HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, livre I

Chapitre 69-70

  Chapitre 69-70

[1,69] καὶ τῶνδε ὑμεῖς αἴτιοι, τό τε πρῶτον ἐάσαντες αὐτοὺς τὴν πόλιν μετὰ τὰ Μηδικὰ κρατῦναι καὶ ὕστερον τὰ μακρὰ στῆσαι τείχη, ἐς τόδε τε αἰεὶ ἀποστεροῦντες οὐ μόνον τοὺς ὑπ' ἐκείνων δεδουλωμένους ἐλευθερίας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ὑμετέρους ἤδη ξυμμάχους· οὐ γὰρ δουλωσάμενος, ἀλλ' δυνάμενος μὲν παῦσαι περιορῶν δὲ ἀληθέστερον αὐτὸ δρᾷ, εἴπερ καὶ τὴν ἀξίωσιν τῆς ἀρετῆς ὡς ἐλευθερῶν τὴν Ἑλλάδα φέρεται. μόλις δὲ νῦν γε ξυνήλθομεν καὶ οὐδὲ νῦν ἐπὶ φανεροῖς. χρῆν γὰρ οὐκ εἰ ἀδικούμεθα ἔτι σκοπεῖν, ἀλλὰ καθ' ὅτι ἀμυνούμεθα· οἱ γὰρ δρῶντες βεβουλευμένοι πρὸς οὐ διεγνωκότας ἤδη καὶ οὐ μέλλοντες ἐπέρχονται. καὶ ἐπιστάμεθα οἵᾳ ὁδῷ οἱ Ἀθηναῖοι καὶ ὅτι κατ' ὀλίγον χωροῦσιν ἐπὶ τοὺς πέλας. καὶ λανθάνειν μὲν οἰόμενοι διὰ τὸ ἀναίσθητον ὑμῶν ἧσσον θαρσοῦσι, γνόντες δὲ εἰδότας περιορᾶν ἰσχυρῶς ἐγκείσονται. ἡσυχάζετε γάρ, μόνοι Ἑλλήνων, Λακεδαιμόνιοι, οὐ τῇ δυνάμει τινά, ἀλλὰ τῇ μελλήσει ἀμυνόμενοι, καὶ μόνοι οὐκ ἀρχομένην τὴν αὔξησιν τῶν ἐχθρῶν διπλασιουμένην δὲ καταλύοντες. καίτοι ἐλέγεσθε ἀσφαλεῖς εἶναι, ὧν ἄρα λόγος τοῦ ἔργου ἐκράτει. τόν τε γὰρ Μῆδον αὐτοὶ ἴσμεν ἐκ περάτων γῆς πρότερον ἐπὶ τὴν Πελοπόννησον ἐλθόντα τὰ παρ' ὑμῶν ἀξίως προαπαντῆσαι, καὶ νῦν τοὺς Ἀθηναίους οὐχ ἑκάς, ὥσπερ ἐκεῖνον, ἀλλ' ἐγγὺς ὄντας περιορᾶτε, καὶ ἀντὶ τοῦ ἐπελθεῖν αὐτοὶ ἀμύνεσθαι βούλεσθε μᾶλλον ἐπιόντας, καὶ ἐς τύχας πρὸς πολλῷ δυνατωτέρους ἀγωνιζόμενοι καταστῆναι, ἐπιστάμενοι καὶ τὸν βάρβαρον αὐτὸν περὶ αὑτῷ τὰ πλείω σφαλέντα, καὶ πρὸς αὐτοὺς τοὺς Ἀθηναίους πολλὰ ἡμᾶς ἤδη τοῖς ἁμαρτήμασιν αὐτῶν μᾶλλον τῇ ἀφ' ὑμῶν τιμωρίᾳ περιγεγενημένους, ἐπεὶ αἵ γε ὑμέτεραι ἐλπίδες ἤδη τινάς που καὶ ἀπαρασκεύους διὰ τὸ πιστεῦσαι ἔφθειραν. καὶ μηδεὶς ὑμῶν ἐπ' ἔχθρᾳ τὸ πλέον αἰτίᾳ νομίσῃ τάδε λέγεσθαι· αἰτία μὲν γὰρ φίλων ἀνδρῶν ἐστὶν ἁμαρτανόντων, κατηγορία δὲ ἐχθρῶν ἀδικησάντων. [1,69] LXIX. - "Cest vous qui êtes responsables de cette situation, car c'est vous qui les avez lassés fortifier leur ville après les guerres médiques et qui ensuite avez permis qu'ils élevassent les longs-murs. C'est vous encore qui avez privé de la liberté non seulement les États qu'ils ont asservis, mais encore vos propres alliés. Car il faut tenir pour véritables responsables non pas ceux qui imposent l'esclavage à autrui, mais celui qui pouvant empêcher ce malheur néglige de le faire, surtout s'il cherche à s'attribuer le mérite d'être le libérateur de la Grèce. Nous avons eu bien de la peine à nous rassembler ici et maintenant encore le but de notre réunion est-il mal défini. Car ce que nous avons à envisager, ce n'est plus l'injustice que nous subissons, mais la manière dont nous nous défendrons. Les Athéniens nous attaquent injustement et délibérément et, nous, nous ne savons à quel parti nous ranger. Il n'est plus dans leurs intentions de nous attaquer, car déjà ils nous attaquent. Nous savons la tactique des Athéniens petit à petit ils avancent contre leurs voisins. Tant qu'ils