HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, La République, livre I

Page 335

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[335] (335a) τὸν δὲ δοκοῦντα μέν, ὄντα δὲ μή, δοκεῖν ἀλλὰ μὴ εἶναι φίλον. καὶ περὶ τοῦ ἐχθροῦ δὲ αὐτὴ θέσις. φίλος μὲν δή, ὡς ἔοικε, τούτῳ τῷ λόγῳ ἀγαθὸς ἔσται, ἐχθρὸς δὲ πονηρός. ναί. κελεύεις δὴ ἡμᾶς προσθεῖναι τῷ δικαίῳ ὡς τὸ πρῶτον ἐλέγομεν, λέγοντες δίκαιον εἶναι τὸν μὲν φίλον εὖ ποιεῖν, τὸν δ' ἐχθρὸν κακῶς· νῦν πρὸς τούτῳ ὧδε λέγειν, ὅτι ἔστιν δίκαιον τὸν μὲν φίλον ἀγαθὸν ὄντα εὖ ποιεῖν, τὸν δ' ἐχθρὸν κακὸν ὄντα βλάπτειν; (335b) πάνυ μὲν οὖν, ἔφη, οὕτως ἄν μοι δοκεῖ καλῶς λέγεσθαι. ἔστιν ἄρα, ἦν δ' ἐγώ, δικαίου ἀνδρὸς βλάπτειν καὶ ὁντινοῦν ἀνθρώπων; καὶ πάνυ γε, ἔφη· τούς γε πονηρούς τε καὶ ἐχθροὺς δεῖ βλάπτειν. βλαπτόμενοι δ' ἵπποι βελτίους χείρους γίγνονται; χείρους. ἆρα εἰς τὴν τῶν κυνῶν ἀρετήν, εἰς τὴν τῶν ἵππων; εἰς τὴν τῶν ἵππων. ἆρ' οὖν καὶ κύνες βλαπτόμενοι χείρους γίγνονται εἰς τὴν τῶν κυνῶν ἀλλ' οὐκ εἰς τὴν τῶν ἵππων ἀρετήν; ἀνάγκη. (335c) ἀνθρώπους δέ, ἑταῖρε, μὴ οὕτω φῶμεν, βλαπτομένους εἰς τὴν ἀνθρωπείαν ἀρετὴν χείρους γίγνεσθαι; πάνυ μὲν οὖν. ἀλλ' δικαιοσύνη οὐκ ἀνθρωπεία ἀρετή; καὶ τοῦτ' ἀνάγκη. καὶ τοὺς βλαπτομένους ἄρα, φίλε, τῶν ἀνθρώπων ἀνάγκη ἀδικωτέρους γίγνεσθαι. ἔοικεν. ἆρ' οὖν τῇ μουσικῇ οἱ μουσικοὶ ἀμούσους δύνανται ποιεῖν; ἀδύνατον. ἀλλὰ τῇ ἱππικῇ οἱ ἱππικοὶ ἀφίππους; οὐκ ἔστιν. ἀλλὰ τῇ δικαιοσύνῃ δὴ οἱ δίκαιοι ἀδίκους; καὶ (335d) συλλήβδην ἀρετῇ οἱ ἀγαθοὶ κακούς; ἀλλὰ ἀδύνατον. οὐ γὰρ θερμότητος οἶμαι ἔργον ψύχειν ἀλλὰ τοῦ ἐναντίου. ναί. οὐδὲ ξηρότητος ὑγραίνειν ἀλλὰ τοῦ ἐναντίου. πάνυ γε. οὐδὲ δὴ τοῦ ἀγαθοῦ βλάπτειν ἀλλὰ τοῦ ἐναντίου. φαίνεται. δέ γε δίκαιος ἀγαθός; πάνυ γε. οὐκ ἄρα τοῦ δικαίου βλάπτειν ἔργον, Πολέμαρχε, οὔτε φίλον οὔτ' ἄλλον οὐδένα, ἀλλὰ τοῦ ἐναντίου, τοῦ ἀδίκου. παντάπασί μοι δοκεῖς ἀληθῆ λέγειν, ἔφη, Σώκρατες. (335e) εἰ ἄρα τὰ ὀφειλόμενα ἑκάστῳ ἀποδιδόναι φησίν τις δίκαιον εἶναι, τοῦτο δὲ δὴ νοεῖ αὐτῷ τοῖς μὲν ἐχθροῖς βλάβην ὀφείλεσθαι παρὰ τοῦ δικαίου ἀνδρός, τοῖς δὲ φίλοις ὠφελίαν, οὐκ ἦν σοφὸς ταῦτα εἰπών. οὐ γὰρ ἀληθῆ ἔλεγεν· οὐδαμοῦ γὰρ δίκαιον οὐδένα ἡμῖν ἐφάνη ὂν βλάπτειν. συγχωρῶ, δ' ὅς. μαχούμεθα ἄρα, ἦν δ' ἐγώ, κοινῇ ἐγώ τε καὶ σύ, ἐάν τις αὐτὸ φῇ Σιμωνίδην Βίαντα Πιττακὸν εἰρηκέναι τιν' ἄλλον τῶν σοφῶν τε καὶ μακαρίων ἀνδρῶν. ἐγὼ γοῦν, ἔφη, ἕτοιμός εἰμι κοινωνεῖν τῆς μάχης. [335] (335a) celui qui paraît mais n'est pas honnête, paraît mais n'est pas un ami ; et au sujet de l'ennemi la définition est la même. Ami donc, comme il semble par ce raisonnement, sera l'homme bon, et ennemi le méchant ? Oui. Tu nous ordonnes donc d'ajouter à ce que nous