[58] LVIII (108d) καὶ ὁ Σιμμίας, Πῶς ταῦτα, ἔφη, λέγεις, ὦ Σώκρατες; Περὶ γάρ τοι
γῆς καὶ αὐτὸς πολλὰ δὴ ἀκήκοα, οὐ μέντοι ταῦτα ἃ σὲ πείθει· ἡδέως οὖν ἂν
ἀκούσαιμι.
- Ἀλλὰ μέντοι, ὦ Σιμμία, οὐχ ἡ Γλαύκου τέχνη γέ μοι δοκεῖ εἶναι
διηγήσασθαι ἅ γ᾽ ἐστίν· ὡς μέντοι ἀληθῆ, χαλεπώτερόν μοι φαίνεται ἢ κατὰ
τὴν Γλαύκου τέχνην, καὶ ἅμα μὲν ἐγὼ ἴσως οὐδ᾽ ἂν οἷός τε εἴην, ἅμα δέ, εἰ
καὶ ἠπιστάμην, ὁ βίος μοι δοκεῖ ὁ ἐμός, ὦ Σιμμία, τῷ μήκει τοῦ λόγου οὐκ
ἐξαρκεῖν. Τὴν μέντοι ἰδέαν τῆς γῆς οἵαν (108e) πέπεισμαι εἶναι, καὶ τοὺς
τόπους αὐτῆς οὐδέν με κωλύει λέγειν.
- Ἀλλ᾽, ἔφη ὁ Σιμμίας, καὶ ταῦτα ἀρκεῖ.
- Πέπεισμαι τοίνυν, ἦ δ᾽ ὅς, ἐγὼ ὡς πρῶτον μέν, εἰ ἔστιν ἐν μέσῳ τῷ οὐρανῷ
περιφερὴς οὖσα, μηδὲν αὐτῇ δεῖν μήτε (109a) ἀέρος πρὸς τὸ μὴ πεσεῖν μήτε
ἄλλης ἀνάγκης μηδεμιᾶς τοιαύτης, ἀλλὰ ἱκανὴν εἶναι αὐτὴν ἴσχειν τὴν
ὁμοιότητα τοῦ οὐρανοῦ αὐτοῦ ἑαυτῷ πάντῃ καὶ τῆς γῆς αὐτῆς τὴν
ἰσορροπίαν· ἰσόρροπον γὰρ πρᾶγμα ὁμοίου τινὸς ἐν μέσῳ τεθὲν οὐχ ἕξει
μᾶλλον οὐδ᾽ ἧττον οὐδαμόσε κλιθῆναι, ὁμοίως δ᾽ ἔχον ἀκλινὲς μενεῖ.
πρῶτον μὲν τοίνυν, ἦ δ᾽ ὅς, τοῦτο πέπεισμαι.
- Καὶ ὀρθῶς γε, ἔφη ὁ Σιμμίας.
- Ἔτι τοίνυν, ἔφη, πάμμεγά τι εἶναι αὐτό, καὶ ἡμᾶς οἰκεῖν (109b) τοὺς μέχρι
Ἡρακλείων στηλῶν ἀπὸ Φάσιδος ἐν σμικρῷ τινι μορίῳ, ὥσπερ περὶ τέλμα
μύρμηκας ἢ βατράχους περὶ τὴν θάλατταν οἰκοῦντας, καὶ ἄλλους ἄλλοθι
πολλοὺς ἐν πολλοῖσι τοιούτοις τόποις οἰκεῖν. Εἶναι γὰρ πανταχῇ περὶ τὴν
γῆν πολλὰ κοῖλα καὶ παντοδαπὰ καὶ τὰς ἰδέας καὶ τὰ μεγέθη, εἰς ἃ
συνερρυηκέναι τό τε ὕδωρ καὶ τὴν ὁμίχλην καὶ τὸν ἀέρα· αὐτὴν δὲ τὴν γῆν
καθαρὰν ἐν καθαρῷ κεῖσθαι τῷ οὐρανῷ ἐν ᾧπέρ ἐστι τὰ ἄστρα, ὃν δὴ
αἰθέρα ὀνομάζειν (109c) τοὺς πολλοὺς τῶν περὶ τὰ τοιαῦτα εἰωθότων λέγειν·
οὗ δὴ ὑποστάθμην ταῦτα εἶναι καὶ συρρεῖν ἀεὶ εἰς τὰ κοῖλα τῆς γῆς. Εμᾶς
