[264] ἀξιῶ (264a) δὲ μὴ διὰ τοῦτο ἀτυχῆσαι ὧν δέομαι, ὅτι
οὐκ ἐραστὴς ὢν σοῦ τυγχάνω. ὡς ἐκείνοις μὲν τότε μεταμέλει ὧν ἂν εὖ
ποιήσωσιν, ἐπειδὰν τῆς ἐπιθυμίας παύσωνται·" —
(Σωκράτης)
ἦ πολλοῦ δεῖν ἔοικε ποιεῖν ὅδε γε ὃ ζητοῦμεν, ὃς οὐδὲ ἀπ᾽ ἀρχῆς ἀλλ᾽ ἀπὸ
τελευτῆς ἐξ ὑπτίας ἀνάπαλιν διανεῖν ἐπιχειρεῖ τὸν λόγον, καὶ ἄρχεται ἀφ᾽ ὧν
πεπαυμένος ἂν ἤδη ὁ ἐραστὴς λέγοι πρὸς τὰ παιδικά. ἢ οὐδὲν εἶπον, Φαῖδρε,
φίλη κεφαλή;
(264b) (Φαῖδρος) ἔστιν γέ τοι δή, ὦ Σώκρατες, τελευτή, περὶ οὗ τὸν λόγον ποιεῖται.
(Σωκράτης)
τί δὲ τἆλλα; οὐ χύδην δοκεῖ βεβλῆσθαι τὰ τοῦ λόγου; ἢ φαίνεται τὸ δεύτερον
εἰρημένον ἔκ τινος ἀνάγκης δεύτερον δεῖν τεθῆναι, ἤ τι ἄλλο τῶν ῥηθέντων; ἐμοὶ
μὲν γὰρ ἔδοξεν, ὡς μηδὲν εἰδότι, οὐκ ἀγεννῶς τὸ ἐπιὸν εἰρῆσθαι τῷ γράφοντι· σὺ
δ᾽ ἔχεις τινὰ ἀνάγκην λογογραφικὴν ᾗ ταῦτα ἐκεῖνος οὕτως ἐφεξῆς παρ᾽ ἄλληλα
ἔθηκεν;
(Φαῖδρος)
χρηστὸς εἶ, ὅτι με ἡγῇ ἱκανὸν εἶναι τὰ ἐκείνου (264c) οὕτως ἀκριβῶς διιδεῖν.
(Σωκράτης)
ἀλλὰ τόδε γε οἶμαί σε φάναι ἄν, δεῖν πάντα λόγον ὥσπερ ζῷον συνεστάναι
σῶμά τι ἔχοντα αὐτὸν αὑτοῦ, ὥστε μήτε ἀκέφαλον εἶναι μήτε ἄπουν, ἀλλὰ μέσα
τε ἔχειν καὶ ἄκρα, πρέποντα ἀλλήλοις καὶ τῷ ὅλῳ γεγραμμένα.
(Φαῖδρος) πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
σκέψαι τοίνυν τὸν τοῦ ἑταίρου σου λόγον εἴτε οὕτως εἴτε ἄλλως ἔχει, καὶ
εὑρήσεις τοῦ ἐπιγράμματος οὐδὲν διαφέροντα, ὃ Μίδᾳ τῷ Φρυγί φασίν τινες
ἐπιγεγράφθαι.
(264d) (Φαῖδρος) ποῖον τοῦτο, καὶ τί πεπονθός;
(Σωκράτης) ἔστι μὲν τοῦτο τόδε —
χαλκῆ παρθένος εἰμί, Μίδα δ᾽ ἐπὶ σήματι κεῖμαι.
ὄφρ᾽ ἂν ὕδωρ τε νάῃ καὶ δένδρεα μακρὰ τεθήλῃ,
αὐτοῦ τῇδε μένουσα πολυκλαύτου ἐπὶ τύμβου,
ἀγγελέω παριοῦσι Μίδας ὅτι τῇδε τέθαπται.
(264e) ὅτι δ᾽ οὐδὲν διαφέρει αὐτοῦ πρῶτον ἢ ὕστατόν τι λέγεσθαι, ἐννοεῖς που, ὡς
ἐγᾦμαι.
