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[71] Καί μοι μὴ μόνον, ὦ φιλοσοφία, ἕνα τοῦτον Πλάτωνα, πολλοὺς
δὲ καὶ ἄλλους παραστῆσαι σπούδασον, τὸν ἕνα ὄντως μόνον θεὸν
ἀναφθεγγομένους θεὸν κατ' ἐπίπνοιαν (6.71.2) αὐτοῦ, εἴ που τῆς ἀληθείας
ἐπιδράξαιντο. Ἀντισθένης μὲν γὰρ οὐ Κυνικὸν δὴ τοῦτο ἐνενόησεν,
Σωκράτους δὲ ἅτε γνώριμος "θεὸν οὐδενὶ ἐοικέναι" φησίν· "διόπερ αὐτὸν
(6.71.3) οὐδεὶς ἐκμαθεῖν ἐξ εἰκόνος δύναται". Ξενοφῶν δὲ ὁ Ἀθηναῖος
διαρρήδην ἂν καὶ αὐτὸς περὶ τῆς ἀληθείας ἐγεγράφει τι μαρτυρῶν ὡς
Σωκράτης, εἰ μὴ τὸ Σωκράτους ἐδεδίει φάρμακον· οὐδὲν δὲ ἧττον
αἰνίττεται. "Ὁ γοῦν τὰ πάντα", φησί, "σείων καὶ ἀτρεμίζων ὡς μὲν μέγας τις
καὶ δυνατός, φανερός· ὁποῖος δέ τις μορφήν, ἀφανής· οὐδὲ μὴν ὁ
παμφαὴς δοκῶν εἶναι ἥλιος οὐδ' αὐτὸς ἔοικεν ὁρᾶν αὑτὸν ἐπιτρέπειν, ἀλλ'
ἤν τις ἀναιδῶς αὐτὸν θεάσηται, τὴν ὄψιν ἀφαιρεῖται." Πόθεν ἄρα ὁ τοῦ
Γρύλλου σοφίζεται ἢ δηλαδὴ (6.71.4) παρὰ τῆς προφήτιδος τῆς Ἑβραίων
θεσπιζούσης ὧδέ πως;
Τίς γὰρ σὰρξ δύναται τὸν ἐπουράνιον καὶ ἀληθῆ
ὀφθαλμοῖς ἰδεῖν θεὸν ἄμβροτον, ὃς πόλον οἰκεῖ;
Ἀλλ' οὐδ' ἀκτίνων κατεναντίον ἠελίοιο
ἄνθρωποι στῆναι δυνατοί, θνητοὶ γεγαῶτες.
| [71] Mais, sans te borner aux témoignages de Platon, convoque au
milieu de nous, ô Philosophie, la multitude des autres philosophes qui ne
proclament comme Dieu que le Dieu unique et véritable, réellement
inspirés par son esprit quand ils se sont élevés jusqu'à la vérité. Le
dogme qui suit appartient-il à Antisthène le Cynique? Non, il sort de la
bouche de l'Antisthène élevé à l'école de Socrate. « Dieu ne ressemble à
qui que ce soit, dit-il : impossible par conséquent qu'une image le fasse
connaître à personne. » Mais voilà que l'Athénien Xénophon proclame, en
termes assez intelligibles, une partie de la vérité, tout prêt à lui rendre le
même témoignage que Socrate, si la ciguë de Socrate n'était là pour
l'arrêter. Il ne laisse pas néanmoins d'écrire ces mots : « La grandeur et la
puissance appartiennent incontestablement à l'être qui ébranle la nature
ou la pacifie à son gré. Quelle est sa forme? elle échappe à nos regards.
Le soleil épanche ça et là ses rayons; cependant il ne se laisse pas
contempler impunément. Le mortel qui fixe sur lui un œil présomptueux
est ébloui par ses splendeurs. » Où le fils de Gryllus a-t-il puisé tant de
sagesse ? Les accents de la prophétesse des Hébreux sont-ils parvenus
jusqu'à son oreille?
