[277] οἳ ἑαυτοῖς τῷ τε φυτεύσαντι (277a) βοηθεῖν ἱκανοὶ καὶ οὐχὶ ἄκαρποι ἀλλὰ
ἔχοντες σπέρμα, ὅθεν ἄλλοι ἐν ἄλλοις ἤθεσι φυόμενοι τοῦτ᾽ ἀεὶ ἀθάνατον παρέχειν
ἱκανοί, καὶ τὸν ἔχοντα εὐδαιμονεῖν ποιοῦντες εἰς ὅσον ἀνθρώπῳ δυνατὸν μάλιστα.
(Φαῖδρος) πολὺ γὰρ τοῦτ᾽ ἔτι κάλλιον λέγεις.
(Σωκράτης)
νῦν δὴ ἐκεῖνα ἤδη, ὦ Φαῖδρε, δυνάμεθα κρίνειν, τούτων ὡμολογημένων.
(Φαῖδρος) τὰ ποῖα;
(Σωκράτης)
ὧν δὴ πέρι βουληθέντες ἰδεῖν ἀφικόμεθα εἰς τόδε, ὅπως τὸ Λυσίου τε ὄνειδος
ἐξετάσαιμεν τῆς τῶν λόγων (277b) γραφῆς πέρι, καὶ αὐτοὺς τοὺς λόγους οἳ τέχνῃ
καὶ ἄνευ τέχνης γράφοιντο. τὸ μὲν οὖν ἔντεχνον καὶ μὴ δοκεῖ μοι δεδηλῶσθαι
μετρίως.
(Φαῖδρος) ἔδοξέ γε δή· πάλιν δὲ ὑπόμνησόν με πῶς.
(Σωκράτης)
πρὶν ἄν τις τό τε ἀληθὲς ἑκάστων εἰδῇ πέρι ὧν λέγει ἢ γράφει, κατ᾽ αὐτό τε πᾶν
ὁρίζεσθαι δυνατὸς γένηται, ὁρισάμενός τε πάλιν κατ᾽ εἴδη μέχρι τοῦ ἀτμήτου
τέμνειν ἐπιστηθῇ, περί τε ψυχῆς φύσεως διιδὼν κατὰ ταὐτά, τὸ (277c)
προσαρμόττον ἑκάστῃ φύσει εἶδος ἀνευρίσκων, οὕτω τιθῇ καὶ διακοσμῇ τὸν
λόγον, ποικίλῃ μὲν ποικίλους ψυχῇ καὶ παναρμονίους διδοὺς λόγους, ἁπλοῦς δὲ
ἁπλῇ, οὐ πρότερον δυνατὸν τέχνῃ ἔσεσθαι καθ᾽ ὅσον πέφυκε μεταχειρισθῆναι τὸ
λόγων γένος, οὔτε τι πρὸς τὸ διδάξαι οὔτε τι πρὸς τὸ πεῖσαι, ὡς ὁ ἔμπροσθεν πᾶς
μεμήνυκεν ἡμῖν λόγος.
(Φαῖδρος) παντάπασι μὲν οὖν τοῦτό γε οὕτω πως ἐφάνη.
(277d) (Σωκράτης)
τί δ᾽ αὖ περὶ τοῦ καλὸν ἢ αἰσχρὸν εἶναι τὸ λόγους λέγειν τε καὶ γράφειν, καὶ ὅπῃ
γιγνόμενον ἐν δίκῃ λέγοιτ᾽ ἂν ὄνειδος ἢ μή, ἆρα οὐ δεδήλωκεν τὰ λεχθέντα
ὀλίγον ἔμπροσθεν —
(Φαῖδρος) τὰ ποῖα;
(Σωκράτης)
ὡς εἴτε Λυσίας ἤ τις ἄλλος πώποτε ἔγραψεν ἢ γράψει ἰδίᾳ ἢ δημοσίᾳ νόμους
τιθείς, σύγγραμμα πολιτικὸν γράφων καὶ μεγάλην τινὰ ἐν αὐτῷ βεβαιότητα
ἡγούμενος καὶ σαφήνειαν, οὕτω μὲν ὄνειδος τῷ γράφοντι, εἴτε τίς φησιν εἴτε μή·
τὸ γὰρ ἀγνοεῖν ὕπαρ τε καὶ ὄναρ δικαίων (277e) καὶ ἀδίκων πέρι καὶ κακῶν καὶ
ἀγαθῶν οὐκ ἐκφεύγει τῇ ἀληθείᾳ μὴ οὐκ ἐπονείδιστον εἶναι, οὐδὲ ἂν ὁ πᾶς
ὄχλος αὐτὸ ἐπαινέσῃ.
(Φαῖδρος) οὐ γὰρ οὖν.
