[195] (195a) ταῦτα ἐδωρήσατο, οὐδεὶς εἴρηκεν. εἷς δὲ τρόπος ὀρθὸς παντὸς
ἐπαίνου περὶ παντός, λόγῳ διελθεῖν οἷος οἵων αἴτιος ὢν τυγχάνει περὶ οὗ ἂν ὁ
λόγος ᾖ. οὕτω δὴ τὸν Ἔρωτα καὶ ἡμᾶς δίκαιον ἐπαινέσαι πρῶτον αὐτὸν οἷός
ἐστιν, ἔπειτα τὰς δόσεις. φημὶ οὖν ἐγὼ πάντων θεῶν εὐδαιμόνων ὄντων Ἔρωτα,
εἰ θέμις καὶ ἀνεμέσητον εἰπεῖν, εὐδαιμονέστατον εἶναι αὐτῶν, κάλλιστον ὄντα
καὶ ἄριστον. ἔστι δὲ κάλλιστος ὢν τοιόσδε. πρῶτον μὲν νεώτατος θεῶν, ὦ Φαῖδρε.
μέγα (195b) δὲ τεκμήριον τῷ λόγῳ αὐτὸς παρέχεται, φεύγων φυγῇ τὸ γῆρας,
ταχὺ ὂν δῆλον ὅτι· θᾶττον γοῦν τοῦ δέοντος ἡμῖν προσέρχεται. ὃ δὴ πέφυκεν
Ἔρως μισεῖν καὶ οὐδ᾽ ἐντὸς πολλοῦ πλησιάζειν. μετὰ δὲ νέων ἀεὶ σύνεστί τε καὶ
ἔστιν· ὁ γὰρ παλαιὸς λόγος εὖ ἔχει, ὡς ὅμοιον ὁμοίῳ ἀεὶ πελάζει. ἐγὼ δὲ Φαίδρῳ
πολλὰ ἄλλα ὁμολογῶν τοῦτο οὐχ ὁμολογῶ, ὡς Ἔρως Κρόνου καὶ Ἰαπετοῦ
ἀρχαιότερός ἐστιν. ἀλλά (195c) φημὶ νεώτατον αὐτὸν εἶναι θεῶν καὶ ἀεὶ νέον, τὰ
δὲ παλαιὰ πράγματα περὶ θεούς, ἃ Ἡσίοδος καὶ Παρμενίδης λέγουσιν, Ἀνάγκῃ
καὶ οὐκ Ἔρωτι γεγονέναι, εἰ ἐκεῖνοι ἀληθῆ ἔλεγον· οὐ γὰρ ἂν ἐκτομαὶ οὐδὲ
δεσμοὶ ἀλλήλων ἐγίγνοντο καὶ ἄλλα πολλὰ καὶ βίαια, εἰ Ἔρως ἐν αὐτοῖς ἦν,
ἀλλὰ φιλία καὶ εἰρήνη, ὥσπερ νῦν, ἐξ οὗ Ἔρως τῶν θεῶν βασιλεύει. νέος μὲν οὖν
ἐστί, πρὸς δὲ τῷ νέῳ ἁπαλός· ποιητοῦ δ᾽ ἔστιν (195d) ἐνδεὴς οἷος ἦν Ὅμηρος,
πρὸς τὸ ἐπιδεῖξαι θεοῦ ἁπαλότητα. Ὅμηρος γὰρ Ἄτην θεόν τέ φησιν εἶναι καὶ
ἁπαλήν (τοὺς γοῦν πόδας αὐτῆς ἁπαλοὺς εἶναι) λέγων
- - - τῆς μένθ᾽ ἁπαλοὶ πόδες· οὐ γὰρ ἐπ᾽ οὔδεος
πίλναται, ἀλλ᾽ ἄρα ἥ γε κατ᾽ ἀνδρῶν κράατα βαίνει.
