HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Discours aux gentils

Paragraphe 1-2

  Paragraphe 1-2

[0] ΚΛΗΜΕΝΤΟΣ ΣΤΡΩΜΑΤΕΩΣ ΠΡΟΤΡΕΠΤΙΚΟΣ ΠΡΟΣ ΕΛΛΗΝΑΣ. [0] CLEMENT D'ALEXANDRIE - DISCOURS AUX GENTILS.
[1] Ἀμφίων Θηβαῖος καὶ Ἀρίων Μηθυμναῖος "ἄμφω μὲν ἤστην ᾠδικώ, μῦθος δὲ ἄμφω" (καὶ τὸ ᾆσμα εἰσέτι τοῦτο Ἑλλήνων ᾄδεται χορῷ), τέχνῃ τῇ μουσικῇ μὲν ἰχθὺν δελεάσας, δὲ Θήβας τειχίσας. Θρᾴκιος δὲ ἄλλος σοφιστὴς (ἄλλος οὗτος μῦθος Ἑλληνικός) ἐτιθάσευε τὰ θηρία γυμνῇ τῇ ᾠδῇ καὶ δὴ τὰ δένδρα, τὰς φηγούς, μετεφύτευε τῇ (1.1.2) μουσικῇ. Ἔχοιμ' ἄν σοι καὶ ἄλλον τούτοις ἀδελφὸν διηγή σασθαι μῦθον καὶ ᾠδόν, Εὔνομον τὸν Λοκρὸν καὶ τέττιγα τὸν Πυθικόν· πανήγυρις Ἑλληνικὴ ἐπὶ νεκρῷ δράκοντι συνεκροτεῖτο Πυθοῖ, ἐπιτάφιον ἑρπετοῦ ᾄδοντος Εὐνόμου· ὕμνος θρῆνος ὄφεως ἦν ᾠδή, οὐκ ἔχω λέγειν. Ἀγὼν δὲ ἦν καὶ ἐκιθάριζεν ὥρᾳ καύματος Εὔνομος, ὁπηνίκα οἱ τέττιγες ὑπὸ τοῖς πετάλοις ᾖδον ἀνὰ τὰ ὄρη θερόμενοι ἡλίῳ. Ἦιδον δὲ ἄρα οὐ τῷ δράκοντι τῷ νεκρῷ, τῷ Πυθικῷ, ἀλλὰ τῷ θεῷ τῷ πανσόφῳ αὐτόνομον ᾠδήν, τῶν Εὐνόμου βελτίονα νόμων. Ῥήγνυται χορδὴ τῷ Λοκρῷ· ἐφίπταται τέττιξ τῷ ζυγῷ· ἐτερέτιζεν ὡς ἐπὶ κλάδῳ τῷ ὀργάνῳ· καὶ τοῦ τέττιγος τῷ ᾄσματι ἁρμοσάμενος ᾠδὸς τὴν (1.1.3) λείπουσαν ἀνεπλήρωσε χορδήν. Οὔκουν ᾠδῇ τῇ Εὐνόμου ἄγεται τέττιξ, ὡς μῦθος βούλεται, χαλκοῦν ἀναστήσας Πυθοῖ τὸν Εὔνομον αὐτῇ τῇ κιθάρᾳ καὶ τὸν συναγωνιστὴν τοῦ Λοκροῦ· δὲ ἑκὼν ἐφίπταται καὶ ᾄδει ἑκών. Ἕλλησι δ' ἐδόκει ὑποκριτὴς γεγονέναι μουσικῆς. [1] On dit d'Amphion de Thèbes et d'Arion de Metymne qu'ils étaient si habiles dans la musique que, par la seul puissance de leurs accords, celui-ci attirait les poissons; l'autre élevait les murs de Thèbes. Ces fables sont encore dans la bouche des Grecs et répétées en chœur dans leurs fêtes. On raconte du chantre de la Thrace qu'aux accents de sa voix les bêtes farouches déposaient leur férocité, et les arbres des forêts marchaient à sa suite. Je pourrais vous entretenir d'autres fables et vous parler d'autres musiciens, je veux dire d'Eunode de Locres et de la cigale de Pitho. Toute la Grèce était rassemblée pour célébrer à Pitho la défaite du fameux serpent chantée par Eunone : avait-il composé une ode ou une élégie sur ce sujet? je n'en sais rien. Le combat venait de commencer. C'était dans la saison de l'été, quand les cigales, excitées par la chaleur du soleil, chantent sous les feuilles dans