[394] (394a) ἵνα σῶς οἴκαδε ἔλθοι. ὁ δὲ πρεσβύτης ἀκούσας
ἔδεισέν τε καὶ ἀπῄει σιγῇ, ἀποχωρήσας δὲ ἐκ τοῦ στρατοπέδου πολλὰ τῷ
Ἀπόλλωνι ηὔχετο, τάς τε ἐπωνυμίας τοῦ θεοῦ ἀνακαλῶν καὶ
ὑπομιμνῄσκων καὶ ἀπαιτῶν, εἴ τι πώποτε ἢ ἐν ναῶν οἰκοδομήσεσιν ἢ ἐν
ἱερῶν θυσίαις κεχαρισμένον δωρήσαιτο· ὧν δὴ χάριν κατηύχετο τεῖσαι
τοὺς Ἀχαιοὺς τὰ ἃ δάκρυα τοῖς ἐκείνου βέλεσιν. οὕτως, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ
ἑταῖρε, ἄνευ (b) μιμήσεως ἁπλῆ διήγησις γίγνεται.
Μανθάνω, ἔφη.
Μάνθανε τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, ὅτι ταύτης αὖ ἐναντία γίγνεται, ὅταν τις
τὰ τοῦ ποιητοῦ τὰ μεταξὺ τῶν ῥήσεων ἐξαιρῶν τὰ ἀμοιβαῖα καταλείπῃ.
Καὶ τοῦτο, ἔφη, μανθάνω, ὅτι ἔστιν τὸ περὶ τὰς τραγῳδίας τοιοῦτον.
᾿Ορθότατα, ἔφην, ὑπέλαβες, καὶ οἶμαί σοι ἤδη δηλοῦν ὃ ἔμπροσθεν
οὐχ οἷός τ’ ἦ, ὅτι τῆς ποιήσεώς τε καὶ μυθο(c)λογίας ἡ μὲν διὰ μιμήσεως
ὅλη ἐστίν, ὥσπερ σὺ λέγεις, τραγῳδία τε καὶ κωμῳδία, ἡ δὲ δι’ ἀπαγγελίας
αὐτοῦ τοῦ ποιητοῦ : εὕροις δ’ ἂν αὐτὴν μάλιστά που ἐν διθυράμβοις : ἡ δ’
αὖ δι’ ἀμφοτέρων ἔν τε τῇ τῶν ἐπῶν ποιήσει, πολλαχοῦ δὲ καὶ ἄλλοθι, εἴ
μοι μανθάνεις.
Ἀλλὰ συνίημι, ἔφη, ὃ τότε ἐβούλου λέγειν.
Καὶ τὸ πρὸ τούτου δὴ ἀναμνήσθητι, ὅτι ἔφαμεν ἃ μὲν λεκτέον ἤδη
εἰρῆσθαι, ὡς δὲ λεκτέον ἔτι σκεπτέον εἶναι.
Ἀλλὰ μέμνημαι.
(d) Τοῦτο τοίνυν αὐτὸ ἦν ὃ ἔλεγον, ὅτι χρείη διομολογήσασθαι
πότερον ἐάσομεν τοὺς ποιητὰς μιμουμένους ἡμῖν τὰς διηγήσεις ποιεῖσθαι
ἢ τὰ μὲν μιμουμένους, τὰ δὲ μή, καὶ ὁποῖα ἑκάτερα, ἢ οὐδὲ μιμεῖσθαι.
Μαντεύομαι, ἔφη, σκοπεῖσθαί σε εἴτε παραδεξόμεθα τραγῳδίαν τε
καὶ κωμῳδίαν εἰς τὴν πόλιν, εἴτε καὶ οὔ.
῎Ισως, ἦν δ’ ἐγώ, ἴσως δὲ καὶ πλείω ἔτι τούτων· οὐ γὰρ δὴ ἔγωγέ πω
οἶδα, ἀλλ’ ὅπῃ ἂν ὁ λόγος ὥσπερ πνεῦμα φέρῃ, ταύτῃ ἰτέον.
