[8,26] Ἀγαθὰ μὲν δὴ ταῦτα ὑπάρξει σοι διαλλαττομένῳ,
μένοντι δ´ ἐπὶ τῆς ὀργῆς καὶ μὴ διαλυομένῳ
τὸ μῖσος πρὸς ἡμᾶς πολλὰ καὶ χαλεπά, ἐξ ὧν ἐγὼ δύο
τὰ μέγιστα νυνὶ καὶ φανερώτατα ἐρῶ. πρῶτον μὲν
ὅτι δυσκόλου γενέσθαι, μᾶλλον δ´ ἀδυνάτου πράγματος
πονηρὸν ἔρωτα ἔχεις, πόλεως τῆς Ῥωμαίων καθελεῖν
τὴν ἰσχὺν καὶ ταῦτα τοῖς Οὐολούσκων ὅπλοις· ἔπειθ´
ὅτι σοι κατορθώσαντί τε καὶ δὴ τυχόντι πάντων ἀνθρώπων
ὑπάρξει δυστυχεστάτω νομίζεσθαι. ἐξ ὧν δὲ
ταῦτα παρίσταταί μοι περὶ σοῦ φρονεῖν, ἄκουσον, ὦ
Μάρκιε, μηθὲν πρὸς τὴν ἐλευθερίαν μου τῶν λόγων
τραχυνόμενος. σκόπει δὲ πρῶτον ὑπὲρ τοῦ ἀδυνάτου.
Ῥωμαίοις, ὡς οἶσθα καὶ σύ, πολλὴ μέν ἐστι νεότης
ἐπιχώριος, ἧς εἰ τὸ στασιάζον ἐξαιρεθείη· γενήσεται δὲ
τοῦτο κατὰ πολλὴν ἀνάγκην νυνὶ διὰ τόνδε τὸν πόλεμον, πάντα
γὰρ ὑπὸ δέους κοινοῦ συνίστασθαι φιλεῖ
τὰ διάφορα· οὐχ ὅτι Οὐολοῦσκοι κρατήσουσιν, ἀλλ´
οὐδὲ ἄλλο τῶν κατὰ τὴν Ἰταλίαν ἐθνῶν οὐθέν· πολλὴ
δ´ ἡ Λατίνων καὶ τῶν ἄλλων συμμάχων τε καὶ
ἀποίκων τῆς πόλεως ἰσχύς, ἣν ὀλίγου πᾶσαν ἐπίκουρον
ἥξειν προσδέχου· στρατηγοί τε οἷος σὺ καὶ πρεσβύτεροι
καὶ νέοι τοσοῦτοι τὸ πλῆθος, ὅσοι παρὰ πάσαις οὐκ
εἰσὶ ταῖς ἄλλαις πόλεσι. μεγίστη δὲ πασῶν βοήθεια
καὶ τὰς ἐν τοῖς δεινοῖς ἐλπίδας οὐδέποθ´ ἡμῶν ψευσαμένη
συμπάσης τ´ ἀμείνων ἀνθρωπίνης ἰσχύος, ἡ
παρὰ τῶν θεῶν εὔνοια, δι´ οὓς οὐ μόνον ἐλευθέραν
εἰς τόδε χρόνου τὴν πόλιν τήνδε οἰκοῦμεν ὀγδόην ἤδη
τὴν νῦν γενεάν, ἀλλὰ καὶ εὐδαίμονα καὶ πολλῶν ἐθνῶν
ἄρχουσαν. μὴ δὲ Πεδανοῖς ἡμᾶς εἰκάσῃς μηδὲ Τολερίνοις μηδὲ
τοῖς ἄλλοις μικροπολίταις, ὧν κατέσχες τὰ
πολίχνια· καὶ γὰρ ἥττων ἄν τίς σου στρατηγὸς καὶ ἀπ´
ἐλάττονος ἢ τοσαύτης στρατιᾶς ὀλιγανθρωπίαν καὶ φαυλότητα
ἐρυμάτων ἐβιάσατο· ἀλλ´ ἐνθυμοῦ τὸ μέγεθος
τῆς πόλεως καὶ τὴν λαμπρότητα τῶν ἐν τοῖς πολέμοις
πράξεων καὶ τὴν ἐκ τοῦ θείου παροῦσαν αὐτῇ τύχην,
δι´ ἣν ἐκ μικρᾶς τοσαύτη γέγονε. καὶ τὴν σεαυτοῦ
δύναμιν, ἣν ἄγων ἔργῳ τοσῷδε ἐπιχειρεῖς, μὴ νόμιζε
ἠλλάχθαι, ἀλλὰ μέμνησο ἀκριβῶς, ὅτι Οὐολούσκων τε
καὶ Αἰκανῶν στρατιὰν ἐπάγῃ, οὓς ἡμεῖς οἵδε {οἱ νῦν
ὄντες} ἐν πολλαῖς ἐνικῶμεν μάχαις, ὁσάκις ἡμῖν ἐτόλμησαν εἰς
πόλεμον καταστῆναι· ὥστε σὺν τοῖς χείροσιν
ἀγωνίζεσθαι μέλλων ἴσθι πρὸς τοὺς κρείττονας καὶ
σὺν τοῖς ἡττωμένοις διὰ παντὸς πρὸς τοὺς νικῶντας
ἀεί. εἰ δὲ δὴ τἀναντία τούτων ἦν, ἐκεῖνό γέ τοι θαυμάζειν
ἄξιον, πῶς λέληθέ σε πολεμικῶν ὄντα πραγμάτων
ἔμπειρον, ὅτι τὸ παρὰ τὰ δεινὰ εὔτολμον οὐκ ἐξ
ἴσου παραγίνεσθαι φιλεῖ τοῖς θ´ ὑπὲρ οἰκείων ἀγαθῶν
ἀγωνιζομένοις καὶ τοῖς ἐπὶ τἀλλότρια πορευομένοις· οἱ
μέν γ´ οὐδέν, ἐὰν μὴ κατορθώσωσι, βλάπτονται, τοῖς
δ´ οὐδέν, ἐὰν πταίσωσι, καταλείπεται· καὶ τοῦ σφάλλεσθαι τὰς
μεγάλας δυνάμεις ὑπὸ τῶν ἐλαττόνων καὶ
τὰς κρείττους ὑπὸ τῶν φαυλοτέρων τοῦτ´ ἐν τοῖς μάλιστ´ αἴτιον
ἦν. δεινὴ γὰρ ἡ ἀνάγκη, καὶ ὁ περὶ τῶν
ἐσχάτων κίνδυνος ἱκανὸς θάρσος ἐνθεῖναί τινι καὶ μὴ
προϋπάρχον φύσει. εἶχον ἔτι πλείω λέγειν ὑπὲρ τοῦ
ἀδυνάτου, ἀλλὰ καὶ ταῦθ´ ἱκανά.
