[520] (520a) (Καλλίκλης)
ἔγωγε· ἀλλὰ τί ἂν λέγοις ἀνθρώπων πέρι οὐδενὸς ἀξίων;
(Σωκράτης)
τί δ' ἂν περὶ ἐκείνων λέγοις, οἳ φάσκοντες προεστάναι τῆς πόλεως καὶ
ἐπιμελεῖσθαι ὅπως ὡς βελτίστη ἔσται, πάλιν αὐτῆς κατηγοροῦσιν, ὅταν τύχωσιν,
ὡς πονηροτάτης; οἴει τι διαφέρειν τούτους ἐκείνων; ταὐτόν, ὦ μακάρι', ἐστὶν
σοφιστὴς καὶ ῥήτωρ, ἢ ἐγγύς τι καὶ παραπλήσιον, ὥσπερ ἐγὼ ἔλεγον πρὸς
Πῶλον· σὺ δὲ δι' ἄγνοιαν (520b) τὸ μὲν πάγκαλόν τι οἴει εἶναι, τὴν ῥητορικήν, τοῦ
δὲ καταφρονεῖς. τῇ δὲ ἀληθείᾳ κάλλιόν ἐστιν σοφιστικὴ ῥητορικῆς ὅσῳπερ
νομοθετικὴ δικαστικῆς καὶ γυμναστικὴ ἰατρικῆς· μόνοις δ' ἔγωγε καὶ ᾤμην τοῖς
δημηγόροις τε καὶ σοφισταῖς οὐκ ἐγχωρεῖν μέμφεσθαι τούτῳ τῷ πράγματι ὃ
αὐτοὶ παιδεύουσιν, ὡς πονηρόν ἐστιν εἰς σφᾶς, ἢ τῷ αὐτῷ λόγῳ τούτῳ ἅμα καὶ
ἑαυτῶν κατηγορεῖν ὅτι οὐδὲν ὠφελήκασιν οὕς φασιν ὠφελεῖν. οὐχ οὕτως ἔχει;
(520c) (Καλλίκλης) πάνυ γε.
(Σωκράτης)
καὶ προέσθαι γε δήπου τὴν εὐεργεσίαν ἄνευ μισθοῦ, ὡς τὸ εἰκός, μόνοις τούτοις
ἐνεχώρει, εἴπερ ἀληθῆ ἔλεγον. ἄλλην μὲν γὰρ εὐεργεσίαν τις εὐεργετηθείς, οἷον
ταχὺς γενόμενος διὰ παιδοτρίβην, ἴσως ἂν ἀποστερήσειε τὴν χάριν, εἰ προοῖτο
αὐτῷ ὁ παιδοτρίβης καὶ μὴ συνθέμενος αὐτῷ μισθὸν ὅτι μάλιστα ἅμα μεταδιδοὺς
τοῦ τάχους λαμβάνοι (520d) τὸ ἀργύριον· οὐ γὰρ δὴ τῇ βραδυτῆτι οἶμαι ἀδικοῦσιν
οἱ ἄνθρωποι, ἀλλ' ἀδικίᾳ· ἦ γάρ;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν εἴ τις αὐτὸ τοῦτο ἀφαιρεῖ, τὴν ἀδικίαν, οὐδὲν δεινὸν αὐτῷ μήποτε
ἀδικηθῇ, ἀλλὰ μόνῳ ἀσφαλὲς ταύτην τὴν εὐεργεσίαν προέσθαι, εἴπερ τῷ ὄντι
δύναιτό τις ἀγαθοὺς ποιεῖν. οὐχ οὕτω;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης)
διὰ ταῦτ' ἄρα, ὡς ἔοικε, τὰς μὲν ἄλλας συμβουλὰς συμβουλεύειν λαμβάνοντα
ἀργύριον, οἷον οἰκοδομίας πέρι ἢ τῶν ἄλλων τεχνῶν, οὐδὲν αἰσχρόν.
(520e) (Καλλίκλης) ἔοικέ γε.