Καὶ καλῶς γ’, ἔφη, λέγεις.
(e) Τόδε τοίνυν, ὦ Ἀδείμαντε, ἄθρει, πότερον μιμητικοὺς ἡμῖν δεῖ
εἶναι τοὺς φύλακας ἢ οὔ· ἢ καὶ τοῦτο τοῖς ἔμπροσθεν ἕπεται, ὅτι εἷς
ἕκαστος ἓν μὲν ἂν ἐπιτήδευμα καλῶς ἐπιτηδεύοι, πολλὰ δ’ οὔ, ἀλλ’ εἰ
τοῦτο ἐπιχειροῖ, πολλῶν ἐφαπτόμενος πάντων ἀποτυγχάνοι ἄν, ὥστ’
εἶναί που ἐλλόγιμος;
Τί δ’ οὐ μέλλει;
Οὐκοῦν καὶ περὶ μιμήσεως ὁ αὐτὸς λόγος, ὅτι πολλὰ ὁ αὐτὸς
μιμεῖσθαι εὖ ὥσπερ ἓν οὐ δυνατός;
Οὐ γὰρ οὖν.
| [394] s'il tenait à rentrer sain et sauf chez lui. Le vieillard, à ces
(394a) mots, fut pris de crainte et se retira en silence ; mais,
étant sorti du camp, il adressa à Apollon de nombreuses
prières, appelant ce dieu par tous ses noms, le conjurant
de se souvenir et de payer son prêtre de retour, si jamais
celui-ci, soit en construisant des temples, soit en
sacrifiant des victimes, l'avait honoré de présents
agréables; comme récompense, il lui demanda instamment de faire
expier aux Achéens, par ses flèches, les larmes qu'il versait. »
Voilà, camarade, un simple récit sans imitation.
(394b) Je comprends, dit-il.
Comprends aussi qu'il y a une espèce de récit opposée à
celle-là, lorsqu'on retranche ce que dit le poète entre les
discours et qu'on ne laisse que le dialogue.
Je comprends cela aussi, répondit-il ; c'est la forme propre à la tragédie.
Ta remarque est fort juste, repris-je, et je pense que
maintenant tu vois clairement ce que je ne pouvais
t'expliquer tout à l'heure, à savoir qu'il y a une première
(394c) sorte de poésie et de fiction entièrement imitative
qui comprend, comme tu l'as dit, la tragédie et la
comédie ; une deuxième où les faits sont rapportés par le
poète lui-même - tu la trouveras surtout dans les
dithyrambes - et enfin une troisième, formée de la
combinaison des deux précédentes, en usage dans
l'épopée et dans beaucoup d'autres genres. Tu me comprends ?
Oui, j'entends ce que tantôt tu voulais dire.
Rappelle-toi aussi qu'antérieurement à ceci nous disions
que nous avions traité du fond du discours, mais qu'il
nous restait à en examiner la forme.
Je me le rappelle.
(394d) Je disais donc précisément qu'il nous fallait décider
si nous permettrions aux poètes de composer des récits
purement imitatifs, ou d'imiter telle chose et non telle autre,
et lesquelles de part et d'autre, ou si nous leur interdirions l'imitation.
Je devine, dit-il, que tu examineras si nous devons
admettre ou non la tragédie et la comédie dans notre cité.
Peut-être, répondis-je, et peut-être plus que cela, car je ne
le sais pas encore ; mais par où la raison, comme un
souffle, nous porte, par là nous devons aller.
Voilà qui est bien dit.
(394e) Maintenant, Adimante, examine si nos gardiens
doivent être ou non des imitateurs. De ce que nous
avons dit plus haut ne suit-il pas que chacun ne peut
bellement exercer qu'un métier, non pas plusieurs, et que
celui qui tenterait de s'adonner à plusieurs échouerait en
tous, de manière à n'y point acquérir de réputation ?
Comment cela n'arriverait-il pas ?
Or, le raisonnement n'est-il pas le même concernant
l'imitation ? Le même homme peut-il imiter plusieurs
choses aussi bien qu'une seule ?
Non, assurément.
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