|
[101] Καθάπερ οὖν κάρῳ καὶ μέθῃ βεβαρημένοι ἀνανήψατε καὶ
διαβλέψαντες ὀλίγον ἐννοήθητε, τί θέλουσιν ὑμῖν οἱ προσκυνούμενοι λίθοι
καὶ ἃ περὶ τὴν ὕλην κενοσπούδως δαπανᾶτε· εἰς ἄγνοιαν {καὶ} τὰ χρήματα
καὶ τὸν βίον ὡς τὸ ζῆν ὑμῶν εἰς θάνατον καταναλίσκετε, τοῦτο μόνον τῆς
ματαίας ὑμῶν ἐλπίδος εὑρόμενοι τὸ πέρας, οὐδὲ αὑτοὺς οἷοί τε ὄντες
οἰκτεῖραι, ἀλλ' οὐδὲ τοῖς κατελεῶσιν ὑμᾶς τῆς πλάνης ἐπιτήδειοι πείθεσθαι
γίνεσθε, συνηθείᾳ κακῇ δεδου λωμένοι, ἧς ἀπηρτημένοι αὐθαίρετοι μέχρι
τῆς ἐσχάτης (10.101.2) ἀναπνοῆς εἰς ἀπώλειαν ὑποφέρεσθε· "ὅτι τὸ φῶς
ἐλήλυθεν εἰς τὸν κόσμον καὶ ἠγάπησαν οἱ ἄνθρωποι μᾶλλον τὸ σκότος ἢ
τὸ φῶς," ἐξὸν ἀπομάξασθαι τὰ ἐμποδὼν τῇ σωτηρίᾳ καὶ τὸν τῦφον καὶ τὸν
πλοῦτον καὶ τὸν φόβον, ἐπιφθεγγομένους τὸ ποιητικὸν δὴ τοῦτο·
πῇ δὴ χρήματα πολλὰ φέρω τάδε; Πῇ δὲ καὶ αὐτὸς
πλάζομαι;
(10.101.3) Οὐ βούλεσθε οὖν τὰς φαντασίας ταύτας κενὰς ἀπορρί
ψαντες τῇ συνηθείᾳ αὐτῇ ἀποτάξασθαι, κενοδοξίᾳ ἐπιλέγοντες·
ψευδεῖς ὄνειροι χαίρετ', οὐδὲν ἦτ' ἄρα;
| [101] Revenez donc enfin à vous-mêmes, comme l'on revient de
l'engourdissement de l'ivresse et du sommeil. Si peu que vous ouvriez les
yeux, reconnaissez quel fruit il vous revient de ces pierres devant
lesquelles vous vous courbez, et des dépenses que vous consacrez
stérilement au culte de la matière. Vous jetez à pleines mains vos
richesses dans le gouffre de l'ignorance, de même que vous précipitez
votre vie dans la mort, dernier abîme où s'engloutit votre chimérique
espoir. Mais hélas ! telle est la force de l'habitude qui vous tyrannise, que
vous ne savez ni prendre pitié de vous-mêmes, ni vous rendre aux
conseils de ceux que vos erreurs touchent de compassion. Entraînés par
la coutume, vous courez à une ruine volontaire jusqu'à votre dernier
moment. Pourquoi cette opiniâtreté? « C'est que la lumière est venue
dans le monde; mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la
lumière; » quand, pour les purifier de l'orgueil, des richesses et de la
crainte, il ne fallait que cette exclamation du poète:
« Où porté-je tous ces trésors ? où m'égaré-je moi-même ? »
Si donc après avoir répudié les fictions extravagantes, vous avez
fermement résolu de vous affranchir aussi du joug de l'habitude, dites à la
vaine opinion :
« Songes et fantômes, adieu! vous n'étiez que des chimères ! »
| [102] Τί γὰρ ἡγεῖσθε, ὦ ἄνθρωποι, τὸν Τύχωνα Ἑρμῆν καὶ τὸν
Ἀνδοκίδου καὶ τὸν Ἀμύητον; Ἦ παντί τῳ δῆλονὅτι λίθους, ὥσπερ καὶ τὸν
Ἑρμῆν. Ὡς δὲ οὐκ ἔστι θεὸς ἡ ἅλως καὶ ὡς οὐκ ἔστι θεὸς ἡ ἶρις, ἀλλὰ πάθη
ἀέρων καὶ νεφῶν, καὶ ὃν τρόπον οὐκ ἔστιν ἡμέρα θεός, οὐδὲ μὴν οὐδὲ