(Σωκράτης)
περὶ δέ γε ταύτης τῆς πράξεως, ὅντιν' ἄν τις τρόπον ὡς βέλτιστος εἴη καὶ ἄριστα
τὴν αὑτοῦ οἰκίαν διοικοῖ ἢ πόλιν, αἰσχρὸν νενόμισται μὴ φάναι συμβουλεύειν,
ἐὰν μή τις αὐτῷ ἀργύριον διδῷ. ἦ γάρ;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
δῆλον γὰρ ὅτι τοῦτο αἴτιόν ἐστιν, ὅτι μόνη αὕτη τῶν εὐεργεσιῶν τὸν εὖ παθόντα
ἐπιθυμεῖν ποιεῖ ἀντ' εὖ ποιεῖν, ὥστε καλὸν δοκεῖ τὸ σημεῖον εἶναι, εἰ εὖ ποιήσας
ταύτην τὴν εὐεργεσίαν ἀντ' εὖ πείσεται· εἰ δὲ μή, οὔ. ἔστι ταῦτα οὕτως ἔχοντα;
| [520] — CALLICLÈS. Il est vrai : mais que dire de gens méprisables,
tels que les sophistes ? — SOCRATE. Eh bien, que
dire de ceux qui se vantant d'être à la tête d'un État, et
de mettre tous leurs soins à le rendre le meilleur possible,
l'accusent ensuite, à la première occasion, d'être
tout à fait corrompu? Crois-tu qu'il y ait quelque différence
entre eux et les précédents? Le sophiste, mon
cher, et l'orateur sont la même chose, ou deux choses
très ressemblantes, comme je le disais à Polus. Mais
faute de connaître cette ressemblance, tu penses que la
rhétorique est ce qu'il y a de plus beau au monde, et
tu méprises la profession de sophiste. Dans le fait cependant,
la sophistique est plus belle que la rhétorique,
comme la fonction de législateur l'emporte sur celle de
juge, et la gymnastique sur la médecine. Je croyais,
pour moi, que les sophistes et les orateurs étaient les
seuls qui n'eussent aucun droit de reprocher au sujet
qu'ils forment d'être mauvais à leur égard; ou qu'en
l'accusant, iis s'accusaient eux-mêmes de n'avoir fait
aucun bien à ceux qu'ils se vantent de rendre meilleurs.
Cela n'est-il pas vrai? — CALLICLÈS. Sans contredit.
— SOCRATE. Ce sont aussi les seuls qui pourraient
n'exiger aucun salaire pour les avantages qu'ils procurent,
si ce qu'ils disent était vrai. En effet, quelqu'un
qui aurait reçu toute autre espèce de bienfait, qui serait
devenu, par exemple, léger à la course par les soins
d'un maître de gymnase, serait peut-être capable de le
frustrer de la reconnaissane qu'il lui doit, si le maître
de gymnase la laissait à sa discrétion, et qu'il n'eût pas
fait avec lui une convention pour le prix, en vertu de
laquelle il reçoit de l'argent en même temps qu'il lui
donne l'agilité. Car ce n'est pas, je pense, la lenteur à
la course, mais l'injustice, qui fait les hommes mauvais.
N'est-ce pas? — CALLICLÈS. Sans doute. — SOCRATE. Si
donc quelqu'un détruisait ce principe du mal, je veux
dire l'injustice, il n'aurait point à craindre qu'on se
comportât injustement à son égard ; et il serait le seul
qui pourrait en sûreté placer son bienfait en pur donc
s'il était réellement en son pouvoir de rendre les hommes
vertueux. N'en conviens-tu pas? — CALLICLÈS. J'en conviens.
LXXVI. — SOCRATE. C'est probablement pour
cette raison qu'il n'y a point de honte à recevoir un
salaire pour les autres conseils que l'on donne, sur l'architecture,
par exemple, ou tout autre art semblable.
— CALLICLÈS. Il y a apparence. — SOCRATE. Au lieu que s'il
s'agit d'inspirer à un homme la vertu, et de lui apprendre
à gouverner parfaitement sa famille ou sa patrie, on
tient pour une chose honteuse de refuser ses conseils
à qui ne donne point d'argent. N'est-ce pas? CALLICLÈS.
Oui. — SOCRATE. La raison de cette différence est évidemment
que de tous les bienfaits celui-là est le seul
qui porte la personne qui l'a reçu à faire du bien à son
tour à son bienfaiteur, en sorte qu'il paraît que c'est
un bon signe lorsqu'on donne à l'auteur d'un tel bienfait
des marques de sa reconnaissance, et un mauvais
signe, lorsqu'on ne lui en donne aucune. Les choses ne
sont-elles pas ainsi?
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