[505] (505a) (Καλλίκλης) ἔστω.
(Σωκράτης)
οὐ γὰρ οἶμαι λυσιτελεῖ μετὰ μοχθηρίας σώματος ζῆν ἀνθρώπῳ· ἀνάγκη γὰρ
οὕτω καὶ ζῆν μοχθηρῶς. ἢ οὐχ οὕτως;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ τὰς ἐπιθυμίας ἀποπιμπλάναι, οἷον πεινῶντα φαγεῖν ὅσον βούλεται ἢ
διψῶντα πιεῖν, ὑγιαίνοντα μὲν ἐῶσιν οἱ ἰατροὶ ὡς τὰ πολλά, κάμνοντα δὲ ὡς ἔπος
εἰπεῖν οὐδέποτ' ἐῶσιν ἐμπίμπλασθαι ὧν ἐπιθυμεῖ; συγχωρεῖς τοῦτό γε καὶ σύ;
(Καλλίκλης) ἔγωγε.
(505b) (Σωκράτης)
περὶ δὲ ψυχήν, ὦ ἄριστε, οὐχ ὁ αὐτὸς τρόπος; ἕως μὲν ἂν πονηρὰ ᾖ, ἀνόητός τε
οὖσα καὶ ἀκόλαστος καὶ ἄδικος καὶ ἀνόσιος, εἴργειν αὐτὴν δεῖ τῶν ἐπιθυμιῶν καὶ
μὴ ἐπιτρέπειν ἄλλ' ἄττα ποιεῖν ἢ ἀφ' ὧν βελτίων ἔσται· φῂς ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) οὕτω γάρ που αὐτῇ ἄμεινον τῇ ψυχῇ;
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(Σωκράτης) οὐκοῦν τὸ εἴργειν ἐστὶν ἀφ' ὧν ἐπιθυμεῖ κολάζειν;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
τὸ κολάζεσθαι ἄρα τῇ ψυχῇ ἄμεινόν ἐστιν ἢ ἡ ἀκολασία, ὥσπερ σὺ νυνδὴ ᾤου.
(505c) (Καλλίκλης) οὐκ οἶδ' ἅττα λέγεις, ὦ Σώκρατες, ἀλλ' ἄλλον τινὰ ἐρώτα.
(Σωκράτης)
οὗτος ἀνὴρ οὐχ ὑπομένει ὠφελούμενος καὶ αὐτὸς τοῦτο πάσχων περὶ οὗ ὁ λόγος
ἐστί, κολαζόμενος.
(Καλλίκλης)
οὐδέ γέ μοι μέλει οὐδὲν ὧν σὺ λέγεις, καὶ ταῦτά σοι Γοργίου χάριν ἀπεκρινάμην.
(Σωκράτης) εἶεν· τί οὖν δὴ ποιήσομεν; μεταξὺ τὸν λόγον καταλύομεν;
(Καλλίκλης) αὐτὸς γνώσῃ.
(Σωκράτης)
ἀλλ' οὐδὲ τοὺς μύθους φασὶ μεταξὺ θέμις εἶναι (505d) καταλείπειν, ἀλλ'
ἐπιθέντας κεφαλήν, ἵνα μὴ ἄνευ κεφαλῆς περιίῃ. ἀπόκριναι οὖν καὶ τὰ λοιπά,
ἵνα ἡμῖν ὁ λόγος κεφαλὴν λάβῃ.
(Καλλίκλης)
ὡς βίαιος εἶ, ὦ Σώκρατες. ἐὰν δὲ ἐμοὶ πείθῃ, ἐάσεις χαίρειν τοῦτον τὸν λόγον, ἢ
καὶ ἄλλῳ τῳ διαλέξῃ.
(Σωκράτης) τίς οὖν ἄλλος ἐθέλει; μὴ γάρ τοι ἀτελῆ γε τὸν λόγον καταλίπωμεν.
