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[93] Μετανοήσωμεν οὖν καὶ μεταστῶμεν ἐξ ἀμαθίας εἰς ἐπιστήμην, ἐξ
ἀφροσύνης εἰς φρόνησιν, ἐξ ἀκρασίας εἰς ἐγκράτειαν, ἐξ ἀδικίας εἰς
δικαιοσύνην, ἐξ ἀθεότητος εἰς (10.93.2) θεόν. Καλὸς ὁ κίνδυνος
αὐτομολεῖν πρὸς θεόν. Πολλῶν δὲ καὶ ἄλλων ἔστιν ἀπολαῦσαι ἀγαθῶν
τοὺς δικαιοσύνης ἐραστάς, οἳ τὴν ἀίδιον διώκομεν σωτηρίαν, ἀτὰρ δὴ καὶ
ὧν αὐτὸς αἰνίττεται ὁ θεὸς διὰ Ἡσαΐου λαλῶν "ἔστι κληρονομία
τοῖς θεραπεύουσι κύριον"· καλή γε καὶ ἐράσμιος ἡ κληρονομία, οὐ χρυσίον,
οὐκ ἄργυρος, οὐκ ἐσθής, τὰ τῆς γῆς, ἔνθα που σὴς καὶ λῃστής που
καταδύεται περὶ τὸν χαμαίζηλον πλοῦτον ὀφθαλμιῶν, ἀλλ' ἐκεῖνος ὁ
θησαυρὸς τῆς σωτηρίας, πρὸς ὅν γε ἐπείγεσθαι χρὴ φιλολόγους γενο
μένους, συναπαίρει δὲ ἡμῖν ἐνθένδε τὰ ἔργα τὰ ἀστεῖα καὶ συνίπταται τῷ
τῆς ἀληθείας πτερῷ.
| [93] Pleurons donc nos fautes ; passons des ténèbres de l'ignorance
au grand jour de la connaissance, de l'égarement à la raison, de
l'intempérance à la tempérance, de l'injustice à la justice, de l'impiété à
l'adoration du vrai Dieu. C'est une belle expérience à tenter que de
passer au service du vrai Dieu. Sans doute, des biens nombreux sont
proposés comme récompense à ceux qui pratiquent la justice et
poursuivent de leurs efforts la vie éternelle; mais les biens les plus
éminents sont ceux que le Seigneur a désignés lui-même par la bouche
du prophète Isaïe : « L'héritage des enfants est le partage de ceux qui
s'attachent au Seigneur. » Aimable et magnifique héritage ! Il n'est ni l'or,
ni l'argent, ni la pourpre que le ver dévore, ni aucune des richesses
terrestres que le voleur dérobe dans son admiration insensée pour une
vile matière. Quel est donc cet héritage? C'est le trésor du salut, vers la
conquête duquel il nous faut marcher, une fois devenus les amis du
Verbe. De là descendent jusqu'à nous les bonnes actions, pour s'envoler
avec nous sur les ailes de la vérité.
| [94] Ταύτην ἡμῖν τὴν κληρονομίαν ἐγχειρίζει ἡ ἀίδιος διαθήκη τοῦ
θεοῦ τὴν ἀίδιον δωρεὰν χορηγοῦσα· ὁ δὲ φιλόστοργος οὗτος ἡμῶν πατήρ,
ὁ ὄντως πατήρ, οὐ παύεται προτρέπων, νουθετῶν, παιδεύων, φιλῶν· οὐδὲ
γὰρ σῴζων παύεται, συμβουλεύει δὲ τὰ ἄριστα· "δίκαιοι γένεσθε, λέγει
κύριος· οἱ διψῶντες πορεύεσθε ἐφ' ὕδωρ, καὶ ὅσοι μὴ ἔχετε ἀργύριον,
βαδίσατε καὶ ἀγοράσατε καὶ πίετε ἄνευ ἀργυρίου." (10.94.2) Ἐπὶ τὸ
λουτρόν, ἐπὶ τὴν σωτηρίαν, ἐπὶ τὸν φωτισμὸν παρακαλεῖ μονονουχὶ βοῶν
καὶ λέγων· γῆν σοι δίδωμι καὶ θάλατταν, παιδίον, οὐρανόν τε καὶ τὰ ἐν
αὐτοῖς πάντα ζῷά σοι χαρίζομαι· μόνον, ὦ παιδίον, δίψησον τοῦ πατρός,
ἀμισθεί σοι δειχθήσεται ὁ θεός· οὐ καπηλεύεται ἡ ἀλήθεια, δίδωσί σοι καὶ
τὰ πτηνὰ καὶ τὰ νηκτὰ καὶ τὰ ἐπὶ τῆς γῆς· ταῦτά σου ταῖς εὐχαρίστοις
τρυφαῖς δεδημιούργηκεν ὁ (10.94.3) πατήρ. Ἀργυρίῳ μὲν ὠνήσεται ὁ
νόθος, ἀπωλείας ἐστὶ παιδίον, ὃς "μαμωνᾷ δουλεύειν" προῄρηται, σοὶ δὲ
τὰ σὰ ἐπιτρέπει, τῷ γνησίῳ λέγω, τῷ φιλοῦντι τὸν πατέρα, δι' ὃν ἔτι