« Quel œil de chair pourra contempler le Dieu immortel et véritable,
qui réside dans les hauteurs des cieux? Demandez à l'homme, frêle
créature, s'il peut regarder en face la lumière du soleil et en soutenir la
majesté? »
| [72] Κλεάνθης δὲ ὁ Πηδασεύς, ὁ ἀπὸ τῆς Στοᾶς φιλόσοφος, οὐ
θεογονίαν ποιητικήν, θεολογίαν δὲ ἀληθινὴν ἐνδείκνυται. Οὐκ ἀπεκρύψατο
τοῦ θεοῦ πέρι ὅ τί περ εἶχεν φρονῶν·
(6.72.2) τἀγαθὸν ἐρωτᾷς μ' οἷόν ἐστ'; Ἄκουε δή·
τεταγμένον, δίκαιον, ὅσιον, εὐσεβές,
κρατοῦν ἑαυτοῦ, χρήσιμον, καλόν, δέον,
αὐστηρόν, αὐθέκαστον, ἀεὶ συμφέρον,
ἄφοβον, ἄλυπον, λυσιτελές, ἀνώδυνον,
ὠφέλιμον, εὐάρεστον, ἀσφαλές, φίλον,
ἔντιμον, ὁμολογούμενον ---
εὐκλεές, ἄτυφον, ἐπιμελές, πρᾶον, σφοδρόν,
χρονιζόμενον, ἄμεμπτον, ἀεὶ διαμένον.
Ἀνελεύθερος πᾶς ὅστις εἰς δόξαν βλέπει,
ὡς δὴ παρ' ἐκείνης τευξόμενος καλοῦ τινος.
(6.72.3) Ἐνταῦθα δὴ σαφῶς, οἶμαι, διδάσκει ὁποῖός ἐστιν ὁ θεός, καὶ
ὡς ἡ δόξα ἡ κοινὴ καὶ ἡ συνήθεια τοὺς ἑπομένους αὐταῖν, (6.72.4) ἀλλὰ μὴ
τὸν θεὸν ἐπιζητοῦντας, ἐξανδραποδίζεσθον. Οὐκ ἀποκρυπτέον οὐδὲ τοὺς
ἀμφὶ τὸν Πυθαγόραν, οἵ φασιν "ὁ μὲν θεὸς εἷς, χοὖτος δὲ οὐχ, ὥς τινες
ὑπονοοῦσιν, ἐκτὸς τᾶς διακοσμήσιος, ἀλλ' ἐν αὐτᾷ, ὅλος ἐν ὅλῳ τῷ κύκλῳ
ἐπίσκοπος πάσας γενέσιος, κρᾶσις τῶν ὅλων, ἀεὶ ὢν καὶ ἐργάτας τῶν
αὑτοῦ δυνάμιων καὶ ἔργων, ἁπάντων ἐν οὐρανῷ φωστὴρ καὶ πάντων
πατήρ, νοῦς καὶ ψύχωσις τῷ ὅλῳ κύκλῳ, (6.72.5) πάντων κίνασις."
Ἀπόχρη καὶ τάδε εἰς ἐπίγνωσιν θεοῦ ἐπιπνοίᾳ θεοῦ πρὸς αὐτῶν μὲν
ἀναγεγραμμένα, πρὸς δὲ ἡμῶν ἐξειλεγμένα τῷ γε καὶ σμικρὸν διαθρεῖν
ἀλήθειαν δυναμένῳ.
| [72] Écoutons Cléanthe de Pisade, philosophe stoïcien, qui en nous
exposant non pas une théogonie poétique, mais une théologie véritable,
ne nous a point dissimulé ses sentiments sur la Divinité :
Quel est le bien suprême, dis-tu ? Apprends-le de ma bouche. C'est
ce qui est réglé, juste, saint, pieux, maître de soi, utile, beau, convenable,
austère, rigide, toujours avantageux, supérieur à la crainte, exempt de
douleurs, étranger à la souffrance, salutaire, agréable, d'accord avec soi-même, illustre, vigilant, doux, permanent, inimitable, irrépréhensible,
éternel. Esclave grossier, tout homme qui s'attache à l'opinion et qui
espère en tirer quelque profit ! »
Ces paroles montrent bien, si je ne me trompe, quel est Dieu. Elles
ne manifestent pas moins que le torrent de la coutume et de l'opinion
conduit à une honteuse servitude les infortunés qui aiment mieux
s'abandonner au cours des idées vulgaires que de suivre Dieu.
Mais gardons-nous de passer sous silence les témoignages de
Pythagore. « Il n'y a qu'un Dieu. Il ne réside pas, comme quelques-uns le
soutiennent, en dehors du mouvement de la nature ; il est tout entier dans
l'économie générale du monde, tout entier dans tout l'univers, surveillant
de tout ce qui naît, union de tous les êtres, éternellement subsistant,
créateur de ses œuvres et de toutes les puissances qui relèvent de lui,
flambeau du ciel, père de toutes choses, esprit et vie de tout ce qui est,
mouvement universel. » Ces témoignages que les philosophes ont écrits
sous l'inspiration de Dieu, et que nous avons choisis à dessein, suffiront
pour élèvera la connaissance de Dieu quiconque n'a pas entièrement
fermé les yeux à la vérité.
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