[464] εἰ δὲ μὴ Πῶλος ὅδε (464a) ἐλέγξει. σῶμά που καλεῖς τι καὶ ψυχήν;
(Γοργίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
οὐκοῦν καὶ τούτων οἴει τινὰ εἶναι ἑκατέρου εὐεξίαν;
(Γοργίας) ἔγωγε.
(Σωκράτης)
τί δέ; δοκοῦσαν μὲν εὐεξίαν, οὖσαν δ' οὔ; οἷον τοιόνδε λέγω· πολλοὶ δοκοῦσιν εὖ
ἔχειν τὰ σώματα, οὓς οὐκ ἂν ῥᾳδίως αἴσθοιτό τις ὅτι οὐκ εὖ ἔχουσιν, ἀλλ' ἢ
ἰατρός τε καὶ τῶν γυμναστικῶν τις.
(Γοργίας) ἀληθῆ λέγεις.
(Σωκράτης)
τὸ τοιοῦτον λέγω καὶ ἐν σώματι εἶναι καὶ ἐν ψυχῇ, ὃ ποιεῖ μὲν δοκεῖν εὖ ἔχειν τὸ
σῶμα καὶ τὴν ψυχήν, (464b) ἔχει δὲ οὐδὲν μᾶλλον.
(Γοργίας) ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
φέρε δή σοι, ἐὰν δύνωμαι, σαφέστερον ἐπιδείξω ὃ λέγω. δυοῖν ὄντοιν τοῖν
πραγμάτοιν δύο λέγω τέχνας· τὴν μὲν ἐπὶ τῇ ψυχῇ πολιτικὴν καλῶ, τὴν δὲ ἐπὶ
σώματι μίαν μὲν οὕτως ὀνομάσαι οὐκ ἔχω σοι, μιᾶς δὲ οὔσης τῆς τοῦ σώματος
θεραπείας δύο μόρια λέγω, τὴν μὲν γυμναστικήν, τὴν δὲ ἰατρικήν· τῆς δὲ
πολιτικῆς ἀντὶ μὲν τῆς γυμναστικῆς τὴν νομοθετικήν, ἀντίστροφον δὲ τῇ ἰατρικῇ
τὴν δικαιοσύνην. (464c) ἐπικοινωνοῦσι μὲν δὴ ἀλλήλαις, ἅτε περὶ τὸ αὐτὸ οὖσαι,
ἑκάτεραι τούτων, ἥ τε ἰατρικὴ τῇ γυμναστικῇ καὶ ἡ δικαιοσύνη τῇ νομοθετικῇ·
ὅμως δὲ διαφέρουσίν τι ἀλλήλων. τεττάρων δὴ τούτων οὐσῶν, καὶ ἀεὶ πρὸς τὸ
βέλτιστον θεραπευουσῶν τῶν μὲν τὸ σῶμα, τῶν δὲ τὴν ψυχήν, ἡ κολακευτικὴ
αἰσθομένη — οὐ γνοῦσα λέγω ἀλλὰ στοχασαμένη — τέτραχα ἑαυτὴν διανείμασα,
ὑποδῦσα ὑπὸ ἕκαστον τῶν μορίων, προσποιεῖται (464d) εἶναι τοῦτο ὅπερ ὑπέδυ,
καὶ τοῦ μὲν βελτίστου οὐδὲν φροντίζει, τῷ δὲ ἀεὶ ἡδίστῳ θηρεύεται τὴν ἄνοιαν
καὶ ἐξαπατᾷ, ὥστε δοκεῖ πλείστου ἀξία εἶναι. ὑπὸ μὲν οὖν τὴν ἰατρικὴν ἡ
ὀψοποιικὴ ὑποδέδυκεν, καὶ προσποιεῖται τὰ βέλτιστα σιτία τῷ σώματι εἰδέναι,
ὥστ' εἰ δέοι ἐν παισὶ διαγωνίζεσθαι ὀψοποιόν τε καὶ ἰατρόν, ἢ ἐν ἀνδράσιν οὕτως
ἀνοήτοις ὥσπερ οἱ παῖδες, πότερος ἐπαί̈ει περὶ τῶν χρηστῶν σιτίων καὶ (464e)
πονηρῶν, ὁ ἰατρὸς ἢ ὁ ὀψοποιός, λιμῷ ἂν ἀποθανεῖν τὸν ἰατρόν.
κολακείαν μὲν οὖν αὐτὸ καλῶ,
| [464] Polus que voici me réfutera. N'y a-t-il pas une substance
que tu appelles corps, et une suite que tu appelles âme?
— GORGIAS. Sans contredit. — SOCRATE. Ne juges-tu pas
qu'il y a une bonne constitution de l'un et de l'autre?
— GORGIAS. Oui. — SOCRATE. Ne reconnais-tu pas aussi
à leur égard une constitution qui paraît bonne, et qui
ne l'est pas? Je m'explique. Plusieurs paraissent avoir
le corps bien constitué; et tout autre qu'un médecin on
un maître de gymnase ne s'apercevrait pas aisément
qu'il n'en est rien. — GORGIAS. Cela est vrai. — SOCRATE.
Je dis donc qu'il y a dans le corps et dans l'âme je ne
sais quoi, qui fait croire qu'ils sont l'rtn et l'autre en
bon état, quoiqu'ils ne s'en portent pas mieux pour cela.
— GORGIAS. Tu as raison.
XIX. — SOCRATE. Voyons, Si je pourrai te faire entendre
plus clairement ce que je veux dire. Je dis qu'il
y a deux arts qui répondent à ces deux substances.
Celui qui 'épond à l'âme, je l'appelle politique. Pour
l'autre, qui regarde le corps, je ne saurais le désigner
par un seul nom. Mais quoique la culture du corps soit
une, j'en fais deux parties, dont l'une est la gymnastique,
et l'autre la médecine. En divisant de même la
politique en deux, je mets la partie législative vis-à-vis
de la gymnastique, et la partie judiciaire vis-à-vis de
la médecine. Car d'un côté la gymnastique et la médecine,
et de l'autre la partie législative et la judiciaire
ont beaucoup de rapport entre elles, parce qu'elles
s'exercent sur le même objet. Néanmoins elles diffèrent
l'une de l'autre en quelque chose.
Ces quatre arts étant tels que j'ai dit, et prenant toujours
le plus grand soin, les uns du corps, les autres de
l'âme, la flatterie s'en est aperçue, je ne dis point par
une connaissance réfléchie, mais par instinct et par
conjecture, et s'étant partagée en quatre, elle s'est insinuée
sous chacune de ces parties, se donnant. pour
être la partie sous laquelle elle s'est glissée. Elle ne
se met nullement en peine du meilleur; mais visant
toujours au plus agréable, elle attire dans ses filets les
insensés et les trompe, en sorte qu'ils ont pour elle la
plus grande estime. La cuisine s'est glissée sous la médecine,
et s'attribue le discernement des aliments les
plus salutaires au corps : de façon que, si le médecin
et le cuisinier avaient à disputer ensemble devant des
enfants, ou devant des hommes aussi peu raisonnables
que les enfants, pour savoir qui des deux, du cuisinier
ou du médecin connaît mieux les qualités bonnes ou
mauvaises de la nourriture, le médecin mourrait de
faim. Voilà donc ce que j'appelle flatterie,
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