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[103] Εἰ δὴ οὖν τούτων οὐδὲ ἓν θεὸς εἶναι νομίζεται οὐδὲ μὴν ἐκείνων
τῶν χειροκμήτων καὶ ἀναισθήτων πλασμάτων, πρόνοια δέ τις περὶ ἡμᾶς
καταφαίνεται δυνάμεως θεϊκῆς, λείπεται οὐδὲν ἄλλο ἢ τοῦτο ὁμολογεῖν, ὅτι
ἄρα ὄντως μόνος ἔστι τε καὶ ὑφέστηκεν ὁ μόνος ὄντως ὑπάρχων θεός.
Ἀλλὰ γὰρ μανδραγόραν ἤ τι ἄλλο φάρμακον πεπωκόσιν ἀνθρώποις
(10.103.2) ἐοίκατε οἱ ἀνόητοι·
θεὸς δὲ ὑμῖν ἀνανῆψαι δοίη ποτὲ τοῦδε τοῦ ὕπνου καὶ συνιέναι θεὸν
μηδὲ χρυσὸν ἢ λίθον ἢ δένδρον ἢ πρᾶξιν ἢ πάθος ἢ νόσον ἢ φόβον
ἰνδάλλεσθαι ὡς θεόν. "Τρὶς γὰρ μύριοί εἰσιν" ὡς ἀληθῶς "ἐπὶ χθονὶ
πουλυβοτείρῃ δαίμονες" οὐκ "ἀθάνατοι" οὐδὲ μὴν θνητοί (οὐδὲ γὰρ
αἰσθήσεως, ἵνα καὶ θανάτου, μετειλήφασιν), λίθινοι δὲ καὶ ξύλινοι δεσπόται
ἀνθρώπων, ὑβρίζοντες καὶ παρασπον (10.103.3) δοῦντες τὸν βίον διὰ τῆς
συνηθείας. "Ἡ γῆ δὲ τοῦ κυρίου," φησί, "καὶ τὸ πλήρωμα αὐτῆς"·
εἶτα τί τολμᾷς ἐν τοῖς τοῦ κυρίου τρυφῶν ἀγνοεῖν τὸν δεσπότην;
Κατάλειπε τὴν γῆν τὴν ἐμήν, ἐρεῖ σοι ὁ κύριος, μὴ θίγῃς τοῦ ὕδατος ὃ ἐγὼ
ἀναδίδωμι, τῶν καρπῶν ὧν ἐγὼ γεωργῶ, μὴ μεταλάμβανε· ἀπόδος,
ἄνθρωπε, τὰ τροφεῖα τῷ θεῷ· ἐπίγνωθί σου τὸν δεσπότην· ἴδιον εἶ πλάσμα
τοῦ θεοῦ· τὸ δὲ οἰκεῖον αὐτοῦ πῶς ἂν ἐνδίκως ἀλλότριον γένοιτο; Τὸ γὰρ
ἀπηλλοτριωμένον (10.103.4) στερόμενον τῆς οἰκειότητος στέρεται τῆς
ἀληθείας. Ἦ γὰρ οὐχ ᾗ Νιόβη τρόπον τινά, μᾶλλον δὲ ἵνα μυστικώτερον
πρὸς ὑμᾶς ἀποφθέγξωμαι, γυναικὸς τῆς Ἑβραίας δίκην (Λὼτ ἐκάλουν
αὐτὴν οἱ παλαιοὶ) εἰς ἀναισθησίαν μετατρέπεσθε; Λελιθωμένην ταύτην
παρειλήφαμεν τὴν γυναῖκα διὰ τὸ Σοδόμων ἐρᾶν· Σοδομῖται δὲ οἱ ἄθεοι καὶ
οἱ πρὸς τὴν ἀσέβειαν ἐπιστρεφόμενοι σκληροκάρδιοί τε καὶ ἠλίθιοι.
| [103] Par conséquent, si aucune de ces appellations mensongères,
si nul de ces simulacres dressés par la main des hommes et dépourvus
de sentiment, n'est le Dieu véritable, s'il existe en nous-mêmes, le fait est
constant, je ne sais quel invincible préjugé de la puissance divine, il ne
nous reste plus qu'à confesser que le Dieu unique et véritable est le seul
qui soit et qui ait été. Fermer les yeux à cette vérité, c'est ressembler à
ceux qui ont bu de la mandragore ou quelque poison semblable.
Mais à vous, que Dieu vous accorde de revenir de votre sommeil et
de connaître le Dieu véritable. Ne prenez plus pour la Divinité l'or, la
pierre, le bois, l'action, la maladie, la passion et la crainte. Car la terre est
couverte de milliers de démons, qui ne sont ni immortels, ni mortels,
puisqu'ils ne participent pas plus à la vie qu'à la mort. Simulacres de bois
ou de pierre, que les hommes vénèrent comme leurs maîtres légitimes, ils
déshonorent et souillent la vie de leurs adorateurs par une coutume
extravagante. « Mais la terre et tout ce qu'elle renferme, nous dit
l'Écriture, appartient au Seigneur. »
Pourquoi donc, en jouissant des bienfaits sacrés, avez-vous le
courage d'ignorer qu'elle est la main qui vous les envoie? Renonce à cette
terre qui est la mienne, vous criera le Seigneur. Interdis-toi cette eau que
ma bonté fait jaillir! Ne touche point à ces moissons que je cultive. ?
