HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Gorgias

Page 450

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[450] (Σωκράτης) ἆρ' οὖν, (450a) ἣν νυνδὴ ἐλέγομεν, ἰατρικὴ περὶ τῶν καμνόντων ποιεῖ δυνατοὺς εἶναι φρονεῖν καὶ λέγειν; (Γοργίας) ἀνάγκη. (Σωκράτης) καὶ ἰατρικὴ ἄρα, ὡς ἔοικεν, περὶ λόγους ἐστίν. (Γοργίας) ναί. (Σωκράτης) τούς γε περὶ τὰ νοσήματα; (Γοργίας) μάλιστα. (Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ γυμναστικὴ περὶ λόγους ἐστὶν τοὺς περὶ εὐεξίαν τε τῶν σωμάτων καὶ καχεξίαν; (Γοργίας) πάνυ γε. (Σωκράτης) καὶ μὴν καὶ αἱ ἄλλαι τέχναι, Γοργία, οὕτως (450b) ἔχουσιν· ἑκάστη αὐτῶν περὶ λόγους ἐστὶν τούτους, οἳ τυγχάνουσιν ὄντες περὶ τὸ πρᾶγμα οὗ ἑκάστη ἐστὶν τέχνη. (Γοργίας) φαίνεται. (Σωκράτης) τί οὖν δή ποτε τὰς ἄλλας τέχνας οὐ ῥητορικὰς καλεῖς, οὔσας περὶ λόγους, εἴπερ ταύτην ῥητορικὴν καλεῖς, ἂν περὶ λόγους; (Γοργίας) ὅτι, Σώκρατες, τῶν μὲν ἄλλων τεχνῶν περὶ χειρουργίας τε καὶ τοιαύτας πράξεις ὡς ἔπος εἰπεῖν πᾶσά ἐστιν ἐπιστήμη, τῆς δὲ ῥητορικῆς οὐδέν ἐστιν τοιοῦτον χειρούργημα, ἀλλὰ πᾶσα πρᾶξις καὶ κύρωσις διὰ λόγων (450c) ἐστίν. διὰ ταῦτ' ἐγὼ τὴν ῥητορικὴν τέχνην ἀξιῶ εἶναι περὶ λόγους, ὀρθῶς λέγων, ὡς ἐγώ φημι. (Σωκράτης) ἆρ' οὖν μανθάνω οἵαν αὐτὴν βούλει καλεῖν; τάχα δὲ εἴσομαι σαφέστερον. ἀλλ' ἀπόκριναι· εἰσὶν ἡμῖν τέχναι. γάρ; (Γοργίας) ναί. (Σωκράτης) πασῶν δὴ οἶμαι τῶν τεχνῶν τῶν μὲν ἐργασία τὸ πολύ ἐστιν καὶ λόγου βραχέος δέονται, ἔνιαι δὲ οὐδενὸς ἀλλὰ τὸ τῆς τέχνης περαίνοιτο ἂν καὶ διὰ σιγῆς, οἷον γραφικὴ καὶ ἀνδριαντοποιία καὶ ἄλλαι πολλαί. τὰς τοιαύτας (450d) μοι δοκεῖς λέγειν, περὶ ἃς οὐ φῂς τὴν ῥητορικὴν εἶναι· οὔ; (Γοργίας) πάνυ μὲν οὖν καλῶς ὑπολαμβάνεις, Σώκρατες. (Σωκράτης) ἕτεραι δέ γέ εἰσι τῶν τεχνῶν αἳ διὰ λόγου πᾶν περαίνουσι, καὶ ἔργου ὡς ἔπος εἰπεῖν οὐδενὸς προσδέονται βραχέος πάνυ, οἷον ἀριθμητικὴ καὶ λογιστικὴ καὶ γεωμετρικὴ καὶ πεττευτική γε καὶ ἄλλαι πολλαὶ τέχναι, ὧν ἔνιαι σχεδόν τι ἴσους τοὺς λόγους ἔχουσι ταῖς πράξεσιν, αἱ δὲ πολλαὶ πλείους, καὶ τὸ παράπαν πᾶσα πρᾶξις καὶ τὸ (450e) κῦρος αὐταῖς διὰ λόγων ἐστίν. τῶν τοιούτων τινά μοι δοκεῖς λέγειν τὴν ῥητορικήν. (Γοργίας) ἀληθῆ λέγεις. (Σωκράτης) ἀλλ' οὔτοι τούτων γε οὐδεμίαν οἶμαί σε βούλεσθαι ῥητορικὴν καλεῖν, οὐχ ὅτι τῷ ῥήματι οὕτως εἶπες, ὅτι διὰ λόγου τὸ κῦρος ἔχουσα ῥητορική ἐστιν, καὶ ὑπολάβοι ἄν τις, εἰ βούλοιτο δυσχεραίνειν ἐν τοῖς λόγοις, “τὴν ἀριθμητικὴν ἄρα ῥητορικήν, Γοργία, λέγεις;” ἀλλ' οὐκ οἶμαί σε οὔτε τὴν ἀριθμητικὴν οὔτε τὴν γεωμετρίαν ῥητορικὴν λέγειν. [450] SOCRATE. Mais la médecine que nous venons de citer, ne met-elle pas en état de penser et de parler sur les malades? — GORGIAS. Nécessairement. — SOCRATE. La médecine, selon les apparences, a donc aussi pour objet les