οὖν οἰκοῦντας ἐν τοῖς κοίλοις αὐτῆς λεληθέναι καὶ οἴεσθαι ἄνω ἐπὶ τῆς γῆς
οἰκεῖν, ὥσπερ ἂν εἴ τις ἐν μέσῳ τῷ πυθμένι τοῦ πελάγους οἰκῶν οἴοιτό τε ἐπὶ
τῆς θαλάττης οἰκεῖν καὶ διὰ τοῦ ὕδατος ὁρῶν τὸν ἥλιον καὶ τὰ ἄλλα ἄστρα
τὴν θάλατταν ἡγοῖτο οὐρανὸν εἶναι, διὰ δὲ (109d) βραδυτῆτά τε καὶ
ἀσθένειαν μηδεπώποτε ἐπὶ τὰ ἄκρα τῆς θαλάττης ἀφιγμένος μηδὲ ἑωρακὼς
εἴη, ἐκδὺς καὶ ἀνακύψας ἐκ τῆς θαλάττης εἰς τὸν ἐνθάδε τόπον, ὅσῳ
καθαρώτερος καὶ καλλίων τυγχάνει ὢν τοῦ παρὰ σφίσι, μηδὲ ἄλλου
ἀκηκοὼς εἴη τοῦ ἑωρακότος. ταὐτὸν δὴ τοῦτο καὶ ἡμᾶς πεπονθέναι·
οἰκοῦντας γὰρ ἔν τινι κοίλῳ τῆς γῆς οἴεσθαι ἐπάνω αὐτῆς οἰκεῖν, καὶ τὸν
ἀέρα οὐρανὸν καλεῖν, ὡς διὰ τούτου οὐρανοῦ ὄντος τὰ ἄστρα χωροῦντα· τὸ
δὲ εἶναι ταὐτόν, (109e) ὑπ᾽ ἀσθενείας καὶ βραδυτῆτος οὐχ οἵους τε εἶναι ἡμᾶς
διεξελθεῖν ἐπ᾽ ἔσχατον τὸν ἀέρα· ἐπεί, εἴ τις αὐτοῦ ἐπ᾽ ἄκρα ἔλθοι ἢ πτηνὸς
γενόμενος ἀνάπτοιτο, κατιδεῖν <ἂν> ἀνακύψαντα, ὥσπερ ἐνθάδε οἱ ἐκ τῆς
θαλάττης ἰχθύες ἀνακύπτοντες ὁρῶσι τὰ ἐνθάδε, οὕτως ἄν τινα καὶ τὰ ἐκεῖ
κατιδεῖν, καὶ εἰ ἡ φύσις ἱκανὴ εἴη ἀνασχέσθαι θεωροῦσα, γνῶναι ἂν ὅτι
ἐκεῖνός ἐστιν ὁ ἀληθῶς οὐρανὸς καὶ τὸ ἀληθινὸν φῶς (110a) καὶ ἡ ὡς
ἀληθῶς γῆ. Ἣδε μὲν γὰρ ἡ γῆ καὶ οἱ λίθοι καὶ ἅπας ὁ τόπος ὁ ἐνθάδε
διεφθαρμένα ἐστὶν καὶ καταβεβρωμένα, ὥσπερ τὰ ἐν τῇ θαλάττῃ ὑπὸ τῆς
ἅλμης, καὶ οὔτε φύεται ἄξιον λόγου οὐδὲν ἐν τῇ θαλάττῃ, οὔτε τέλειον ὡς
ἔπος εἰπεῖν οὐδέν ἐστι, σήραγγες δὲ καὶ ἄμμος καὶ πηλὸς ἀμήχανος καὶ
βόρβοροί εἰσιν, ὅπου ἂν καὶ (ἡ) γῆ ᾖ, καὶ πρὸς τὰ παρ᾽ ἡμῖν κάλλη κρίνεσθαι
οὐδ᾽ ὁπωστιοῦν ἄξια. Ἐκεῖνα δὲ αὖ τῶν παρ᾽ ἡμῖν πολὺ ἂν ἔτι πλέον φανείη
διαφέρειν· (110b) εἰ γὰρ δὴ καὶ μῦθον λέγειν καλόν, ἄξιον ἀκοῦσαι, ὦ Σιμμία,
οἷα τυγχάνει τὰ ἐπὶ τῆς γῆς ὑπὸ τῷ οὐρανῷ ὄντα.