homme, restitue à Dieu les aliments qui te nourrissent, reconnais ton
Seigneur. Tu es l'œuvre particulière de ses mains. A quel titre une
créature sur laquelle il a des droits de propriété lui deviendrait-elle
étrangère? Le domaine aliéné, en perdant la propriété, perd en même
temps sa vérité. A vous voir ainsi privés de tout sentiment, ne dirait-on
pas que vous avez éprouvé le sort de la fabuleuse Niobé, ou, pour vous
parler un langage plus mystique, que vous ressemblez à celle que les
anciens appelaient l'épouse de Loth? Femme infortunée ! Les Écritures
nous apprennent qu'éprise d'amour pour Sodome, elle fut changée en
bloc de pierre. Mais qu'était-ce que les habitants de cette ville? des impies
qui ne connaissaient pas Dieu, des hommes durs de cœur, et pleins de
stupidité.
| [104] Ταύτας οἴου θεόθεν ἐπιλέγεσθαί σοι τὰς φωνάς· "μὴ γὰρ οἴου
λίθους μὲν εἶναι ἱερὰ καὶ ξύλα καὶ ὄρνεα καὶ ὄφεις, ἀνθρώπους δὲ μή"·
πολὺ δὲ τοὐναντίον ἱεροὺς μὲν ὄντως τοὺς ἀνθρώπους ὑπολαμβάνετε, τὰ
δὲ θηρία καὶ τοὺς (10.104.2) λίθους ὅπερ εἰσίν. Οἱ γάρ τοι δείλαιοι τῶν
ἀνθρώπων καὶ ἄθλιοι διὰ μὲν κόρακος καὶ κολοιοῦ νομίζουσι τὸν θεὸν
ἐμβοᾶν, διὰ δὲ ἀνθρώπου σιωπᾶν, καὶ τὸν μὲν κόρακα τετιμήκασιν ὡς
ἄγγελον θεοῦ, τὸν δὲ ἄνθρωπον τοῦ θεοῦ διώκουσιν, οὐ κρῴζοντα, οὐ
κλώζοντα, φθεγγόμενον δέ, οἶμαι, λογικῶς καὶ φιλανθρώπως κατηχοῦντα
ἀποσφάττειν ἀπανθρώπως ἐπιχειροῦσιν, ἐπὶ τὴν δικαιοσύνην καλοῦντα,
οὔτε τὴν χάριν τὴν ἄνωθεν ἀπεκδεχόμενοι οὔτε τὴν κόλασιν ἐκτρεπόμενοι.
(10.104.3) Οὐ γὰρ πιστεύουσι τῷ θεῷ οὐδὲ ἐκμανθάνουσι τὴν δύναμιν
αὐτοῦ. Οὗ δὲ ἄρρητος ἡ φιλανθρωπία, τούτου ἀχώρητος ἡ μισοπονηρία.
Τρέφει δὲ ὁ μὲν θυμὸς τὴν κόλασιν ἐπὶ ἁμαρτίᾳ, εὖ ποιεῖ δὲ ἐπὶ μετανοίᾳ ἡ
φιλανθρωπία. Οἰκτρότατον δὲ (10.104.4) τὸ στέρεσθαι τῆς παρὰ τοῦ θεοῦ
ἐπικουρίας. Ὀμμάτων μὲν οὖν ἡ πήρωσις καὶ τῆς ἀκοῆς ἡ κώφωσις
ἀλγεινοτέρα παρὰ τὰς λοιπὰς τοῦ πονηροῦ πλεονεξίας· ἣ μὲν γὰρ αὐτῶν
ἀφῄρηται τῆς οὐρανίου προσόψεως, ἣ δὲ τῆς θείας μαθήσεως ἐστέρηται.
| [104] Imaginez-vous que Dieu vous adresse ces paroles : Ne
regardez pas la pierre, le bois, les oiseaux, les serpents, comme des
objets plus sacrés que les hommes. Loin de là, tenez les hommes pour
véritablement sacrés ; n'estimez les bêtes que ce qu'elles sont. Les
hommes, en effet, dans le lâche aveuglement de leurs pensées, croient
que Dieu promulgue ses oracles par la voix d'un corbeau ou d'un geai,
mais qu'il garde le silence par la bouche de l'homme. Dès lors ils rendent
les honneurs divins à un misérable oiseau qu'ils transforment en
interprète et en messager de Dieu ; mais l'homme, créature de Dieu,
l'homme qui, bien qu'il ne glousse ni ne croasse, fait au moins entendre le
langage de la raison; l'homme, qui les instruit avec miséricorde, et les
pousse à la pratique de là justice, ils le poursuivent en barbares; ils
s'efforcent de l'immoler, sans être retenus ni par l'espérance des bienfaits
célestes, ni par la crainte des châtiments. Pourquoi tant d'humanité ? Ils
n'ont pas foi en Dieu, pas plus qu'ils ne comprennent sa puissance.
Quelle est la grandeur de l'amour de Dieu pour les hommes ? quelle
est l'intensité de sa haine pour le crime? les paroles humaines ne
sauraient l'exprimer. De même que la colère alimente le supplice du
pécheur, la miséricorde comble de bienfaits ceux qui font pénitence. Mais
être abandonné de l'assistance de Dieu, c'est de tous les malheurs le
malheur le plus terrible. De là vient que parmi les envahissements de
l'esprit malin, il n'en est pas de plus formidable pour nous que la cécité,
qui ferme nos yeux à la contemplation du ciel, et la surdité, qui nous rend
complètement inhabiles à entendre les divins enseignements.
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