discours. — GORGIAS. Oui. — SOCRATE. Ceux, du moins, qui concernent les maladies? — GORGIAS. Assurément. — SOCRATE. La gymnastique n'a-t-elle point également pour objet les discours sur la bonne ou mauvaise disposition des corps? —GORGIAS. Cela est vrai. — SOCRATE. Et il en est de même, Gorgias, des autres arts : chacun d'eux a pour objet les discours relatifs au sujet sur lequel il s'exerce. GORGIAS. Il paraît. — SOCRATE. Pourquoi donc n'appelles-tu pas rhétorique les autres arts qui ont aussi pour objet les discours, puisque tu donnes ce nom à un art dont les discours sont l'objet? — GORGIAS. C'est, Socrate, que les autres arts ne s'occupent pour ainsi dire que d'ouvrages de main et d'autres productions semblables; au lieu que la rhétorique ne produit aucun travail manuel, et que tout son effet, toute sa vertu est dans le discours. Voilà pourquoi je dis que la rhétorique a les discours pour objet; et je prétends que je dis vrai en cela. V. — SOCRATE. Je crois comprendre ce que tu veux désigner par cet art : mais je verrai la chose plus clairement tout à l'heure. Réponds-moi : nous avons des arts : n'est-ce pas? — GORGIAS. Oui. — SOCRATE. Parmi tous les arts, les uns consistent, je pense, principalement dans l'action, et n'ont besoin que de très peu de discours; quelques-uns même n'en ont que faire du tout : mais leur oeuvre peut s'achever dans le silence; comme la peinture, la sculpture et beaucoup d'autres. Tels sont, à ce qu'il me parait, les arts que tu dis n'avoir aucun rapport à la rhétorique : n'est-ce pas? — GORGIAS. Tu saisis parfaitement ma pensée, Socrate. — SOCRATE. Il y a, au contraire, d'autres arts qui exécutent tout ce qui est de leur ressort par le discours, et n'ont besoin d'ailleurs d'aucune ou de presque aucune action. Tels sont l'arithmétique, le calcul, la géométrie, le jeu de dés et beaucoup d'autres arts, dont quelques-uns demandent à peu prés autant de paroles que d'action, et la plupart davantage, si bien que tout leur effet et toute leur force est dans le discours. C'est de ce nombre que tu dis, ce me semble, qu'est la rhétorique. — GORGIAS. C'est la vérité. — SOCRATE. Ton intention n'est pourtant pas , je pense, de donner le nom de rhétorique à aucun de ces arts; si ce n'est peut-être que, comme tu as dit en termes exprès que la rhétorique est un art dont la vertu est tout entière dans le discours, quelqu'un voulut chicaner sur les mots et en tirer cette conclusion : Gorgias, tu donnes donc le nom de rhétorique à l'arithmétique? Mais je ne pense pas que tu appelles ainsi ni l'arithmétique ni la géométrie?


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Dernière mise à jour : 25/11/2005