[506] δίειμι (506a) μὲν οὖν τῷ λόγῳ ἐγὼ ὡς ἄν μοι δοκῇ ἔχειν· ἐὰν δέ τῳ ὑμῶν μὴ
τὰ ὄντα δοκῶ ὁμολογεῖν ἐμαυτῷ, χρὴ ἀντιλαμβάνεσθαι καὶ ἐλέγχειν. οὐδὲ γάρ
τοι ἔγωγε εἰδὼς λέγω ἃ λέγω, ἀλλὰ ζητῶ κοινῇ μεθ' ὑμῶν, ὥστε, ἂν τὶ φαίνηται
λέγων ὁ ἀμφισβητῶν ἐμοί, ἐγὼ πρῶτος συγχωρήσομαι. λέγω μέντοι ταῦτα, εἰ
δοκεῖ χρῆναι διαπερανθῆναι τὸν λόγον· εἰ δὲ μὴ βούλεσθε, ἐῶμεν ἤδη χαίρειν καὶ
ἀπίωμεν.
(Γοργίας)
ἀλλ' ἐμοὶ μὲν οὐ δοκεῖ, ὦ Σώκρατες, χρῆναί πω (506b) ἀπιέναι, ἀλλὰ διεξελθεῖν
σε τὸν λόγον· φαίνεται δέ μοι καὶ τοῖς ἄλλοις δοκεῖν. βούλομαι γὰρ ἔγωγε καὶ
αὐτὸς ἀκοῦσαί σου αὐτοῦ διιόντος τὰ ἐπίλοιπα.
(Σωκράτης)
ἀλλὰ μὲν δή, ὦ Γοργία, καὶ αὐτὸς ἡδέως μὲν ἂν Καλλικλεῖ τούτῳ ἔτι διελεγόμην,
ἕως αὐτῷ τὴν τοῦ Ἀμφίονος ἀπέδωκα ῥῆσιν ἀντὶ τῆς τοῦ Ζήθου· ἐπειδὴ δὲ σύ, ὦ
Καλλίκλεις, οὐκ ἐθέλεις συνδιαπερᾶναι τὸν λόγον, ἀλλ' οὖν ἐμοῦ γε ἀκούων
ἐπιλαμβάνου, ἐάν τί σοι δοκῶ μὴ (506c) καλῶς λέγειν. καί με ἐὰν ἐξελέγχῃς, οὐκ
ἀχθεσθήσομαί σοι ὥσπερ σὺ ἐμοί, ἀλλὰ μέγιστος εὐεργέτης παρ' ἐμοὶ
ἀναγεγράψῃ.
(Καλλίκλης) λέγε, ὠγαθέ, αὐτὸς καὶ πέραινε.
(Σωκράτης)
ἄκουε δὴ ἐξ ἀρχῆς ἐμοῦ ἀναλαβόντος τὸν λόγον. ἆρα τὸ ἡδὺ καὶ τὸ ἀγαθὸν τὸ
αὐτό ἐστιν; οὐ ταὐτόν, ὡς ἐγὼ καὶ Καλλικλῆς ὡμολογήσαμεν.
πότερον δὲ τὸ ἡδὺ ἕνεκα τοῦ ἀγαθοῦ πρακτέον, ἢ τὸ ἀγαθὸν ἕνεκα τοῦ ἡδέος;
τὸ ἡδὺ ἕνεκα τοῦ ἀγαθοῦ.
ἡδὺ δέ ἐστιν τοῦτο οὗ (506d) παραγενομένου ἡδόμεθα, ἀγαθὸν δὲ οὗ παρόντος
ἀγαθοί ἐσμεν;
πάνυ γε.
ἀλλὰ μὴν ἀγαθοί γέ ἐσμεν καὶ ἡμεῖς καὶ τἆλλα πάντα ὅσ' ἀγαθά ἐστιν, ἀρετῆς
τινος παραγενομένης;
ἔμοιγε δοκεῖ ἀναγκαῖον εἶναι, ὦ Καλλίκλεις.
