| [64] LXIV (115b) Ταῦτα δὴ εἰπόντος αὐτοῦ ὁ Κρίτων, « Εἶεν, ἔφη, ὦ Σώκρατες· τί δὲ τούτοις ἢ ἐμοὶ ἐπιστέλλεις ἢ περὶ τῶν παίδων ἢ περὶ ἄλλου του, ὅτι ἄν σοι
 ποιοῦντες ἡμεῖς ἐν χάριτι μάλιστα ποιοῖμεν;
 - Ἅπερ ἀεὶ λέγω, ἔφη, ὦ Κρίτων, οὐδὲν καινότερον· ὅτι ὑμῶν αὐτῶν
 ἐπιμελούμενοι ὑμεῖς καὶ ἐμοὶ καὶ τοῖς ἐμοῖς καὶ ὑμῖν αὐτοῖς ἐν χάριτι
 ποιήσετε ἅττ᾽ ἂν ποιῆτε, κἂν μὴ νῦν ὁμολογήσητε· ἐὰν δὲ ὑμῶν (μὲν) αὐτῶν
 ἀμελῆτε καὶ μὴ ᾽θέλητε ὥσπερ κατ᾽ ἴχνη κατὰ τὰ νῦν τε εἰρημένα καὶ τὰ ἐν
 τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ ζῆν, οὐδὲ ἐὰν πολλὰ ὁμολογήσητε (115c) ἐν τῷ παρόντι
 καὶ σφόδρα, οὐδὲν πλέον ποιήσετε.
 - Ταῦτα μὲν τοίνυν προθυμησόμεθα, ἔφη, οὕτω ποιεῖν· θάπτωμεν δέ σε τίνα
 τρόπον;
 - Ὅπως ἄν, ἔφη, βούλησθε, ἐάνπερ γε λάβητέ με καὶ μὴ ἐκφύγω ὑμᾶς. »
 Γελάσας δὲ ἅμα ἡσυχῇ καὶ πρὸς ἡμᾶς ἀποβλέψας εἶπεν· « Οὐ πείθω, ὦ
 ἄνδρες, Κρίτωνα, ὡς ἐγώ εἰμι οὗτος Σωκράτης, ὁ νυνὶ διαλεγόμενος καὶ
 διατάττων ἕκαστον τῶν λεγομένων, ἀλλ᾽ οἴεταί με ἐκεῖνον εἶναι (115d) ὃν
 ὄψεται ὀλίγον ὕστερον νεκρόν, καὶ ἐρωτᾷ δὴ πῶς με θάπτῃ. ὅτι δὲ ἐγὼ πάλαι
 πολὺν λόγον πεποίημαι, ὡς, ἐπειδὰν πίω τὸ φάρμακον, οὐκέτι ὑμῖν
 παραμενῶ, ἀλλ᾽ οἰχήσομαι ἀπιὼν εἰς μακάρων δή τινας εὐδαιμονίας, ταῦτά
 μοι δοκῶ αὐτῷ ἄλλως λέγειν, παραμυθούμενος ἅμα μὲν ὑμᾶς, ἅμα δ᾽
 ἐμαυτόν. Ἐγγυήσασθε οὖν με πρὸς Κρίτωνα, ἔφη, τὴν ἐναντίαν ἐγγύην ἢ ἣν
 οὗτος πρὸς τοὺς δικαστὰς ἠγγυᾶτο. Οὗτος μὲν γὰρ ἦ μὴν παραμενεῖν· ὑμεῖς
 δὲ ἦ μὴν μὴ παραμενεῖν ἐγγυήσασθε ἐπειδὰν ἀποθάνω, ἀλλὰ οἰχήσεσθαι
 (115e) ἀπιόντα, ἵνα Κρίτων ῥᾷον φέρῃ, καὶ μὴ ὁρῶν μου τὸ σῶμα ἢ καόμενον
 ἢ κατορυττόμενον ἀγανακτῇ ὑπὲρ ἐμοῦ ὡς δεινὰ πάσχοντος, μηδὲ λέγῃ ἐν
 τῇ ταφῇ ὡς ἢ προτίθεται Σωκράτη ἢ ἐκφέρει ἢ κατορύττει. Εὖ γὰρ ἴσθι, ἦ δ᾽
 ὅς, ὦ ἄριστε Κρίτων, τὸ μὴ καλῶς λέγειν οὐ μόνον εἰς αὐτὸ τοῦτο πλημμελές,
 ἀλλὰ καὶ κακόν τι ἐμποιεῖ ταῖς ψυχαῖς. Ἀλλὰ θαρρεῖν τε χρὴ καὶ φάναι
 τοὐμὸν σῶμα θάπτειν, καὶ θάπτειν (116a) οὕτως ὅπως ἄν σοι φίλον ᾖ καὶ
 μάλιστα ἡγῇ νόμιμον εἶναι. »
 | [64] LXIV. — Quand Socrate eut fini de parler, Criton dit : « C’est bien ; mais quelle recommandation nous fais-tu, aux autres et à moi, au sujet de tes enfants ou de toute
 autre chose, et que pourrions-nous faire de mieux pour te rendre service ?
 — Rien de neuf, Criton, repartit Socrate, mais ce que je vous répète sans cesse : ayez
 soin de vous-mêmes et, quoi que vous fassiez, vous me rendrez service, à moi, aux miens
 et à vous-mêmes, alors même que vous n’en conviendriez pas sur le moment ; mais si
 vous vous négligez vous-mêmes et si vous ne voulez pas vous conduire en suivant comme
 à la trace ce que je viens de dire et ce que je vous ai dit précédemment, vous aurez beau
 prodiguer aujourd’hui les plus solennelles promesses, vous n’en serez pas plus avancés.
 — Nous mettrons donc tout notre zèle, dit Criton, à suivre ton conseil. Mais comment
 devons-nous t’ensevelir ?
 — Comme vous voudrez, dit-il, si toutefois vous pouvez me saisir et que je ne vous
 échappe pas. »
 Puis, souriant doucement et tournant en même temps les yeux vers nous, il ajouta : « Je
 n’arrive pas, mes amis, à persuader à Criton que je suis le Socrate qui s’entretient en ce
 moment avec vous et qui ordonne chacun de ses arguments. Il s’imagine que je suis celui
 qu’il verra mort tout à l’heure, et il demande comment il devra m’ensevelir. Tout ce
 long discours que j’ai fait tout à l’heure pour prouver que, quand j’aurai bu le poison, je
 ne resterai plus près de vous, mais que je m’en irai vers les félicités des bienheureux, il le
 regarde, je crois, comme un parlage destiné à vous consoler et à me consoler moi-même.
 Soyez donc mes cautions auprès de Criton, ajouta-t-il ; donnez-lui la garantie contraire
 à celle qu’il a donnée à mes juges. Il s’est porté garant que je resterais ; vous, au
 contraire, garantissez-lui que je ne resterai pas, quand je serai mort, mais que je m’en
 irai d’ici, afin qu’il prenne les choses plus doucement et qu’en voyant brûler ou enterrer
 mon corps, il ne s’afflige pas pour moi, comme si je souffrais des maux effroyables, et
 qu’il n’aille pas dire à mes funérailles qu’il expose, qu’il emporte ou qu’il enterre
 Socrate. Sache bien en effet, excellent Criton, lui dit-il, qu’un langage impropre n’est
 pas seulement défectueux en soi, mais qu’il fait encore du mal aux âmes. Aie donc
 confiance et dis que c’est mon corps que tu ensevelis, et ensevelis-le comme il te plaira et
 de la manière qui te paraîtra la plus conforme à l’usage. »
 
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