HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Discours aux gentils

Paragraphe 55-56

  Paragraphe 55-56

[55] Οὐ νέμεσις τοίνυν οὐδὲ Ἵππωνι ἀπαθανατίζοντι τὸν θάνατον τὸν ἑαυτοῦ· Ἵππων οὗτος ἐπιγραφῆναι ἐκέλευσεν τῷ μνήματι τῷ ἑαυτοῦ τόδε τὸ ἐλεγεῖον· Ἵππωνος τόδε σῆμα, τὸν ἀθανάτοισι θεοῖσιν ἶσον ἐποίησεν Μοῖρα καταφθίμενον. Εὖ γε, Ἵππων, ἐπιδεικνύεις ἡμῖν τὴν ἀνθρωπίνην πλάνην. Εἰ γὰρ καὶ λαλοῦντί σοι μὴ πεπιστεύκασι, νεκροῦ γενέσθωσαν μαθηταί. Χρησμὸς οὗτός ἐστιν Ἵππωνος· νοήσωμεν αὐτόν. (4.55.2) Οἱ προσκυνούμενοι παρ' ὑμῖν, ἄνθρωποι γενόμενοί ποτε, εἶτα μέντοι τεθνᾶσιν· τετίμηκεν δὲ αὐτοὺς μῦθος καὶ χρόνος. Φιλεῖ γάρ πως τὰ μὲν παρόντα συνηθείᾳ καταφρο νεῖσθαι, τὰ δὲ παρῳχηκότα τοῦ παραυτίκα ἐλέγχου κεχω ρισμένα χρόνων ἀδηλίᾳ τετιμῆσθαι τῷ πλάσματι, καὶ τὰ (4.55.3) μὲν ἀπιστεῖσθαι, τὰ δὲ καὶ θαυμάζεσθαι. Αὐτίκα γοῦν οἱ παλαιοὶ νεκροὶ τῷ πολλῷ τῆς πλάνης χρόνῳ σεμνυνόμενοι τοῖς ἔπειτα νομίζονται θεοί. Πίστις ὑμῖν τῶνδε αὐτὰ ὑμῶν τὰ μυστήρια, αἱ πανηγύρεις, δεσμὰ καὶ τραύματα καὶ δακρύοντες θεοί· μοι ἐγώ, ὅτε μοι Σαρπηδόνα φίλτατον ἀνδρῶν μοῖρ' ὑπὸ Πατρόκλοιο Μενοιτιάδαο δαμῆναι. (4.55.4) Κεκράτηται τὸ θέλημα τοῦ Διὸς καὶ Ζεὺς ὑμῖν διὰ Σαρπηδόνα οἰμῴζει νενικημένος. Εἴδωλα γοῦν εἰκότως αὐτοὺς καὶ δαίμονας ὑμεῖς αὐτοὶ κεκλήκατε, ἐπεὶ καὶ τὴν Ἀθηνᾶν αὐτὴν καὶ τοὺς ἄλλους θεοὺς κακίᾳ τιμήσας Ὅμηρος δαίμονας προσηγόρευσεν· δ' Οὐλυμπόνδε βεβήκει δώματ' ἐς αἰγιόχοιο Διὸς μετὰ δαίμονας ἄλλους. (4.55.5) Πῶς οὖν ἔτι θεοὶ τὰ εἴδωλα καὶ οἱ δαίμονες, βδελυρὰ ὄντως καὶ πνεύματα ἀκάθαρτα, πρὸς πάντων ὁμολογούμενα γήινα καὶ δεισαλέα, κάτω βρίθοντα, "περὶ τοὺς τάφους καὶ τὰ μνημεῖα καλινδούμενα", περὶ δὴ καὶ ὑποφαίνονται ἀμυδρῶς "σκιοειδῆ φαντάσματα[55] Il ne faut point en vouloir à Hippon s'il eut la prétention d'immortaliser sa mort; il avait ordonné de graver sur son tombeau ce vers élégiaque : « Ci-gît Hippon, que les Parques, en le faisant mourir, ont rendu l'égal des dieux immortels. » Hippon, vous nous montrez très bien l'erreur des hommes. S'ils n'ont pas voulu vous croire quand vous leur parliez, maintenant que vous n'êtes plus, qu'ils deviennent vos disciples. Vous avez entendu l'oracle prononcé par Hippon, il en faut peser tous les mots. Comme ceux que vous adorez étaient des hommes, ils ont subi les lois de la mort, le temps et la fable les ont comblés d'honneurs. On se blase, je ne sais comment, sur les biens qu'on possède ; la jouissance en amène le dégoût. Ceux qu'on laisse derrière soi reprennent faveur, grâce à