[509] καὶ (509a) εἰ ἀγροικότερόν τι εἰπεῖν ἔστιν, σιδηροῖς καὶ ἀδαμαντίνοις
λόγοις, ὡς γοῦν ἂν δόξειεν οὑτωσί, οὓς σὺ εἰ μὴ λύσεις ἢ σοῦ τις νεανικώτερος,
οὐχ οἷόν τε ἄλλως λέγοντα ἢ ὡς ἐγὼ νῦν λέγω καλῶς λέγειν· ἐπεὶ ἔμοιγε ὁ αὐτὸς
λόγος ἐστιν ἀεί, ὅτι ἐγὼ ταῦτα οὐκ οἶδα ὅπως ἔχει, ὅτι μέντοι ὧν ἐγὼ ἐντετύχηκα,
ὥσπερ νῦν, οὐδεὶς οἷός τ' ἐστὶν ἄλλως λέγων μὴ οὐ καταγέλαστος εἶναι. ἐγὼ μὲν
οὖν αὖ τίθημι (509b) ταῦτα οὕτως ἔχειν· εἰ δὲ οὕτως ἔχει καὶ μέγιστον τῶν κακῶν
ἐστιν ἡ ἀδικία τῷ ἀδικοῦντι καὶ ἔτι τούτου μεῖζον μεγίστου ὄντος, εἰ οἷόν τε, τὸ
ἀδικοῦντα μὴ διδόναι δίκην, τίνα ἂν βοήθειαν μὴ δυνάμενος ἄνθρωπος βοηθεῖν
ἑαυτῷ καταγέλαστος ἂν τῇ ἀληθείᾳ εἴη; ἆρα οὐ ταύτην, ἥτις ἀποτρέψει τὴν
μεγίστην ἡμῶν βλάβην; ἀλλὰ πολλὴ ἀνάγκη ταύτην εἶναι τὴν αἰσχίστην
βοήθειαν μὴ δύνασθαι βοηθεῖν μήτε αὑτῷ μήτε τοῖς αὑτοῦ φίλοις τε καὶ οἰκείοις,
δευτέραν δὲ (509c) τὴν τοῦ δευτέρου κακοῦ καὶ τρίτην τὴν τοῦ τρίτου καὶ τἆλλα
οὕτως· ὡς ἑκάστου κακοῦ μέγεθος πέφυκεν, οὕτω καὶ κάλλος τοῦ δυνατὸν εἶναι
ἐφ' ἕκαστα βοηθεῖν καὶ αἰσχύνη τοῦ μή. ἆρα ἄλλως ἢ οὕτως ἔχει, ὦ Καλλίκλεις;
(Καλλίκλης) οὐκ ἄλλως.
(Σωκράτης)
δυοῖν οὖν ὄντοιν, τοῦ ἀδικεῖν τε καὶ ἀδικεῖσθαι, μεῖζον μέν φαμεν κακὸν τὸ
ἀδικεῖν, ἔλαττον δὲ τὸ ἀδικεῖσθαι. τί οὖν ἂν παρασκευασάμενος ἄνθρωπος
βοηθήσειεν αὑτῷ, (509d) ὥστε ἀμφοτέρας τὰς ὠφελίας ταύτας ἔχειν, τήν τε ἀπὸ
τοῦ μὴ ἀδικεῖν καὶ τὴν ἀπὸ τοῦ μὴ ἀδικεῖσθαι; πότερα δύναμιν ἢ βούλησιν; ὧδε
δὲ λέγω· πότερον ἐὰν μὴ βούληται ἀδικεῖσθαι, οὐκ ἀδικήσεται, ἢ ἐὰν δύναμιν
παρασκευάσηται τοῦ μὴ ἀδικεῖσθαι, οὐκ ἀδικήσεται;
(Καλλίκλης) δῆλον δὴ τοῦτό γε, ὅτι ἐὰν δύναμιν.
