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[5] Τοῦτό τοι καὶ τὸ πᾶν ἐκόσμησεν ἐμμελῶς καὶ τῶν στοιχείων τὴν
διαφωνίαν εἰς τάξιν ἐνέτεινε συμφωνίας, ἵνα δὴ ὅλος ὁ κόσμος αὐτῷ
ἁρμονία γένηται. Καὶ θάλατταν μὲν ἀνῆκεν λελυμένην, γῆς δὲ ἐπιβαίνειν
κεκώλυκεν αὐτήν, γῆν δ' ἔμπαλιν ἐστερέωσεν φερομένην καὶ ὅρον αὐτὴν
ἔπηξεν θαλάττης· ναὶ μὴν καὶ πυρὸς ὁρμὴν ἐμάλαξεν ἀέρι, οἱονεὶ Δώριον
ἁρμονίαν κεράσας Λυδίῳ· καὶ τὴν ἀέρος ἀπηνῆ ψυχρότητα τῇ παραπλοκῇ
τοῦ πυρὸς ἐτιθάσευεν, τοὺς (1.5.2) νεάτους τῶν ὅλων φθόγγους τούτους
κιρνὰς ἐμμελῶς. Καὶ δὴ τὸ ᾆσμα τὸ ἀκήρατον, ἔρεισμα τῶν ὅλων καὶ
ἁρμονία τῶν πάντων, ἀπὸ τῶν μέσων ἐπὶ τὰ πέρατα καὶ ἀπὸ τῶν ἄκρων
ἐπὶ τὰ μέσα διαταθέν, ἡρμόσατο τόδε τὸ πᾶν, οὐ κατὰ τὴν Θρᾴκιον
μουσικήν, τὴν παραπλήσιον Ἰουβάλ, κατὰ δὲ τὴν πάτριον τοῦ θεοῦ
βούλησιν, ἣν ἐζήλωσε Δαβίδ. (1.5.3) Ὁ δὲ ἐκ Δαβὶδ καὶ πρὸ αὐτοῦ, ὁ τοῦ
θεοῦ λόγος, λύραν μὲν καὶ κιθάραν, τὰ ἄψυχα ὄργανα, ὑπεριδών, κόσμον
δὲ τόνδε καὶ δὴ καὶ τὸν σμικρὸν κόσμον, τὸν ἄνθρωπον, ψυχήν τε καὶ
σῶμα αὐτοῦ, ἁγίῳ πνεύματι ἁρμοσάμενος, ψάλλει τῷ θεῷ διὰ τοῦ
πολυφώνου ὀργάνου καὶ προσᾴδει τῷ ὀργάνῳ τῷ ἀνθρώπῳ. "Σὺ γὰρ εἶ
κιθάρα καὶ αὐλὸς καὶ ναὸς ἐμοί·" κιθάρα διὰ τὴν ἁρμονίαν, αὐλὸς διὰ τὸ
πνεῦμα, ναὸς διὰ τὸν λόγον, ἵν' ἣ μὲν κρέκῃ, τὸ δὲ ἐμπνέῃ, ὃ δὲ χωρήσῃ
τὸν (1.5.4) κύριον. Ναὶ μὴν ὁ Δαβὶδ ὁ βασιλεύς, ὁ κιθαριστής, οὗ μικρῷ
πρόσθεν ἐμνήσθημεν, προὔτρεπεν ὡς τὴν ἀλήθειαν, ἀπέτρεπε δὲ
εἰδώλων, πολλοῦ γε ἔδει ὑμνεῖν αὐτὸν τοὺς δαίμονας ἀληθεῖ πρὸς αὐτοῦ
διωκομένους μουσικῇ, ᾗ τοῦ Σαοὺλ ἐνεργουμένου ἐκεῖνος ᾄδων μόνον
αὐτὸν ἰάσατο.
Καλὸν ὁ κύριος ὄργανον ἔμπνουν τὸν ἄνθρωπον ἐξειργάσατο κατ'
εἰκόνα τὴν ἑαυτοῦ· ἀμέλει καὶ αὐτὸς ὄργανόν ἐστι τοῦ θεοῦ παναρμόνιον,
ἐμμελὲς καὶ ἅγιον, σοφία ὑπερκόσμιος, οὐράνιος λόγος.