ἐργάζεται, ᾧ μόνῳ καὶ ὑπισχνεῖται λέγων· "καὶ ἡ γῆ οὐ πραθήσεται εἰς
βεβαίωσιν·" οὐ γὰρ κυροῦται τῇ φθορᾷ· "ἐμὴ γάρ ἐστιν πᾶσα ἡ γῆ," ἔστι δὲ
καὶ σή, ἐὰν (10.94.4) ἀπολάβῃς τὸν θεόν. Ὅθεν ἡ γραφὴ εἰκότως
εὐαγγελίζεται τοῖς πεπιστευκόσιν· "οἱ δὲ ἅγιοι κυρίου κληρονομήσουσι τὴν
δόξαν τοῦ θεοῦ καὶ τὴν δύναμιν αὐτοῦ." Ποίαν, ὦ μακάριε, δόξαν, εἰπέ μοι·
"ἣν ὀφθαλμὸς οὐκ εἶδεν οὐδὲ οὖς ἤκουσεν, οὐδὲ ἐπὶ καρδίαν ἀνθρώπου
ἀνέβη· καὶ χαρή σονται ἐπὶ τῇ βασιλείᾳ τοῦ κυρίου αὐτῶν εἰς τοὺς αἰῶνας,
ἀμήν."
| [94] Cet héritage, qui n'est pas autre que le don de la vie éternelle,
l'éternelle alliance de Dieu nous le met entre les mains.
Ce Dieu, qui est notre véritable père, car il nous chérit de l'amour le
plus tendre, ne cesse pas un seul moment de nous exhorter, de nous
avertir, de nous reprendre, de nous aimer. Qui s'en étonnerait? Il veille
incessamment à notre conservation ; il nous fait entendre les plus
salutaires conseils. « Donnez vos cœurs à la justice, dit le Seigneur. Vous
tous qui avez soif, venez vers les eaux ; vous tous qui êtes dans
l'indigence, hâtez-vous; achetez et nourrissez-vous; venez, vous recevrez
sans échange le lait et le vin. » Purification, saint, illumination de l'âme, il
réveille nos langueurs sur chacun de ces points. Je crois l'entendre nous
crier : « O mon fils, je te donne la terre, la mer et le ciel ; tous les animaux
qu'elle renferme sont à toi. Toi seulement, ô mon fils, aie soif de ton père.
Dieu se révélera gratuitement à tes yeux ; car la vérité ne s'achète point à
prix d'argent. » Vous l'entendez ! les oiseaux qui peuplent l'air, les
poissons qui nagent dans les eaux, les animaux qui habitent la terre, Dieu
vous les donne. Ils ont été créés par le Père céleste, pour que vous en
usiez avec actions de grâces et reconnaissance. Que l'enfant illégitime,
que le fils de perdition, dont le cœur est résolu d'adorer Mammon, achète
ces biens à prix d'argent, à la bonne heure! mais vous, vous êtes l'enfant
légitime ; ils vous sont remis comme un héritage qui est à vous. N'aimez-vous pas le Père dont la grâce opère encore? N'est-ce pas à vous qu'a
été faite cette promesse : « La terre demeurera à perpétuité, » parce
qu'elle n'est pas exposée à la corruption ? « Toute la terre est à moi ; »
mais elle vous appartiendra, si vous recevez votre Dieu. Aussi l'Écriture
annonce-t-elle cette heureuse nouvelle à ceux qui croient : « Les saints du
Seigneur hériteront de la gloire de Dieu et de sa puissance. » Élève la
voix, ô bienheureux Paul, et dis-nous quelle est cette gloire? « Une gloire
que l'œil n'a jamais vue, que l'oreille n'a jamais entendue; telle, enfin, qu'il
n'en est jamais monté de semblable dans le cœur de l'homme. Ils
tressailliront d'allégresse dans le royaume du Seigneur pendant toute
l'éternité. Ainsi soit-il. »
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