HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Gorgias

Page 510

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[510] (510a) (Καλλίκλης) ἔστω σοι τοῦτο, Σώκρατες, οὕτως, ἵνα διαπεράνῃς τὸν λόγον. (Σωκράτης) καὶ ἐπὶ τοῦτο ἄρα, ὡς ἔοικεν, παρασκευαστέον ἐστὶ δύναμίν τινα καὶ τέχνην, ὅπως μὴ ἀδικήσωμεν. (Καλλίκλης) πάνυ γε. (Σωκράτης) τίς οὖν ποτ' ἐστὶν τέχνη τῆς παρασκευῆς τοῦ μηδὲν ἀδικεῖσθαι ὡς ὀλίγιστα; σκέψαι εἰ σοὶ δοκεῖ ἥπερ ἐμοί. ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖ ἥδε· αὐτὸν ἄρχειν δεῖν ἐν τῇ πόλει καὶ τυραννεῖν, τῆς ὑπαρχούσης πολιτείας ἑταῖρον εἶναι. (Καλλίκλης) ὁρᾷς, Σώκρατες, ὡς ἐγὼ ἕτοιμός εἰμι ἐπαινεῖν, (510b) ἄν τι καλῶς λέγῃς; τοῦτό μοι δοκεῖς πάνυ καλῶς εἰρηκέναι. (Σωκράτης) σκόπει δὴ καὶ τόδε ἐάν σοι δοκῶ εὖ λέγειν. φίλος μοι δοκεῖ ἕκαστος ἑκάστῳ εἶναι ὡς οἷόν τε μάλιστα, ὅνπερ οἱ παλαιοί τε καὶ σοφοὶ λέγουσιν, ὅμοιος τῷ ὁμοίῳ. οὐ καὶ σοί; (Καλλίκλης) ἔμοιγε. (Σωκράτης) οὐκοῦν ὅπου τύραννός ἐστιν ἄρχων ἄγριος καὶ ἀπαίδευτος, εἴ τις τούτου ἐν τῇ πόλει πολὺ βελτίων εἴη, φοβοῖτο δήπου ἂν αὐτὸν τύραννος καὶ τούτῳ ἐξ ἅπαντος (510c) τοῦ νοῦ οὐκ ἄν ποτε δύναιτο φίλος γενέσθαι; (Καλλίκλης) ἔστι ταῦτα. (Σωκράτης) οὐδέ γε εἴ τις πολὺ φαυλότερος εἴη, οὐδ' ἂν οὗτος· καταφρονοῖ γὰρ ἂν αὐτοῦ τύραννος καὶ οὐκ ἄν ποτε ὡς πρὸς φίλον σπουδάσειεν. (Καλλίκλης) καὶ ταῦτ' ἀληθῆ. (Σωκράτης) λείπεται δὴ ἐκεῖνος μόνος ἄξιος λόγου φίλος τῷ τοιούτῳ, ὃς ἂν ὁμοήθης ὤν, ταὐτὰ ψέγων καὶ ἐπαινῶν, ἐθέλῃ ἄρχεσθαι καὶ ὑποκεῖσθαι τῷ ἄρχοντι. οὗτος μέγα (510d) ἐν ταύτῃ τῇ πόλει δυνήσεται, τοῦτον οὐδεὶς χαίρων ἀδικήσει. οὐχ οὕτως ἔχει; (Καλλίκλης) ναί. (Σωκράτης) εἰ ἄρα τις ἐννοήσειεν ἐν ταύτῃ τῇ πόλει τῶν νέων, “τίνα ἂν τρόπον ἐγὼ μέγα δυναίμην καὶ μηδείς με ἀδικοῖ;” αὕτη, ὡς ἔοικεν, αὐτῷ ὁδός ἐστιν, εὐθὺς ἐκ νέου ἐθίζειν αὑτὸν τοῖς αὐτοῖς χαίρειν καὶ ἄχθεσθαι τῷ δεσπότῃ, καὶ παρασκευάζειν ὅπως ὅτι μάλιστα ὅμοιος ἔσται ἐκείνῳ. οὐχ οὕτως; (Καλλίκλης) ναί. (Σωκράτης) οὐκοῦν τούτῳ τὸ μὲν μὴ ἀδικεῖσθαι καὶ μέγα (510e) δύνασθαι, ὡς ὑμέτερος λόγος, ἐν τῇ πόλει διαπεπράξεται. (Καλλίκλης) πάνυ γε. (Σωκράτης) ἆρ' οὖν καὶ τὸ μὴ ἀδικεῖν; πολλοῦ δεῖ, εἴπερ ὅμοιος ἔσται τῷ ἄρχοντι ὄντι ἀδίκῳ καὶ παρὰ τούτῳ μέγα δυνήσεται; ἀλλ' οἶμαι ἔγωγε, πᾶν τοὐναντίον οὑτωσὶ παρασκευὴ ἔσται αὐτῷ ἐπὶ τὸ οἵῳ τε εἶναι ὡς πλεῖστα ἀδικεῖν καὶ ἀδικοῦντα μὴ διδόναι δίκην. γάρ; (Καλλίκλης) φαίνεται. [510] — CALLICLÈS. Je te passe ce point, Socrate, afin que tu termines ton discours. — SOCRATE. Il faut donc, comme il paraît, se procurer aussi une certaine puissance, un certain art, pour ne point faire d'injustice. — CALLICLÈS. Sans doute. — SOCRATE. Mais quel est le moyen de se garantir de toute