(Φαῖδρος) σκώπτεις τὸν λόγον ἡμῶν, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
τοῦτον μὲν τοίνυν, ἵνα μὴ σὺ ἄχθῃ, ἐάσωμεν — καίτοι συχνά γε ἔχειν μοι δοκεῖ
παραδείγματα πρὸς ἅ τις βλέπων ὀνίναιτ᾽ ἄν, μιμεῖσθαι αὐτὰ ἐπιχειρῶν μὴ πάνυ
τι — εἰς δὲ τοὺς ἑτέρους λόγους ἴωμεν. ἦν γάρ τι ἐν αὐτοῖς, ὡς δοκῶ, προσῆκον
ἰδεῖν τοῖς βουλομένοις περὶ λόγων σκοπεῖν.
| [264] d'autre part, j'estime que ce n'est pas une raison,
(a) parce que je ne suis pas amoureux de toi, pour que justement
je ne doive pas avoir de succès dans ce que je te demande. La
preuve en est que, au contraire de ces gens-là, qui regrettent
leurs éventuels bienfaits alors qu'a pris fin leur désir... » —
(SOCRATE) : Ce n'est pas douteux, il a bien l'air de ne pas
faire ce dont nous sommes en quête, l'écrivain qui,
sans même partir du commencement, mais plutôt de la
fin, entreprend la traversée du sujet dont il discourt,
en nageant sur le dos à reculons! qui commence par
ce que l'amant, qui a cessé d'aimer, dirait dès lors à son
bien-aimé! Ai-je parlé pour ne rien dire, Phèdre, tête
chérie? (b) — (PHÈDRE) : C'est bien vrai, assurément, que
ce sur quoi, Socrate, il édifie son discours est une fin! —
(SOCRATE) : Et le reste? Ne semble-t-il pas avoir jeté pêle-mêle
les éléments du discours? Ou bien apparaissait-il
qu'il y eût quelque nécessité, obligeant à mettre à la
deuxième place ce qu'il a dit le deuxième, plutôt que
n'importe quelle autre des propositions énoncées? Mon
avis est en effet (avis de quelqu'un qui ne sait pas!) que
tout ce qui lui venait, l'écrivain, non sans intrépidité,
l'a exprimé... Tiens-tu, de ton côté, quelque nécessité
logographique, en vertu de laquelle l'auteur en question a,
de la sorte, mis ces choses bout à bout, les unes à côté
des autres? — (PHÈDRE) : Tu es bien bon (c) de me croire
capable de discerner aussi rigoureusement les motifs
d'un pareil homme! — (SOCRATE) : Cependant, voici du
moins quelque chose que tu assurerais, je crois : c'est
que tout discours doit être organisé à la façon d'un être
vivant; avoir lui-même un corps à lui, de façon à n'être
ni sans tête ni sans pieds; mais à avoir un milieu aussi
bien que des extrémités, tout cela ayant, dans l'écrit,
convenance mutuelle et convenance avec l'ensemble. —
(PHÈDRE) : Comment en effet le nier? — (SOCRATE) : Eh bien!
examine maintenant si le discours de ton ami répond à
cette exigence ou bien s'il n'en est pas ainsi. Dans ce
dernier cas, tu n'y verras nulle différence avec l'inscription
gravée, dit-on, sur la tombe de Midas le Phrygien.
(d) — (PHÈDRE) : Quelle est cette inscription et quelle particularité
présente-t-elle? — (SOCRATE) : Voici ce qu'elle dit :
Je suis vierge de bronze, au tombeau de Midas posée ; tant que
coulera l'eau, seront verts les grands arbres, restant en ce lieu
même, tertre inondé de larmes, aux passants j'apprendrai
qu'ici est enterré Midas. (e) Or il est tout à fait indifférent
(sans doute n'es-tu pas, je pense, sans t'en rendre
compte) qu'on en dise tel ou tel vers, le premier ou bien
le dernier. — (PHÈDRE) : Tu te moques, Socrate, de notre discours ! —
(SOCRATE) : Alors, pour ne pas te contrister, laissons-le donc en paix!
Et pourtant il contenait, à mon avis, nombre d'exemples qu'il y aurait
profit à envisager, en tâchant de ne pas beaucoup les imiter! Mais
passons aux deux autres discours. En eux il y avait, en effet, si je
ne me trompe, quelque chose qu'il convient de considérer
quand on veut (a) examiner la question de l'art oratoire.
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