ἐνιαυτὸς οὐδὲ χρόνος ὁ ἐκ τούτων συμπληρούμενος, οὕτως οὐδὲ ἥλιος
οὐδὲ σελήνη, οἷς ἕκαστον τῶν προειρημένων (10.102.2) διορίζεται. Τίς ἂν
οὖν τὴν εὔθυναν καὶ τὴν κόλασιν καὶ τὴν δίκην καὶ τὴν νέμεσιν εὖ φρονῶν
ὑπολάβοι θεούς; Οὐδὲ γὰρ οὐδ' ἐρινῦς οὐδὲ μοῖραι οὐδὲ εἱμαρμένη, ἐπεὶ
μηδὲ πολιτεία μηδὲ δόξα μηδὲ πλοῦτος θεοί, ὃν καὶ ζωγράφοι τυφλὸν
(10.102.3) ἐπιδεικνύουσιν· εἰ δὲ αἰδῶ καὶ ἔρωτα καὶ ἀφροδίτην ἐκθειάζετε,
ἀκολουθούντων αὐτοῖς αἰσχύνη καὶ ὁρμὴ καὶ κάλλος καὶ συνουσία.
Οὔκουν ἔτ' ἂν εἰκότως ὕπνος καὶ θάνατος θεὼ διδυμάονε παρ' ὑμῖν
νομίζοιντο, πάθη ταῦτα περὶ τὰ ζῷα συμβαίνοντα φυσικῶς· οὐδὲ μὴν κῆρα
οὐδὲ (10.102.4) εἱμαρμένην οὐδὲ μοίρας θεὰς ἐνδίκως ἐρεῖτε. Εἰ δὲ ἔρις καὶ
μάχη οὐ θεοί, οὐδὲ Ἄρης οὐδὲ Ἐνυώ. Ἔτι τε <εἰ> αἱ ἀστραπαὶ καὶ οἱ
κεραυνοὶ καὶ οἱ ὄμβροι οὐ θεοί, πῶς τὸ πῦρ καὶ τὸ ὕδωρ θεοί; Πῶς δὲ καὶ
οἱ διᾴσσοντες καὶ οἱ κομῆται διὰ πάθος ἀέρος γεγενημένοι; Ὁ δὲ τὴν τύχην
θεὸν λέγων καὶ τὴν πρᾶξιν λεγέτω θεόν.
| [102] En effet, ô hommes ! pourquoi vous imaginer que Typhon est
Mercure, Andocide et Amyet? N'est-il pas visible aux yeux de tous que ce
sont autant de pierres comme Mercure lui-même? Si l'arc-en-ciel et le
cercle qui environne la lune ne sont plus des dieux, mais de simples
phénomènes produits par l'air ou par les nuages ; si vous effacez aussi de
ce nombre le jour, le mois, l'année, le temps qui se forme de ces diverses
périodes, il s'ensuivra que le soleil et la lune, dont le cours mesure les
intervalles mentionnés tout à l'heure, ne sont pas davantage des dieux.
Quel homme, s'il n'a l'esprit aliéné, inscrira parmi les dieux le jugement, le
supplice, la vengeance? Plus de Furies! plus de Parques ! plus de Destin,
puisque la république, la gloire et Plutus, que les peintres représentent
aveugle, descendent de l'Olympe. La Honte, l'Amour, et Vénus des dieux !
Mais à ce titre il faut aussi que la turpitude, l'amour, la beauté, le
commerce de la chair, montent au même rang. Vous ne prostituerez plus
maintenant le nom de Dieu au sommeil et à la mort, ces deux frères
jumeaux, dans le langage de vos poètes, puisqu'ils ne sont que des
accidents naturels à tous les animaux. Laissez là votre Fortune, votre
Sort, vos Parques! Si la Dispute et le Combat ne sont plus des dieux, il
faut également refuser ce titre à Mars et à Enyo. Si les éclairs, les
foudres, et les nuages ont perdu la qualification divine, pourquoi la
conserver au feu, à l'eau, aux étoiles errantes ou comètes qui sont
engendrées par une certaine disposition de l'air ? que celui qui fait de la
fortune une déesse, en fasse une aussi de l'action !
| | |