HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Discours aux gentils

Paragraphe 89-90

  Paragraphe 89-90

[89] CAP. X. (89) Ἀλλ' ἐκ πατέρων, φατέ, παραδεδομένον ἡμῖν ἔθος ἀνατρέπειν οὐκ εὔλογον. Καὶ τί δὴ οὐχὶ τῇ πρώτῃ τροφῇ, τῷ γάλακτι, χρώμεθα, δήπουθεν συνείθισαν ἡμᾶς ἐκ γενετῆς αἱ τίτθαι; Τί δὲ αὐξάνομεν μειοῦμεν τὴν πατρῴαν οὐσίαν, καὶ οὐχὶ τὴν ἴσην, ὡς παρειλήφαμεν, διαφυλάττομεν; Τί δὲ οὐκέτι τοῖς κόλποις τοῖς πατρῴοις ἐναποβλύζομεν, καὶ τὰ ἄλλα, νηπιάζοντες ὑπὸ μητράσιν τε ἐκτρεφόμενοι γέλωτα ὤφλομεν, ἐπιτελοῦμεν ἔτι, ἀλλὰ σφᾶς αὐτούς, καὶ εἰ μὴ παιδαγωγῶν ἐτύχομεν ἀγαθῶν, ἐπανωρθώσαμεν; (10.89.2) Εἶτα ἐπὶ τῶν πάτων αἱ παρεκβάσεις καίτοι ἐπιζήμιοι καὶ ἐπισφαλεῖς οὖσαι, ὅμως γλυκεῖαί πως προσπίπτουσιν, ἐπὶ δὲ τοῦ βίου οὐχὶ τὸ ἔθος καταλιπόντες τὸ πονηρὸν καὶ ἐμπαθὲς καὶ ἄθεον, κἂν οἱ πατέρες χαλεπαίνωσιν, ἐπὶ τὴν ἀλήθειαν ἐκκλινοῦμεν καὶ τὸν ὄντως ὄντα πατέρα ἐπιζη τήσομεν, οἷον δηλητήριον φάρμακον τὴν συνήθειαν ἀπωσάμενοι; Τοῦτ' αὐτὸ γάρ τοι τὸ κάλλιστον τῶν ἐγχειρουμένων ἐστίν, ὑποδεῖξαι ὑμῖν ὡς ἀπὸ μανίας καὶ τοῦ τρισαθλίου τούτου ἔθους ἐμισήθη θεοσέβεια· οὐ γὰρ ἂν ἐμισήθη ποτὲ ἀπηγορεύθη ἀγαθὸν τοσοῦτον, οὗ μεῖζον οὐδὲν ἐκ θεοῦ δεδώρηταί πω τῇ τῶν ἀνθρώπων γενέσει, εἰ μὴ συναρπα ζόμενοι τῷ ἔθει, εἶτα μέντοι ἀποβύσαντες τὰ ὦτα ἡμῖν, οἷον ἵπποι σκληραύχενες ἀφηνιάζοντες, τοὺς χαλινοὺς ἐνδακόντες, ἀποφεύγετε τοὺς λόγους, ἀποσείσασθαι μὲν τοὺς ἡνιόχους ὑμῶν τοῦ βίου ἡμᾶς ἐπιποθοῦντες, ἐπὶ δὲ τοὺς κρημνοὺς τῆς ἀπωλείας ὑπὸ τῆς ἀνοίας φερόμενοι ἐναγῆ τὸν ἅγιον ὑπολαμβάνετε τοῦ θεοῦ λόγον. [89] CAP. X. (89) Mais je vous entends. Il vous en coûte de renverser les coutumes qui vous ont été transmises par vos ancêtres; c'est un sacrifice qui répugne à la raison. Eh bien ! à ce prix, pourquoi votre jeunesse ne s'alimente-t-elle plus du lait qu'une nourrice offrit aux lèvres de votre enfance? Pourquoi augmenter ou diminuer l'héritage de vos pères, au lieu de le garder scrupuleusement tel qu'ils ont pu vous le léguer? Pourquoi ne vous vois-je plus jouer sur le sein paternel, ou vous livrer à ces jeux puérils qui appelaient sur vous le rire des spectateurs quand vous étiez dans les bras de vos mères ? Pourquoi enfin dépouiller de vous-mêmes, et sans le secours d'aucun maître, les langes ainsi que les habitudes du premier âge ? Si les transports des passions, toujours dangereux, souvent mortels, nous font éprouver quelque plaisir cependant, pourquoi, quand il s'agit de la vie, ne renoncez vous pas à ces mœurs désordonnées, impies, pleines d'angoisses, pour entrer dans les voies de la vérité, dussent vos pères en frémir de douleur? Pourquoi enfin, répudiant la coutume comme on chasse hors de sa poitrine un poison homicide, ne cherchez-vous pas votre père véritable? La mission la plus belle à nos yeux, c'est de vous prouver que cette extravagante et misérable coutume est la plus cruelle ennemie de la piété. En