[8,25] Φέρε, εἰ δὲ δὴ πάντας μὲν ἀνθρώπους καὶ
τοὺς μηδὲν ἀδικοῦντάς σε γυναιξὶν ὁμοῦ καὶ τέκνοις
δίκας σοι δοῦναι προσῆκε, πάντας δὲ θεούς τε καὶ
ἥρωας καὶ δαίμονας πόλιν τε καὶ χώραν ἀπολαῦσαι
τῆς τῶν δημάρχων ἀνοίας, καὶ μηδὲν ἐξαίρετον μηδ´
ἀτιμώρητον ἀφεῖσθαι μέρος ὑπὸ σοῦ, οὐχ ἱκανὰς ἤδη
παρὰ πάντων εἰσπέπραξαι δίκας τοσοῦτον μὲν φόνον
ἐργασάμενος ἀνθρώπων, τοσαύτην δὲ χώραν πυρὶ καὶ
σιδήρῳ λωβησάμενος, τοσαύτας δὲ πόλεις ἐκ βάθρων
ἀναστήσας, ἑορτὰς δὲ καὶ θυσίας καὶ σεβασμοὺς θεῶν
καὶ δαιμόνων ἐν πολλοῖς τόποις ἀνεόρτους ἀναγκάσας
γενέσθαι καὶ ἀθύτους καὶ τιμῶν νομίμων ἀμοίρους;
ἐγὼ μὲν οὐκ ἠξίουν ἄνδρα, ὅτῳ φροντὶς ὁποσηοῦν
ἀρετῆς ἐστιν, οὔτε συναναιρεῖν τοῖς ἐχθροῖς τὰ φίλια
οὔτε χαλεπὸν ὀργὴν εἶναι καὶ ἀπαραίτητον εἰς τοὺς
ἐξαμαρτάνοντάς τι περὶ αὐτόν, ἄλλως τε καὶ δίκας παρ´
αὐτῶν εἰληφότα πολλὰς καὶ μεγάλας. ἃ μὲν οὖν ἀπολογεῖσθαί τε
περὶ ἡμῶν αὐτῶν εἴχομεν καὶ παραιτεῖσθαί σε περὶ τῶν
δημοτικῶν, ταῦτ´ ἐστιν, ἃ δ´ ὑποτίθεσθαί σοι δι´ εὔνοιαν οἱ
τιμιώτατοι φίλων ἥκοντες
καὶ ὑπισχνεῖσθαι διαλλαττομένῳ πρὸς τὴν πατρίδα,
ταυτί· ἐν ᾧ τὸ δύνασθαί σοι μάλιστα ὑπάρχει καὶ τὸ
θεῖον ἔτι συλλαμβάνει μετριάσαι καὶ ταμιεύεσθαι τὴν
τύχην ἐνθυμηθέντα, ὅτι μεταβολὰς ἔχει πάντα τὰ πράγματα καὶ
οὐδὲν ἐπὶ τῶν αὐτῶν φιλεῖ διαμένειν, νεμεσᾶταί τε πάντα ὑπὸ
θεῶν τὰ ὑπερέχοντα, ὅταν εἰς
ἄκρον ἐπιφανείας ἀφίκηται, καὶ τρέπεται πάλιν εἰς τὸ
μηδέν. μάλιστα δὲ τοῦτο πάσχει τὰ σκληρὰ καὶ μεγάλαυχα
φρονήματα καὶ τοὺς ὅρους ἐκβαίνοντα τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως.
ὑπάρχει δέ σοι νῦν ἁπάντων κράτιστα καταλύσασθαι τὸν
πόλεμον· ἥ τε γὰρ βουλὴ πᾶσα
ὥρμηται τὴν κάθοδον ψηφίσασθαί σοι, καὶ ὁ δῆμος
ἕτοιμός ἐστι νόμῳ κυρωθέντι λῦσαι τὴν ἀειφυγίαν. τί
οὖν ἔτι κωλύει σε τὰς ἡδίστας καὶ τιμιωτάτας ὄψεις
τῶν ἀναγκαιοτάτων σωμάτων ἀπολαβεῖν καὶ κεκομίσθαι
τὴν περιμάχητον πατρίδα ἄρχειν τε ὥσπερ σοι προσῆκεν
ἀρχόντων καὶ ἡγεῖσθαι ἡγεμόνων παισί τε καὶ ἐγγόνοις
μέγιστον αὔχημα καταλιπεῖν; τούτων μέντοι τῶν ὑποσχέσεων
ἡμεῖς ἐγγυηταὶ πασῶν ἐσμεν ὡς αὐτίκα μάλα
γενησομένων. νῦν μὲν γὰρ οὐχὶ καλῶς εἶχε ψηφίσασθαί
σοι τὴν βουλὴν ἢ τὸν δῆμον οὐθὲν ἐπιεικὲς ἢ μέτριον,
ἕως ἀντιπαρεστρατοπέδευκας ἡμῖν καὶ τὰ πολεμίων ἔργα
δρᾷς· εἰ δ´ ἀποσταίης τῶν ὅπλων, ἥξει σοι τὸ περὶ
τῆς καθόδου ψήφισμα φερόμενον ὑφ´ ἡμῶν οὐκ εἰς μακράν.
