[517] (Σωκράτης)
ἀληθεῖς ἄρα, ὡς ἔοικεν, οἱ ἔμπροσθεν λόγοι ἦσαν, (517a) ὅτι οὐδένα ἡμεῖς ἴσμεν
ἄνδρα ἀγαθὸν γεγονότα τὰ πολιτικὰ ἐν τῇδε τῇ πόλει. σὺ δὲ ὡμολόγεις τῶν γε
νῦν οὐδένα, τῶν μέντοι ἔμπροσθεν, καὶ προείλου τούτους τοὺς ἄνδρας· οὗτοι δὲ
ἀνεφάνησαν ἐξ ἴσου τοῖς νῦν ὄντες, ὥστε, εἰ οὗτοι ῥήτορες ἦσαν, οὔτε τῇ ἀληθινῇ
ῥητορικῇ ἐχρῶντο — οὐ γὰρ ἂν ἐξέπεσον — οὔτε τῇ κολακικῇ.
(Καλλίκλης)
ἀλλὰ μέντοι πολλοῦ γε δεῖ, ὦ Σώκρατες, μή ποτέ τις τῶν νῦν ἔργα τοιαῦτα
ἐργάσηται οἷα τούτων ὅστις (517b) βούλει εἴργασται.
(Σωκράτης)
ὦ δαιμόνιε, οὐδ' ἐγὼ ψέγω τούτους ὥς γε διακόνους εἶναι πόλεως, ἀλλά μοι
δοκοῦσι τῶν γε νῦν διακονικώτεροι γεγονέναι καὶ μᾶλλον οἷοί τε ἐκπορίζειν τῇ
πόλει ὧν ἐπεθύμει. ἀλλὰ γὰρ μεταβιβάζειν τὰς ἐπιθυμίας καὶ μὴ ἐπιτρέπειν,
πείθοντες καὶ βιαζόμενοι ἐπὶ τοῦτο ὅθεν ἔμελλον ἀμείνους ἔσεσθαι οἱ πολῖται,
ὡς ἔπος εἰπεῖν οὐδὲν (517c) τούτων διέφερον ἐκεῖνοι· ὅπερ μόνον ἔργον ἐστὶν
ἀγαθοῦ πολίτου. ναῦς δὲ καὶ τείχη καὶ νεώρια καὶ ἄλλα πολλὰ τοιαῦτα καὶ ἐγώ
σοι ὁμολογῶ δεινοτέρους εἶναι ἐκείνους τούτων ἐκπορίζειν. πρᾶγμα οὖν γελοῖον
ποιοῦμεν ἐγώ τε καὶ σὺ ἐν τοῖς λόγοις· ἐν παντὶ γὰρ τῷ χρόνῳ ὃν διαλεγόμεθα
οὐδὲν παυόμεθα εἰς τὸ αὐτὸ ἀεὶ περιφερόμενοι καὶ ἀγνοοῦντες ἀλλήλων ὅτι
λέγομεν. ἐγὼ γοῦν σε πολλάκις οἶμαι ὡμολογηκέναι καὶ ἐγνωκέναι ὡς ἄρα διττὴ
αὕτη τις (517d) ἡ πραγματεία ἔστιν καὶ περὶ τὸ σῶμα καὶ περὶ τὴν ψυχήν, καὶ ἡ
μὲν ἑτέρα διακονική ἐστιν, ᾗ δυνατὸν εἶναι ἐκπορίζειν, ἐὰν μὲν πεινῇ τὰ σώματα
ἡμῶν, σιτία, ἐὰν δὲ διψῇ, ποτά, ἐὰν δὲ ῥιγῷ, ἱμάτια, στρώματα, ὑποδήματα, ἄλλ'
ὧν ἔρχεται σώματα εἰς ἐπιθυμίαν· καὶ ἐξεπίτηδές σοι διὰ τῶν αὐτῶν εἰκόνων
λέγω, ἵνα ῥᾷον καταμάθῃς. τούτων γὰρ ποριστικὸν εἶναι ἢ κάπηλον ὄντα ἢ
ἔμπορον ἢ δημιουργόν του αὐτῶν (517e) τούτων, σιτοποιὸν ἢ ὀψοποιὸν ἢ
ὑφάντην ἢ σκυτοτόμον ἢ σκυτοδεψόν, οὐδὲν θαυμαστόν ἐστιν ὄντα τοιοῦτον
δόξαι καὶ αὑτῷ καὶ τοῖς ἄλλοις θεραπευτὴν εἶναι σώματος, παντὶ τῷ μὴ εἰδότι ὅτι
ἔστιν τις παρὰ ταύτας ἁπάσας τέχνη γυμναστική τε καὶ ἰατρική, ἣ δὴ τῷ ὄντι γε
ἐστὶν σώματος θεραπεία, ἥνπερ καὶ προσήκει τούτων ἄρχειν πασῶν τῶν τεχνῶν
| [517] — SOCRATE. Ce qui a été dit précédemment était donc vrai,
à ce qu'il paraît, que nous ne connaissons aucun homme de cette
ville qui ait été bon politique. Tu avouais toi-même qu'il
n'y en a point aujourd'hui; ruais tu soutenais qu'il y en
a eu autrefois, et tu as nommé de préférence ceux dont
je viens de parler. Or, nous avons vu qu'ils n'ont aucun
avantage sur ceux de nos jours. C'est pourquoi, s'ils
