[504] ἕως ἂν τὸ (504a) ἅπαν συστήσηται τεταγμένον τε καὶ κεκοσμημένον πρᾶγμα· καὶ
οἵ τε δὴ ἄλλοι δημιουργοὶ καὶ οὓς νυνδὴ ἐλέγομεν, οἱ περὶ τὸ σῶμα, παιδοτρίβαι
τε καὶ ἰατροί, κοσμοῦσί που τὸ σῶμα καὶ συντάττουσιν. ὁμολογοῦμεν οὕτω τοῦτ'
ἔχειν ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) ἔστω τοῦτο οὕτω.
(Σωκράτης)
τάξεως ἄρα καὶ κόσμου τυχοῦσα οἰκία χρηστὴ ἂν εἴη, ἀταξίας δὲ μοχθηρά;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ πλοῖον ὡσαύτως;
(504b) (Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης) καὶ μὴν καὶ τὰ σώματά φαμεν τὰ ἡμέτερα;
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(Σωκράτης)
τί δ' ἡ ψυχή; ἀταξίας τυχοῦσα ἔσται χρηστή, ἢ τάξεώς τε καὶ κόσμου τινός;
(Καλλίκλης) ἀνάγκη ἐκ τῶν πρόσθεν καὶ τοῦτο συνομολογεῖν.
(Σωκράτης)
τί οὖν ὄνομά ἐστιν ἐν τῷ σώματι τῷ ἐκ τῆς τάξεώς τε καὶ τοῦ κόσμου γιγνομένῳ;
(Καλλίκλης) Ὑγίειαν καὶ ἰσχὺν ἴσως λέγεις.
(504c) (Σωκράτης)
ἔγωγε. τί δὲ αὖ τῷ ἐν τῇ ψυχῇ ἐγγιγνομένῳ ἐκ τῆς τάξεως καὶ τοῦ κόσμου; πειρῶ
εὑρεῖν καὶ εἰπεῖν ὥσπερ ἐκεῖ τὸ ὄνομα.
(Καλλίκλης) τί δὲ οὐκ αὐτὸς λέγεις, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
ἀλλ' εἴ σοι ἥδιόν ἐστιν, ἐγὼ ἐρῶ· σὺ δέ, ἂν μέν σοι δοκῶ ἐγὼ καλῶς λέγειν, φάθι,
εἰ δὲ μή, ἔλεγχε καὶ μὴ ἐπίτρεπε. ἐμοὶ γὰρ δοκεῖ ταῖς μὲν τοῦ σώματος τάξεσιν
ὄνομα εἶναι ὑγιεινόν, ἐξ οὗ ἐν αὐτῷ ἡ ὑγίεια γίγνεται καὶ ἡ ἄλλη ἀρετὴ τοῦ
σώματος. ἔστιν ταῦτα ἢ οὐκ ἔστιν;
(Καλλίκλης) ἔστιν.
(504d) (Σωκράτης)
ταῖς δέ γε τῆς ψυχῆς τάξεσι καὶ κοσμήσεσιν νόμιμόν τε καὶ νόμος, ὅθεν καὶ
νόμιμοι γίγνονται καὶ κόσμιοι· ταῦτα δ' ἔστιν δικαιοσύνη τε καὶ σωφροσύνη. φῂς
ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) ἔστω.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν πρὸς ταῦτα βλέπων ὁ ῥήτωρ ἐκεῖνος, ὁ τεχνικός τε καὶ ἀγαθός, καὶ τοὺς
λόγους προσοίσει ταῖς ψυχαῖς οὓς ἂν λέγῃ, καὶ τὰς πράξεις ἁπάσας, καὶ δῶρον
ἐάν τι διδῷ, δώσει, καὶ ἐάν τι ἀφαιρῆται, ἀφαιρήσεται, πρὸς τοῦτο ἀεὶ τὸν νοῦν
ἔχων, ὅπως ἂν αὐτοῦ τοῖς πολίταις (504e) δικαιοσύνη μὲν ἐν ταῖς ψυχαῖς
γίγνηται, ἀδικία δὲ ἀπαλλάττηται, καὶ σωφροσύνη μὲν ἐγγίγνηται, ἀκολασία δὲ
ἀπαλλάττηται, καὶ ἡ ἄλλη ἀρετὴ ἐγγίγνηται, κακία δὲ ἀπίῃ. συγχωρεῖς ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) συγχωρῶ.