l'imagination; parce que, dans l'obscurité où on les voit, à la distance où ils se trouvent, on aperçoit moins leurs défauts. Alors on est désenchanté des uns et dans l'admiration des autres; ainsi donc les anciens morts, fiers de l'autorité que le temps concilie à l'erreur, sont devenus dieux chez leurs descendants. Vos mystères, vos grandes assemblées, et les chaînes, et les blessures, et les pleurs de vos dieux sont des preuves de ce que j'avance. Infortuné que je suis ! s'écrie Jupiter, il ne m'est donc pas donné d'arrêter l'ordre du destin, ni d'empêcher que celui des hommes qui m'est le plus cher ne soit vaincu par ce Patrocle, fils de Ménœtius. Vous le voyez, la volonté de Jupiter est sans force, vaincu, il pleure à cause de Sarpédon. C'est avec raison que vous appelez vos dieux des idoles et des démons. N'est-ce pas le nom que leur donne votre Homère, qui accorda tant d'injustes honneurs à Minerve et à vos autres divinités? "Elle remonta, dit-il, dans l'Olympe vers Jupiter et les autres démons". Comment pouvez-vous encore les regarder comme des dieux, ces démons impurs, horribles, que tous reconnaissent pour des êtres terrestres, fangeux, enfoncés par leur propre poids dans la matière, et sans cesse errants autour des tombeaux? Là, ils apparaissent comme des spectres dans les ténèbres, de vains simulacres, des ombres creuses, d'affreux fantômes; voilà vos dieux.
[56] Ταῦθ' ὑμῶν οἱ θεοὶ τὰ εἴδωλα, αἱ σκιαὶ καὶ πρὸς τούτοις "χωλαὶ" ἐκεῖναι καὶ "ῥυσαί, παραβλῶπες ὀφθαλμῶν", αἱ Λιταὶ αἱ Θερσίτου μᾶλλον Διὸς θυγατέρες, ὥστε μοι δοκεῖν χαριέντως φάναι τὸν Βίωνα, πῶς ἂν ἐνδίκως οἱ ἄνθρωποι παρὰ τοῦ Διὸς αἰτήσονται τὴν εὐτεκνίαν, ἣν (4.56.2) οὐδ' αὑτῷ παρασχεῖν ἴσχυσεν; Οἴμοι τῆς ἀθεότητος· τὴν ἀκήρατον οὐσίαν, τὸ ὅσον ἐφ' ὑμῖν, κατορύττετε καὶ τὸ ἄχραντον ἐκεῖνο καὶ τὸ ἅγιον τοῖς τάφοις ἐπικεχώκατε, (4.56.3) τῆς ἀληθῶς ὄντως οὐσίας συλήσαντες τὸ θεῖον. Τί δὴ οὖν τὰ τοῦ θεοῦ τοῖς οὐ θεοῖς προσενείματε γέρα; Τί δὲ κατα λιπόντες τὸν οὐρανὸν τὴν γῆν τετιμήκατε; Τί δ' ἄλλο χρυσὸς ἄργυρος ἀδάμας σίδηρος χαλκὸς ἐλέφας λίθοι τίμιοι; Οὐχὶ γῆ τε καὶ ἐκ γῆς; οὐχὶ δὲ μιᾶς μητρὸς (4.56.4) ἔκγονα, τῆς γῆς, τὰ πάντα ταῦτα ὅσα ὁρᾷς; Τί δὴ οὖν, μάταιοι καὶ κενόφρονες (πάλιν γὰρ δὴ ἐπαναλήψομαι), τὸν ὑπερουράνιον βλασφημήσαντες τόπον εἰς τοὔδαφος κατεσύρατε τὴν εὐσέβειαν, χθονίους ὑμῖν ἀναπλάττοντες θεοὺς καὶ τὰ γενητὰ ταῦτα πρὸ τοῦ ἀγενήτου μετιόντες (4.56.5) θεοῦ βαθυτέρῳ περιπεπτώκατε ζόφῳ; Καλὸς Πάριος λίθος, ἀλλ' οὐδέπω Ποσειδῶν· καλὸς ἐλέφας, ἀλλ' οὐδέπω