étaient orateurs, ils n'ont fait usage ni de la véritable
rhétorique (car jamais alors ils ne seraient tombés de
leur puissance), ni de la rhétorique flatteuse.
LXXIII. — CALLICLÈS. Cependant, Socrate, il s'en
faut de beaucoup qu'aucun des politiques d'aujourd'hui
exécute d'aussi grandes choses que tel de ceux-là qu'il
te plaira de nommer. — SOCRATE. Aussi, mon cher, je
ne les méprise pas comme serviteurs du peuple : il me
paraît au contraire qu'à ce titre ils l'emportent sur
ceux de nos jours, et qu'ils ont montré plus d'habileté
à procurer au peuple ce qu'il désirait. Mais pour ce
qui est de faire changer d'objet aux désirs du peuple,
de ne pas lui permettre de les satisfaire, et de tourner
les citoyens, soit par persuasion, soit par contrainte
vers ce qui pouvait les rendre meilleurs, c'est en quoi
il n'y a, pour ainsi dire, aucune différence entre eux
et ceux d'à présent ; et c'est pourtant la seule et véritable
tâche d'un bon citoyen. A l'égard des vaisseaux,
des murailles, des arsenaux, et de beaucoup d'autres
choses semblables, je conviens avec toi que ceux du
temps passé s'entendaient mieux à nous procurer tout
cela que ceux de nos jours. Mais il nous arrive, à toi et
à moi, une chose plaisante dans cette dispute. Depuis
le temps que nous conversons, nous n'avons pas cessé
de tourner autour du même objet, et nous ne nous entendons
pas l'un l'autre. Je crois que tu as plusieurs
fois admis et reconnu que, par rapport au corps et à
l'âme, il y a deux manières de les soigner, dont une
toute servile, qui se propose de fournir par tous les
moyens possibles des aliments aux corps lorsqu'ils ont
faim, de la boisson lorsqu'ils ont soif, des vêtements
pour le jour et pour la nuit et des chaussures lorsqu'ils
ont froid, en un mot toutes les autres choses dont le
corps peut avoir besoin. Si je me sers encore des mêmes
images, c'est tout exprès, afin que tu comprennes mieux
ma pensée. Qu'un homme, en effet, soit en état de
fournir aux besoins de cette nature, comme marchand
forain ou à poste fixe, comme artisan de quelqu'une de
ces choses, boulanger, cuisinier, tisserand, cordonnier,
tanneur, il n'est pas surprenant qu'en cette qualité il
se regarde lui-même comme chargé des soins du corps,
et qu'il soit regardé comme tel par quiconque ignore
que, outre tous ces arts, il y en a un dont les parties
sont la gymnastique et la médecine, auquel l'entretien
du corps appartient véritablement; que c'est à lui qu'il
convient de commander à tous les autres arts,
|