HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Gorgias

Page 469

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[469] (469a) (Πῶλος) ὁπότερ' ἂν ποιῇ, οὐκ ἀμφοτέρως ζηλωτόν ἐστιν; (Σωκράτης) εὐφήμει, Πῶλε. (Πῶλος) τί δή; (Σωκράτης) ὅτι οὐ χρὴ οὔτε τοὺς ἀζηλώτους ζηλοῦν οὔτε τοὺς ἀθλίους, ἀλλ' ἐλεεῖν. (Πῶλος) τί δέ; οὕτω σοι δοκεῖ ἔχειν περὶ ὧν ἐγὼ λέγω τῶν ἀνθρώπων; (Σωκράτης) πῶς γὰρ οὔ; (Πῶλος) ὅστις οὖν ἀποκτείνυσιν ὃν ἂν δόξῃ αὐτῷ, δικαίως ἀποκτεινύς, ἄθλιος δοκεῖ σοι εἶναι καὶ ἐλεινός; (Σωκράτης) οὐκ ἔμοιγε, οὐδὲ μέντοι ζηλωτός. (Πῶλος) οὐκ ἄρτι ἄθλιον ἔφησθα εἶναι; (469b) (Σωκράτης) τὸν ἀδίκως γε, ἑταῖρε, ἀποκτείναντα, καὶ ἐλεινόν γε πρός τὸν δὲ δικαίως ἀζήλωτον. (Πῶλος) που γε ἀποθνῄσκων ἀδίκως ἐλεινός τε καὶ ἄθλιός ἐστιν. (Σωκράτης) ἧττον ἀποκτεινύς, Πῶλε, καὶ ἧττον δικαίως ἀποθνῄσκων. (Πῶλος) πῶς δῆτα, Σώκρατες; (Σωκράτης) οὕτως, ὡς μέγιστον τῶν κακῶν τυγχάνει ὂν τὸ ἀδικεῖν. (Πῶλος) γὰρ τοῦτο μέγιστον; οὐ τὸ ἀδικεῖσθαι μεῖζον; (Σωκράτης) ἥκιστά γε. (Πῶλος) σὺ ἄρα βούλοιο ἂν ἀδικεῖσθαι μᾶλλον ἀδικεῖν; (469c) (Σωκράτης) βουλοίμην μὲν ἂν ἔγωγε οὐδέτερα· εἰ δ' ἀναγκαῖον εἴη ἀδικεῖν ἀδικεῖσθαι, ἑλοίμην ἂν μᾶλλον ἀδικεῖσθαι ἀδικεῖν. (Πῶλος) σὺ ἄρα τυραννεῖν οὐκ ἂν δέξαιο; (Σωκράτης) οὔκ, εἰ τὸ τυραννεῖν γε λέγεις ὅπερ ἐγώ. (Πῶλος) ἀλλ' ἔγωγε τοῦτο λέγω ὅπερ ἄρτι, ἐξεῖναι ἐν τῇ πόλει, ἂν δοκῇ αὐτῷ, ποιεῖν τοῦτο, καὶ ἀποκτεινύντι καὶ ἐκβάλλοντι καὶ πάντα πράττοντι κατὰ τὴν αὐτοῦ δόξαν. (Σωκράτης) μακάριε, ἐμοῦ δὴ λέγοντος τῷ λόγῳ ἐπιλαβοῦ. (469d) εἰ γὰρ ἐγὼ ἐν ἀγορᾷ πληθούσῃ λαβὼν ὑπὸ μάλης ἐγχειρίδιον λέγοιμι πρὸς σὲ ὅτι Πῶλε, ἐμοὶ δύναμίς τις καὶ τυραννὶς θαυμασία ἄρτι προσγέγονεν· ἐὰν γὰρ ἄρα ἐμοὶ δόξῃ τινὰ τουτωνὶ τῶν ἀνθρώπων ὧν σὺ ὁρᾷς αὐτίκα μάλα δεῖν τεθνάναι, τεθνήξει οὗτος ὃν ἂν δόξῃ· κἄν τινα δόξῃ μοι τῆς κεφαλῆς αὐτῶν καταγῆναι δεῖν, κατεαγὼς ἔσται αὐτίκα μάλα, κἂν θοἰμάτιον διεσχίσθαι, διεσχισμένον ἔσταιοὕτω (469e) μέγα ἐγὼ δύναμαι ἐν τῇδε τῇ πόλει,” εἰ οὖν ἀπιστοῦντί σοι δείξαιμι τὸ ἐγχειρίδιον, ἴσως ἂν εἴποις ἰδὼν ὅτι Σώκρατες, οὕτω μὲν πάντες ἂν μέγα δύναιντο, ἐπεὶ κἂν ἐμπρησθείη οἰκία τούτῳ τῷ τρόπῳ ἥντινά σοι δοκοῖ, καὶ τά γε Ἀθηναίων νεώρια καὶ αἱ τριήρεις καὶ τὰ πλοῖα πάντα καὶ τὰ δημόσια καὶ τὰ ἴδια· ” ἀλλ' οὐκ ἄρα τοῦτ' ἔστιν τὸ μέγα δύνασθαι, τὸ ποιεῖν δοκεῖ αὐτῷ· δοκεῖ σοι; (Πῶλος) οὐ δῆτα οὕτω γε. [469] POLUS. De quelque manière qu'il agisse, n'est-ce par toujours une chose digne d'envie ? — SOCRATE. Parle mieux, Polus. — POLUS. Pourquoi donc ? — SOCRATE. Parce qu'il ne faut point porter envie ni à ceux dont le sort n'est point à envier, ni aux malheureux, mais en avoir pitié. — POLUS. Quoi ! penses-tu que telle est la condition de ceux dont je parle? — SOCRATE. Quelle autre idée pourrais-je en avoir ? — POLUS. Tu