| [5] N'est-ce pas le Verbe, ce chantre des cieux, qui a mis ce bel
ordre, ce bel ensemble dans l'univers, qui a enseigné aux éléments en
désaccord à former un concert admirable, de sorte que ce monde est tout
harmonie ? Il a déchaîné les flots de l'océan et leur a défendu d'envahir la
terre. Celle-ci flottait au hasard comme un navire, il l'a fixée au milieu des
eaux, jetées autour d'elle comme un rempart. Ainsi que le musicien qui
sait adoucir les modes doriens par ceux de la Lydie, il a tempéré la
violence du feu par le contact de l'air, et l'âpre rigueur du froid par l'étroite
alliance du feu ; il a lié, il a tempéré les unes par les autres toutes les
parties du monde, comme en musique, les derniers tons se fondent avec
les premiers, par une gradation merveilleuse. Vous retrouvez dans
l'univers le parfait ensemble de ce chant immortel qu'a fait entendre le
Verbe, de ce concert divin où tout se tient, s'harmonise, se répond, la fin
avec le milieu, le milieu avec le commencement. Ce ne sont plus les
accords du chantre de Thrace, semblables à ceux dont Ioubal fut
l'inventeur, mais les accents qu'imitait David, et qu'inspirait le Dieu qui fit
le monde. Le Verbe de Dieu, né de David, bien qu'il fût avant lui, a rejeté
la harpe, la lyre tous les instruments inanimés. Mais accordant avec
l'Esprit saint et le monde, et l'homme qui est à lui seul un monde mettant
en harmonie son corps et son âme avec ce même esprit, il a fait une lyre
vivante, un instrument à plusieurs voix pour célébrer le Dieu créateur ; il
chante, et l'homme principale voix du concert, lui répond. Car c'est de lui
qu'est dit : « Vous êtes tout à la fois ma lyre, ma flûte, mon temple ; » lyre,
par l'harmonie des accords ; flûte, par souffle de l'Esprit saint ; temple, par
la présence du Verbe. Celle-ci résonne, celle-là soupire, dans l'autre
habite le Seigneur. Aussi David, dont les mains royales touchaient la lyre,
exhortait l'homme à la vérité, et le détournait du culte des démons. Il ne
les chantait pas dans ces sublimes cantiques, lui qui les chassait par les
sons d'une lyre qui ne savait pas tromper, lui qui n'avait besoin que de
faire retentir ses cordes harmonieuses pour délivrer Saül de l'esprit malin
qui le torturait, et rendre la paix à son cœur.
L'homme, fait à l'image de Dieu, n'est pas le seul instrument animé,
merveilleux : il en est un autre plus saint, plus complet, sans la moindre
discordance; c'est la sagesse souveraine, c'est le Verbe de Dieu
descendu du ciel.
| [6] Τί δὴ οὖν τὸ ὄργανον, ὁ τοῦ θεοῦ λόγος, ὁ κύριος, καὶ τὸ ᾆσμα τὸ
καινὸν βούλεται; Ὀφθαλμοὺς ἀναπετάσαι τυφλῶν καὶ ὦτα ἀνοῖξαι κωφῶν
καὶ σκάζοντας τὼ πόδε ἢ πλανωμένους εἰς δικαιοσύνην χειραγωγῆσαι,
θεὸν ἀνθρώποις ἀφραίνουσιν ἐπιδεῖξαι, παῦσαι φθοράν, νικῆσαι θάνατον,
(1.6.2) υἱοὺς ἀπειθεῖς διαλλάξαι πατρί. Φιλάνθρωπον τὸ ὄργανον τοῦ
θεοῦ· ὁ κύριος ἐλεεῖ, παιδεύει, προτρέπει, νουθετεῖ, σῴζει, φυλάττει καὶ
μισθὸν ἡμῖν τῆς μαθήσεως ἐκ περιου σίας βασιλείαν οὐρανῶν
ἐπαγγέλλεται, τοῦτο μόνον ἀπο λαύων ἡμῶν, ὃ σῳζόμεθα. Κακία μὲν γὰρ
τὴν ἀνθρώπων ἐπιβόσκεται φθοράν, ἡ δὲ ἀλήθεια, ὥσπερ ἡ μέλιττα λυμαι
νομένη τῶν ὄντων οὐδέν, ἐπὶ μόνης τῆς ἀνθρώπων ἀγάλλεται (1.6.3)
σωτηρίας. Ἔχεις οὖν τὴν ἐπαγγελίαν, ἔχεις τὴν φιλανθρω πίαν· τῆς χάριτος
μεταλάμβανε.