ἀλλὰ μὲν δὴ ἥ γε ἀρετὴ ἑκάστου, καὶ σκεύους καὶ σώματος καὶ ψυχῆς αὖ καὶ
ζῴου παντός, οὐ τῷ εἰκῇ κάλλιστα παραγίγνεται, ἀλλὰ τάξει καὶ ὀρθότητι καὶ
τέχνῃ, ἥτις ἑκάστῳ ἀποδέδοται αὐτῶν· ἆρα ἔστιν ταῦτα;
ἐγὼ μὲν γάρ φημι.
(506e) τάξει ἆρα τεταγμένον καὶ κεκοσμημένον ἐστὶν ἡ ἀρετὴ ἑκάστου;
φαίην ἂν ἔγωγε.
κόσμος τις ἄρα ἐγγενόμενος ἐν ἑκάστῳ ὁ ἑκάστου οἰκεῖος ἀγαθὸν παρέχει
ἕκαστον τῶν ὄντων;
ἔμοιγε δοκεῖ.
καὶ ψυχὴ ἄρα κόσμον ἔχουσα τὸν ἑαυτῆς ἀμείνων τῆς ἀκοσμήτου;
ἀνάγκη.
ἀλλὰ μὴν ἥ γε κόσμον ἔχουσα κοσμία;
πῶς γὰρ οὐ μέλλει;
| [506] Ainsi je vais exposer ce que je pense là-dessus. Si quelqu'un
de vous trouve que je reconnaisse pour vraies des
choses qui ne le sont pas, qu'il ne manque point de
m'arrêter et de me réfuter. Aussi bien je ne parle pas
comme un homme sûr de ce qu'il dit : mais je cherche
en commun avec vous. Si donc celui qui me contestera
une chose me paraît avoir raison, je serai le premier
à en tomber d'accord. Au reste je ne vous propose ceci
qu'autant que vous jugerez qu'il faut achever cette discussion :
si vous n'en êtes pas d'avis, laissons-la pour
ce qu'elle est, et allons-nous-en. — GORGIAS. Pour moi,
Socrate, mon avis n'est pas que nous nous retirions,
mais que tu achèves ce discours; et il me paraît que les
autres pensent de même. Je serai charmé de t'entendre
exposer ce qui te reste à dire. — SOCRATE. Et moi, Gorgias,
je reprendrais volontiers la conversation avec Calliclés,
jusqu'à ce que je lui eusse rendu le morceau
d'Amphion pour celui de Zéthus. Mais puisque tu ne
veux pas, Calliclès, achever cette dispute avec moi,
écoute-moi du moins, et lorsqu'il m'échappera quelque
chose qui ne te paraîtra pas bien dit, arrête-moi : si tu
me prouves que j'ai tort, je ne me fâcherai pas contre
toi, comme tu fais contre moi; au contraire, je te tiendrai
pour mon plus grand bienfaiteur.
— CALLICLÈS. Parle, mon cher, et achève.
LXII. — SOCRATE. Écoute-moi donc : je vais reprendre
notre dispute dès le commencement. L'agréable
et le bon sont-ils la même chose? Non, comme nous en
sommes convenus, Calliclès et moi. Faut-il faire l'agréable
en vue du bon, ou le bon en vue de l'agréable? Il faut
faire l'agréable en vue du bon. L'agréable n'est-ce point
ce qui cause en nous un sentiment de plaisir, lorsque
nous en jouissons? et le bon ce qui nous rend bons
par sa présence? Sans contredit. Or, sommes-nous
bons, nous et toutes les autres choses qui sont bonnes,
par l'effet de quelque vertu qui se rencontre en nous?
Cela me parait incontestable, Calliclés. Mais la vertu
d'une chose quelconque, meuble, corps, âme, animal,
ne se rencontre pas ainsi en elle à l'aventure de la
manière la plus parfaite ; elle doit sa naissance à l'arrangement,
à la rectitude et à l'art qui a été attribué
à chacune de ces choses. Cela est-il vrai? Pour moi, je
dis que oui. C'est donc l'ordre qui règle et embellit la
vertu de chaque chose? J'en conviendrais. Ainsi un
certain ordre naturel et propre à chaque chose est ce
qui la rend bonne entre toutes? Il me le semble. Par
conséquent l'âme en qui se trouve l'ordre qui lui convient,
est meilleure que celle où il n'y a aucun ordre?
Nécessairement. Mais l'âme en qui l'ordre règne est
réglée ? Comment ne le serait-elle pas?
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