[474] (474a) γέλωτα παρεῖχον καὶ οὐκ ἠπιστάμην ἐπιψηφίζειν.
μὴ οὖν μηδὲ νῦν με κέλευε ἐπιψηφίζειν τοὺς παρόντας, ἀλλ' εἰ μὴ
ἔχεις τούτων βελτίω ἔλεγχον, ὅπερ νυνδὴ ἐγὼ ἔλεγον, ἐμοὶ ἐν τῷ μέρει παράδος,
καὶ πείρασαι τοῦ ἐλέγχου οἷον ἐγὼ οἶμαι δεῖν εἶναι. ἐγὼ γὰρ ὧν ἂν λέγω ἕνα μὲν
παρασχέσθαι μάρτυρα ἐπίσταμαι, αὐτὸν πρὸς ὃν ἄν μοι ὁ λόγος ᾖ, τοὺς δὲ
πολλοὺς ἐῶ χαίρειν, καὶ ἕνα ἐπιψηφίζειν ἐπίσταμαι, τοῖς δὲ (474b) πολλοῖς οὐδὲ
διαλέγομαι. ὅρα οὖν εἰ ἐθελήσεις ἐν τῷ μέρει διδόναι ἔλεγχον ἀποκρινόμενος τὰ
ἐρωτώμενα. ἐγὼ γὰρ δὴ οἶμαι καὶ ἐμὲ καὶ σὲ καὶ τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους τὸ
ἀδικεῖν τοῦ ἀδικεῖσθαι κάκιον ἡγεῖσθαι καὶ τὸ μὴ διδόναι δίκην τοῦ διδόναι.
(Πῶλος)
ἐγὼ δέ γε οὔτ' ἐμὲ οὔτ' ἄλλον ἀνθρώπων οὐδένα. ἐπεὶ σὺ δέξαι' ἂν μᾶλλον
ἀδικεῖσθαι ἢ ἀδικεῖν;
(Σωκράτης) καὶ σύ γ' ἂν καὶ οἱ ἄλλοι πάντες.
(Πῶλος) πολλοῦ γε δεῖ, ἀλλ' οὔτ' ἐγὼ οὔτε σὺ οὔτ' ἄλλος οὐδείς.
(474c) (Σωκράτης) οὔκουν ἀποκρινῇ;
(Πῶλος)
πάνυ μὲν οὖν· καὶ γὰρ ἐπιθυμῶ εἰδέναι ὅτι ποτ' ἐρεῖς.
(Σωκράτης)
λέγε δή μοι, ἵν' εἰδῇς, ὥσπερ ἂν εἰ ἐξ ἀρχῆς σε ἠρώτων· πότερον δοκεῖ σοι, ὦ
Πῶλε, κάκιον εἶναι, τὸ ἀδικεῖν ἢ τὸ ἀδικεῖσθαι;
(Πῶλος) τὸ ἀδικεῖσθαι ἔμοιγε.
(Σωκράτης)
τί δὲ δή; αἴσχιον πότερον τὸ ἀδικεῖν ἢ τὸ ἀδικεῖσθαι; ἀποκρίνου.
(Πῶλος) τὸ ἀδικεῖν.
(Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ κάκιον, εἴπερ αἴσχιον.
(Πῶλος) ἥκιστά γε.
(Σωκράτης)
μανθάνω· οὐ (474d) ταὐτὸν ἡγῇ σύ, ὡς ἔοικας, καλόν τε καὶ ἀγαθὸν καὶ κακὸν
καὶ αἰσχρόν.
(Πῶλος) οὐ δῆτα.
(Σωκράτης)
τί δὲ τόδε; τὰ καλὰ πάντα, οἷον καὶ σώματα καὶ χρώματα καὶ σχήματα καὶ φωνὰς
καὶ ἐπιτηδεύματα, εἰς οὐδὲν ἀποβλέπων καλεῖς ἑκάστοτε καλά; οἷον πρῶτον τὰ
σώματα τὰ καλὰ οὐχὶ ἤτοι κατὰ τὴν χρείαν λέγεις καλὰ εἶναι, πρὸς ὃ ἂν ἕκαστον
χρήσιμον ᾖ, πρὸς τοῦτο, ἢ κατὰ ἡδονήν τινα, ἐὰν ἐν τῷ θεωρεῖσθαι χαίρειν ποιῇ
τοὺς θεωροῦντας; ἔχεις τι ἐκτὸς τούτων λέγειν περὶ σώματος κάλλους;
(474e) (Πῶλος) οὐκ ἔχω.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ τἆλλα πάντα οὕτω καὶ σχήματα καὶ χρώματα ἢ διὰ ἡδονήν τινα ἢ διὰ
ὠφελίαν ἢ δι' ἀμφότερα καλὰ προσαγορεύεις;
(Πῶλος) ἔγωγε.