(Σωκράτης)
τί γὰρ ὄφελος, ὦ Καλλίκλεις, σώματί γε κάμνοντι καὶ μοχθηρῶς διακειμένῳ
σιτία πολλὰ διδόναι καὶ τὰ ἥδιστα ἢ ποτὰ ἢ ἄλλ' ὁτιοῦν, ὃ μὴ ὀνήσει αὐτὸ ἔσθ' ὅτι
πλέον ἢ τοὐναντίον κατά γε τὸν δίκαιον λόγον καὶ ἔλαττον; ἔστι ταῦτα;
| [504] jusqu'à ce que le tout ait l'assortiment, la forme et la beauté
convenable. Ce que les autres ouvriers font par rapport à leur ouvrage,
ceux dont nous parlions auparavant, je veux dire les maîtres
de gymnase et les médecins, le font à l'égard du corps,
en y mettant de l'ordre et de l'arrangement. Reconnaissons-nous
ou non que la chose est ainsi? — CALLICLÈS. A
la bonne heure; que cela soit ainsi. — SOCRATE. Une
maison où règne l'ordre et l'arrangement n'est-elle pas
bonne ? et si le désordre y est, n'est-elle pas mauvaise?
— CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Ne faut-il pas en dire
autant d'un vaisseau? — CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Nous
tenons le même langage au sujet de notre corps. —
CALLICLÈS. Sans contredit. — SOCRATE. Et notre âme
sera-t-elle bonne, si elle est déréglée? Ne le sera-t-elle
pas plutôt si tout y est dans l'ordre et dans la règle?—
CALLICLÈS. C'est ce qu'on ne saurait nier après ce qui a
été convenu précédemment. — SOCRATE. Quel nom donne-t-on
à l'effet que produisent la règle et l'ordre par rapport
au corps? — CAI.LICLÈS. Tu l'appelles probablement
santé et force? — SOCRATE. Oui. Essaie à présent de
trouver et de me dire pareillement le nom de l'effet que
la règle et l'ordre produisent dans l'âme. — CALLICLÈS.
Pourquoi ne le dis-tu pas toi-même, Socrate? —
SOCRATE. — Si tu l'aimes mieux, je le dirai : seulement,
si tu juges que j'ai raison, conviens-en ; sinon,
réfute-moi, et ne me laisse rien passer. Il me semble
donc que l'on donne le nom de salutaire à tout ce qui
entretient l'ordre dans le corps, c'est-à-dire à tout ce
qui produit la santé et les autres bonnes qualités du
corps. Cela est-il vrai ou non? — CALLICLÈS. Cela est
vrai. — SOCRATE. Et qu'on appelle légitime et loi tout
ce qui met de l'ordre et de la règle dans l'âme : d'où
se forment les hommes justes et réglés. Ce qui produit
cet effet, c'est la justice et la tempérance. L'accordes-tu,
oui ou non? — CALLICLÈS. Soit.
LX. — SOCRATE. — Ainsi le bon orateur, celui qui
se conduit selon les règles de l'art, visera toujours à ce
but dans les discours qu'il adressera aux âmes, et dans
toutes ses actions ; s'il fait au peuple quelque largesse,
il la fera dans cette vue; s'il lui retire quelque chose,
ce sera pour le même motif. Son esprit sera sans cesse
occupé des moyens de faire naître la justice dans l'âme
de ses concitoyens, et d'en bannir l'injustice ; d'y faire
germer la tempérance, d'en écarter l'intempérance, d'y
introduire enfin toutes les vertus, et d'en exclure tous
les vices. Conviens-tu de cela ou non? — CALLICLÈS. J'en
conviens. — SOCRATE. Que sert-il en effet, Calliclès, à un
corps malade et mal disposé, qu'on lui présente des
mets en abondance, et les breuvages les plus agréables,
ou toute autre chose qui ne lui sera pas plus avantageuse que
dommageable, et même moins, à le bien prendre? N'est-il pas vrai?
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