[490] (490a) (Σωκράτης)
πολλάκις ἄρα εἷς φρονῶν μυρίων μὴ φρονούντων κρείττων ἐστὶν κατὰ τὸν σὸν
λόγον, καὶ τοῦτον ἄρχειν δεῖ, τοὺς δ' ἄρχεσθαι, καὶ πλέον ἔχειν τὸν ἄρχοντα τῶν
ἀρχομένων· τοῦτο γάρ μοι δοκεῖς βούλεσθαι λέγειν — καὶ οὐ ῥήματι θηρεύω — εἰ ὁ
εἷς τῶν μυρίων κρείττων.
(Καλλίκλης)
ἀλλὰ ταῦτ' ἔστιν ἃ λέγω. τοῦτο γὰρ οἶμαι ἐγὼ τὸ δίκαιον εἶναι φύσει, τὸ βελτίω
ὄντα καὶ φρονιμώτερον καὶ ἄρχειν καὶ πλέον ἔχειν τῶν φαυλοτέρων.
(490b) (Σωκράτης)
ἔχε δὴ αὐτοῦ. τί ποτε αὖ νῦν λέγεις; ἐὰν ἐν τῷ αὐτῷ ὦμεν, ὥσπερ νῦν, πολλοὶ
ἁθρόοι, καὶ ἡμῖν ᾖ ἐν κοινῷ πολλὰ σιτία καὶ ποτά, ὦμεν δὲ παντοδαποί, οἱ μὲν
ἰσχυροί, οἱ δ' ἀσθενεῖς, εἷς δὲ ἡμῶν ᾖ φρονιμώτερος περὶ ταῦτα, ἰατρὸς ὤν, ᾖ δέ,
οἷον εἰκός, τῶν μὲν ἰσχυρότερος, τῶν δὲ ἀσθενέστερος, ἄλλο τι ἢ οὗτος,
φρονιμώτερος ἡμῶν ὤν, βελτίων καὶ κρείττων ἔσται εἰς ταῦτα;
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(490c) (Σωκράτης)
ἦ οὖν τούτων τῶν σιτίων πλέον ἡμῶν ἑκτέον αὐτῷ, ὅτι βελτίων ἐστίν, ἢ τῷ μὲν
ἄρχειν πάντα ἐκεῖνον δεῖ νέμειν, ἐν τῷ δὲ ἀναλίσκειν τε αὐτὰ καὶ καταχρῆσθαι
εἰς τὸ ἑαυτοῦ σῶμα οὐ πλεονεκτητέον, εἰ μὴ μέλλει ζημιοῦσθαι, ἀλλὰ τῶν μὲν
πλέον, τῶν δ' ἔλαττον ἑκτέον· ἐὰν δὲ τύχῃ πάντων ἀσθενέστατος ὤν, πάντων
ἐλάχιστον τῷ βελτίστῳ, ὦ Καλλίκλεις; οὐχ οὕτως, ὠγαθέ;
(Καλλίκλης)
περὶ σιτία, λέγεις, καὶ ποτὰ καὶ ἰατροὺς καὶ φλυαρίας· (490d) ἐγὼ δὲ οὐ ταῦτα
λέγω.
(Σωκράτης)
πότερον οὐ τὸν φρονιμώτερον βελτίω λέγεις; φάθι ἢ μή.
(Καλλίκλης) ἔγωγε.
(Σωκράτης) ἀλλ' οὐ τὸν βελτίω πλέον δεῖν ἔχειν;
(Καλλίκλης) οὐ σιτίων γε οὐδὲ ποτῶν.
(Σωκράτης)
μανθάνω, ἀλλ' ἴσως ἱματίων, καὶ δεῖ τὸν ὑφαντικώτατον μέγιστον ἱμάτιον ἔχειν
καὶ πλεῖστα καὶ κάλλιστα ἀμπεχόμενον περιιέναι;
(Καλλίκλης) ποίων ἱματίων;
(Σωκράτης)
ἀλλ' εἰς ὑποδήματα δῆλον ὅτι δεῖ πλεονεκτεῖν τὸν (490e) φρονιμώτατον εἰς ταῦτα
καὶ βέλτιστον. τὸν σκυτοτόμον ἴσως μέγιστα δεῖ ὑποδήματα καὶ πλεῖστα
ὑποδεδεμένον περιπατεῖν.
(Καλλίκλης) ποῖα ὑποδήματα; φλυαρεῖς ἔχων.
