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[1,39] 'Καὶ φασὶ δὴ δίκῃ πρότερον ἐθελῆσαι κρίνεσθαι, ἥν γε οὐ τὸν
προύχοντα καὶ ἐκ τοῦ ἀσφαλοῦς προκαλούμενον λέγειν τι δοκεῖν δεῖ, ἀλλὰ
τὸν ἐς ἴσον τά τε ἔργα ὁμοίως καὶ τοὺς λόγους πρὶν διαγωνίζεσθαι
καθιστάντα. οὗτοι δὲ οὐ πρὶν πολιορκεῖν τὸ χωρίον, ἀλλ' ἐπειδὴ ἡγήσαντο
ἡμᾶς οὐ περιόψεσθαι, τότε καὶ τὸ εὐπρεπὲς τῆς δίκης παρέσχοντο. καὶ δεῦρο
ἥκουσιν οὐ τἀκεῖ μόνον αὐτοὶ ἁμαρτόντες, ἀλλὰ καὶ ὑμᾶς νῦν ἀξιοῦντες οὐ
ξυμμαχεῖν, ἀλλὰ ξυναδικεῖν καὶ διαφόρους ὄντας ἡμῖν δέχεσθαι σφᾶς· οὓς
χρῆν, ὅτε ἀσφαλέστατοι ἦσαν, τότε προσιέναι, καὶ μὴ ἐν ᾧ ἡμεῖς μὲν
ἠδικήμεθα, οὗτοι δὲ κινδυνεύουσι, μηδ' ἐν ᾧ ὑμεῖς τῆς τε δυνάμεως αὐτῶν
τότε οὐ μεταλαβόντες τῆς ὠφελίας νῦν μεταδώσετε καὶ τῶν ἁμαρτημάτων
ἀπογενόμενοι τῆς ἀφ' ἡμῶν αἰτίας τὸ ἴσον ἕξετε, πάλαι δὲ κοινώσαντας τὴν
δύναμιν κοινὰ καὶ τὰ ἀποβαίνοντα ἔχειν.
| [1,39] XXXIX. - Ils prétendent aussi qu'ils ont consenti tout d'abord à accepter le jugement des
arbitres ; mais quand on fait appel à l'arbitrage, il ne faut pas commencer par assurer sa
supériorité et sa sûreté, il faut avoir mis d'accord, avant d'entamer le procès, ses actes
avec ses paroles. Ce n'est pas avant d'assiéger Epidamne qu'ils ont fait cette offre
spécieuse d'un arbitrage, mais quand ils ont pensé que nous ne resterions pas
indifférents à cet affront. Coupables de cette première faute, ils viennent ici vous
demander encore, non pas votre alliance, mais votre complicité et vous supplier de les
accueillir, quand ils se sont déjà séparés de nous. C'est quand ils n'avaient rien à
redouter, qu'ils auraient dû venir et non au moment où nous sommes victimes de leurs
injustices et où ils sont en danger. Vous qui n'avez eu jadis aucune part à leur puissance,
vous ne leur accorderez pas maintenant votre secours ; vous qui n'avez pas participé à
leurs fautes, vous ne vous rendrez pas leurs complices à nos yeux ; non, il eût fallu que
vous ayez partagé depuis longtemps leur puissance pour avoir le droit aujourd'hui d'être
associés aux conséquences.
