[511] (511a) (Σωκράτης)
οὐκοῦν τὸ μέγιστον αὐτῷ κακὸν ὑπάρξει μοχθηρῷ ὄντι τὴν ψυχὴν καὶ
λελωβημένῳ διὰ τὴν μίμησιν τοῦ δεσπότου καὶ δύναμιν.
(Καλλίκλης)
οὐκ οἶδ' ὅπῃ στρέφεις ἑκάστοτε τοὺς λόγους ἄνω καὶ κάτω, ὦ Σώκρατες· ἢ οὐκ
οἶσθα ὅτι οὗτος ὁ μιμούμενος τὸν μὴ μιμούμενον ἐκεῖνον ἀποκτενεῖ, ἐὰν
βούληται, καὶ ἀφαιρήσεται τὰ ὄντα.
(511b) (Σωκράτης)
οἶδα, ὠγαθὲ Καλλίκλεις, εἰ μὴ κωφός γ' εἰμί, καὶ σοῦ ἀκούων καὶ Πώλου ἄρτι
πολλάκις καὶ τῶν ἄλλων ὀλίγου πάντων τῶν ἐν τῇ πόλει· ἀλλὰ καὶ σὺ ἐμοῦ
ἄκουε, ὅτι ἀποκτενεῖ μέν, ἂν βούληται, ἀλλὰ πονηρὸς ὢν καλὸν κἀγαθὸν ὄντα.
(Καλλίκλης) οὐκοῦν τοῦτο δὴ καὶ τὸ ἀγανακτητόν;
(Σωκράτης)
οὐ νοῦν γε ἔχοντι, ὡς ὁ λόγος σημαίνει. ἢ οἴει δεῖν τοῦτο παρασκευάζεσθαι
ἄνθρωπον, ὡς πλεῖστον χρόνον ζῆν, καὶ μελετᾶν τὰς τέχνας ταύτας αἳ ἡμᾶς ἀεὶ
ἐκ τῶν (511c) κινδύνων σῴζουσιν, ὥσπερ καὶ ἣν σὺ κελεύεις ἐμὲ μελετᾶν τὴν
ῥητορικὴν τὴν ἐν τοῖς δικαστηρίοις διασῴζουσαν;
(Καλλίκλης) ναὶ μὰ Δία ὀρθῶς γέ σοι συμβουλεύων.
(Σωκράτης)
τί δέ, ὦ βέλτιστε; ἦ καὶ ἡ τοῦ νεῖν ἐπιστήμη σεμνή τίς σοι δοκεῖ εἶναι;
(Καλλίκλης) μὰ Δί' οὐκ ἔμοιγε.
(Σωκράτης)
καὶ μὴν σῴζει γε καὶ αὕτη ἐκ θανάτου τοὺς ἀνθρώπους, ὅταν εἴς τι τοιοῦτον
ἐμπέσωσιν οὗ δεῖ ταύτης τῆς ἐπιστήμης. εἰ δ' αὕτη σοι δοκεῖ σμικρὰ εἶναι, ἐγώ σοι
(511d) μείζω ταύτης ἐρῶ, τὴν κυβερνητικήν, ἣ οὐ μόνον τὰς ψυχὰς σῴζει ἀλλὰ
καὶ τὰ σώματα καὶ τὰ χρήματα ἐκ τῶν ἐσχάτων κινδύνων, ὥσπερ ἡ ῥητορική. καὶ
αὕτη μὲν προσεσταλμένη ἐστὶν καὶ κοσμία, καὶ οὐ σεμνύνεται ἐσχηματισμένη
ὡς ὑπερήφανόν τι διαπραττομένη, ἀλλὰ ταὐτὰ διαπραξαμένη τῇ δικανικῇ, ἐὰν
μὲν ἐξ Αἰγίνης δεῦρο σώσῃ, οἶμαι δύ' ὀβολοὺς ἐπράξατο, ἐὰν δὲ ἐξ Αἰγύπτου ἢ ἐκ
τοῦ Πόντου, (511e) ἐὰν πάμπολυ, ταύτης τῆς μεγάλης εὐεργεσίας, σώσασα ἃ
νυνδὴ ἔλεγον, καὶ αὐτὸν καὶ παῖδας καὶ χρήματα καὶ γυναῖκας, ἀποβιβάσασ' εἰς
τὸν λιμένα δύο δραχμὰς ἐπράξατο, καὶ αὐτὸς ὁ ἔχων τὴν τέχνην καὶ ταῦτα
διαπραξάμενος ἐκβὰς παρὰ τὴν θάλατταν καὶ τὴν ναῦν περιπατεῖ ἐν μετρίῳ
σχήματι· λογίζεσθαι γὰρ οἶμαι ἐπίσταται ὅτι ἄδηλόν ἐστιν οὕστινάς τε ὠφέληκεν
τῶν συμπλεόντων οὐκ ἐάσας καταποντωθῆναι καὶ οὕστινας ἔβλαψεν,
| [511] — SOCRATE. Par conséquent il sera en proie au plus grand
des maux, ayant l'âme malade et dégradée par sa ressemblance avec
son maitre, et par sa puissance. — CALLICLÈS. Je ne sais,
Socrate, quel secret tu as de tourner et de retourner le
discours en tout sens, Ignores-tu que cet homme, qui
imite le tyran, fera mourir, s'il le juge à propos, et dépouillera