les bois et sur les montagnes; leurs chants affranchis de mesure célébraient, non le serpent terrassé, mais le Dieu son vainqueur, et surpassaient les accords d'Eunone. Une de ses cordes vint à se rompre : à l'instant une cigale saute sur sa lyre, s'y pose comme sur une branche d'arbre, et continue de chanter. Le musicien se met en harmonie avec elle, et répare ainsi la corde qu'il a perdue. Ainsi donc, d'après la fable, des sons mélodieux charmèrent une cigale. Une statue d'airain représentait Eunone avec une lyre et la cigale son émule; on la voit accourir, on croit l'entendre. Et les Grecs n'ont pas fait difficulté de la croire capable de cette imitation musicale.
[2] Πῇ δὴ οὖν μύθοις κενοῖς πεπιστεύκατε, θέλγεσθαι μουσικῇ τὰ ζῷα ὑπολαμβάνοντες; Ἀληθείας δὲ ὑμῖν τὸ πρόσωπον τὸ φαιδρὸν μόνον, ὡς ἔοικεν, ἐπίπλαστον εἶναι δοκεῖ καὶ τοῖς ἀπιστίας ὑποπέπτωκεν ὀφθαλμοῖς. Κιθαιρὼν δὲ ἄρα καὶ Ἑλικὼν καὶ τὰ Ὀδρυσῶν ὄρη καὶ Θρᾳκῶν τελεστήρια, τῆς πλάνης τὰ μυστήρια, τεθείασται καὶ (1.2.2) καθύμνηται. Ἐγὼ μέν, εἰ καὶ μῦθός εἰσι, δυσανασχετῶ τοσαύταις ἐκτραγῳδουμέναις συμφοραῖς· ὑμῖν δὲ καὶ τῶν κακῶν αἱ ἀναγραφαὶ γεγόνασι δράματα καὶ τῶν δραμάτων οἱ ὑποκριταὶ θυμηδίας θεάματα. Ἀλλὰ γὰρ τὰ μὲν δράματα καὶ τοὺς ληναΐζοντας ποιητάς, τέλεον ἤδη παροινοῦντας, κιττῷ που ἀναδήσαντες, ἀφραίνοντας ἐκτόπως τελετῇ βακχικῇ, αὐτοῖς σατύροις καὶ θιάσῳ μαινόλῃ, σὺν καὶ τῷ ἄλλῳ δαιμόνων χορῷ, Ἑλικῶνι καὶ Κιθαιρῶνι κατακλείσωμεν γεγηρακόσιν, κατάγωμεν δὲ ἄνωθεν ἐξ οὐρανῶν ἀλήθειαν ἅμα φανοτάτῃ φρονήσει εἰς ὄρος ἅγιον (1.2.3) θεοῦ καὶ χορὸν τὸν ἅγιον τὸν προφητικόν. δὲ ὡς ὅτι μάλιστα τηλαυγὲς ἀποστίλβουσα φῶς καταυγαζέτω πάντῃ τοὺς ἐν σκότει κυλινδουμένους καὶ τῆς πλάνης τοὺς ἀνθρώπους ἀπαλλαττέτω, τὴν ὑπερτάτην ὀρέγουσα δεξιάν, τὴν σύνεσιν, εἰς σωτηρίαν· οἳ δὲ ἀνανεύσαντες καὶ ἀνακύψαντες Ἑλικῶνα μὲν καὶ Κιθαιρῶνα καταλειπόντων, οἰκούντων δὲ Σιών· "Ἐκ γὰρ Σιὼν ἐξελεύσεται νόμος, καὶ λόγος κυρίου ἐξ Ἱερου σαλήμ", λόγος οὐράνιος, γνήσιος ἀγωνιστὴς ἐπὶ τῷ (1.2.4) παντὸς κόσμου θεάτρῳ στεφανούμενος. Αἴδει δέ γε Εὔνομος ἐμὸς οὐ τὸν Τερπάνδρου νόμον οὐδὲ τὸν Κηπίωνος, οὐδὲ μὴν Φρύγιον Λύδιον Δώριον, ἀλλὰ τῆς καινῆς ἁρμονίας τὸν ἀίδιον νόμον, τὸν φερώνυμον τοῦ θεοῦ, τὸ ᾆσμα τὸ καινόν, τὸ Λευιτικόν, "νηπενθές τ' ἄχολόν τε, κακῶν ἐπίληθες ἁπάντωνγλυκύ τι καὶ ἀληθινὸν φάρμα κον πειθοῦς ἐγκέκραται τῷ ᾄσματι. [2] Vous avez