπολημένων σφι σχεδόν πάντων, ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν
θάλασσαν γυναῖκας ἄλλας τε πολλάς καὶ δὴ καὶ τοῦ βασιλέος θυγατέρα? τὸ δέ οἱ
οὔνομα εἶναι, κατὰ τὠυτὸ τὸ καὶ Ἕλληνές λέγουσι, Ἰοῦν τὴν Ἰνάχου? (4) ταύτας
στάσας κατά πρύμνην τῆς νεὸς ὠνέεσθαι τῶν φορτίων τῶν σφι ἦν θυμός
μάλιστα? καὶ τοὺς Φοίνικας διακελευσαμένους ὁρμῆσαι ἐπ? αὐτάς. τὰς μὲν δὴ
πλεῦνας τῶν γυναικῶν ἀποφυγεῖν, τὴν δὲ Ἰοῦν σὺν ἄλλῃσι ἁρπασθῆναι.
ἐσβαλομένους δὲ ἐς τὴν νέα οἴχεσθαι ἀποπλέοντας ἐπ? Αἰγύπτου.
[1,1] I. Les Perses les plus savants dans l'histoire de leur pays attribuent, aux Phéniciens la cause de cette inimitié. Ils disent que ceux-ci étant venus des bords de la mer Érythrée sur les côtes de la nôtre, ils entreprirent de longs voyages sur mer, aussitôt après s'être établis dans le pays qu'ils habitent encore aujourd'hui, et qu'ils transportèrent des marchandises d'Égypte et d'Assyrie en diverses contrées, entre autres à Argos. Cette ville surpassait alors toutes celles du pays connu actuellement sous le nom de Grèce. Ils ajoutent que les Phéniciens y étant abordés se mirent à vendre leurs marchandises ; que cinq ou six jours après leur arrivée la vente étant presque finie, un grand nombre de femmes se rendit sur le rivage, et parmi elles la fille du roi ; que cette princesse, fille d'Inachus, s'appelait Io, nom que lui donnent aussi les Grecs. Tandis que ces femmes, continuent les mêmes historiens, achetaient près de la poupe ce qui était le plus de leur goût, les Phéniciens, s'animant les uns les autres, se jetèrent sur elles. La plupart prirent la fuite ; mais Io fut enlevée, et d'autres femmes avec elle. Les Phéniciens, les ayant fait embarquer, mirent à la voile, et firent route vers l'Égypte.
[1,2] II. Οὕτω μὲν Ἰοῦν ἐς Αἴγυπτον ἀπικέσθαι λέγουσι Πέρσαι, οὐκ ὡς Ἕλληνες, καὶ
τῶν ἀδικημάτων πρῶτον τοῦτο ἄρξαι? μετὰ δὲ ταῦτα Ἑλλήνων τινάς (οὐ γὰρ
ἔχουσι τοὔνομα ἀπηγήσασθαι) φασὶ τῆς Φοινίκης ἐς Τύρον προσσχόντας
ἁρπάσαι τοῦ βασιλέος τὴν θυγατέρα Εὐρώπην. εἴησαν δ? ἄν οὗτοι Κρῆτες. ταῦτα
μὲν δὴ ἴσα πρὸς ἴσα σφι γενέσθαι, μετὰ δὲ ταῦτα Ἕλληνας αἰτίους τῆς δευτέρης
ἀδικίης γενέσθαι? (2) καταπλώσαντας γὰρ μακρῇ νηί ἐς Αἶάν τε τὴν Κολχίδα καὶ
ἐπὶ Φᾶσιν ποταμόν, ἐνθεῦτεν, διαπρηξαμένους καὶ τἄλλα τῶν εἵνεκεν ἀπίκατο,
ἁρπάσαι τοῦ βασιλέος τὴν θυγατέρα Μηδείην. (3) πέμψαντά δὲ τὸν Κόλχων
βασιλέα ἐς τὴν Ἑλλάδα κήρυκα αἰτέειν τε δίκας τῆς ἁρπαγῆς καὶ ἀπαιτέειν τὴν
θυγατέρα. τοὺς δὲ ὑποκρίνασθαι ὡς οὐδὲ ἐκεῖνοι Ἰοῦς τῆς Ἀργείης ἔδοσάν σφι
δίκας τῆς ἁρπαγῆς? οὐδὲ ὤν αὐτοὶ δώσειν ἐκείνοισι.