regardes donc comme malheureux et digne de compassion quiconque fait mourir celui qu'il juge à propos, lors même qu'il le condamne justement à la mort? — SOCRATE. Point dit tout : mais aussi il ne me parait pas digne d'envie. — POLUS. N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il est malheureux? — SOCRATE. Oui, mon cher, je l'ai dit de celui qui est mort injustement, et de plus qu'il est digne de pitié. Pour celui qui ôte la vie justement à un autre, je dis qu'il ne doit point faire envie. — POLUS. L'homme qui est injustement mis à mort, n'est-il pas en même temps malheureux et digne de pitié ? — SOCRATE. Moins que l'auteur de sa mort, et moins encore que celui qui a mérité de mourir. — POLUS. Comment cela, Socrate ? — SOCRATE. Le voici. C'est que le plus grand de tous les maux est de commettre l'injustice. — POLUS. Est-ce là le plus grand mal ? Souffrir une injustice, n'est-ce pas encore un mal plus grand?—SOCRATE. Nullement. — POLUS. Aimerais-tu donc mieux souffrir une injustice que de la faire?— SOCRATE. Je ne voudrais ni l'un ni l'autre. Mais s'il fallait absolument commettre une injustice ou la souffrir, j'aimerais mieux la souffrir que la commettre. — POLUS. Est-ce que tu n'accepterais pas la condition de tyran ? — SOCRATE. Non, si tu attaches à ce mot de tyran le même sens que moi. — POLUS. J'entends par là ce que je disais tout à l'heure, avoir le pouvoir de faire dans une ville tout ce qu'on juge à propos, de tuer, de bannir, en un mot d'agir en tout à sa fantaisie. XXV. — SOCRATE. Mon cher ami, fais réflexion à ce que je vais dire. Si lorsque la place publique est pleine de monde, tenant un poignard caché sous mon bras, je te disais: Je me trouve en ce moment, Polus, revêtu d'un pouvoir merveilleux, qui est égal à celui d'un tyran. I)e tous ces nommes que tu vois, celui que je jugerai à propos de faire mourir mourra tout à l'heure, s'il me semble que je doive casser la tête à quelqu'un, elle sera cassée à l'instant; si ie veux déchirer son habit, il sera déchiré ; tant est grand le pouvoir que j'ai dans cette ville. Si tu refusais de me croire, et que je te montrasse mon poignard, peut-être dirais-tu en le voyant : Socrate, il n'est personne à ce compte qui n'eût un grand pouvoir. Tu pourrais de la même façon brûler la maison de tel citoyen qu'il te plairait, mettre le feu aux arsenaux des Athéniens, à leurs galères, et à tous les vaisseaux appartenant au public ou aux particuliers. Mais la grandeur du pouvoir ne consiste pas précisément à faire ce qu'on juge à propos. Le crois-tu ? — POLUS. Non assurément, de la manière que tu viens de dire.


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Dernière mise à jour : 25/11/2005