(Σωκράτης)
τί δὲ δὴ τοῦ ἀδικεῖν; πότερον ἐὰν μὴ βούληται ἀδικεῖν, ἱκανὸν τοῦτ' ἐστίν — οὐ γὰρ
ἀδικήσει — ἢ καὶ ἐπὶ (509e) τοῦτο δεῖ δύναμίν τινα καὶ τέχνην παρασκευάσασθαι,
ὡς, ἐὰν μὴ μάθῃ αὐτὰ καὶ ἀσκήσῃ, ἀδικήσει; τί οὐκ αὐτό γέ μοι τοῦτο ἀπεκρίνω,
ὦ Καλλίκλεις, πότερόν σοι δοκοῦμεν ὀρθῶς ἀναγκασθῆναι ὁμολογεῖν ἐν τοῖς
ἔμπροσθεν λόγοις ἐγώ τε καὶ πῶλος ἢ οὔ, ἡνίκα ὡμολογήσαμεν μηδένα
βουλόμενον ἀδικεῖν, ἀλλ' ἄκοντας τοὺς ἀδικοῦντας πάντας ἀδικεῖν;
| [509] autant qu'il me semble, et pour parler avec un peu de
hardiesse peut-être, attachées et liées entre elles par des
raisons de fer et de diamant. Si tu ne parviens à les
rompre, toi ou quelque autre plus vigoureux que toi,
il faut qu'il ne soit pas possible de parler raisonnablement
sur ces objets en parlant autrement que je fais.
Car, pour moi, je tiens toujours là-dessus le même langage,
savoir, que je ne sais point au juste ce qu'il en est
en réalité, mais qu-, de tous ceux avec qui j'ai conversé,
comme je le fais maintenant avec toi, il n'en est
aucun qui ait pu éviter de se rendre ridicule en soutenant
une autre opinion. Encore une fois, je pose en
principe que les choses sort ainsi : mais si cela est, si
l'injustice est le plus grand de tous les maux pour celui
qui la commet, et si, tout grand qu'est ce mal, c'en est
un plus grand encore, s'il se peut, de n'être point puni
pour les injustices qu'on a commises, quel est le genre
de secours qu'on ne puisse être incapable de se procurer
à soi-même sans être véritablement digne de
risée? N'est-ce pas le secours dont l'effet est de détourner
de nous le plus grand dommage? Oui, et ce qu'il y
a incontestablement de plus laid est de ne pouvoir se
ménager ce secours à soi-même, ni à ses amis, ni à ses
proches. Il faut mettre au second rang l'impuissance
de parer le second mal ; au troisième, l'impuissance de
parer le troisième ; et ainsi de suite, à proportion de la
grandeur du mal. Ainsi, autant il est beau de pouvoir
se garantir de chacun de ces maux, autant il est laid de
ne pouvoir le faire. Cela est-il comme je dis, Calliclés,
ou autrement? — CALLICLÈS. Cela est comme tu dis.
LXV. — SOCRATE. De ces deux choses, commettre
l'injustice et la souffrir, la première est, selon nous, un
plus grand mal, et la seconde un moindre. Que faut-il
donc que l'homme se procure pour être à portée de se
secourir, et peur jouir du double avantage de ne commettre
et de ne souffrir aucune injustice? Est-ce la
puissance ou la volonté? Voici ce que je veux dire. Je
demande si, pour ne souffrir aucune injustice, il suffit
qu'on ne veuille pas en souffrir, ou s'il faut se rendre
assez puissant pour se mettre à l'abri de toute injustice?
— CALLICLÈS. Il est clair qu'on ne parviendra à s'en garantir
qu'en se rendant puissant. — SOCRATE. Et par rapport
à l'autre point, qui est de commettre l'injustice,
est-ce assez de ne le pas vouloir, pour n'en point commettre,
de sorte qu'en effet on n'en commettra point;
ou faut-il, de plus, acquérir pour cela une certaine puissance,
un certain art, faute duquel, si on ne l'apprend
et si on ne le met en pratique, on tombera dans l'injustice?
Pourquoi ne me réponds-tu pas là-dessus, Calliclés?
Juges-tu que, quand nous sommes convenus,
Polus et moi, que personne ne commet l'injustice volontairement,
mais que tous les méchants sont tels malgré eux, nous ayons été
forcés à le reconnaître par de bonnes raisons, ou non?
|