ajouté foi à ces fables; l'on a pu vous persuader que des bêtes se laissaient à ce point charmer par la musique ; c'est la vérité seule, malgré sa vive clarté, qui passe pour mensonge et qui rencontre chez vous des incrédules. Et l'Hélicon, et le Cithéron, et les montagnes de l'Otryse, et les initiations des Thraces, tous ces mystères de réception ont reçu un culte divin, ont eu des hymnes en leur honneur. Je vous l'avoue, les malheurs que chantent nos poètes tragiques remuent toute la sensibilité de mon âme, bien qu'ils ne soient que des fables; ils mettent en scène tous les maux de l'humanité. Mais voulez-vous m'en croire ? et ces fables, et ces poètes ceints du lierre de Bacchus, sans frein dans leur ivresse et dans leur délire, au milieu des orgies, et la troupe des satyres, et la multitude des bacchantes furibondes ; enfin tous ce ramas de dieux surannés, enfermons-les dans l'Hélicon, dans le Parnasse, vieillis eux-mêmes et aujourd'hui sans honneur. A leur place faisons descendre du ciel sur la montagne du vrai Dieu, au milieu du chœur sacré des prophètes, la vérité ou la raison aux clartés si vives. Qu'elle inonde les hommes de sa lumière, et dissipe les ténèbres où ils sont ensevelis. Qu'elle leur tende une main amie, c'est-à-dire qu'elle leur rende l'intelligence pour les tirer de l'erreur et les remettre dans la voie du salut. Qu'ils lèvent les yeux vers le ciel, qu'ils se dégagent des ombres de la mort, qu'ils désertent l'Hélicon et le Parnasse, et n'habitent plus désormais que les hauteurs de Sion. C'est de Sion que viendra la loi, c'est de Jérusalem que sortira la parole du Seigneur. La parole de Dieu c'est le Verbe descendu du ciel, et couronné comme un athlète sur la scène du monde. Mon Eunone à moi ne fait entendre ni les accents de Terpandre ou de Capiton, ni les accords de la Phrygie ou de la Lydie, ou de la Doride; mais un chant d'une suavité nouvelle, une mélodie toute céleste, une harmonie immortelle et divine; c'est le cantique nouveau de la tribu de Lévi. « Il dissipe la tristesse, désarme la colère, fait oublier tous le maux. » Je ne sais quoi de doux, de persuasif, se mêle à ce saint cantique, et pénètre au fond des cœurs ; c'est un baume qui vient eu guérir toutes les plaies.


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Dernière mise à jour : 26/02/2009