[1,2] II. Voilà, selon les Perses, en cela peu d'accord avec les Phéniciens, comment Io passa en Égypte : voilà le principe des injustices réciproques qui éclatèrent entre eux et les Grecs. Ils ajoutent qu'ensuite quelques Grecs (ils ne peuvent les nommer, c'étaient peut-être des Crétois) abordés à Tyr en Phénicie enlevèrent Europe, fille du roi : c'était sans doute user du droit de représailles ; mais la seconde injustice ne doit, selon les mêmes historiens, être imputée qu'aux Grecs. Ils disent que ceux-ci se rendirent sur un vaisseau long à Aea, en Colchide, sur le Phase, et qu'après avoir terminé les affaires qui leur avaient fait entreprendre ce voyage, ils enlevèrent Médée, fille du roi ; que ce prince ayant envoyé un ambassadeur en Grèce pour redemander sa fille et exiger réparation de cette injure, les Grecs lui répondirent que puisque les Colchidiens n'avaient donné aucune satisfaction de l'enlèvement d'Io, ils ne lui en feraient point de celui de Médée.
[1,3] III. Δευτέρῃ δὲ λέγουσι γενεῇ μετὰ ταῦτα Ἀλέξανδρον τὸν Πριάμου, ἀκηκοότα
ταῦτα, ἐθελῆσαί οἱ ἐκ τῆς Ἑλλάδος δι? ἁρπαγῆς γενέσθαι γυναῖκα, ἐπιστάμενον
πάντως ὅτι οὐ δώσει δίκας? οὐδὲ γὰρ ἐκείνους διδόναι. (2) οὕτω δὴ ἁρπάσαντος
αὐτοῦ Ἑλένην, τοῖσι Ἕλλησι δόξαι πρῶτον πέμψαντας ἀγγέλους ἀπαιτέειν τε
Ἑλένην καὶ δίκας τῆς ἁρπαγῆς αἰτέειν. τοὺς δέ προϊσχομένων ταῦτα, προφέρειν
σφι Μηδείης τὴν ἁρπαγήν, ὡς οὐ δόντες αὐτοὶ δίκας οὐδὲ ἐκδόντες ἀπαιτεόντων
βουλοίατό σφι παρ? ἄλλων δίκας γίνεσθαι.
[1,3] III. Les mêmes historiens disent aussi que, la seconde génération après ce rapt, Alexandre (Pâris), fils de Priam, qui en avait entendu parler, voulut par ce même moyen se procurer une femme grecque, bien persuadé que les autres n'ayant point été punis, il ne le serait pas non plus. Il enleva donc Hélène ; mais les Grecs, continuent-ils, s'étant assemblés, furent d'avis d'envoyer d'abord des ambassadeurs pour demander cette princesse, et une réparation de cette insulte. A cette proposition les Troyens opposèrent aux Grecs l'enlèvement de Médée, leur reprochèrent d'exiger une satisfaction, quoiqu'ils n'en eussent fait aucune, et qu'ils n'eussent point rendu cette princesse après en avoir été sommés.
[1,4] IV. Μέχρι μὲν ὦν τούτου ἁρπαγάς μούνας εἶναι παρ? ἀλλήλων, τὸ δὲ ἀπὸ τούτου
Ἕλληνας δὴ μεγάλως αἰτίους γενέσθαι? προτέρους γὰρ ἄρξαι στρατεύεσθαι ἐς
τὴν Ἀσίην σφέας ἐς τὴν Εὐρώπην. (2) τὸ μέν νυν ἁρπάζειν γυναῖκας ἀνδρῶν
ἀδίκων νομίζειν ἔργον εἶναι, τὸ δὲ ἁρπασθεισέων σπουδήν ποιήσασθαι
τιμωρέειν ἀνοήτων, τὸ δὲ μηδεμίαν ὤρην ἔχειν ἁρπασθεισέων σωφρόνων? δῆλα
γὰρ δὴ ὅτι, εἰ μὴ αὐταὶ ἐβούλοντο, οὐκ ἂν ἡρπάζοντο. (3) σφέας μὲν δὴ τοὺς ἐκ
τῆς Ἀσίης λέγουσι Πέρσαι ἁρπαζομενέων τῶν γυναικῶν λόγον οὐδένα
ποιήσασθαι, Ἕλληνας δὲ Λακεδαιμονίης εἵνεκεν γυναικὸς στόλον μέγαν
συναγεῖραι καὶ ἔπειτα ἐλθόντας ἐς τὴν Ἀσίην τὴν Πριάμου δύναμιν κατελεῖν. (4)
ἀπὸ τούτου αἰεὶ ἡγήσασθαι τὸ Ἑλληνικὸν σφίσι εἶναι πολέμιον. τὴν γὰρ Ἀσίην
καὶ τὰ ἐνοικέοντα ἔθνεα βάρβαρα οἰκηιεῦνται οἱ Πέρσαι, τὴν δὲ Εὐρώπην καὶ τὸ
Ἑλληνικόν ἥγηνται κεχωρίσθαι.