Ὀλύμπιος· ἐνδεὴς ἀεί ποτε ὕλη τῆς τέχνης, θεὸς δὲ ἀνενδεής. Προῆλθεν τέχνη, περιβέβληται τὸ σχῆμα ὕλη, καὶ τὸ πλούσιον τῆς οὐσίας πρὸς μὲν τὸ κέρδος ἀγώγιμον, μόνῳ δὲ τῷ σχήματι γίνεται σεβάσμιον. (4.56.6) Χρυσός ἐστι τὸ ἄγαλμά σου, ξύλον ἐστίν, λίθος ἐστίν, γῆ ἐστιν, ἐὰν ἄνωθεν νοήσῃς, μορφὴν παρὰ τοῦ τεχνίτου προσλαβοῦσα. Γῆν δὲ ἐγὼ πατεῖν, οὐ προσκυνεῖν μεμελέτηκα· οὐ γάρ μοι θέμις ἐμπιστεῦσαί ποτε τοῖς ἀψύχοις τὰς τῆς ψυχῆς ἐλπίδας. [56] Parlerai-je des idoles au pied boiteux, au visage ridé, au regard louche et de travers, qu'on prendrait plus volontiers pour les filles de Thersite que pour celles de Jupiter. Aussi je trouve fort piquant ce mot de Bion : « Pourquoi, dit-il, demander à Jupiter de beaux enfants, puisqu'il ne peut s'en donner à lui-même? » Monstrueuse impiété ! l'essence incorruptible, vous l'avilissez autant qu'il est en vous! la sainteté par excellence, vous lui réservez l'infection du tombeau ! vous dépouillez Dieu même de sa propre nature ! Pourquoi ces honneurs divins à des êtres qui ne sont rien moins que des dieux ? Pourquoi ce mépris du ciel et cette vénération pour la terre? Qu'est-ce autre chose que l'or, l'argent, le diamant, le fer, le cuivre, l'ivoire, les pierreries? Tout cela n'est-il pas de la terre, ou né de la terre ? Est-ce que tous ces objets qu'embrassent vos regards ne sont pas sortis du même sein, n'ont pas une mère commune, qui est la terre? Pourquoi donc, ô insensés ! car j'ai besoin de le redire sans cesse, pourquoi adresser l'outrage au ciel, et attacher le respect et la piété à la terre? Pourquoi vous faire des dieux terrestres, leur donner place dans vos hommages bien avant le Dieu incréé, et vous plonger dans de si profondes ténèbres? Le marbre de Paros est beau, mais ce marbre n'est pas Neptune. L'ivoire a de l'éclat, mais ce n'est pas encore Jupiter. La matière réclame le secours de l'art ; est-ce que Dieu en a besoin? L'art vient et donne la forme : la matière a, par elle-même, un certain prix, une certaine valeur ; la forme seule lui concilie la vénération. Ainsi la statue que vous adorez est de l'or, du bois ou de la pierre, et si vous remontez jusqu'à son origine, elle est de la terre qui a reçu sa figure des mains d'un ouvrier. Pour moi, j'ai appris à fouler aux pieds la terre et non pas à l'adorer. Car il ne m'est pas permis d'attacher l'espérance de mon âme à ce qui n'a point d'âme.


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Dernière mise à jour : 26/02/2009