(Καλλίκλης)
αὐτὸς δὲ οὐκ ἂν δύναιο διελθεῖν τὸν λόγον, ἢ λέγων κατὰ σαυτὸν ἢ
ἀποκρινόμενος σαυτῷ;
(505e) (Σωκράτης)
ἵνα μοι τὸ τοῦ Ἐπιχάρμου γένηται, ἃ “πρὸ τοῦ δύο ἄνδρες ἔλεγον,” εἷς ὢν ἱκανὸς
γένωμαι. ἀτὰρ κινδυνεύει ἀναγκαιότατον εἶναι οὕτως. εἰ μέντοι ποιήσομεν, οἶμαι
ἔγωγε χρῆναι πάντας ἡμᾶς φιλονίκως ἔχειν πρὸς τὸ εἰδέναι τὸ ἀληθὲς τί ἐστιν
περὶ ὧν λέγομεν καὶ τί ψεῦδος· κοινὸν γὰρ ἀγαθὸν ἅπασι φανερὸν γενέσθαι αὐτό.
| [505] — CALLICLÈS. Soit : je le veux bien. — SOCRATE. Car ce n'est
point, je pense, un avantage pour un homme de vivre avec un corps
malsain, puisqu'il est forcé de traîner en conséquence une
vie malheureuse : n'est-ce pas? — CALLICLÈS. Oui. —
SOCRATE. — Aussi les médecins, n'est-ce pas, laissent-ils
pour l'ordinaire à ceux qui se portent bien la liberté
de satisfaire leurs appétits, comme de manger autant
qu'ils veulent, lorsqu'ils ont faim, et de boire de même,
lorsqu'ils ont soif; mais ils ne permettent presque jamais
aux malades de se rassasier de ce qu'ils désirent. Accordes-tu
cela aussi? — CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Mais,
mon excellent ami, ne faut-il pas tenir la même conduite
à l'égard de l'âme? Je veux dire que, tant qu'elle
est en mauvais état, parce qu'elle est déraisonnable,
déréglée, injuste et impie, on doit l'éloigner de ce
qu'elle désire, et ne lui rien permettre que ce qui peut
la rendre meilleure. Est-ce ton avis ou non? — CALLICLÈS.
C'est mon avis. — SOCRATE. C'est sans doute le
parti le plus avantageux pour l'âme. — CALLICLÈS. Sans
contredit. — SOCRATE. Mais tenir quelqu'un éloigné de
ce qu'il désire, n'est-ce pas le corriger? — CALLICLÈS.
Oui. — SOCRATE. Il vaut donc mieux pour l'âme
d'être corrigée que de vivre dans la licence, comme tu
le pensais tout à l'heure. — CALLICLÈS. Je ne sais ce que
tu veux dire, Socrate : interroge quelque autre. —
SOCRATE. Voilà un homme qui ne peut souffrir qu'on lui
rende service, ni endurer la chose même dont nous
parlons, c'est-à-dire la correction. — CALLICLÈS. Je me
soucie bien de tous tes discours ! Si je t'ai répondu, ce
n'est que par complaisance pour Gorgias. — SOCRATE.
Soit. Que ferons-nous donc? Laissons nous cette
discussion sans l'achever? — CALLICLÈS. Tout ce qu'il
te plaira. — SOCRATE. Mais on dit communément qu'il
n'est pas permis de laisser au beau milieu les contes
mêmes, et qu'il faut y mettre une tête, afin qu'ils n'aillent
point sans tête de côté et d'autre. Réponds donc à
ce qui reste, pour donner une tête à cet entretien.
LXI. — CALLICLÈS. Que tu es pressant, Socrate ! Si
tu m'en crois, tu renonceras à cette dispute, ou tu
l'achèveras avec quelque autre. — SOCRATE. Et quel autre
le voudra? De grâce, ne quittons pas ce discours sans
l'achever. — CALLICLÈS. Ne pourrais-tu pas l'achever
seul, soit en parlant de suite, soit en te répondant à
toi-même? — SOCRATE. Oui, pour qu'il m'arrive ce que
dit Épicharme, d'être réduit à dire tout seul ce qui auparavant
faisait un dialogue. Je vois bien pourtant que
de toute nécessité il faudra que j'en vienne là. Cependant,
si nous prenons ce parti, je pense que nous devons
tous être jaloux de connaître ce qu'il y a de vrai
et de faux dans le sujet que nous traitons : car il est de
notre intérêt commun que la chose soit mise en évidence.
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