[393] τὸν δέ, ἐπειδὴ (393a) οὐκ ἐτύγχανεν, κατεύχεσθαι τῶν Ἀχαιῶν
πρὸς τὸν θεόν;
῎Εγωγε.
Οἶσθ’ οὖν ὅτι μέχρι μὲν τούτων τῶν ἐπῶν :
καὶ ἐλίσσετο πάντας Ἀχαιούς,
Ἀτρείδα δὲ μάλιστα δύω, κοσμήτορε λαῶν
λέγει τε αὐτὸς ὁ ποιητὴς καὶ οὐδὲ ἐπιχειρεῖ ἡμῶν τὴν διάνοιαν ἄλλοσε
τρέπειν ὡς ἄλλος τις ὁ λέγων ἢ αὐτός· τὰ δὲ μετὰ ταῦτα ὥσπερ αὐτὸς ὢν ὁ
Χρύσης λέγει καὶ πειρᾶται (b) ἡμᾶς ὅτι μάλιστα ποιῆσαι μὴ ῞Ομηρον
δοκεῖν εἶναι τὸν λέγοντα ἀλλὰ τὸν ἱερέα, πρεσβύτην ὄντα. καὶ τὴν ἄλλην
δὴ πᾶσαν σχεδόν τι οὕτω πεποίηται διήγησιν περί τε τῶν ἐν ᾿Ιλίῳ καὶ περὶ
τῶν ἐν ᾿Ιθάκῃ καὶ ὅλῃ ᾿Οδυσσείᾳ παθημάτων.
Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
Οὐκοῦν διήγησις μέν ἐστιν καὶ ὅταν τὰς ῥήσεις ἑκάστοτε λέγῃ καὶ
ὅταν τὰ μεταξὺ τῶν ῥήσεων;
Πῶς γὰρ οὔ;
(c) Ἀλλ’ ὅταν γέ τινα λέγῃ ῥῆσιν ὥς τις ἄλλος ὤν, ἆρ’ οὐ τότε
ὁμοιοῦν αὐτὸν φήσομεν ὅτι μάλιστα τὴν αὑτοῦ λέξιν ἑκάστῳ ὃν ἂν
προείπῃ ὡς ἐροῦντα;
Φήσομεν· τί γάρ;
Οὐκοῦν τό γε ὁμοιοῦν ἑαυτὸν ἄλλῳ ἢ κατὰ φωνὴν ἢ κατὰ σχῆμα
μιμεῖσθαί ἐστιν ἐκεῖνον ᾧ ἄν τις ὁμοιοῖ;
Τί μήν;
᾿Εν δὴ τῷ τοιούτῳ, ὡς ἔοικεν, οὗτός τε καὶ οἱ ἄλλοι ποιηταὶ διὰ
μιμήσεως τὴν διήγησιν ποιοῦνται.
Πάνυ μὲν οὖν.
Εἰ δέ γε μηδαμοῦ ἑαυτὸν ἀποκρύπτοιτο ὁ ποιητής, πᾶσα (d) ἂν αὐτῷ
ἄνευ μιμήσεως ἡ ποίησίς τε καὶ διήγησις γεγονυῖα εἴη. ἵνα δὲ μὴ εἴπῃς ὅτι
οὐκ αὖ μανθάνεις, ὅπως ἂν τοῦτο γένοιτο ἐγὼ φράσω. εἰ γὰρ ῞Ομηρος
εἰπὼν ὅτι ἦλθεν ὁ Χρύσης τῆς τε θυγατρὸς λύτρα φέρων καὶ ἱκέτης τῶν
Ἀχαιῶν, μάλιστα δὲ τῶν βασιλέων, μετὰ τοῦτο μὴ ὡς Χρύσης γενόμενος
ἔλεγεν ἀλλ’ ἔτι ὡς ῞Ομηρος, οἶσθ’ ὅτι οὐκ ἂν μίμησις ἦν ἀλλὰ ἁπλῆ
διήγησις. εἶχε δ’ ἂν ὧδε πως : φράσω δὲ ἄνευ μέτρου· οὐ γάρ εἰμι
ποιητικός : ᾿Ελθὼν (e) ὁ ἱερεὺς ηὔχετο ἐκείνοις μὲν τοὺς θεοὺς δοῦναι
ἑλόντας τὴν Τροίαν αὐτοὺς σωθῆναι, τὴν δὲ θυγατέρα οἱ λῦσαι
δεξαμένους ἄποινα καὶ τὸν θεὸν αἰδεσθέντας. ταῦτα δὲ εἰπόντος αὐτοῦ οἱ
μὲν ἄλλοι ἐσέβοντο καὶ συνῄνουν, ὁ δὲ Ἀγαμέμνων ἠγρίαινεν
ἐντελλόμενος νῦν τε ἀπιέναι καὶ αὖθις μὴ ἐλθεῖν, μὴ αὐτῷ τό τε
σκῆπτρον καὶ τὰ τοῦ θεοῦ στέμματα οὐκ ἐπαρκέσοι· πρὶν δὲ λυθῆναι
αὐτοῦ τὴν θυγατέρα, ἐν ῎Αργει ἔφη γηράσειν μετὰ οὗ· ἀπιέναι δ’ ἐκέλευεν
καὶ μὴ ἐρεθίζειν,
| [393] et que le prêtre, n'ayant pas (393a) obtenu l'objet de sa demande,
invoqua le dieu contre les Achéens ?
Je le sais.
Tu sais donc que jusqu'à ces vers :
"il implorait tous les Achéens et surtout les deux Atrides, bons
rangeurs de guerriers", le poète parle en son nom et ne cherche
