[186] (186a) ἱκανῶς ἀπετέλεσε, δεῖν ἐμὲ
πειρᾶσθαι τέλος ἐπιθεῖναι τῷ λόγῳ. Τὸ μὲν γὰρ διπλοῦν εἶναι τὸν Ἔρωτα δοκεῖ
μοι καλῶς διελέσθαι. ὅτι δὲ οὐ μόνον ἐστὶν ἐπὶ ταῖς ψυχαῖς τῶν ἀνθρώπων πρὸς
τοὺς καλοὺς ἀλλὰ καὶ πρὸς ἄλλα πολλὰ καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις, τοῖς τε σώμασι τῶν
πάντων ζῴων καὶ τοῖς ἐν τῇ γῇ φυομένοις καὶ ὡς ἔπος εἰπεῖν ἐν πᾶσι τοῖς οὖσι,
καθεωρακέναι μοι δοκῶ ἐκ τῆς ἰατρικῆς, τῆς ἡμετέρας (186b) τέχνης, ὡς μέγας
καὶ θαυμαστὸς καὶ ἐπὶ πᾶν ὁ θεὸς τείνει καὶ κατ᾽ ἀνθρώπινα καὶ κατὰ θεῖα
πράγματα. ἄρξομαι δὲ ἀπὸ τῆς ἰατρικῆς λέγων, ἵνα καὶ πρεσβεύωμεν τὴν
τέχνην. ἡ γὰρ φύσις τῶν σωμάτων τὸν διπλοῦν Ἔρωτα τοῦτον ἔχει· τὸ γὰρ ὑγιὲς
τοῦ σώματος καὶ τὸ νοσοῦν ὁμολογουμένως ἕτερόν τε καὶ ἀνόμοιόν ἐστι· τὸ δὲ
ἀνόμοιον ἀνομοίων ἐπιθυμεῖ καὶ ἐρᾷ. ἄλλος μὲν οὖν ὁ ἐπὶ τῷ ὑγιεινῷ ἔρως,
ἄλλος δὲ ὁ ἐπὶ τῷ νοσώδει. ἔστι δή, ὥσπερ ἄρτι Παυσανίας ἔλεγεν τοῖς μὲν
ἀγαθοῖς καλὸν χαρίζεσθαι τῶν ἀνθρώπων, (186c) τοῖς δ᾽ ἀκολάστοις αἰσχρόν,
οὕτω καὶ ἐν αὐτοῖς τοῖς σώμασιν τοῖς μὲν ἀγαθοῖς ἑκάστου τοῦ σώματος καὶ
ὑγιεινοῖς καλὸν χαρίζεσθαι καὶ δεῖ, καὶ τοῦτό ἐστιν ᾧ ὄνομα τὸ ἰατρικόν, τοῖς δὲ
κακοῖς καὶ νοσώδεσιν αἰσχρόν τε καὶ δεῖ ἀχαριστεῖν, εἰ μέλλει τις τεχνικὸς εἶναι.
ἔστι γὰρ ἰατρική, ὡς ἐν κεφαλαίῳ εἰπεῖν, ἐπιστήμη τῶν τοῦ σώματος ἐρωτικῶν
πρὸς πλησμονὴν καὶ κένωσιν, καὶ ὁ διαγιγνώσκων ἐν τούτοις τὸν (186d) καλόν τε
καὶ αἰσχρὸν ἔρωτα, οὗτός ἐστιν ὁ ἰατρικώτατος, καὶ ὁ μεταβάλλειν ποιῶν, ὥστε
ἀντὶ τοῦ ἑτέρου ἔρωτος τὸν ἕτερον κτᾶσθαι, καὶ οἷς μὴ ἔνεστιν ἔρως, δεῖ δ᾽
ἐγγενέσθαι, ἐπιστάμενος ἐμποιῆσαι καὶ ἐνόντα ἐξελεῖν, ἀγαθὸς ἂν εἴη
δημιουργός. δεῖ γὰρ δὴ τὰ ἔχθιστα ὄντα ἐν τῷ σώματι φίλα οἷόν τ᾽ εἶναι ποιεῖν
καὶ ἐρᾷν ἀλλήλων. ἔστι δὲ ἔχθιστα τὰ ἐναντιώτατα, ψυχρὸν θερμῷ, πικρὸν
γλυκεῖ, ξηρὸν ὑγρῷ, (186e) πάντα τὰ τοιαῦτα· τούτοις ἐπιστηθεὶς ἔρωτα
ἐμποιῆσαι καὶ ὁμόνοιαν ὁ ἡμέτερος πρόγονος Ἀσκληπιός, ὥς φασιν οἵδε οἱ
ποιηταὶ καὶ ἐγὼ πείθομαι, συνέστησεν τὴν ἡμετέραν τέχνην. ἥ τε οὖν ἰατρική,
ὥσπερ λέγω, πᾶσα διὰ τοῦ θεοῦ τούτου
| [186] n'a pas développé suffisamment son sujet,
d'essayer de compléter son discours. J'approuve, en
effet, la distinction qu'il a faite des deux Eros, mais la
pratique de mon art, la médecine, m'a fait voir que ce
n'est pas seulement dans les âmes des hommes, à
l'égard des belles créatures, qu'Eros fait sentir sa puissance,
qu'il a beaucoup d'autres objets et règne aussi
sur les corps de tous les animaux, sur les plantes, en un
mot sur tous les êtres, et qu'Eros est réellement un
grand, un admirable dieu, qui étend son empire à
toutes les choses divines et humaines. Je parlerai
d'abord de la médecine, pour faire honneur à mon art.
La nature corporelle est soumise aux deux Éros ; car
ce qui est sain dans le corps et ce qui est malade sont, il
faut bien le reconnaître, des choses tout à fait différentes,
qui désirent et aiment des choses différentes.
L'amour qui règne dans une partie saine diffère donc de
celui qui règne dans une partie malade. Ainsi, de même
qu'il est beau, comme le disait tout à l'heure Pausanias,
d'accorder ses faveurs aux honnêtes gens, et honteux
aux débauchés, de même aussi, quand il s'agit du
corps, il est beau et même nécessaire de complaire à ce
qui est bon et sain dans chacun — et c'est précisément
cela qu'on appelle la médecine; mais il est honteux de
céder et il faut résister à ce qui est mauvais et maladif, si
l'on veut être un habile praticien. La médecine, en
effet, pour la définir d'un mot, est la science des
mouvements amoureux du corps relativement à la
réplétion et à la vacuité, et celui qui discerne dans ces
mouvements le bon et le mauvais amour est le médecin
le plus habile, et celui qui peut changer les dispositions
du corps au point de substituer un amour à
l'autre, et qui sait faire naître l'amour là où il n'est pas,
mais devrait être, ou l'ôter de là où il se trouve, est un
bon praticien. Un bon praticien, en effet, doit être
capable d'établir l'amitié et l'amour entre les éléments
les plus hostiles du corps. Or les éléments les plus
hostiles sont les éléments les plus contraires, le froid et
le chaud, l'amer et le doux, le sec et l'humide et les
autres analogues. C'est parce qu'il sut mettre l'amour et
la concorde entre ces éléments que notre ancêtre Asclépios,
au dire des poètes que je vois ici, et je les en crois, a fondé notre art.
La médecine est donc, comme je l'ai dit,
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