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[91] Ἰδέτω τις ὑμῶν τοὺς παρὰ τοῖς εἰδώλοις λατρεύοντας, κόμῃ
ῥυπῶντας, ἐσθῆτι πιναρᾷ καὶ κατερρωγυίᾳ καθυβρισμένους, λουτρῶν μὲν
παντάπασιν ἀπειράτους, ταῖς δὲ τῶν ὀνύχων ἀκμαῖς ἐκτεθηριωμένους,
πολλοὺς δὲ καὶ τῶν αἰδοίων ἀφῃρημένους, ἔργῳ δεικνύντας τῶν εἰδώλων
τὰ τεμένη τάφους τινὰς ἢ δεσμωτήρια· οὗτοί μοι δοκοῦσι πενθεῖν, οὐ
θρῃσκεύειν τοὺς θεούς, ἐλέου μᾶλλον ἢ θεοσεβείας ἄξια
πεπονθότες. Καὶ ταῦτα ὁρῶντες ἔτι τυφλώττετε καὶ οὐχὶ πρὸς τὸν
δεσπότην τῶν πάντων καὶ κύριον τῶν ὅλων ἀναβλέψετε; Οὐχὶ δὲ
καταφεύξεσθε, ἐκ τῶν ἐνταῦθα δεσμωτηρίων ἐκφεύγοντες, ἐπὶ τὸν ἔλεον
τὸν ἐξ οὐρανῶν; (10.91.3) Ὁ γὰρ θεὸς ἐκ πολλῆς τῆς φιλανθρωπίας
ἀντέχεται τοῦ ἀνθρώπου, ὥσπερ ἐκ καλιᾶς ἐκπίπτοντος νεοττοῦ ἡ μήτηρ
ὄρνις ἐφίπταται· εἰ δέ που καὶ θηρίον ἑρπηστικὸν περιχάνοι τῷ νεοττῷ,
μήτηρ δ' ἀμφιποτᾶται ὀδυρομένη φίλα τέκνα· ὁ δὲ θεὸς πατὴρ καὶ ζητεῖ τὸ
πλάσμα καὶ ἰᾶται τὸ παράπτωμα καὶ διώκει τὸ θηρίον καὶ τὸν νεοττὸν αὖθις
ἀναλαμβάνει ἐπὶ τὴν καλιὰν ἀναπτῆναι παρορμῶν.
| [91] Regardez les idolâtres. Quelques-uns paraissent en public avec
une chevelure négligée ; leurs vêtements en lambeaux sont couverts
d'une immonde poussière. Ils renoncent à l'usage des bains; ils laissent
croître démesurément leurs ongles, et affectent des manières sauvages.
Plusieurs vont même jusqu'à mutiler leur chair : ridicules personnages
dont les actions manifestent à elles seules que les temples des idoles ont
été primitivement des prisons ou des tombeaux. A les voir se livrer ainsi
bien moins à des œuvres de piété qu'à des tortures dignes de
compassion, ne semble-t-il pas qu'ils portent le deuil de leurs dieux plutôt
qu'ils ne leur rendent hommage ! Pour vous, l'aspect de ces misères ne
vous ouvrira-t-il pas les yeux ? Ne lèverez-vous pas enfin vos regards
vers celui qui est le Seigneur et le maître universel ? N'êtes-vous pas
résolus à vous échapper de ces tombeaux, pour vous réfugier dans les
bras de la miséricorde qui est descendue des hauteurs du ciel ? Dieu, en
effet, pareil à l'oiseau qui accourt avec empressement autour de sa jeune
couvée quand elle tombe du nid, soutient par sa miséricordieuse bonté le
vol de sa créature. Qu'un serpent funeste vienne à dévorer les petits de
l'oiseau, la mère voltige çà et là, pleurant les gages de sa tendresse. Dieu
fait plus. Il va chercher le remède; il l'applique sur les blessures du
malade ; il chasse la bête féroce, et recouvrant le fils de sa tendresse, il
l'aide doucement à rentrer dans son nid.
| [92] Εἶτα κύνες μὲν ἤδη πεπλανημένοι ὀδμαῖς ῥινηλα τοῦντες
ἐξίχνευσαν τὸν δεσπότην καὶ ἵπποι τὸν ἀναβάτην ἀποσεισάμενοι ἑνί που
συρίγματι ὑπήκουσαν τῷ δεσπότῃ· "ἔγνω δέ", φησί, "βοῦς τὸν κτησάμενον
καὶ ὄνος τὴν φάτνην τοῦ κυρίου αὐτοῦ, Ἰσραὴλ δέ με οὐκ ἔγνω." Τί οὖν ὁ
κύριος; (10.92.2) Οὐ μνησικακεῖ, ἔτι ἐλεεῖ, ἔτι τὴν μετάνοιαν ἀπαιτεῖ.