(Σωκράτης)
ἀλλ' εἰ μὴ τὰ τοιαῦτα λέγεις, ἴσως τὰ τοιάδε· οἷον γεωργικὸν ἄνδρα περὶ γῆν
φρόνιμόν τε καὶ καλὸν καὶ ἀγαθόν, τοῦτον δὴ ἴσως δεῖ πλεονεκτεῖν τῶν
σπερμάτων καὶ ὡς πλείστῳ σπέρματι χρῆσθαι εἰς τὴν αὑτοῦ γῆν.
(Καλλίκλης) ὡς ἀεὶ ταὐτὰ λέγεις, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης) οὐ μόνον γε, ὦ Καλλίκλεις, ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν αὐτῶν.
| [490] SOCRATE. Ainsi, souvent un seul homme sage est meilleur
à ton avis que dix mille qui ne le sont pas; c'est à lui qu'il appartient
de commander, tandis que les autres doivent obéir ; et
en qualité de maître, il doit avoir plus que ses sujets.
Voilà, ce me semble, ce que tu veux dire, s'il est vrai
qu'un seul soit meilleur que dix mille, et ici je n'épluche
point les mots. — CALLICLÈS. C'est bien ce que je
veux dire. Je crois en effet qu'il est juste, selon la nature,
que le meilleur et le plus sage commande et soit
mieux partagé que ceux qui ont moins de mérite.
XLV. — SOCRATE. Bon; arrête ici. Que réponds-tu
maintenant à cette question? Si nous étions plusieurs
dans un même lieu, comme nous sommes ici, et que
nous eussions en commun différents mets et différents
breuvages ; que notre réunion fût composée de toute
sorte de personnes, les unes robustes, les autres faibles,
et qu'un seul d'entre nous, en qualité de médecin, ait
plus de connaissance des choses dont il s'agit; que d'ailleurs
il fût, comme il doit probablement arriver, plus
fort que les uns et plus faible que les autres; n'est-il
pas vrai que cet homme, étant plus instruit que nous,
sera aussi meilleur et plus prudent, par rapport à ces
choses? — CALLICLÈS. Sans contredit. — SOCRATE. Faudra-t-il
qu'il ait une meilleure part de ces aliments que
nous, parce qu'il est meilleur? Ou plutôt, en qualité de
chef, ne doit-il pas être chargé de la distribution du
tout? Et pour ce qui est de la consommation des aliments,
et de leur usage pour la nourriture de son corps,
ne faut-il pas qu'il s'abstienne d'en prendre plus que
les autres, sous peine d'être incommodé ; qu'il en ait
plus que ceux-ci, moins que ceux-là, et même s'il est le
plus faible de tous, ne faut-il pas, Calliclés, qu'il en ait
moins que tous les autres, quoiqu'il soit le meilleur?
Cela n'est-il pas ainsi, mon cher? — CALLICLÈS. Tu me
parles d'aliments, de boissons, de médecins, et d'autres
sottises semblables; mais ce n'est pas là ce que je veux
dire. — SOCRATE. Ne conviens-tu que c'est le plus sensé
que tu appelles le meilleur? accorde ou nie. —CALLICLÈS.
J'accorde. — SOCRATE. Et ne dis-tu pas que le meilleur doit
avoir davantage? CALLICLÈS. Oui ; mais pas en fait d'aliments
et de breuvages. — SOCRATE. J'entends : peut-être
s'agit-il d'habits; et faut-il que le plus habile à fabriquer
des étoffes porte l'habit le plus grand, et se promène
chargé d'un plus grand nombre de vêtements et des
plus beaux? — CALLICLÈS. De quels habits me parles-tu?
— SOCRATE. Apparemment donc, il faut que le plus entendu
à faire des chaussures, et le meilleur en ce genre,
en ait aussi plus que les autres; et le cordonnier doit
peut-être aller par les rues portant les plus grands souliers
et en plus grand nombre ? — CALLICLÈS. Quels souliers?
Plaisantes-tu? — SOCRATE. Eh bien, si ce n'est
pas cela que tu veux dire, c'est peut-être ceci : le laboureur,
par exemple, l'homme entendu, sage et habile
dans la culture des terres doit peut-être avoir plus de
semences et en jeter dans son champ le plus qu'il est
possible. — CALLICLÈS. Comme tu rebats toujours les
mêmes choses, Socrate! — SOCRATE. Non seulement les
mêmes choses, Calliclès, mais sur le même sujet. —
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