καλῷ οὖν δοκεῖ μοι τεκμηρίῳ τὴν ἁπλότητα ἀποφαίνειν, ὅτι οὐκ ἐπὶ σκληροῦ
βαίνει, ἀλλ᾽ ἐπὶ μαλθακοῦ. τῷ αὐτῷ (195e) δὴ καὶ ἡμεῖς χρησόμεθα τεκμηρίῳ
περὶ Ἔρωτα ὅτι ἁπαλός. οὐ γὰρ ἐπὶ γῆς βαίνει οὐδ᾽ ἐπὶ κρανίων, ἅ ἐστιν οὐ πάνυ
μαλακά, ἀλλ᾽ ἐν τοῖς μαλακωτάτοις τῶν ὄντων καὶ βαίνει καὶ οἰκεῖ. ἐν γὰρ ἤθεσι
καὶ ψυχαῖς θεῶν καὶ ἀνθρώπων τὴν οἴκησιν ἵδρυται· καὶ οὐκ αὖ ἑξῆς ἐν πάσαις
ταῖς ψυχαῖς, ἀλλ᾽ ᾗτινι ἂν σκληρὸν ἦθος ἐχούσῃ ἐντύχῃ, ἀπέρχεται, ᾗ δ᾽ ἂν
μαλακόν, οἰκίζεται. ἁπτόμενον οὖν ἀεὶ καὶ ποσὶν καὶ πάντῃ ἐν μαλακωτάτοις
τῶν μαλακωτάτων, ἁπαλώτατον ἀνάγκη
| [195] quant au caractère de sa nature, en vertu duquel il leur
en a fait présent, personne n'en a parlé. Or en fait
de louange, quel qu'en soit le sujet, il n'y a qu'une
méthode exacte, c'est d'expliquer la nature, puis les
bienfaits de celui dont il est question. Selon cette
méthode, il convient, pour louer Eros, de faire connaître
d'abord sa nature, puis les présents qu'il nous donne.
Or j'affirme que, parmi tous les dieux bienheureux,
Éros est, si l'on peut le dire sans blesser Némésis, le
plus heureux de tous, comme étant le plus beau et le
meilleur. C'est le plus beau, et voici pourquoi. D'abord
c'est le plus jeune des dieux, Phèdre; lui-même en
fournit une preuve convaincante par le fait qu'il
échappe à la vieillesse, qui est pourtant, on le sait, bien
rapide, car elle vient à nous plus vite qu'il ne faudrait;
or Eros a pour elle une horreur innée et n'en approche
même pas de loin. Jeune, il est toujours avec la jeunesse
et ne la quitte pas; car le vieux dicton a raison : Qui se
ressemble s'assemble. Aussi, d'accord avec Phèdre sur
beaucoup d'autres points, je ne puis lui accorder
celui-ci, qu'Éros est plus ancien que Cronos et que
Japet. Je soutiens, au contraire, que c'est le plus jeune
des dieux, qu'il est éternellement jeune, et que ces
vieilles querelles des dieux, dont parlent Hésiode et
Parménide, sont l'oeuvre de la Nécessité, et non d'Eros,
si tant est que ces écrivains aient dit la vérité; car ces
castrations, ces enchaînements mutuels et tant
d'autres violences ne seraient point arrivés si Eros eût
été parmi eux; au contraire, ils auraient vécu dans l'amitié et
dans la paix, comme aujourd'hui qu'Eros règne sur les dieux.
Éros est donc jeune. Il est aussi délicat; mais il
faudrait un Homère pour peindre la délicatesse de ce
dieu. Homère dit d'Atè qu'elle est déesse et délicate, ou
du moins que ses pieds sont délicats :
Elle a des pieds délicats, dit-il ; car elle ne touche point le
sol, mais elle marche sur les têtes des hommes.
C'est, ce me semble, donner une belle preuve de sa
délicatesse que de dire qu'elle ne marche pas sur ce qui
est dur, mais sur ce qui est mou. Nous appliquerons le
même argument à Eros pour montrer sa délicatesse : il
ne marche pas sur la terre, ni sur les têtes, point d'appui
qui n'est pas des plus mous ; mais il marche et habite
dans les choses les plus molles qui soient au monde ;
c'est en effet dans les coeurs et les âmes des dieux et des
hommes qu'il établit son séjour, et encore n'est-ce pas
dans toutes les âmes indistinctement; s'il en rencontre
qui soient d'un caractère dur, il s'en écarte, et n'habite
que celles qui sont douces. Or, puisqu'il touche toujours
de ses pieds et de tout son être les choses les plus
molles entre les plus molles, il faut bien qu'il soit doué
de la plus exquise délicatesse.
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