Ἐρέσθαι δὲ ὑμᾶς βούλομαι, εἰ οὐκ ἄτοπον ὑμῖν δοκεῖ πλάσμα ὑμᾶς
τοὺς ἀνθρώπους ἐπιγεγονότας τοῦ θεοῦ καὶ παρ' αὐτοῦ τὴν ψυχὴν
εἰληφότας καὶ ὄντας ὅλως τοῦ θεοῦ ἑτέρῳ δουλεύειν δεσπότῃ, πρὸς δὲ καὶ
θεραπεύειν ἀντὶ μὲν τοῦ βασιλέως τὸν (10.92.3) τύραννον, ἀντὶ δὲ τοῦ
ἀγαθοῦ τὸν πονηρόν. Τίς γάρ, ὢ πρὸς τῆς ἀληθείας, σωφρονῶν γε
τἀγαθὸν καταλείπων κακίᾳ σύνεστιν; Τίς δὲ ὅστις τὸν θεὸν ἀποφεύγων
δαιμονίοις συμβιοῖ; Τίς δὲ υἱὸς εἶναι δυνάμενος τοῦ θεοῦ δουλεύειν ἥδεται;
Ἢ τίς οὐρανοῦ πολίτης εἶναι δυνάμενος ἔρεβος διώκει, ἐξὸν παράδεισον
γεωργεῖν καὶ οὐρανὸν περιπολεῖν καὶ τῆς ζωτικῆς καὶ ἀκηράτου
μεταλαμβάνειν πηγῆς, κατ' ἴχνος ἐκείνης τῆς φωτεινῆς ἀεροβατοῦντα
νεφέλης, ὥσπερ (10.92.4) ὁ Ἠλίας, θεωροῦντα τὸν ὑετὸν σωτήριον; Οἱ δὲ
σκωλήκων δίκην περὶ τέλματα καὶ βορβόρους, τὰ ἡδονῆς ῥεύματα,
καλινδούμενοι ἀνονήτους καὶ ἀνοήτους ἐκβόσκονται τρυφάς, ὑώδεις τινὲς
ἄνθρωποι. Ὕες γάρ, φησίν, "ἥδονται βορβόρῳ" μᾶλλον ἢ καθαρῷ ὕδατι
καὶ "ἐπὶ φορυτῷ μαργαίνουσιν" (10.92.5) κατὰ Δημόκριτον. Μὴ δῆτα οὖν,
μὴ δῆτα ἐξανδραποδισθῶμεν μηδὲ ὑώδεις γενώμεθα, ἀλλ' "ὡς τέκνα
φωτὸς" γνήσια ἀναθρήσωμεν καὶ ἀναβλέψωμεν εἰς τὸ φῶς, μὴ νόθους
ἡμᾶς ἐξελέγξῃ ὁ κύριος ὥσπερ ὁ ἥλιος τοὺς ἀετούς.
| [92] Voyez encore les chiens. Quand ils s'aperçoivent qu'ils sont
égarés, ils interrogent, avec la sagacité de leurs narines, les traces de leur
maître. Les chevaux eux-mêmes qui ont renversé leur cavalier obéissent
et reviennent au premier appel de sa voix. « Le taureau connaît son
maître ; l'âne, son étable ; Israël m'a méconnu : mon peuple est sans
intelligence. » Mais le Seigneur?... Le Seigneur ! il oublie la grandeur de
l'outrage; il vous offre encore sa miséricorde; il ne demande que votre
repentir.
Mais, répondez : vous êtes l'ouvrage de Dieu; c'est à lui que vous
devez votre âme ; rien chez vous qui n'appartienne au Très-Haut.
Connaissez-vous après cela une absurdité plus révoltante que de porter
vos hommages à un autre maître, que d'honorer un tyran à la place d'un
monarque, le mal à la place du bien? Au nom de la vérité, qui jamais a pu,
sans avoir perdu le sens, abandonner le bien pour s'attacher au mal? Qui
fuira la compagnie de Dieu pour vivre dans celle des démons ? Quel est
celui qui, pouvant s'inscrire parmi les enfants de Dieu, préfère la honte de
l'esclavage ? Qui enfin marche tête baissée vers les abîmes de la
perdition, lorsqu'il peut être citoyen du ciel, habiter le paradis, parcourir
librement les régions célestes, et participer à la fontaine intarissable d'où
jaillit la vie éternelle, emporté parmi les airs sur une nuée brillante, et
contemplant, comme autrefois Élie, la pluie du salut ? Mais la foule des
hommes, se roulant à la manière des reptiles dans la fange et les marais,
s'y repaît d'extravagantes et honteuses voluptés. Vils mortels, qui méritent
moins le nom d'hommes que celui de pourceaux ! L'animal immonde, dit-on, préfère le bourbier à l'eau la plus limpide, et, dans la démence de ses
appétits, il convoite, selon l'expression de Démocrite, les hideux
mélanges. Gardons-nous donc de nous précipiter dans les chaînes de la
servitude, ou de nous abaisser jusqu'à l'ignominie du pourceau. Loin de
là! légitimes enfants de la lumière, levons les yeux vers la lumière;
regardons-la face à face, de peur que le Seigneur, ainsi que le soleil
accuse la dégénération de l'aigle, ne surprenne en nous les traces de la
bâtardise.
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