HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Gorgias

Page 484

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[484] ὥσπερ λέοντας, κατεπᾴδοντές τε καὶ γοητεύοντες καταδουλούμεθα (484a) λέγοντες ὡς τὸ ἴσον χρὴ ἔχειν καὶ τοῦτό ἐστιν τὸ καλὸν καὶ τὸ δίκαιον. ἐὰν δέ γε οἶμαι φύσιν ἱκανὴν γένηται ἔχων ἀνήρ, πάντα ταῦτα ἀποσεισάμενος καὶ διαρρήξας καὶ διαφυγών, καταπατήσας τὰ ἡμέτερα γράμματα καὶ μαγγανεύματα καὶ ἐπῳδὰς καὶ νόμους τοὺς παρὰ φύσιν ἅπαντας, ἐπαναστὰς ἀνεφάνη δεσπότης ἡμέτερος δοῦλος, καὶ ἐνταῦθα (484b) ἐξέλαμψεν τὸ τῆς φύσεως δίκαιον. δοκεῖ δέ μοι καὶ Πίνδαρος ἅπερ ἐγὼ λέγω ἐνδείκνυσθαι ἐν τῷ ᾄσματι ἐν λέγει ὅτινόμος πάντων βασιλεὺς θνατῶν τε καὶ ἀθανάτων· οὗτος δὲ δή, φησίν, — ἄγει δικαιῶν τὸ βιαιότατον ὑπερτάτᾳ χειρί· τεκμαίρομαι ἔργοισιν Ἡρακλέος, ἐπεὶἀπριάταςλέγει οὕτω πωςτὸ γὰρ ᾆσμα οὐκ ἐπίσταμαιλέγει δ' ὅτι οὔτε πριάμενος οὔτε δόντος τοῦ Γηρυόνου ἠλάσατο τὰς βοῦς, (484c) ὡς τούτου ὄντος τοῦ δικαίου φύσει, καὶ βοῦς καὶ τἆλλα κτήματα εἶναι πάντα τοῦ βελτίονός τε καὶ κρείττονος τὰ τῶν χειρόνων τε καὶ ἡττόνων. τὸ μὲν οὖν ἀληθὲς οὕτως ἔχει, γνώσῃ δέ, ἂν ἐπὶ τὰ μείζω ἔλθῃς ἐάσας ἤδη φιλοσοφίαν. φιλοσοφία γάρ τοί ἐστιν, Σώκρατες, χαρίεν, ἄν τις αὐτοῦ μετρίως ἅψηται ἐν τῇ ἡλικίᾳ· ἐὰν δὲ περαιτέρω τοῦ δέοντος ἐνδιατρίψῃ, διαφθορὰ τῶν ἀνθρώπων. ἐὰν γὰρ καὶ πάνυ εὐφυὴς καὶ πόρρω τῆς ἡλικίας φιλοσοφῇ, ἀνάγκη πάντων ἄπειρον γεγονέναι (484d) ἐστὶν ὧν χρὴ ἔμπειρον εἶναι τὸν μέλλοντα καλὸν κἀγαθὸν καὶ εὐδόκιμον ἔσεσθαι ἄνδρα. καὶ γὰρ τῶν νόμων ἄπειροι γίγνονται τῶν κατὰ τὴν πόλιν, καὶ τῶν λόγων οἷς δεῖ χρώμενον ὁμιλεῖν ἐν τοῖς συμβολαίοις τοῖς ἀνθρώποις καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, καὶ τῶν ἡδονῶν τε καὶ ἐπιθυμιῶν τῶν ἀνθρωπείων, καὶ συλλήβδην τῶν ἠθῶν παντάπασιν ἄπειροι γίγνονται. ἐπειδὰν οὖν ἔλθωσιν εἴς τινα ἰδίαν πολιτικὴν (484e) πρᾶξιν, καταγέλαστοι γίγνονται, ὥσπερ γε οἶμαι οἱ πολιτικοί, ἐπειδὰν αὖ εἰς τὰς ὑμετέρας διατριβὰς ἔλθωσιν καὶ τοὺς λόγους, καταγέλαστοί εἰσιν. συμβαίνει γὰρ τὸ τοῦ Εὐριπίδου· "αντιοπε τέ ἐστιν ἕκαστος ἐν τούτῳ, καὶ ἐπὶ τοῦτ' ἐπείγεται, νέμων τὸ πλεῖστον ἡμέρας τούτῳ μέρος, ἵν' αὐτὸς αὑτοῦ τυγχάνει βέλτιστος ὤν[484] comme des lionceaux, par des enchantements et des prestiges, et nous leur enseignons (484a) qu'il faut respecter l'égalité, et qu'en cela consiste le beau et le juste. Mais qu'il paraisse un homme d'une nature puissante, qui secoue et brise toutes ces entraves, foule aux pieds nos écritures, nos prestiges, nos enchantements et nos lois contraires à la nature, et s'élève au-dessus de tous, comme un maître, lui dont nous avions fait un esclave, c'est alors (484b) qu'on verra briller la justice telle qu'elle est selon l'institution de la nature. Pindare me paraît appuyer ce sentiment dans l'ode où il dit que la loi est la reine des mortels et des immortels. Elle traîne après elle, poursuit-il, la violence d'une main puissante, et elle la légitime. J'en juge par les actions d'Hercule, qui, sans les avoir achetés... Ce sont à-peu près les paroles de Pindare ; car je ne sais point cette ode par cœur. Mais le sens est qu'Hercule emmena avec lui les bœufs de Géryon, (484c) sans qu'il les eût achetés ou qu'on les lui eût donnés ; donnant à entendre que cette action était juste, à consulter la nature, et que les bœufs et tous les autres biens des faibles et des petits appartiennent de droit au plus fort et au meilleur. XL. La vérité est donc telle que je dis : tu le reconnaîtras toi-même, si laissant là enfin la philosophie, tu t'appliques à de plus grands objets. J'avoue, Socrate, que la philosophie est quelque chose d'agréable, quand on l'étudie avec modération dans la jeunesse ; mais lorsqu'on s'y arrête plus longtemps qu'il ne convient, c'est la perte des hommes. En effet, quelque beau talent que l'on ait, si on continue à philosopher dans un âge avancé, on néglige nécessairement dacquérir l'expérience d'une infinité de choses qu'il faut savoir pour devenir honnête homme et se faire une réputation. On n'a aucune idée ni des lois de l'État, ni des termes en usage pour toutes les affaires publiques ou privées qu'on peut avoir à traiter avec les hommes; on n'a au- cune expérience des plaisirs et des passions humaines, ni en général de ce qu'on appelle la vie. Aussi, lorsqu'on se trouve chargé de quelque affaire domestique ou civile , on se rend ridicule, à peu prés comme les politiques, quand ils assistent à vos assemblées et à vos disputes. C'est le cas de dire avec Euripide : "Tout homme est plein d'ardeur" et d'empressement pour les choses dans lesquelles il excelle; il y consacre la plus grande partie du jour.


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Dernière mise à jour : 25/11/2005