pas à tourner notre pensée dans un autre sens, comme si
l'auteur de ces paroles était un autre que lui-même. Mais
pour ce (393b) qui suit, il s'exprime comme s'il était
Chrysès, et s'efforce de nous donner autant que possible
l'illusion que ce n'est pas Homère qui parle, mais le
vieillard, prêtre d'Apollon ; et il a composé à peu près de
la même manière tout le récit des événements qui se sont
passés à Ilion, à Ithaque et dans toute l'Odyssée.
Parfaitement, dit-il.
Or, n'y a-t-il pas récit, et quand ce sont les discours
prononcés de part et d'autre qu'il rapporte, et quand ce
sont les événements qui se placent entre ces discours ?
Comment non?
(393c) Mais lorsqu'il parle sous te nom d'un autre, ne
dirons-nous pas qu'il rend autant que possible son
élocution semblable à celle du personnage dont il nous
annonce le discours ?
Nous le dirons. Pourquoi pas ?
Or, se rendre semblable à un autre sous le rapport de la
voix et de l'aspect, c'est imiter celui auquel on se rend semblable ?
Sans doute.
Mais en ce cas, ce semble, Homère et les autres poètes se
servent de l'imitation dans leurs récits.
Parfaitement.
Au contraire, si le poète ne se dissimulait jamais,
l'imitation serait absente de toute sa poésie, de tous ses
récits. Mais, pour que tu ne me dises pas que tu ne (393d)
comprends pas cela aussi, je vais te l'expliquer. Si en effet
Homère, après avoir dit que Chrysès vint, portant la
rançon de sa fille, supplier les Achéens, surtout les rois,
après cela ne s'exprimait point comme s'il était devenu
Chrysès, mais comme s'il était toujours Homère, tu sais
qu'il n'y aurait pas imitation, mais simple récit. Voici, à
peu près, quelle en serait la forme - je m'exprimerai en
prose car je ne suis pas poète : « Le prêtre, étant venu,
pria les dieux d'accorder aux Achéens la prise de Troie
(393e) et de les garder saufs, pourvu qu'ils lui rendissent
sa fille, acceptant sa rançon et craignant le dieu. Quand il
eut ainsi parlé, tous lui témoignèrent leur déférence et
l'approuvèrent, mais Agamemnon s'emporta, lui
ordonnant de partir immédiatement et de ne point
revenir, de peur que le sceptre et les bandelettes du dieu
ne lui fussent plus d'aucun secours. Avant d'être
délivrée, sa fille, ajouta-t-il, vieillirait à Argos avec lui.
Donc il lui enjoignit de s'en aller et de ne point l'irriter
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