| [1,40] 'Ὡς μὲν οὖν αὐτοί τε μετὰ προσηκόντων ἐγκλημάτων ἐρχόμεθα
καὶ οἵδε βίαιοι καὶ πλεονέκται εἰσὶ δεδήλωται· ὡς δὲ οὐκ ἂν δικαίως αὐτοὺς
δέχοισθε μαθεῖν χρή. εἰ γὰρ εἴρηται ἐν ταῖς σπονδαῖς ἐξεῖναι παρ' ὁποτέρους
τις βούλεται τῶν ἀγράφων πόλεων ἐλθεῖν, οὐ τοῖς ἐπὶ βλάβῃ ἑτέρων ἰοῦσιν ἡ
ξυνθήκη ἐστίν, ἀλλ' ὅστις μὴ ἄλλου ἑαυτὸν ἀποστερῶν ἀσφαλείας δεῖται καὶ
ὅστις μὴ τοῖς δεξαμένοις, εἰ σωφρονοῦσι, πόλεμον ἀντ' εἰρήνης ποιήσει· ὃ νῦν
ὑμεῖς μὴ πειθόμενοι ἡμῖν πάθοιτε ἄν. οὐ γὰρ τοῖσδε μόνον ἐπίκουροι ἂν
γένοισθε, ἀλλὰ καὶ ἡμῖν ἀντὶ ἐνσπόνδων πολέμιοι· ἀνάγκη γάρ, εἰ ἴτε μετ'
αὐτῶν, καὶ ἀμύνεσθαι μὴ ἄνευ ὑμῶν τούτους. καίτοι δίκαιοί γ' ἐστὲ μάλιστα
μὲν ἐκποδὼν στῆναι ἀμφοτέροις, εἰ δὲ μή, τοὐναντίον ἐπὶ τούτους μεθ' ἡμῶν
ἰέναι (Κορινθίοις μέν γε ἔνσπονδοί ἐστε, Κερκυραίοις δὲ οὐδὲ δι' ἀνοκωχῆς
πώποτ' ἐγένεσθε), καὶ τὸν νόμον μὴ καθιστάναι ὥστε τοὺς ἑτέρων
ἀφισταμένους δέχεσθαι. οὐδὲ γὰρ ἡμεῖς Σαμίων ἀποστάντων ψῆφον
προσεθέμεθα ἐναντίαν ὑμῖν, τῶν ἄλλων Πελοποννησίων δίχα ἐψηφισμένων
εἰ χρὴ αὐτοῖς ἀμύνειν, φανερῶς δὲ ἀντείπομεν τοὺς προσήκοντας ξυμμάχους
αὐτόν τινα κολάζειν. εἰ γὰρ τοὺς κακόν τι δρῶντας δεχόμενοι τιμωρήσετε,
φανεῖται καὶ ἃ τῶν ὑμετέρων οὐκ ἐλάσσω ἡμῖν πρόσεισι, καὶ τὸν νόμον ἐφ'
ὑμῖν αὐτοῖς μᾶλλον ἢ ἐφ' ἡμῖν θήσετε.
| [1,40] XL. - "Que les griefs que nous apportons ici sont fondés, que ces gens-là sont coupables
de violence et de cupidité, la preuve est faite. Aussi faut-il comprendre que vous ne
sauriez les accueillir justement. Car s'il est spécifié dans le traité que chacune des cités
qui n'y figurent pas peut se ranger au parti qui lui plaît, cette clause ne s 'applique pas à
celles qui veulent nuire aux autres, maïs à celles qui, ne refusant pas l'autorité d'autrui,
ont besoin d'assurer leur défense, et à celles qui plus sages n'apportent pas à qui les
accueille la guerre au lieu de la paix. C'est ce qui vous arriverait, si nous ne parvenions
pas à vous persuader ; vous ne deviendriez pas seulement leurs auxiliaires, loin d'être
nos alliés, vous deviendrez nos ennemis ; car si vous prenez leur parti, nécessairement
c'est avec vous qu'ils se défendront contre nous. Aussi l'attitude la plus juste pour vous
est de vous tenir en dehors des deux parts ; sinon, c'est plutôt de venir avec nous. Car
vous êtes liés par un traité avec les Corinthiens et vous n'avez même jamais conclu de
trêve avec les Corcyréens. Vous ne sauriez établir la loi d'accueillir ceux qui se
rebellent. Nous-mêmes, quand les Samiens se révoltèrent, quand les Péloponnésiens se
trouvèrent divisés sur la question de savoir s'il fallait leur porter secours, nous n'avons pas
voté contre vous ; nous avons été d'avis que chacun châtiât ses propres alliés. Si vous
accueillez, si vous secourez des coupables, on verra autant de vos sujets recourir à notre
protection et votre loi tournera plus à votre désavantage qu'au nôtre.
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