| [8,26] Voila les avantages que vous devez attendre dès que vous vous
serez réconcilié.
X. Que si vous persistez dans votre colère et si vous ne mettez bas
toute inimitié, il vous arrivera des choses fâcheuses. Vous aurez plusieurs
sujets de chagrin, dont voici les deux principaux qu'il est aisé de
prévoir, permettez-moi de vous les dire. Premièrement, en voulant
détruire la puissance Romaine, et surtout par les armes des Volsques,
vous formez mal-à-propos une entreprise très difficile, pour ne pas dire
impossible. Secondement, quand même vos projets réussiraient, vous
n'en tireriez d'autre fruit que d'être regardé comme le plus misérable de
tous les hommes. Ecoutez, Marcius ; je vais vous expliquer les raisons
que j'ai de le croire : si je vous parle avec liberté, je vous demande en
grâce de ne le pas trouver mauvais. Considérez d'abord l'impossibilité de
vos entreprises. Les Romains, vous le savez, ont beaucoup de troupes et
de jeunesse domestique. Si donc la sédition s'apaise, (comme il est
difficile que la nécessité de la guerre présente ne la termine pas
incessamment , car lorsqu'on est menacé d'un péril commun,
ordinairement toutes les contestations finissent, et les esprits les plus
irrités se raccommodent ensemble ) -, si, dis-je, la sédition cesse, je ne
crois pas que les Volsques, ni même toute autre nation de l'Italie, puissent
jamais les vaincre. Nous pouvons encore compter sur nos colonies , sur
les Latins, et sur nos autres alliés qui sont en état de nous fournir de
puissants secours : ne doutez pas qu'ils ne joignent volontiers leurs armes
à celles de la république. D'ailleurs nous ne manquons point de braves
capitaines, qui ne vous cèdent ni en courage ni en capacité : nous en
avons de jeunes et de vieux, en plus grand nombre qu'on n'en trouverait
dans toutes les autres villes. Mais le plus grand de tous les secours qui ne
nous a jamais manqué dans le besoin et qui est au-dessus de toutes les
forces des hommes, c'est la bonté des dieux. C'est par leur protection que
nous habitons cette ville depuis presque huit générations. C'est à leur
bonté que Rome est redevable non seulement de la liberté dont elle a
toujours joui, mais encore de ces prodigieux succès qui lui ont valu
l'empire de plusieurs nations. Ne jugez pas de Rome par les villes de
Péde, de Tolérie, et par quelques autres places peu importantes que
vous avez conquises : tout autre général moins habile que vous, aurait pu
avec une armée moins nombreuse, emporter ces petites villes mal
fortifiées qui n'étaient défendues que par une médiocre garnison.
Considérez la grandeur de Rome qui s'est rendue illustre par ses beaux
exploits : les dieux l'ont toujours favorisée d'une protection particulière, et
de petite qu'elle était dans ses commencements, elle est devenue une
des plus grandes villes du monde. Ne vous imaginez-pas que ces troupes
dont vous prétendez vous servir pour une si grande entreprise, soient
aujourd'hui différentes de ce qu'elles étaient autrefois : souvenez-vous
que vous êtes à la tête des Volsques et des Eques, et que nous-mêmes
qui vous parlons maintenant, nous les avons vaincus toutes les fois qu'ils
ont osé soutenir une guerre contre nous et en venir aux mains. Sachez
qu'à la tête de ces mauvaises troupes tant de fois vaincues vous aurez à
combattre contre de braves soldats qui ont toujours été victorieux. Mais
quand même nous n'aurions pas de si favorables préjugés, il y aurait
toujours lieu de s'étonner qu'ayant autant de capacité et d'expérience
dans la guerre, vous ne fassiez pas réflexion que ceux qui combattent
pour défendre leurs biens, sont ordinairement plus hardis à affronter
toutes sortes de dangers, que ceux qui combattent pour s'emparer du
bien d'autrui. En effet, si ceux-ci ne réussissent pas, ils {ne} perdent {rien} ;
au lieu que les premiers perdent tout s'ils ont du pire dans les combats.
C'est-là ce qui fait que les armées supérieures en nombre et en forces,
sont quelquefois vaincues par d'autres moins nombreuses et moins
puissantes. Il n'y a rien de plus fort ni de plus terrible que la nécessité de
vaincre ou de périr ; elle fait naitre l'audace et la fermeté dans les cœurs
les plus timides. J'aurais plusieurs autres choses à vous dire sur
l'impossibilité de votre entreprise, mais en voila assez sur ce sujet.
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