[1,4] IV. Jusque-là, disent les Perses, il n'y avait eu de part et d'autre que des enlèvements ; mais depuis cette époque les Grecs se mirent tout à fait dans leur tort, en portant la guerre en Asie avant que les Asiatiques l'eussent déclarée à l'Europe. Or, s'il y a de l'injustice, ajoutent-ils, à enlever des femmes, il y a de la folie à se venger d'un rapt, et de la sagesse à ne s'en pas mettre en peine, puisqu'il est évident que, sans leur consentement, on ne les eût pas enlevées. Les Perses assurent que, quoiqu'ils soient Asiatiques, ils n'ont tenu aucun compte des femmes enlevées dans cette partie du monde ; tandis que les Grecs, pour une femme de Lacédémone, équipèrent une flotte nombreuse, passèrent en Asie, et renversèrent le royaume de Priam. Depuis cette époque, les Perses ont toujours regardé les Grecs comme leurs ennemis ; car ils s'arrogent l'empire sur l'Asie et sur les nations barbares qui l'habitent, et considèrent l'Europe et la Grèce comme un continent à part.
[1,5] V. Οὕτω μὲν Πέρσαι λέγουσι γενέσθαι, καὶ διὰ τὴν Ἰλίου ἅλωσιν εὑρίσκουσι σφίσι
ἐοῦσαν τὴν ἀρχὴν τῆς ἔχθρης τῆς ἐς τοὺς Ἕλληνας. (2) περὶ δὲ τῆς Ἰοῦς οὐκ
ὁμολογέουσι Πέρσῃσι οὕτω Φοίνικες? οὐ γὰρ ἁρπαγῇ σφέας χρησαμένους
λέγουσι ἀγαγεῖν αὐτήν ἐς Αἴγυπτον, ἀλλ? ὡς ἐν τῷ Ἄργει ἐμίσγετο τῷ ναυκλήρῳ
τῆς νέος? ἐπεὶ δ? ἔμαθε ἔγκυος ἐοῦσα, αἰδεομένη τοὺς τοκέας οὕτω δὴ ἐθελοντὴν
αὐτὴν τοῖσι Φοίνιξι συνεκπλῶσαι, ὡς ἂν μὴ κατάδηλος γένηται. (3) ταῦτα μέν
νυν Πέρσαι τε καὶ Φοίνικες λέγουσι? ἐγὼ δὲ περὶ μὲν τούτων οὐκ ἔρχομαι ἐρέων
ὡς οὕτω ἄλλως κως ταῦτα ἐγένετο, τὸν δὲ οἶδα αὐτὸς πρῶτον ὑπάρξαντα
ἀδίκων ἔργων ἐς τοὺς Ἕλληνας, τοῦτον σημήνας προβήσομαι ἐς τὸ πρόσω τοῦ
λόγου, ὁμοίως σμικρὰ καὶ μεγάλα ἄστεα ἀνθρώπων ἐπεξιών. (4) τὰ γὰρ τὸ πάλαι
μεγάλα ἦν, τὰ πολλὰ σμικρὰ αὐτῶν γέγονε? τὰ δὲ ἐπ? ἐμεῦ ἦν μεγάλα, πρότερον
ἦν σμικρά. τὴν ἀνθρωπηίην ὦν ἐπιστάμενος εὐδαιμονίην οὐδαμὰ ἐν τὠυτῷ
μένουσαν, ἐπιμνήσομαι ἀμφοτέρων ὁμοίως.