de ses biens celui qui ne veut pas l'imiter? —
SOCRATE. Je le sais, mon cher Calliclés : il faudrait que
je fusse sourd pour l'ignorer, après l'avoir entendu tout
à l'heure plus d'une fois de ta bouche, de celle de Polus
et de presque tous les habitants de cette ville. Mais
écoute-moi aussi à ton tour. Je conviens qu'il mettra à
mort qui il voudra : mais il sera méchant, et celui
qu'il fera mourir, homme de bien. — CALLICLÈS.
N'est-ce pas justement ce qu'il y a de plus indigne? —
SOCRATE. Non, du moins pour l'homme sensé, comme ce
discours le prouve. Crois-tu donc qu'on doive s'appliquer
à vivre le plus longtemps qu'il est possible, et à
n'être occupé que d'apprendre les arts qui nous sauvent
en toute rencontre des plus grands dangers, comme
la rhétorique, que tu me conseilles aujourd'hui d'étudier,
et qui fait notre sûreté devant les tribunaux? —
CALLICLÈS. Par Zeus! c'est un très bon conseil que je te donne.
LXVII. — SOCRATE. Eh quoi, l'art de nager te parait-il
d'un ordre bien élevé? — CALLICLÈS. Non certes.
— SOCRATE, Cependant il sauve les hommes de la mort,
lorsqu'ils se trouvent dans les circonstances où l'on a
besoin de cet art. Mais si celui-ci te paraît méprisable,
je vais t'en nommer un plus important, l'art de gouverner
les vaisseaux, qui préserve des plus grands dangers
non seulement les âmes, mais aussi les corps et
les biens, comme la rhétorique. Cet art est modeste et
sans pompe; il ne fait point grand étalage, et ne se
pavane pas, comme s'il produisait des effets merveilleux;
mais quoiqu'il nous procure les mêmes avantages
que l'art oratoire, il ne prend, je crois, que deux oboles,
pour nous ramener sains et saufs d'Égine jusqu'ici;
et si c'est de l'Égypte et du Pont, pour un si grand
bienfait, et pour aveir conservé tout ce que je viens de
dire, notre personne et nos biens, nos enfants et nos
femmes, après qu'il nous a mis à terre sur le port, il
n'exige que deux drachmes. Quant à celui qui possède cet
art, et qui nous a rendu un si grand service, une fois
qu'il est débarqué, il se promène dans une contenance
modeste le long du rivage et de son vaisseau. Car il sait,
à ce que je m'imagine, se dire à lui-même qu'il ignore
quels sont les passagers à qui il a fait du bien, en les
préservant d'être submergés, et ceux à qui il a fait tort,
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