| [8,25] Vous convient-il de décharger votre colère
sur tous les hommes, même sur ceux qui ne vous ont fait
aucune injustice ? Faut-il que leurs femmes et leurs enfants soient
enveloppés dans le même malheur? Faut-il que les dieux, les demi-dieux,
les génies, la ville de Rome et tout le pays de sa domination paient pour la
folie des tribuns ? Est il juste que tout ce qu'il y a de plus respectable et
de plus sacré ressente les effets de votre vengeance ? N'avez-vous pas
déjà assez puni tout le monde par d'horribles carnages, par la désolation
de tant de campagnes où vous avez tout mis à feu et à sang, par la
destruction d'un grand nombre de villes démolies jusqu'aux fondements ?
Votre fureur n'est-elle pas assouvie, après avoir fait cesser en tant
d'endroits nos fêtes, nos sacrifices, et le culte des dieux et des génies?
N'êtes-vous donc pas encore content d'avoir contraint plusieurs villes
d'interrompre le culte divin et les cérémonies ordinaires de la religion ?
Pour moi je crois qu'il est indigne d'un homme qui aime un peu la vertu,
de confondre ses amis avec ses ennemis, d'être implacable dans sa
colère, de poursuivre à toute outrance ceux qui ont commis quelque faute
envers lui, surtout après qu'il leur en a fait faire une rude pénitence, et
qu'il s'en est vengé par toutes sortes de moyens. Voila ce que j'avais
à vous dire, et pour notre défense, et pour fléchir votre colère, et pour
vous engager à pardonner au peuple.
VIII. Voici maintenant les avertissements que les patriciens nous ont
chargés de vous donner par pure amitié pour vous, voici les promesses
avantageuses qu'ils vous font {par l'organe de vos plus illustres amis}, si
vous rentrez en grâce avec votre patrie. Pendant que vous avez la force à
la main et que les dieux favorisent vos entreprises, nous vous conseillons
de garder quelque mesure. Usez de votre bonne fortune avec modération
et retenue : souvenez-vous que tout est sujet au changement; qu'il n'y a
rien de stable dans cette vie ; que les choses ne demeurent pas toujours
dans le même état; que les dieux haïssent tout ce qui est trop élevé, qu'ils
le font retomber dans le néant dès qu'il est parvenu au plus haut point, et
que c'est ce qui arrive principalement à ces hommes fiers et superbes qui
passent les bornes prescrites par la nature.
« IX. Il ne tient qu'à vous de terminer aujourd'hui la guerre avec
honneur : l'occasion est des plus favorables. Le sénat est disposé à vous
rappeler, et le peuple est tout prêt à faire une nouvelle ordonnance pour
révoquer la sentence de bannissement portée contre vous. Qu'est-ce
donc qui vous empêche de jouir de l'agréable présence de vos parents et
de vos amis ; de rentrer dans le sein de votre chère patrie que vous avez
tant de fois défendue les armes à la main, de commander, comme vous le
méritez, aux magistrats mêmes, de primer parmi les généraux d'armée ;
de conduire ceux qui conduisent les autres ; de laisser à vos enfants et à
toute votre postérité une gloire immortelle? Nous sommes garants de
toutes les promesses que nous vous faisons aujourd'hui, et nous vous
assurons que vous en verrez bientôt l'exécution. A présent il ne convient
pas que le sénat ou le peuple vous décerne des honneurs, tandis que
vous commandez l'armée de nos ennemis et que vous faites des actes
d'hostilité : mais si vous mettez bas les armes, dans peu nous
rapporterons un arrêt du sénat qui ordonnera votre rappel.
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