[488] ποῖόν τινα χρὴ εἶναι τὸν ἄνδρα καὶ τί (488a) ἐπιτηδεύειν καὶ μέχρι τοῦ, καὶ
πρεσβύτερον καὶ νεώτερον ὄντα. ἐγὼ γὰρ εἴ τι μὴ ὀρθῶς πράττω κατὰ τὸν βίον τὸν
ἐμαυτοῦ, εὖ ἴσθι τοῦτο ὅτι οὐχ ἑκὼν ἐξαμαρτάνω ἀλλ' ἀμαθίᾳ τῇ ἐμῇ· σὺ οὖν, ὥσπερ
ἤρξω νουθετεῖν με, μὴ ἀποστῇς, ἀλλ' ἱκανῶς μοι ἔνδειξαι τί ἔστιν τοῦτο ὃ ἐπιτηδευτέον
μοι, καὶ τίνα τρόπον κτησαίμην ἂν αὐτό, καὶ ἐάν με λάβῃς νῦν μέν σοι ὁμολογήσαντα, ἐν
δὲ τῷ ὑστέρῳ χρόνῳ μὴ ταὐτὰ πράττοντα ἅπερ ὡμολόγησα, πάνυ με ἡγοῦ βλᾶκα
εἶναι καὶ (488b) μηκέτι ποτέ με νουθετήσῃς ὕστερον, ὡς μηδενὸς ἄξιον ὄντα. ἐξ
ἀρχῆς δέ μοι ἐπανάλαβε πῶς φῂς τὸ δίκαιον ἔχειν καὶ σὺ καὶ Πίνδαρος τὸ κατὰ
φύσιν; ἄγειν βίᾳ τὸν κρείττω τὰ τῶν ἡττόνων καὶ ἄρχειν τὸν βελτίω τῶν
χειρόνων καὶ πλέον ἔχειν τὸν ἀμείνω τοῦ φαυλοτέρου; μή τι ἄλλο λέγεις τὸ
δίκαιον εἶναι, ἢ ὀρθῶς μέμνημαι;
(Καλλίκλης) ἀλλὰ ταῦτα ἔλεγον καὶ τότε καὶ νῦν λέγω.
(Σωκράτης)
πότερον δὲ τὸν αὐτὸν βελτίω καλεῖς σὺ καὶ κρείττω; (488c) οὐδὲ γάρ τοι τότε οἷός
τ' ἦ μαθεῖν σου τί ποτε λέγοις. πότερον τοὺς ἰσχυροτέρους κρείττους καλεῖς καὶ
δεῖ ἀκροᾶσθαι τοῦ ἰσχυροτέρου τοὺς ἀσθενεστέρους, οἷόν μοι δοκεῖς καὶ τότε
ἐνδείκνυσθαι, ὡς αἱ μεγάλαι πόλεις ἐπὶ τὰς σμικρὰς κατὰ τὸ φύσει δίκαιον
ἔρχονται, ὅτι κρείττους εἰσὶν καὶ ἰσχυρότεραι, ὡς τὸ κρεῖττον καὶ τὸ ἰσχυρότερον
καὶ βέλτιον ταὐτὸν ὄν, ἢ ἔστι βελτίω μὲν εἶναι, ἥττω δὲ καὶ ἀσθενέστερον, καὶ
κρείττω μὲν εἶναι, μοχθηρότερον δέ· ἢ ὁ αὐτὸς (488d) ὅρος ἐστὶν τοῦ βελτίονος
καὶ τοῦ κρείττονος; τοῦτό μοι αὐτὸ σαφῶς διόρισον, ταὐτὸν ἢ ἕτερόν ἐστιν τὸ
κρεῖττον καὶ τὸ βέλτιον καὶ τὸ ἰσχυρότερον;
(Καλλίκλης) ἀλλ' ἐγώ σοι σαφῶς λέγω, ὅτι ταὐτόν ἐστιν.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν οἱ πολλοὶ τοῦ ἑνὸς κρείττους εἰσὶν κατὰ φύσιν; οἳ δὴ καὶ τοὺς νόμους
τίθενται ἐπὶ τῷ ἑνί, ὥσπερ καὶ σὺ ἄρτι ἔλεγες.