disions d'abord sur la justice, à savoir qu'il est juste de faire du bien à son ami et du mal à son ennemi ; maintenant, outre cela, il faut dire qu'il est juste de faire du bien à l'ami bon et du mal à l'ennemi méchant ? (335b) Parfaitement, dit-il, cela me semble ainsi bien exprimé. Est-ce donc le fait du juste, repris-je, de faire du mal à qui que ce soit ? Sans doute, répondit-il, il faut faire du mal aux méchants qui sont nos ennemis. Mais les chevaux à qui l'on fait du mal deviennent-ils meilleurs ou pires ? Pires. Relativement à la vertu des chiens ou à celle des chevaux ? A celle des chevaux. Et les chiens à qui l'on fait du mal ne deviennent-ils pas pires, relativement à la vertu des chiens et non à celle des chevaux ? Il y a nécessité. (335c) Mais les hommes, camarade, à qui l'on fait du mal, ne dirons-nous pas de même qu'ils deviennent pires, relativement à la vertu humaine ? Absolument. Or la justice n'est-elle pas vertu humaine ? A cela aussi il y a nécessité. Donc, mon ami, ceux d'entre les hommes à qui l'on fait du mal deviennent nécessairement pires. Il le semble. Mais, par son art, le musicien peut-il rendre ignorant en musique ? Impossible. Et, par l'art équestre, l'écuyer rendre impropre à monter à cheval ? Cela n'est pas. Par la justice, donc, le juste peut-il rendre quelqu'un injuste ; ou, en un mot, par la vertu les bons peuvent-ils rendre les autres méchants ? (335d) Cela ne se peut. Car ce n'est point le fait de la chaleur, je pense, de refroidir, mais de son contraire. Oui. Ni de la sécheresse de mouiller, mais de son contraire. Sans doute. Ni de l'homme bon de nuire, mais de son contraire. Il le semble. Mais le juste est bon ? Sans doute. Par conséquent ce n'est pas le fait du juste de nuire, Polémarque, ni à un ami ni à personne d'autre, mais c'est le fait de son contraire, de l'injuste. Je crois que tu dis parfaitement la vérité, Socrate, avoua-t-il. (335e) Si donc quelqu'un affirme que la justice consiste à rendre à chacun ce qu'on lui doit, et s'il entend par là que l'homme juste doit préjudice à ses ennemis et service à ses amis, il n'est point sage celui qui tient de tels propos. Car il ne dit pas la vérité : en aucun cas en effet et à personne il ne nous est apparu juste de faire du mal. J'en conviens, dit-il. Nous combattrons donc, repris-je, en commun, toi et moi, celui qui prêterait une pareille maxime à Simonide, à Bias, à Pittacos ou à quelque autre des hommes sages et divins. Je suis prêt, s'écria-t-il, à m'associer au combat.


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Dernière mise à jour : 24/11/2005