(Σωκράτης)
οὐ καὶ τὰς φωνὰς καὶ τὰ κατὰ τὴν μουσικὴν πάντα ὡσαύτως;
(Πῶλος) ναί.
(Σωκράτης)
καὶ μὴν τά γε κατὰ τοὺς νόμους καὶ τὰ ἐπιτηδεύματα οὐ δήπου ἐκτὸς τούτων
ἐστίν, τὰ καλά, τοῦ ἢ ὠφέλιμα εἶναι ἢ ἡδέα ἢ ἀμφότερα.
| [474] je me rendis ridicule, parce que je ne savais comment
m'y prendre. Ne me parle donc point de recueillir les suffrages
des assistants, et si, comme je l'ai déjà dit, tu n'as point de
meilleurs arguments à m'opposer , laisse-moi t'interroger à
mon tour, et faire l'essai de ma façon de réfuter, que je crois
être la bonne.
Je ne sais produire qu'un seul témoin en faveur de ce
que je dis ; c'est celui-là même avec qui je converse;
et je ne tiens nul compte de la multitude. Je ne recueille
d'autre suffrage que le sien; pour la foule, je
ne lui adresse pas même la partite. Vois donc si tu veux
souffrir à ton tour que je te réfute, en t'engageant à
répondre à mes questions. Car je suis convaincu que toi
et moi, et les autres hommes, nous pensons tous que
c'est un plus, grand mal de commettre l'injustice que
de la souffrir, et de n'étre point puni de ses crimes que
d'en être puni. — POLUS. Je soutiens, au contraire, que
ce n'est ni mon sentiment, ni celui d'aucun autre, Toi-même,
aimerais-tu mieux qu'on te fît une injustice que
de faire une injustice à un autre? — SOCRATE. Oui, et
toi aussi, et tout le monde. — POLUS. Il s'en faut bien;
ni toi, ni moi, ni qui que ce soit n'est dans cette disposition.
— SOCRATE. Eh bien, répondras-tu? — POLUS. J'y
consens; car je suis extrêmement curieux de savoir ce
que tu diras. — SOCRATE. Afin de l'apprendre, réponds-moi,
Polus, comme si je commençais pour la première
fois à t'interroger. Quel est le plus grand mal, à ton
avis, de faire une injustice, ou de la recevoir? —
POLUS. De la recevoir, selon moi. — SOCRATE. Et quel est
le plus laid de faire une injustice, ou de la recevoir?
Réponds. — POLUS. De la faire.
XXX. — SOCRATE. Si cela est plus laid, c'est donc
aussi un plus grand mal? — POLUS. Point du tout —
SOCRATE. J'entends. Tu ne crois pas, à ce qu'il paraît,
que le beau et le bon, le laid et le mauvais soient la
même chose? — POLUS. Non, certes. — SOCRATE. Et que
dis-tu de ceci ? toutes les belles choses en fait de corps,
de couleurs, de figures, de sons, de professions, les
appelles-tu belles sans avoir rien en vue? Et, pour commencer,
par les beaux corps, quand tu dis qu'ils sont
beaux, n'est-ce point ou par rapport à leur usage, à
cause de l'utilité qu'on peut tirer de chacun d'eux ; ou
en vue d'un certain plaisir, lorsque leur aspect fait
naître un sentiment de joie dans l'âme de ceux qui les
regardent? Est-il hors de là quelque autre raison qui
te fasse dire qu'un corps est beau? — POLUS. Je n'en
connais point. — SOCRATE. N'appelles-tu pas belles de
même toutes les autres choses, figures, couleurs, à raison
du plaisir ou de l'utilité qui en revient, ou de l'un et de
l'autre à la fois? — POLUS. Oui. — SOCRATE. N'en est-il
pas ainsi des sons, et de tout ce qui appartient à la musique?
— POLUS. Oui. — SOCRATE. Ce qui est beau pareillement
en fait de lois et de genres de vie ne l'est
pas sans doute pour une autre raison, que parce qu'il
est ou utile ou agréable, ou bien l'un et l'autre ? —
|