s'imaginent que votre ignorance leur facilite de poursuivre dans l'ombre leurs manoeuvres, ils ne déploient pas toute leur audace ; mais quand ils auront reconnu que, tout en étant informés de ce qui se passe, vous n'y prêtez aucune attention, ils redoubleront d'efforts énergiques. Seuls, parmi les Grecs, vous demeurez dans l'inaction, Lacédémoniens ; ce n'est pas sur la force, mais sur la temporisation que vous comptez pour repousser l'adversaire ; seuls vous attendez que l'ennemi ait doublé ses forces pour l'attaquer, au lieu de le faire quand elles sont encore mal assurées. On dit cependant que vous êtes un peuple plein de prudence ; mais cette affirmation ne résiste pas aux faits. Car nous savons bien que le Mède s'est avancé des extrémités de la terre jusqu'au Péloponnèse, avant que vous vous décidiez à aller à sa rencontre, comme il eût fallu le faire. Et maintenant, voici les Athéniens qui sont tout près de vous - non pas au loin - comme le Mède ! et vous n'ouvrez pas les yeux. Vous n'allez pas à leur rencontre ; vous préférez attendre, pour les repousser, qu'ils marchent contre vous. Pour combattre vous attendez que la situation ait beaucoup empiré. Pourtant, vous savez que les échecs du Barbare furent dus, pour la plus grande partie, à ses propres fautes. En ce qui concerne les Athéniens, vous n'ignorez pas que c'est à leurs erreurs que nous avons dû de l'emporter sur eux et non aux ressources que nous avons tirées de vous-mêmes. Les espérances placées en vous ont déjà fait périr quelques-uns de vos alliés ; par excès de confiance ils ont été pris à l'improviste. Nos paroles, croyez-le bien, ne sont pas inspirées par la haine, ce ne sont que de justes reproches. On fait des reproches à des amis qui se trompent, mais on accuse des ennemis qui vous font subir l'injustice.
[1,70] 'Καὶ ἅμα, εἴπερ τινὲς καὶ ἄλλοι, ἄξιοι νομίζομεν εἶναι τοῖς πέλας ψόγον ἐπενεγκεῖν, ἄλλως τε καὶ μεγάλων τῶν διαφερόντων καθεστώτων, περὶ ὧν οὐκ αἰσθάνεσθαι ἡμῖν γε δοκεῖτε, οὐδ' ἐκλογίσασθαι πώποτε πρὸς οἵους ὑμῖν Ἀθηναίους ὄντας καὶ ὅσον ὑμῶν καὶ ὡς πᾶν διαφέροντας ἀγὼν ἔσται. οἱ μέν γε νεωτεροποιοὶ καὶ ἐπινοῆσαι ὀξεῖς καὶ ἐπιτελέσαι ἔργῳ ἂν γνῶσιν· ὑμεῖς δὲ τὰ ὑπάρχοντά τε σῴζειν καὶ ἐπιγνῶναι μηδὲν καὶ ἔργῳ οὐδὲ τἀναγκαῖα ἐξικέσθαι. αὖθις δὲ οἱ μὲν καὶ παρὰ δύναμιν τολμηταὶ καὶ παρὰ γνώμην κινδυνευταὶ καὶ ἐν τοῖς δεινοῖς εὐέλπιδες· τὸ δὲ ὑμέτερον τῆς τε δυνάμεως ἐνδεᾶ πρᾶξαι τῆς τε γνώμης μηδὲ τοῖς βεβαίοις πιστεῦσαι τῶν τε δεινῶν μηδέποτε οἴεσθαι ἀπολυθήσεσθαι. καὶ μὴν καὶ ἄοκνοι πρὸς ὑμᾶς μελλητὰς καὶ ἀποδημηταὶ πρὸς ἐνδημοτάτους· οἴονται γὰρ οἱ μὲν τῇ ἀπουσίᾳ ἄν τι κτᾶσθαι, ὑμεῖς δὲ τῷ ἐπελθεῖν καὶ τὰ ἑτοῖμα ἂν βλάψαι. κρατοῦντές τε τῶν ἐχθρῶν ἐπὶ πλεῖστον ἐξέρχονται καὶ νικώμενοι ἐπ' ἐλάχιστον ἀναπίπτουσιν. ἔτι δὲ τοῖς μὲν σώμασιν ἀλλοτριωτάτοις ὑπὲρ τῆς πόλεως χρῶνται, τῇ δὲ γνώμῃ οἰκειοτάτῃ ἐς τὸ πράσσειν τι ὑπὲρ αὐτῆς. καὶ μὲν ἂν ἐπινοήσαντες μὴ ἐπεξέλθωσιν, οἰκείων στέρεσθαι ἡγοῦνται, δ' ἂν ἐπελθόντες κτήσωνται, ὀλίγα πρὸς τὰ μέλλοντα τυχεῖν πράξαντες. ἢν