[402] καὶ (402a) γίγνοιτο καλός τε κἀγαθός, τὰ δ’ αἰσχρὰ ψέγοι τ’ ἂν ὀρθῶς
καὶ μισοῖ ἔτι νέος ὤν, πρὶν λόγον δυνατὸς εἶναι λαβεῖν, ἐλθόντος δὲ τοῦ λόγου
ἀσπάζοιτ’ ἂν αὐτὸν γνωρίζων δι’ οἰκειότητα μάλιστα ὁ οὕτω τραφείς;
᾿Εμοὶ γοῦν δοκεῖ, ἔφη, τῶν τοιούτων ἕνεκα ἐν μουσικῇ εἶναι ἡ τροφή.
῞Ωσπερ ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, γραμμάτων πέρι τότε ἱκανῶς εἴχομεν, ὅτε τὰ
στοιχεῖα μὴ λανθάνοι ἡμᾶς ὀλίγα ὄντα ἐν ἅπασιν οἷς ἔστιν περιφερόμενα,
καὶ οὔτ’ ἐν σμικρῷ οὔτ’ ἐν (b) μεγάλῳ ἠτιμάζομεν αὐτά, ὡς οὐ δέοι
αἰσθάνεσθαι, ἀλλὰ πανταχοῦ προυθυμούμεθα διαγιγνώσκειν, ὡς οὐ
πρότερον ἐσόμενοι γραμματικοὶ πρὶν οὕτως ἔχοιμεν :
Ἀληθῆ.
Οὐκοῦν καὶ εἰκόνας γραμμάτων, εἴ που ἢ ἐν ὕδασιν ἢ ἐν κατόπτροις
ἐμφαίνοιντο, οὐ πρότερον γνωσόμεθα, πρὶν ἂν αὐτὰ γνῶμεν, ἀλλ’ ἔστιν
τῆς αὐτῆς τέχνης τε καὶ μελέτης;
Παντάπασι μὲν οὖν.
῏Αρ’ οὖν, ὃ λέγω, πρὸς θεῶν, οὕτως οὐδὲ μουσικοὶ πρό(c)τερον
ἐσόμεθα, οὔτε αὐτοὶ οὔτε οὕς φαμεν ἡμῖν παιδευτέον εἶναι τοὺς φύλακας,
πρὶν ἂν τὰ τῆς σωφροσύνης εἴδη καὶ ἀνδρείας καὶ ἐλευθεριότητος καὶ
μεγαλοπρεπείας καὶ ὅσα τούτων ἀδελφὰ καὶ τὰ τούτων αὖ ἐναντία
πανταχοῦ περιφερόμενα γνωρίζωμεν καὶ ἐνόντα ἐν οἷς ἔνεστιν
αἰσθανώμεθα καὶ αὐτὰ καὶ εἰκόνας αὐτῶν, καὶ μήτε ἐν σμικροῖς μήτε ἐν
μεγάλοις ἀτιμάζωμεν, ἀλλὰ τῆς αὐτῆς οἰώμεθα τέχνης εἶναι καὶ μελέτης;
Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη.
(d) Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, ὅτου ἂν συμπίπτῃ ἔν τε τῇ ψυχῇ καλὰ ἤθη
ἐνόντα καὶ ἐν τῷ εἴδει ὁμολογοῦντα ἐκείνοις καὶ συμφωνοῦντα, τοῦ αὐτοῦ
μετέχοντα τύπου, τοῦτ’ ἂν εἴη κάλλιστον θέαμα τῷ δυναμένῳ θεᾶσθαι;
Πολύ γε.
Καὶ μὴν τό γε κάλλιστον ἐρασμιώτατον;
Πῶς δ’ οὔ;
Τῶν δὴ ὅτι μάλιστα τοιούτων ἀνθρώπων ὅ γε μουσικὸς ἐρῴη ἄν· εἰ δὲ
ἀσύμφωνος εἴη, οὐκ ἂν ἐρῴη.
Οὐκ ἄν, εἴ γέ τι, ἔφη, κατὰ τὴν ψυχὴν ἐλλείποι· εἰ μέντοι τι κατὰ τὸ
σῶμα, ὑπομείνειεν ἂν ὥστε ἐθέλειν (e) ἀσπάζεσθαι.
Μανθάνω, ἦν δ’ ἐγώ· ὅτι ἔστιν σοι ἢ γέγονεν παιδικὰ τοιαῦτα, καὶ
συγχωρῶ. ἀλλὰ τόδε μοι εἰπέ· σωφροσύνῃ καὶ ἡδονῇ ὑπερβαλλούσῃ ἔστι
τις κοινωνία;
Καὶ πῶς; ἔφη, ἥ γε ἔκφρονα ποιεῖ οὐχ ἧττον ἢ λύπη;
Ἀλλὰ τῇ ἄλλῃ ἀρετῇ;
| [402] et devient ainsi noble et bon; au (402a) contraire, il blâme
justement les choses laides, les hait dès l'enfance, avant que la raison
lui soit venue, et quand la raison lui vient, il l'accueille avec
tendresse et la reconnaît comme une parente d'autant
mieux que son éducation l'y a préparé.
Il me semble en effet, dit-il, que ce sont là les avantages
que l'on attend de l'éducation par la musique.
Je repris : A l'époque où nous apprenions les lettres nous
n'estimions les savoir suffisamment que lorsque leurs
éléments, en petit nombre, mais dispersés dans tous les
mots, ne nous échappaient plus, et que, ni dans un petit
mot ni dans un grand, nous ne les négligions, comme
(402b) inutiles à noter ; alors, au contraire, nous nous
appliquions à les distinguer, persuadés qu'il n'y avait
pas d'autre moyen d'apprendre à lire.
C'est vrai.
Il est vrai également que nous ne reconnaîtrons pas les
images des lettres, reflétées dans l'eau ou dans un miroir,
avant de connaître les lettres elles-mêmes, car tout cela
est l'objet du même art et de la même étude.
Très certainement.
Eh bien ! je dis de même, par les dieux, que nous ne
serons pas musiciens, ni les gardiens que nous
prétendons (402c) élever, avant de savoir reconnaître les
formes de la tempérance, du courage, de la
générosité, de la grandeur d'âme, des vertus leurs soeurs
et des vices contraires, partout où elles sont dispersées ;
avant de percevoir leur présence là où elles se trouvent,
elles ou leurs images, sans en négliger aucune, ni dans
les petites choses ni dans les grandes, persuadés qu'elles
sont l'objet du même art et de la même étude.
C'est tout à fait nécessaire, reconnut-il.
Donc, poursuivis-je, l'homme qui réunit à la fois de (402d)
belles dispositions dans son âme, et dans son extérieur
des traits qui ressemblent et s'accordent à ces dispositions,
parce qu'ils participent du même modèle, constitue le plus beau
des spectacles pour qui le peut contempler.
De beaucoup le plus beau.
Mais le plus beau est aussi le plus aimable ?
Comment non ?
Par conséquent le musicien aimera de tels hommes
autant que possible; mais il n'aimera pas l'homme
dépourvu d'harmonie.
Non, avoua-t-il, du moins si c'est l'âme qui a quelque
défaut ; si c'est le corps, pourtant, il en prendra son parti
et consentira à aimer.
(402e) Je comprends, répliquai-je; tu ressens ou tu as ressenti
un tel amour, et je t'approuve. Mais dis-moi : le plaisir
excessif s'accorde-t-il avec la tempérance ?
Comment cela pourrait-il être, puisqu'il ne trouble pas
moins l'âme que la douleur ? Et avec les autres vertus?
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