(Σωκράτης)
ὁ δέ γε ἐν μὲν τῷ γεγραμμένῳ λόγῳ περὶ ἑκάστου παιδιάν τε ἡγούμενος πολλὴν
ἀναγκαῖον εἶναι, καὶ οὐδένα πώποτε λόγον ἐν μέτρῳ οὐδ᾽ ἄνευ μέτρου μεγάλης
ἄξιον σπουδῆς γραφῆναι, οὐδὲ λεχθῆναι ὡς οἱ ῥαψῳδούμενοι ἄνευ ἀνακρίσεως
καὶ διδαχῆς πειθοῦς ἕνεκα ἐλέχθησαν,
| [277] discours qui ont ce qu'il faut pour se porter secours à
eux-mêmes, ainsi qu'à celui qui les a plantés, (a) et qui, au lieu
d'être infructueux, ont en eux une semence de laquelle pousseront,
en d'autres naturels, d'autres discours ayant ce qu'il faut
pour procurer ce résultat en chaque occasion, impérissablement,
et pour donner à qui a obtenu ce résultat la
plus grande somme de bonheur qui puisse appartenir à
un homme! — (PHÈDRE) : Ce dont tu parles est en effet
beaucoup plus beau encore! —
(SOCRATE) : Nous voilà donc, à cette heure, Phèdre, et une fois
d'accord sur ces points, en mesure désormais de décider
en ce qui concerne les premiers... — (PHÈDRE) : Et lesquels?
— (SOCRATE) : Ceux en partant desquels, avec le désir de
voir ce qui en est à leur sujet, nous sommes parvenus
jusqu'à ce point-ci, notre but étant d'examiner ce que
vaut le reproche adressé à Lysias touchant la rédaction
écrite de discours, (b) et, sur les discours mêmes, lesquels
sont écrits avec art et sans art. Or, pour ce qui
est de la présence, ou non, de l'art, m'est avis que nous
avons mis ce point suffisamment en lumière. — (PHÈDRE) :
Oui, tel fut bien notre avis. Mais rappelle-moi encore à
quelles conditions. — (SOCRATE) : Jusqu'à ce que l'on sache
la vérité sur chacun des objets dont on parle et dont on
écrit; jusqu'à ce qu'on soit devenu capable de définir
selon ce qu'il est en lui-même chacun de ces objets,
quel qu'il soit, et que, après l'avoir défini, on sache
inversement le sectionner selon ses espèces, en ne s'arrêtant
qu'à celle qui ne se sectionne plus; jusqu'à ce que,
ayant opéré eu égard à la nature de l'âme un discernement
analogue et découvrant quelle espèce s'adapte à
chaque nature d'âme, (c) ainsi l'on compose et ordonne
le discours : discours bariolés et où s'unissent tous les
genres offerts à une âme où il y a du bariolage, discours
sans diversité, à une âme exempte de diversité;
jusque-là, dis-je, il ne sera pas possible que l'on manie
le genre oratoire, dans la mesure qu'en comporte la
nature, ni en rien pour enseigner, ni en rien pour persuader,
comme nous l'a révélé, en son entier, l'entretien
qui précédait. — (PHÈDRE) : Hé! oui, c'est bien absolument
comme cela que la chose s'est présentée à nos yeux! —
(SOCRATE) : Et maintenant, (d) sur la question de savoir s'il est
beau ou vilain de prononcer ou d'écrire des discours, et
dans quelles conditions cela pourrait être, ou non, matière
à reproche, est-ce que ce qui a été dit un peu auparavant
n'a pas mis en lumière... — (PHÈDRE) : Quoi? —
(SOCRATE) :... que, si Lysias, si tout autre a écrit jamais ou
doive jamais écrire, soit à titre privé, soit en qualité
d'homme public qui établit des lois, qui écrit ainsi une
oeuvre politique, s'ils le font, dis-je, en s'imaginant qu'il
y a là-dedans une grande solidité et de grandes clartés,
voilà dans quelle condition il y a lieu d'adresser expressément
à l'écrivain des reproches, soit qu'on les lui
fasse ou non : (e) c'est que l'ignorance, dans la veille ou
le rêve, à l'égard du juste et de l'injuste, du mauvais
et du bon, n'évitera pas d'encourir des reproches vraiment
fondés, quand bien même elle obtiendrait de la
masse une louange unanime. — (PHÈDRE) : Elle n'y échapperait
pas en effet! — (SOCRATE) : Au contraire, celui aux yeux
de qui, dans le discours écrit, il doit forcément y avoir,
sur toute matière, une forte dose de divertissement;
qui ne juge aucun discours, en vers aussi bien qu'en
prose, digne qu'on mette à l'écrire ou à le prononcer
une grande application, image de ceux qui sont prononcés
par les rhapsodes, sans examen critique, sans
intention d'instruire, en vue de produire la persuasion;
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