- Ἀλλὰ μήν, ἔφη ὁ Σιμμίας, ὦ Σώκρατες, ἡμεῖς γε τούτου τοῦ μύθου ἡδέως ἂν
ἀκούσαιμεν.
| [58] LVIII. — Alors Simmias prit la parole : « Que dis-tu là, Socrate ? Au sujet de la terre
j’ai entendu dire, moi aussi, bien des choses, mais qui ne sont pas celles dont tu es
convaincu ; aussi j’aurais plaisir à t’entendre.
— Pour exposer ce qui en est, Simmias, je ne crois pas qu’on ait besoin de l’art de
Glaucos ; mais d’en prouver la vérité, la difficulté me paraît excéder l’art de Glaucos.
Peut-être même n’en suis-je pas capable, et à supposer même que je le sois, le temps qui
me reste à vivre ne suffirait sans doute pas à une si longue exposition. Néanmoins rien ne
m’empêche de dire quelle idée on m’a donnée de la forme et des différents lieux de la
terre.
— Eh bien, dit Simmias, je n’en demande pas davantage.
— Eh bien donc, reprit-il, je suis persuadé pour ma part que tout d’abord, si la terre est
de forme sphérique et placée au milieu du ciel, elle n’a besoin, pour ne pas tomber, ni
d’air ni d’aucune autre pression du même genre, mais que l’homogénéité parfaite du ciel
seul et l’équilibre de la terre seule suffisent à la maintenir ; car une chose en équilibre,
placée au milieu d’un élément homogène, ne pourra ni peu ni prou pencher d’aucun côté
et dans cette situation elle restera fixe. Voilà, ajouta-t-il, le premier point dont je suis
convaincu.
— Et avec raison, dit Simmias.
— En outre, dit-il, je suis persuadé que la terre est immense et que nous, qui l’habitons
du Phase aux colonnes d’Héraclès, nous n’en occupons qu’une petite partie, répandus
autour de la mer, comme des fourmis ou des grenouilles autour d’un étang, et que
beaucoup d’autres peuples habitent ailleurs en beaucoup d’endroits semblables ; car il y
a partout sur la terre beaucoup de creux de formes et de grandeurs variées, où l’eau, le
brouillard et l’air se sont déversés ensemble. Mais la terre pure elle-même est située
dans le ciel pur où sont les astres, que la plupart de ceux qui ont l’habitude de discourir
sur ces matières appellent l’éther. C’est l’éther qui laisse déposer l’eau, le brouillard et
l’air qui s’amassent toujours dans les creux de la terre. Quant à nous, nous ne nous
doutons pas que nous habitons dans ces creux, nous croyons habiter en haut de la terre,
comme si quelqu’un vivant au milieu du fond de l’Océan se croyait logé à la surface de
la mer et, voyant le soleil et les astres à travers l’eau, prenait la mer pour le ciel, mais,
retenu par sa pesanteur et sa faiblesse, ne serait jamais parvenu en haut de la mer et
n’aurait jamais vu, en émergeant et levant la tête vers le lieu que nous habitons, combien
il est plus pur et plus beau que le sien et ne l’aurait jamais appris de quelqu’un qui
l’aurait vu. C’est justement l’état où nous sommes nous-mêmes. Confinés dans un creux
de la terre, nous croyons en habiter le haut, nous prenons l’air pour le ciel et nous
croyons que c’est le véritable ciel où les astres se meuvent. C’est bien là notre état : notre
faiblesse et notre lenteur nous empêchent de nous élever à la limite de l’air ; car si
quelqu’un pouvait arriver en haut de l’air, ou s’y envoler sur des ailes, il serait comme
les poissons de chez nous qui, en levant la tête hors de la mer, voient notre monde ; il
pourrait lui aussi, en levant la tête, se donner le spectacle du monde supérieur ; et si la
nature lui avait donné la force de soutenir cette contemplation, il reconnaîtrait que c’est
là le véritable ciel, la vraie lumière et la véritable terre. Car notre terre à nous, les
pierres et le lieu tout entier que nous habitons sont corrompus et rongés, comme les
objets qui sont dans la mer le sont par la salure, et il ne pousse dans la mer rien qui
vaille la peine d’être mentionné, et l’on n’y trouve pour ainsi dire rien de parfait ; ce ne
sont que cavernes, sable, boue infinie et bourbiers là où il y a aussi de la terre, bref rien
qui mérite en quoi que ce soit d’être comparé aux beautés de notre monde. Mais le
monde d’en haut paraît l’emporter bien davantage encore sur le nôtre. Si je puis
recourir au mythe pour vous décrire ce qu’est la terre placée sous le ciel, écoutez-moi,
cela en vaut la peine.
— Oui, Socrate, dit Simmias, nous écouterons ton mythe avec plaisir.
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