[491] (491a) (Καλλίκλης)
νὴ τοὺς θεούς, ἀτεχνῶς γε ἀεὶ σκυτέας τε καὶ κναφέας καὶ μαγείρους λέγων καὶ
ἰατροὺς οὐδὲν παύῃ, ὡς περὶ τούτων ἡμῖν ὄντα τὸν λόγον.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν σὺ ἐρεῖς περὶ τίνων ὁ κρείττων τε καὶ φρονιμώτερος πλέον ἔχων δικαίως
πλεονεκτεῖ; ἢ οὔτε ἐμοῦ ὑποβάλλοντος ἀνέξῃ οὔτ' αὐτὸς ἐρεῖς;
(Καλλίκλης)
ἀλλ' ἔγωγε καὶ πάλαι λέγω. πρῶτον μὲν τοὺς κρείττους οἵ εἰσιν οὐ σκυτοτόμους
λέγω οὐδὲ μαγείρους, ἀλλ' (491b) οἳ ἂν εἰς τὰ τῆς πόλεως πράγματα φρόνιμοι
ὦσιν, ὅντινα ἂν τρόπον εὖ οἰκοῖτο, καὶ μὴ μόνον φρόνιμοι, ἀλλὰ καὶ ἀνδρεῖοι,
ἱκανοὶ ὄντες ἃ ἂν νοήσωσιν ἐπιτελεῖν, καὶ μὴ ἀποκάμνωσι διὰ μαλακίαν τῆς ψυχῆς.
(Σωκράτης)
ὁρᾷς, ὦ βέλτιστε Καλλίκλεις, ὡς οὐ ταὐτὰ σύ τ' ἐμοῦ κατηγορεῖς καὶ ἐγὼ σοῦ; σὺ
μὲν γὰρ ἐμὲ φῂς ἀεὶ ταὐτὰ λέγειν, καὶ μέμφῃ μοι· ἐγὼ δὲ σοῦ τοὐναντίον, ὅτι
οὐδέποτε ταὐτὰ λέγεις περὶ τῶν αὐτῶν, ἀλλὰ τοτὲ μὲν τοὺς (491c) βελτίους τε καὶ
κρείττους τοὺς ἰσχυροτέρους ὡρίζου, αὖθις δὲ τοὺς φρονιμωτέρους, νῦν δ' αὖ
ἕτερόν τι ἥκεις ἔχων· ἀνδρειότεροί τινες ὑπὸ σοῦ λέγονται οἱ κρείττους καὶ οἱ
βελτίους. ἀλλ', ὠγαθέ, εἰπὼν ἀπαλλάγηθι τίνας ποτὲ λέγεις τοὺς βελτίους τε καὶ
κρείττους καὶ εἰς ὅτι.
(Καλλίκλης)
ἀλλ' εἴρηκά γε ἔγωγε τοὺς φρονίμους εἰς τὰ τῆς πόλεως πράγματα καὶ
ἀνδρείους. τούτους γὰρ (491d) προσήκει τῶν πόλεων ἄρχειν, καὶ τὸ δίκαιον τοῦτ'
ἐστίν, πλέον ἔχειν τούτους τῶν ἄλλων, τοὺς ἄρχοντας τῶν ἀρχομένων.
(Σωκράτης)
τί δέ; αὑτῶν, ὦ ἑταῖρε, τί; ἦ τι ἄρχοντας ἢ ἀρχομένους;
(Καλλίκλης) πῶς λέγεις;
(Σωκράτης)
ἕνα ἕκαστον λέγω αὐτὸν ἑαυτοῦ ἄρχοντα· ἢ τοῦτο μὲν οὐδὲν δεῖ, αὐτὸν ἑαυτοῦ
ἄρχειν, τῶν δὲ ἄλλων;
(Καλλίκλης) πῶς ἑαυτοῦ ἄρχοντα λέγεις;
(Σωκράτης)
οὐδὲν ποικίλον ἀλλ' ὥσπερ οἱ πολλοί, σώφρονα ὄντα καὶ ἐγκρατῆ αὐτὸν ἑαυτοῦ,
τῶν ἡδονῶν καὶ ἐπιθυμιῶν (491e) ἄρχοντα τῶν ἐν ἑαυτῷ.