effet, que n'a-t-il pas fallu pour vous amener à prendre en horreur et à repousser la plus excellente des grâces que le Seigneur ait pu apporter à l'humanité tout entière ? Emportés par le tourbillon de la coutume, et mettant une garde à vos oreilles, chevaux indociles à la rêne et mordant le frein, vous avez refusé d'écouter la voix de la raison, impatients de renverser du haut du char les Chrétiens vos maîtres et vos guides. Ce n'est pas tout. Poussés par votre extravagance jusqu'aux abîmes de la mort, vous avez crié : Malédiction au Verbe sacré de Dieu ! Aussi, qu'est-il arrivé? Vous avez reçu le juste salaire du choix que vous avez fait.
[90] Ἕπεται τοιγαροῦν ὑμῖν κατὰ τὸν Σοφοκλέα τὰ ἐπίχειρα τῆς ἐκλογῆς, νοῦς φροῦδος, ὦτα ἀχρεῖα, φροντίδες κεναί, καὶ οὐκ ἴστε ὡς παντὸς μᾶλλον τοῦτο ἀληθές, ὅτι ἄρα οἱ μὲν ἀγαθοὶ καὶ θεοσεβεῖς ἀγαθῆς τῆς ἀμοιβῆς τεύξονται τἀγαθὸν τετιμηκότες, οἱ δὲ ἐκ τῶν ἐναντίων πονηροὶ τῆς καταλλήλου τιμωρίας, καὶ τῷ γε ἄρχοντι τῆς κακίας ἐπήρτηται κόλασις. Ἀπειλεῖ γοῦν αὐτῷ προφήτης Ζαχαρίας "ἐπιτιμήσαι ἐν σοὶ ἐκλεξάμενος τὴν Ἱερουσαλήμ· οὐκ ἰδοὺ τοῦτο δαλὸς ἐξεσπασμένος ἐκ πυρός;" Τίς οὖν ἔτι τοῖς ἀνθρώποις ὄρεξις ἔγκειται θανάτου ἑκουσίου; Τί δὲ τῷ δαλῷ τῷ θανατηφόρῳ τούτῳ προσπεφεύγασιν, μεθ' οὗ καταφλεχθήσονται, ἐξὸν βιῶναι καλῶς κατὰ τὸν θεόν, οὐ (10.90.3) κατὰ τὸ ἔθος; Θεὸς μὲν γὰρ ζωὴν χαρίζεται, ἔθος δὲ πονηρὸν μετὰ τὴν ἐνθένδε ἀπαλλαγὴν μετάνοιαν κενὴν ἅμα τιμωρίᾳ προστρίβεται, "παθὼν δέ τε νήπιος ἔγνω", ὡς ἀπολλύει δεισιδαιμονία καὶ σῴζει θεοσέβεια. [90] Sophocle vous apprend quelle en est la nature : « Un esprit sans consistance, des oreilles inutiles, de vaines pensées. » Vous ignorez une vérité supérieure à toutes les autres. La voici. Les hommes de bien et fidèles à honorer le Seigneur, recevront, en échange du culte qu'ils ont rendu à la bonté souveraine, des récompenses pleines de douceur. Les méchants, au contraire, ne peuvent attendre que des châtiments en retour de leur méchanceté. Il y a mieux. Des supplices terribles sont réservés au prince du mal, suivant la menace de Zacharie : « Il te réprimera, le Jéhovah qui a choisi Jérusalem. Tu n'es qu'un tison arraché du feu. » Quelle étrange maladie pousse donc ainsi les hommes à une mort volontaire? Pourquoi se précipiter tumultueusement autour de ce tison fatal, avec lequel ils seront infailliblement brûlés, quand ils avaient la faculté de vivre suivant les préceptes divins, au lieu de suivre le torrent de l'opinion publique? Car, avec Dieu, l'on trouve la vie ; mais que leur reviendra-t-il de s'être égarés avec la démence de la coutume ? Un tardif repentir au milieu d'inexprimables supplices par-delà le tombeau. Au reste, que la superstition engendre la mort et que la piété conduise au salut, l'insensé lui-même ne l'ignore pas.


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Dernière mise à jour : 26/02/2009