δ' ἄρα του καὶ πείρᾳ σφαλῶσιν, ἀντελπίσαντες ἄλλα ἐπλήρωσαν τὴν χρείαν· μόνοι γὰρ ἔχουσί τε ὁμοίως καὶ ἐλπίζουσιν ἂν ἐπινοήσωσι διὰ τὸ ταχεῖαν τὴν ἐπιχείρησιν ποιεῖσθαι ὧν ἂν γνῶσιν. καὶ ταῦτα μετὰ πόνων πάντα καὶ κινδύνων δι' ὅλου τοῦ αἰῶνος μοχθοῦσι, καὶ ἀπολαύουσιν ἐλάχιστα τῶν ὑπαρχόντων διὰ τὸ αἰεὶ κτᾶσθαι καὶ μήτε ἑορτὴν ἄλλο τι ἡγεῖσθαι τὸ τὰ δέοντα πρᾶξαι ξυμφοράν τε οὐχ ἧσσον ἡσυχίαν ἀπράγμονα ἀσχολίαν ἐπίπονον· ὥστε εἴ τις αὐτοὺς ξυνελὼν φαίη πεφυκέναι ἐπὶ τῷ μήτε αὐτοὺς ἔχειν ἡσυχίαν μήτε τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους ἐᾶν, ὀρθῶς ἂν εἴποι. [1,70] LXX. - "En outre nous pensons avoir, plus que d'autres, le droit d'adresser un blâme à autrui ; car de grands intérêts sont engagés et vous ne paraissez pas vous douter de leur importance ; vous ne songez pas non plus à quels adversaires vous avez affaire avec les Athéniens. Quelle différence, quelle différence totale avec vous ! Ils aiment les innovations, sont prompts à concevoir et à réaliser ce qu'ils ont résolu ; vous, si vous vous entendez à sauvegarder ce qui existe, vous manquez d'invention et vous ne faites même pas le nécessaire. Eux se montrent audacieux, au delà même de leurs forces ; hardis, au delà de toute attente, pleins d'espoir même dans les dangers. Votre ligne de conduite consiste à faire moins que vous ne pouvez ; vous vous défiez même de ce qui est certain ; vous vous imaginez que jamais vous ne pourrez vous tirer des situations difficiles. Ils agissent et vous temporisez ; ils voyagent à l'étranger et vous êtes les plus casaniers des hommes. Eux, en quittant leur pays, ils pensent tirer quelque profit ; vous, en sortant de chez vous, vous imaginez que vous nuirez à votre situation présente. Victorieux, ils vont de l'avant tant qu'ils peuvent. Sont-ils vaincus, ils cèdent le moins de terrain possible. Quand il s'agit de défendre leur ville, ils font abandon complet de leur corps ; mais ils ne se laissent pas ébranler dans leurs résolutions, quand il faut agir pour elle. S'ils échouent dans leurs conceptions, ils se croient dépouillés de leurs propres possessions ; s'ils acquièrent par la guerre des territoires, c'est peu de chose en comparaison de ce qu'ils espèrent obtenir. Si l'expérience les déçoit, ils conçoivent d'autres espoirs et se rattrapent de leur insuccès. Pour eux seuls, la réussite et l'espoir sont d'accord avec leurs projets, tant ils les exécutent rapidement. Toutes leurs entreprises, ils les poursuivent à travers des difficultés et des dangers incessants. Ils jouissent très peu du présent, parce qu'ils veulent toujours acquérir davantage ; c'est qu'à leurs yeux, il n'y a pas d'autre fête que l'accomplissement du devoir : un repos sans occupation leur pèse plus qu'une activité pénible. Bref, en disant que de leur naturel, ils sont aussi incapables de se tenir tranquilles que de laisser les autres tranquilles, on dirait la stricte vérité.


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Dernière mise à jour : 30/09/2005