(Καλλίκλης) ὡς ἡδὺς εἶ· τοὺς ἠλιθίους λέγεις τοὺς σώφρονας.
(Σωκράτης)
πῶς γὰρ (οὔ); οὐδεὶς ὅστις οὐκ ἂν γνοίη ὅτι οὐ τοῦτο λέγω.
(Καλλίκλης)
πάνυ γε σφόδρα, ὦ Σώκρατες. ἐπεὶ πῶς ἂν εὐδαίμων γένοιτο ἄνθρωπος
δουλεύων ὁτῳοῦν; ἀλλὰ τοῦτ' ἐστὶν τὸ κατὰ φύσιν καλὸν καὶ δίκαιον, ὃ ἐγώ σοι
νῦν παρρησιαζόμενος λέγω, ὅτι δεῖ τὸν ὀρθῶς βιωσόμενον τὰς μὲν ἐπιθυμίας τὰς
ἑαυτοῦ ἐᾶν ὡς μεγίστας εἶναι καὶ μὴ κολάζειν,
| [491] CALLICLES. Oui, par tous les dieux, tu ne parles jamais
que de cordonniers, de foulons, de cuisiniers et de médecins,
comme s'il était ici question d'eux. — SOCRATE.
Ne me diras-tu pas enfin en quoi doit être plus puissant
et plus habile celui que la justice autorise à avoir
plus que les autres? Ne souffriras-tu pas que je te le suggère
ou ne le diras-tu pas toi-même? — CALLICLÈS. Mais
voilà longtemps que je te le dis. Ei d'abord par ceux
qui sent plus puissants, je n'entends ni les cordonniers,
ni les cuisiniers, mais ceux qui sont habiles dans les
affaires publiques et la bonne administration d'un État,
et non seulement entendus, mais courageux, capables
d'exécuter les projets qu'ils ont conçus, et ne se rebutant
point par mollesse d'âme.
XLVI. — SOCRATE. Tu le vois, mon cher Calliclés,
nous nous accusons l'un et l'autre du même défaut. Car
tu prétends que je dis toujours les mêmes choses, et tu
m'en fais un reproche; et moi je prétends au contraire
que tu ne dis jamais les mêmes choses sur les mêmes
objets; et de ce que par les meilleurs et plus puissants
tu entends tantôt les plus forts, et tantôt les plus sages,
et voilà maintenant que tu viens en apporter une troisième
définition, et tu appelles plus courageux ceux qui
sont plus puissants et meilleurs; mais, mon cher, dis-moi
une fois pour toutes qui sont ceux que tu appelles
les meilleurs et les plus puissants, et par rapport à quoi.
CALLICLÈS. J'ai déjà dit que ce sont les hommes habiles
dans les affaires politiques et courageux : à eux
appartient le gouvernement des Etats, et il juste qu'ils
aient plus que les autres, puisqu'ils commandent, et
que ceux-là obéissent. — SOCRATE. Ils commandent
quoi ? mon ami : à eux-mêmes? ou en quoi fais-tu consister
cet empire et cette obéissance'?— CALLICLÈS. Comment
l'entends-tu? — SOCRATE. Je parle de chaque individu,
en tant que commandant à soi-même. Ou bien est-ce
qu'il ne faut pas qu'on exerce un empire sur soi-même,
mais seulement sur les autres? — CALLICLÈS. Qu'entends-tu
par commander à soi-même? — SOCRATE. Rien d'extraordinaire,
mais ce que tout le monde entend, savoir :
être tempérant, maitre de soi-même, et commander à
ses passions et à ses désirs. — CALLICLÈS. Que tu es
charmant ! tu nous parles d'imbéciles sous le nom de
tempérants.— SOCRATE. Comment'? il n'est personne qui
ne comprenne que ce n'est pas là ce que je veux dire.
— CALLICLÈS. C'est cela même, Socrate. Comment, en
effet, un homme serait-il heureux, s'il est asservi à
quoi que ce soit? Mais je vais-te dire avec toute liberté
ce que c'est que le beau et le juste dans l'ordre de la nature.
Pour mener une vie heureuse, il faut laisser prendre à ses passions
tout l'accroissement possible, etne point les réprimer.
|