[1,5] V. Telle est la manière dont les Perses rapportent ces événements, et c'est à la prise d'Ilion qu'ils attribuent la cause de la haine qu'ils portent aux Grecs. A l'égard d'Io, les Phéniciens ne sont pas d'accord avec les Perses. Ils disent que ce ne fut pas par un enlèvement qu'ils la menèrent en Égypte : qu'ayant eu commerce à Argos avec le capitaine du navire, quand elle se vit grosse, la crainte de ses parents la détermina à s'embarquer avec les Phéniciens, pour cacher son déshonneur. Tels sont les récits des Perses et des Phéniciens. Pour moi, je ne prétends point décider si les choses se sont passées de cette manière ou d'une autre ; mais, après avoir indiqué celui que je connais pour le premier auteur des injures faites aux Grecs, je poursuivrai mon récit, qui embrassera les petits États comme les grands : car ceux qui florissaient autrefois sont la plupart réduits à rien, et ceux qui fleurissent de nos jours étaient jadis peu de chose. Persuadé de l'instabilité du bonheur des hommes, je me suis déterminé à parler également des uns et des autres.
[1,6] VI. Κροῖσος ἦν Λυδὸς μὲν γένος, παῖς δὲ Ἀλυάττεω, τύραννος δὲ ἐθνέων τῶν ἐντός
Ἅλυος ποταμοῦ, ὃς ῥέων ἀπὸ μεσαμβρίης μεταξὺ Συρίων τε καὶ Παφλαγόνων
ἐξιεῖ πρὸς βορέην ἄνεμον ἐς τὸν Εὔξεινον καλεόμενον πόντον. (2) οὗτος
Κροῖσος βαρβάρων πρῶτος τῶν ἡμεῖς ἴδμεν τοὺς μὲν κατεστρέψατο Ἑλλήνων ἐς
φόρου ἀπαγωγήν, τοὺς δὲ φίλους προσεποιήσατο. κατεστρέψατο μὲν Ἴωνάς τε
καὶ Αἰολέας καὶ Δωριέας τοὺς ἐν τῇ Ἀσίῃ, φίλους δὲ προσεποιήσατο
Λακεδαιμονίους. (3) πρὸ δὲ τῆς Κροίσου ἀρχῆς πάντες Ἕλληνες ἦσαν ἐλεύθεροι?
τὸ γὰρ Κιμμερίων στράτευμα τὸ ἐπὶ τὴν Ἰωνίην ἀπικόμενον, Κροίσου ἐὸν
πρεσβύτερον, οὐ καταστροφὴ ἐγένετο τῶν πολίων ἀλλ? ἐξ ἐπιδρομῆς ἁρπαγή.
[1,6] VI. Crésus était Lydien de naissance, fils d'Alyattes, et tyran des nations que renferme l'Halys dans son cours. Ce fleuve coule du sud, passe entre le pays des Syriens (Cappadociens) et celui des Paphlagoniens, et se jette au nord dans le Pont- Euxin. Ce prince est le premier Barbare, que je sache, qui ait forcé une partie des Grecs à lui payer tribut, et qui se soit allié avec l'autre. Il subjugua en effet les Ioniens, les Éoliens et les Doriens établis en Asie, et fit alliance avec les Lacédémoniens. Avant son règne, tous les Grecs étaient libres ; car l'expédition des Cimmériens contre l'Ionie, antérieure à Crésus, n'alla pas jusqu'à ruiner des villes : ce ne fut qu'une incursion, suivie de pillage.