Καί μου τὸ ᾆσμα τὸ σωτήριον μὴ καινὸν οὕτως ὑπολάβῃς ὡς σκεῦος
ἢ ὡς οἰκίαν· "πρὸ ἑωσφόρου" γὰρ ἦν, καὶ "ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος καὶ ὁ λόγος
ἦν πρὸς τὸν θεὸν καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος". (1.6.4) Παλαιὰ δὲ ἡ πλάνη, καινὸν
δὲ ἡ ἀλήθεια φαίνεται. Εἴτ' οὖν ἀρχαίους τοὺς Φρύγας διδάσκουσιν αἶγες
μυθικαί, εἴτε αὖ τοὺς Ἀρκάδας οἱ προσελήνους ἀναγράφοντες ποιηταί, εἴτε
μὴν αὖ τοὺς Αἰγυπτίους οἱ καὶ πρώτην ταύτην ἀναφῆναι τὴν γῆν θεούς τε
καὶ ἀνθρώπους ὀνειρώσσοντες· ἀλλ' οὐ πρό γε τοῦ κόσμου τοῦδε τούτων
οὐδὲ εἷς, πρὸ δὲ τῆς τοῦ κόσμου καταβολῆς ἡμεῖς, οἱ τῷ δεῖν ἔσεσθαι ἐν
αὐτῷ πρότερον γεγεννημένοι τῷ θεῷ, τοῦ θεοῦ λόγου τὰ λογικὰ πλάσματα
ἡμεῖς, δι' ὃν ἀρχαΐζομεν, ὅτι "ἐν ἀρχῇ ὁ λόγος (1.6.5) ἦν."
Ἀλλ' ὅτι μὲν ἦν ὁ λόγος ἄνωθεν, ἀρχὴ θεία τῶν πάντων ἦν τε καὶ
ἔστιν· ὅτι δὲ νῦν ὄνομα ἔλαβεν τὸ πάλαι καθωσιωμένον, δυνάμεως ἄξιον, ὁ
Χριστός, καινὸν ᾆσμά (1.7.1) μοι κέκληται.
| [6] Que veut cette lyre, le Verbe divin, notre souverain maître? Quel
est le but de ces accords nouveaux? Rendre la vue aux aveugles, l'ouïe
aux sourds, redresser les boiteux, ramener dans les voies de la justice
ceux qui s'égarent, révéler Dieu à ceux qui l'ignorent, détruire la
corruption, dompter la mort, réconcilier avec leur père des enfants
rebelles. Cette lyre divine est tout amour pour l'homme : le Verbe a pitié
de lui, il l'exhorte, il le presse, il l'aiguillonne; il l'avertit de ses écarts, il le
protège contre ses ennemis, il le couvre de sa miséricorde; elle déborde
sur lui comme d'un vase; c'est peu de l'instruire, elle lui montre le ciel
comme récompense ; la sienne à lui c'est le bonheur de nous sauver,
l'esprit de mensonge se nourrit de nos larmes, se repaît de notre mort ;
mais la vérité comme l'innocente abeille, qui jamais ne flétrit la fleur sur
laquelle elle repose, se réjouit de notre salut. Vous voyez l'étendue de ses
promesses, vous connaissez la tendresse de son amour; venez donc à ce
Dieu, prenez part à ses faveurs, emparez-vous de la grâce.
Mais ce cantique, ce concert dont je vous parle, ne les croyez pas
nouveaux a la manière d'un vase qu'on façonne, d'un édifice qu'on élève.
Car ils étaient avant l'astre du jour. Au commencement était le Verbe, il
était en Dieu, et le Verbe était Dieu. C'est l'erreur qui est ancienne, dites-vous,
la vérité est nouvelle. Que des chèvres prophétiques fassent des
Phrygiens un peuple très ancien ; que les poètes donnent aux Arcadiens
une existence antérieure à la lune ; que les Égyptiens, à leur tour, nous
racontent leurs rêves et prétendent que leur terre a vu naître les hommes
et les dieux : toutefois aucun de ces peuples ne peut se vanter d'être
avant ce monde. Eh bien ! nous étions avant qu'il fût fait, notre future
existence était déjà déterminée; nous vivions dans la pensée de Dieu.
Nous sommes les êtres raisonnables sortis du Verbe divin, l'éternelle
raison ; nous tirons de lui notre origine. Par lui, nous sommes donc les
premiers de tous; car le Verbe était au commencement.
Il existait avant que les bases du monde fussent posées, dès lors il a
toujours été ce qu'il est, le principe fécond, la pensée divine de toutes
choses. Mais, comme il a voulu paraître sur la terre dans ces derniers
temps, sous le nom de Christ, ce nom si saint, si auguste qu'il avait reçu
dès les premiers jours, voilà pourquoi nous l'appelons le cantique
nouveau, la doctrine nouvelle.
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