ou presque toute injustice de la part d'autrui? Vois si tu es du même avis que moi. Je pense qu'il faut avoir toute autorité dans sa ville en qualité de souverain ou de tyran, ou être ami du gouvernement qui s'y trouve établi. — CALLICLÈS. Vois-tu. Socrate, combien je suis disposé à t'approuver quand tu dis quelque chose de bon? Ceci me parait tout à fait bien dit. LXVI. — SOCRATE. Examine si ce que j'ajoute est moins vrai. Il me semble, comme l'ont dit d'anciens et sages personnages, que la plus grande amitié est celle qui unit le semblable à son semblable. Ne penses-tu pas de même? — CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Ainsi, partout où il se trouve un tyran farouche et sans éducation, s'il y a dans la ville quelque citoyen beaucoup meilleur que lui, il le craindra, et ne pourra jamais lui être attaché de toute son âme. — CALLICLÈS. Cela est vrai. —SOCRATE. Ce tyran ne pourra pas non plus aimer tout citoyen d'un mérite fort inférieur au sien, il ne pourra pas non plus inspirer de lui donner son amitié; car il le méprisera, et n'aura jamais pour lui l'affection qu'on a pour un ami. CALLICLÈS. Cela est encore vrai. — SOCRATE. Le seul ami qui lui reste par conséquent, le seul à qui il donnera sa confiance, est celui qui, étant du même caractère, approuvant et blâmant les mêmes choses, consentira à lui obéir et à être soumis à ses volontés. Cet homme jouira d'un grand crédit dans la ville; personne ne lui nuira impunément. N'est-ce pas? — CALLICLÈS. Certainement. — SOCRATE. Si quelqu'un des jeunes gens de cette ville se disait à soi-même : De quelle manière pourrai-je m'élever â un grand pouvoir, et me mettre à l'abri de toute injustice? La voie pour y parvenir est, ce me semble, de s'accoutumer de bonne heure à se plaire et à se déplaire aux mêmes choses que le maître, et à s'efforcer d'acquérir la plus parfaite ressemblance avec lui. N'est-il pas vrai? —CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Par ce moyen, il parviendra sans doute à se mettre au-dessus des atteintes de l'injustice, et â se rendre puissant dans sa ville, comme vous dites. — CALLICLÈS. Assurément. — SOCRATE. Mais se garantira-t-il également de commettre l'injustice? ou s'en faut-il de beaucoup, puisqu'il ressemble à son maitre qui est injuste, et qu'il aura un grand pouvoir auprès de lui? Pour moi je pense, au contraire, que toutes ses démarches tendront à se mettre en état de commettre les plus grandes injustices, et le mal sans être puni. N'est-ce pas? — CALLICLÈS. Il y a apparence.


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Dernière mise à jour : 25/11/2005