[1,7] VII. δὲ ἡγεμονίη οὕτω περιῆλθε, ἐοῦσα Ἡρακλειδέων, ἐς τὸ γένος τὸ Κροίσου,
καλεομένους δὲ Μερμνάδας. (2) ἦν Κανδαύλης, τὸν οἱ Ἕλληνές Μυρσίλον
ὀνομάζουσι, τύραννος Σαρδίων, ἀπόγονος δὲ Ἀλκαίου τοῦ Ἡρακλέος. Ἄγρων μὲν
γὰρ Νίνου τοῦ Βήλου τοῦ Ἀλκαίου πρῶτος Ἡρακλειδέων βασιλεὺς ἐγένετο
Σαρδίων, Κανδαύλης δὲ Μύρσου ὕστατος. (3) οἱ δὲ πρότερον Ἄγρωνος
βασιλεύσαντες ταύτης τῆς χώρης ἦσαν ἀπόγονοὶ Λυδοῦ τοῦ Ἄτυος, ἀπ? ὅτευ
δῆμος Λύδιος ἐκλήθη πᾶς οὗτος, πρότερον Μηίων καλεόμενος. (4) παρὰ τούτων
Ἡρακλεῖδαι ἐπιτραφθέντες ἔσχον τὴν ἀρχήν ἐκ θεοπροπίου, ἐκ δούλης τε τῆς
Ἰαρδάνου γεγονότες καὶ Ἡρακλέος, ἄρξαντες μὲν ἐπὶ δύο τε καὶ εἴκοσι γενεᾶς
ἀνδρῶν ἔτεα πέντε τε καὶ πεντακόσια, παῖς παρὰ πατρὸς ἐκδεκόμενος τὴν
ἀρχήν, μέχρι Κανδαύλεω τοῦ Μύρσου.
[1,7] VII. Voici comment la souveraine puissance, qui appartenait aux Héraclides, passa en la maison des Mermnades, dont était Crésus. Candaule, que les Grecs appellent Myrsile, fut tyran de Sardes. Il descendait d'Hercule par Alcée, fils de ce héros ; car Agron, fils de Ninus, petit-fils de Bélus, arrière-petit-fils d'Alcée, fut le premier des Héraclides qui régna à Sardes ; et Candaule, fils de Myrsus, fut le dernier. Les rois de ce pays antérieurs à Agron descendaient de Lydus, fils d'Atys, qui donna la nom de Lydiens à tous les peuples de cette contrée, qu'on appelait auparavant Méoniens. Enfin les Héraclides, à qui ces princes avaient confié l'administration du gouvernement, et qui tiraient leur origine d'Hercule et d'une esclave de Jardanus, obtinrent la royauté en vertu d'un oracle. Ils régnèrent de père en fils cinq cent cinq ans, en quinze générations, jusqu'à Candaule, fils de Myrsus.
[1,8] VIII. οὗτος δὴ ὦν Κανδαύλης ἠράσθη τῆς ἑωυτοῦ γυναικός, ἐρασθεὶς δὲ ἐνόμιζέ οἱ
εἶναι γυναῖκα πολλὸν πασέων καλλίστην. ὥστε δὲ ταῦτα νομίζων, ἦν γάρ οἱ τῶν
αἰχμοφόρων Γύγης Δασκύλου ἀρεσκόμενος μάλιστα, τούτῳ τῷ Γύγῃ καὶ τὰ
σπουδαιέστερα τῶν πρηγμάτων ὑπερετίθετο Κανδαύλης καὶ δὴ καὶ τὸ εἶδος τῆς
γυναικὸς ὑπερεπαινέων. (2) χρόνου δὲ οὐ πολλοῦ διελθόντος (χρῆν γὰρ
Κανδαύλῃ γενέσθαι κακῶς) ἔλεγε πρὸς τὸν Γύγην τοιάδε. "Γύγη, οὐ γὰρ σε
δοκέω πείθεσθαι μοι λέγοντι περὶ τοῦ εἴδεος τῆς γυναικός (ὦτα γὰρ τυγχάνει
ἀνθρώποισι ἐόντα ἀπιστότερα ὀφθαλμῶν), ποίεε ὅκως ἐκείνην θεήσεαι γυμνήν".
(3) δ? ἀμβώσας εἶπε "δέσποτα, τίνα λέγεις λόγον οὐκ ὑγιέα, κελεύων με
δέσποιναν τὴν ἐμὴν θεήσασθαι γυμνήν; ἅμα δὲ κιθῶνι ἐκδυομένῳ συνεκδύεται
καὶ τὴν αἰδῶ γυνή. (4) πάλαι δὲ τὰ καλὰ ἀνθρώποισι ἐξεύρηται, ἐκ τῶν
μανθάνειν δεῖ? ἐν τοῖσι ἓν τόδε ἐστί, σκοπέειν τινὰ τὰ ἑωυτοῦ. ἐγὼ δὲ πείθομαι
ἐκείνην εἶναι πασέων γυναικῶν καλλίστην, καὶ σέο δέομαι μὴ δέεσθαι ἀνόμων".