(Καλλίκλης) πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης) τὰ τῶν πολλῶν ἄρα νόμιμα τὰ τῶν κρειττόνων ἐστίν.
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(488e) (Σωκράτης)
οὐκοῦν τὰ τῶν βελτιόνων; οἱ γὰρ κρείττους βελτίους πολὺ κατὰ τὸν σὸν λόγον.
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν τὰ τούτων νόμιμα κατὰ φύσιν καλά, κρειττόνων γε ὄντων;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) ἆρ' οὖν οἱ πολλοὶ νομίζουσιν οὕτως, ὡς ἄρτι αὖ σὺ ἔλεγες,
δίκαιον εἶναι τὸ ἴσον ἔχειν
| [488] ce que l'homme doit être, à quoi il doit s'appliquer, et jusqu'à
quel point, soit dans la vieillesse, soit dans la jeunesse. Quant à moi,
si le genre de vie que je mène est répréhensible à quelques
égards, sois persuadé que la faute n'est pas volontaire
de ma part, et que l'ignorance seule en est cause. Ne
renonce donc pas à me donner des avis, comme tu as
si bien commencé; mais explique-moi à fond quel
genre de vie je dois embrasser, et comment je m'y
prendrai pour l'exercer; et si après que la chose aura
été arrêtée entre nous, tu découvres dans la suite que
je ne suis pas fidèle à mes conventions, tiens-moi pour
un homme sans coeur, et désormais ne me fais plus
part de tes conseils, comme en étant absolument indigne.
Expose-moi donc de nouveau, je te prie, ce que
vous entendez, toi et Pindare, par le juste suivant l'ordre
de la nature ; c'est, dis-tu, le droit qu'aurait le plus
puissant de s'emparer de ce qui appartient au plus
faible, le meilleur de commander au moins bon, et
celui qui vaut davantage d'avoir plus que celui qui
vaut moins? As-tu quelque autre idée du juste? ou ma
mémoire est-elle fidèle?
XLIII. — CALLICLÈS. C'est ce que j'ai dit alors, et
ce que je dis encore. —SOCRATE. Est-ce le même homme
que tu appelles meilleur et plus puissant? car je t'avoue
que je n'ai pu comprendre ce que tu voulais dire; ni si,
par les plus puissants, tu entendais les plus forts, et s'il
faut que les plus faibles soient soumis aux plus forts,
comme tu l'as, ce me semble, insinué, en disant que
les grands Etats attaquent les petits en vertu du droit .
de nature, parce qu'ils sont plus puissants et plus forts;
ce qui suppose que plus puissant, plus fort et meilleur
sont la même chose. Ou peut-on être meilleur et en
même temps plus petit et plus faible ; plus puissant et
aussi plus méchant? ou le meilleur et le plus puissant
sont-ils compris sous la même définition? Distingue-moi
nettement si plus puissant, meilleur, et plus fort expriment
la même idée ou des idées différentes. — CALLICLÈS.
Je te déclare donc nettement que ces trois mots
expriment la même idée. — SOCRATE. Dans l'ordre de la
nature, la multitude n'est-elle pas plus puissante qu'un
seul? Cette même multitude qui, comme tu disais tout
à l'heure, fait des lois contre l'individu. — CALLICLÈS.
Sans contredit. — SOCRATE. Les lois du plus grand nombre
sont donc celles des plus puissants. — CALLICLÈS.
Assurément. — SOCRATE. Et par conséquent, des meilleurs
puisque, selon toi, les plus puissants sont aussi
les meilleurs de beaucoup. — CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE.
Leurs lois sont donc belles suivant la nature,
étant celles des plus puissants. — CALLICLÈS. J'en conviens.
— SOCRATE. Or, le grand nombre ne pense-t-il pas
que la justice consiste, ainsi que tu le disais il n'y a
qu'un moment, dans l'égalité,
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