[501] (501a) ἡ δ' ἰατρική, λέγων ὅτι ἡ μὲν τούτου οὗ θεραπεύει καὶ τὴν φύσιν
ἔσκεπται καὶ τὴν αἰτίαν ὧν πράττει, καὶ λόγον ἔχει τούτων ἑκάστου δοῦναι, ἡ
ἰατρική· ἡ δ' ἑτέρα τῆς ἡδονῆς, πρὸς ἣν ἡ θεραπεία αὐτῇ ἐστιν ἅπασα, κομιδῇ
ἀτέχνως ἐπ' αὐτὴν ἔρχεται, οὔτε τι τὴν φύσιν σκεψαμένη τῆς ἡδονῆς οὔτε τὴν
αἰτίαν, ἀλόγως τε παντάπασιν ὡς ἔπος εἰπεῖν οὐδὲν διαριθμησαμένη, τριβῇ καὶ
ἐμπειρίᾳ μνήμην μόνον σῳζομένη (501b) τοῦ εἰωθότος γίγνεσθαι, ᾧ δὴ καὶ
πορίζεται τὰς ἡδονάς. ταῦτ' οὖν πρῶτον σκόπει εἰ δοκεῖ σοι ἱκανῶς λέγεσθαι, καὶ
εἶναί τινες καὶ περὶ ψυχὴν τοιαῦται ἄλλαι πραγματεῖαι, αἱ μὲν τεχνικαί,
προμήθειάν τινα ἔχουσαι τοῦ βελτίστου περὶ τὴν ψυχήν, αἱ δὲ τούτου μὲν
ὀλιγωροῦσαι, ἐσκεμμέναι δ' αὖ, ὥσπερ ἐκεῖ, τὴν ἡδονὴν μόνον τῆς ψυχῆς, τίνα ἂν
αὐτῇ τρόπον γίγνοιτο, ἥτις δὲ ἢ βελτίων ἢ χείρων τῶν ἡδονῶν, οὔτε σκοπούμεναι
οὔτε μέλον αὐταῖς ἄλλο ἢ χαρίζεσθαι (501c) μόνον, εἴτε βέλτιον εἴτε χεῖρον. ἐμοὶ
μὲν γάρ, ὦ Καλλίκλεις, δοκοῦσίν τε εἶναι, καὶ ἔγωγέ φημι τὸ τοιοῦτον κολακείαν
εἶναι καὶ περὶ σῶμα καὶ περὶ ψυχὴν καὶ περὶ ἄλλο ὅτου ἄν τις τὴν ἡδονὴν
θεραπεύῃ, ἀσκέπτως ἔχων τοῦ ἀμείνονός τε καὶ τοῦ χείρονος· σὺ δὲ δὴ πότερον
συγκατατίθεσαι ἡμῖν περὶ τούτων τὴν αὐτὴν δόξαν ἢ ἀντίφῃς;
(Καλλίκλης)
οὐκ ἔγωγε, ἀλλὰ συγχωρῶ, ἵνα σοι καὶ περανθῇ ὁ λόγος καὶ Γοργίᾳ τῷδε
χαρίσωμαι. (501d) (Σωκράτης)
πότερον δὲ περὶ μὲν μίαν ψυχὴν ἔστιν τοῦτο, περὶ δὲ δύο καὶ πολλὰς οὐκ ἔστιν;
(Καλλίκλης) οὔκ, ἀλλὰ καὶ περὶ δύο καὶ περὶ πολλάς.
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ ἁθρόαις ἅμα χαρίζεσθαι ἔστι, μηδὲν σκοπούμενον τὸ βέλτιστον;
(Καλλίκλης) οἶμαι ἔγωγε.
(Σωκράτης)
ἔχεις οὖν εἰπεῖν αἵτινές εἰσιν αἱ ἐπιτηδεύσεις αἱ τοῦτο ποιοῦσαι; μᾶλλον δέ, εἰ
βούλει, ἐμοῦ ἐρωτῶντος, ἣ μὲν ἄν σοι δοκῇ τούτων εἶναι, φάθι, ἣ δ' ἂν μή, μὴ
φάθι. (501e) πρῶτον δὲ σκεψώμεθα τὴν αὐλητικήν. οὐ δοκεῖ σοι τοιαύτη τις εἶναι,
ὦ Καλλίκλεις, τὴν ἡδονὴν ἡμῶν μόνον διώκειν, ἄλλο δ' οὐδὲν φροντίζειν;
(Καλλίκλης) ἔμοιγε δοκεῖ.
(Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ αἱ τοιαίδε ἅπασαι, οἷον ἡ κιθαριστικὴ ἡ ἐν τοῖς ἀγῶσιν;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
τί δὲ ἡ τῶν χορῶν διδασκαλία καὶ ἡ τῶν διθυράμβων ποίησις; οὐ τοιαύτη τίς σοι
καταφαίνεται; ἢ ἡγῇ τι φροντίζειν Κινησίαν τὸν Μέλητος, ὅπως ἐρεῖ τι τοιοῦτον
ὅθεν ἂν οἱ ἀκούοντες βελτίους γίγνοιντο,
| [501] qu'au contraire la médecine est un art : me fondant sur ce
que la médecine a étudié la nature du sujet sur lequel elle travaille,
connaît les causes de ce qu'elle fait, et, peut rendre raison de chacune
de ses opérations; au lieu que la cuisine, appliquée
tout entière à l'apprêt du plaisir, marche vers ce but
sans aucun art, n'ayant jamais examiné ni la nature ni
la cause du plaisir; tout à fait dépourvue de raison,
elle ne tient pour ainsi dire compte de rien, elle n'est
qu'une pratique, une routine, qui conserve uniquement
la mémoire de l'effet ordinaire des recettes par lesquelles
elle procure du plaisir. Considère donc d'abord
si ce que je dis là te paraît exact ; et ensuite s'il y a par
rapport à l'âme d'autres professions pareilles, dont les
unes marchent suivant les règles de l'art et prennent
soin de procurer à l'âme ce qui lui est le plus avantageux,
tandis que les autres négligent ce soin, et, comme
je l'ai dit au sujet de la cuisine, s'occupent uniquement
du plaisir de l'âme et des moyens de lui en procurer,
sans examiner d'ailleurs en aucune manière quels sont
les plaisirs bons ou mauvais, et rie s'occupant' d'autre
chose que d'affecter l'âme agréablement pour son bien
ou pour son mal. Pour moi, je pense, Calliclès, qu'il y
a de ces professions, et je soutiens que telle est la flatterie,
tant par rapport au corps que par rapport à l'âme,
et à tout autre objet dont on ménage le plaisir, sans
aucune considération de ce qui est utile ou préjudiciable.
Es-tu du même avis que moi là-dessus, ou d'un
avis contraire? — CALLICLÈS. Non, mais je te passe ce
point, afin de terminer cette dispute, et par complaisance
pour Gorgias. — SOCRATE. La flatterie dont je
parle a-t-elle lieu à l'égard d'une âme seule, et non â
l'égard de deux et de plusieurs? — CALLICLÈS. Elle a
lieu. A l'égard de deux et de plusieurs âmes. — SOCRATE.
Ainsi on peut chercher à complaire à une foule d'âmes
assemblées, sans se mettre en peine de ce qui est le
plus avantageux pour elles. — CALLICLÈS. Oui, je le crois.
LVII. — SOCRATE. Pourrais-tu me dire quelles sont
les professions qui produisent cet effet? ou plutôt, si
tu aimes mieux, je t'interrogerai, et à mesure qu'il te
paraîtra qu'une profession est de ce genre, tu diras oui;
si tu ne juges pas qu'elle en soit, tu diras non. Commençons
par la profession de joueur de flûte. Ne te semble-t-il
point, Calliclés, qu'elle vise uniquement à nous
procurer du plaisir, et qu'elle ne se mette pas en peine
d'autre chose ? — CALLICLÈS. Il me le semble. — SOCRATE.
Ne portes-tu pas le même jugement de toutes les autres
professions semblables, comme celle de jouer de la lyre
dans les jeux publics? —CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE.
Mais quoi? n'en dis-tu pas autant des exercices des
chœurs et de la composition des dithyrambes? Crois-tu
que Cinésias, fils de Mélès, se soucie beaucoup que ses
chants soient propres à rendre meilleurs ceux qui les entendent,
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