[1,8] VIII. Ce prince aimait éperdument sa femme, et la regardait comme la plus belle des femmes. Obsédé par sa passion, il ne cessait d'en exagérer la beauté à Gygès, fils de Dascylus, un de ses gardes, qu'il aimait beaucoup, et à qui il communiquait ses affaires les plus importantes. Peu de temps après, Candaule (il ne pouvait éviter son malheur) tint à Gygès ce discours : « Il me semble que tu ne m'en crois pas sur la beauté de ma femme. Les oreilles sont moins crédules que les yeux : fais donc ton possible pour la voir nue. Quel langage insensé, seigneur ! s'écria Gygès. Y avez-vous réfléchi ? Ordonner à un esclave de voir nue sa souveraine ! Oubliez-vous qu'une femme dépose sa pudeur avec ses vêtements ? Les maximes de l'honnêteté sont connues depuis longtemps : elles doivent nous servir de règle. Or une des plus importantes est que chacun ne doit regarder que ce qui lui appartient. Je suis persuadé que vous avez la plus belle de toutes les femmes ; mais n'exigez pas de moi, je vous en conjure, une chose malhonnête. »
[1,9] IX. μὲν δὴ λέγων τοιαῦτα ἀπεμάχετο, ἀρρωδέων μὴ τί οἱ ἐξ αὐτῶν γένηται
κακόν, δ? ἀμείβετο τοῖσιδε. "θάρσεε, Γύγη, καὶ μὴ φοβεῦ μήτε ἐμέ, ὡς σέο
πειρώμενος λέγω λόγον τόνδε, μήτε γυναῖκα τὴν ἐμήν, μὴ τὶ τοι ἐξ αὐτῆς
γένηται βλάβος. ἀρχήν γὰρ ἐγὼ μηχανήσομαι οὕτω ὥστε μηδέ μαθεῖν μιν
ὀφθεῖσαν ὑπὸ σεῦ. (2) ἐγὼ γάρ σε ἐς τὸ οἴκημα ἐν τῷ κοιμώμεθα ὄπισθε τῆς
ἀνοιγομένης θύρης στήσω. μετὰ δ? ἐμὲ ἐσελθόντα παρέσται καὶ γυνὴ ἐμὴ ἐς
κοῖτον. κεῖται δὲ ἀγχοῦ τῆς ἐσόδου θρόνος? ἐπὶ τοῦτον τῶν ἱματίων κατὰ ἕν
ἕκαστον ἐκδύνουσα θήσει, καὶ κατ? ἡσυχίην πολλὴν παρέξει τοι θεήσασθαι. (3)
ἐπεὰν δέ ἀπὸ τοῦ θρόνου στείχῃ ἐπὶ τὴν εὐνήν κατὰ νώτου τε αὐτῆς γένῃ, σοὶ
μελέτω τὸ ἐνθεῦτεν ὅκως μὴ σε ὄψεται ἰόντα διὰ θυρέων".
[1,9] IX. Ainsi Gygès se refusait à la proposition du roi, en craignant les suites pour lui- même. « Rassure-toi, Gygès, lui dit Candaule ; ne crains ni ton roi (ce discours n'est point un piège pour t'éprouver) ni la reine : elle ne te fera aucun mal. Je m'y prendrai de manière qu'elle ne saura pas même que tu l'aies vue. Je te placerai dans la chambre où nous couchons, derrière la porte, qui restera ouverte : la reine ne tardera pas à me suivre. A l'entrée est un siège où elle pose ses vêtements, à mesure qu'elle s'en dépouille. Ainsi, tu auras tout le loisir de la considérer. Lorsque de ce siège elle s'avancera vers le lit, comme elle te tournera le dos, saisis ce moment pour t'esquiver sans qu'elle te voie. »


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Dernière mise à jour : 3/03/2005