[8,78] Πρὸς δὲ τούτοις διεξῄεσαν, ὅτι δημεῦσαι
τὰ κοινὰ τῆς πόλεως ἐπιβαλόμενος οὔτε τῆς
βουλῆς ψηφισαμένης οὔτε τῷ συνυπάτῳ δοκοῦν, βίᾳ
κυροῦν ἐμέλλησε τὸν νόμον, ὃς οὐ καθ´ ἓν τοῦτο μόνον ἦν
ἀσύμφορός τε καὶ ἄδικος, ὅτι προβουλεῦσαι
δέον τὸ συνέδριον καὶ εἰ δόξειεν ἐκείνῳ κοινὴν ἁπάντων εἶναι
τῶν ἐν τέλει τὴν φιλανθρωπίαν ἑνὸς ἀνδρὸς
ἐποίει τὴν χάριν· ἀλλὰ καὶ κατ´ ἐκεῖνο τὸ πάντων
σχετλιώτατον, ὅτι λόγῳ μὲν δόσις ἦν τοῖς πολίταις
τῆς δημοσίας χώρας, ἔργῳ δ´ ἀφαίρεσις, Ῥωμαίων μὲν
τῶν κτησαμένων αὐτὴν μίαν μοῖραν ληψομένων, Ἑρνίκων δὲ καὶ
Λατίνων, ἧς οὐθὲν αὐτοῖς μετῆν, τὰς δύο·
καὶ ὡς οὐδὲ τοῖς δημάρχοις ἐναντιωθεῖσι καὶ παραλύειν
ἐκ τοῦ νόμου θάτερον ἀξιοῦσι μέρος τὸ κατὰ
τὴν ἰσομοιρίαν τῶν ἐπηλύδων, ἐπείσθη, ἀλλὰ καὶ δημάρχοις καὶ
συνυπάτῳ καὶ βουλῇ καὶ πᾶσι τοῖς ὑπὲρ
τοῦ κοινοῦ τὰ κράτιστα βουλευομένοις τἀναντία πράττων
διετέλεσε. διεξελθόντες δὲ ταῦτα καὶ μάρτυρας
αὐτῶν ἅπαντας τοὺς πολίτας ποιησάμενοι, μετὰ τοῦτ´
ἤδη καὶ τὰς ἀπορρήτους τῆς τυραννίδος παρείχοντο
πίστεις, ὡς χρήματά τε συνενέγκαιεν αὐτῷ Λατῖνοι
καὶ Ἕρνικες καὶ ὅπλα παρασκευάσαιντο καὶ συμπορεύοιντο ὡς
αὐτὸν οἱ θρασύτατοι τῶν ἐν ταῖς πόλεσι
νέων ἀπόρρητά τε ποιούμενοι βουλευτήρια καὶ πολλὰ
πρὸς τούτοις ἕτερα ὑπηρετοῦντες, καὶ παρείχοντο τοὺς
τούτων μάρτυρας πολλοὺς μὲν ἀστούς, πολλοὺς δ´ ἐκ
τῶν ἄλλων συμμαχίδων πόλεων, οὔτε φαύλους οὔτ´
ἀφανεῖς. οἷς ἐπίστευσεν ὁ δῆμος, καὶ οὔτε λόγοις ἔτι
ὑπαχθείς, οὓς ὁ ἀνὴρ ἐκ πολλῆς παρασκευῆς συγκειμένους
διέθετο, οὔτ´ οἴκτῳ ἐνδοὺς τριῶν μὲν αὐτῷ
παίδων μεγάλην παρεχόντων εἰς ἔλεον ἐπικουρίαν,
πολλῶν δ´ ἄλλων συγγενῶν τε καὶ ἑταίρων συνολοφυρομένων,
οὔτε τῶν κατὰ πολέμους ἔργων, δι´ οὓς
ἐπὶ μήκιστον ἦλθε τιμῆς φειδὼ λαβών τινα, καταψηφίζεται τὴν
δίκην. οὕτως τ´ ἄρα ἦν πικρὸς πρὸς τὸ
τῆς τυραννίδος ὄνομα, ὥστ´ οὐδ´ ἐν τῷ τιμήματι τῆς
δίκης μετρίᾳ ὀργῇ ἐχρήσατο πρὸς αὐτόν, ἀλλὰ θανάτου
ἐτίμησεν. εἰσῄει γὰρ αὐτὸν δέος, μὴ φυγὰς ἐλασθεὶς
ἐκ τῆς πατρίδος ἀνὴρ στρατηγῆσαι πολέμους τῶν τότε
δεινότατος ὅμοια δράσῃ Μαρκίῳ τά τε φίλια διαβάλλων καὶ τὰ
ἐχθρὰ συνιστὰς καὶ πόλεμον ἄσπειστον
ἐπαγάγῃ τῇ πατρίδι. τοῦτο τὸ τέλος τῆς δίκης λαβούσης
ἀγαγόντες οἱ ταμίαι τὸν ἄνδρα ἐπὶ τὸν ὑπερκείμενον τῆς ἀγορᾶς
κρημνόν, ἁπάντων ὁρώντων ἔρριψαν κατὰ τῆς πέτρας. αὕτη γὰρ
ἦν τοῖς τότε Ῥωμαίοις ἐπιχώριος τῶν ἐπὶ θανάτῳ ἁλόντων ἡ κόλασις.
| [8,78] Ils ajoutèrent que ce consul pour disposer des fonds publics, sans arrêt
du sénat et sans le consentement de son collègue, avait eu recours à la
force pour faire passer la loi agraire : loi autant inutile qu'injuste, non
seulement en ce qu'au lieu de demander préalablement la décision du
sénat, comme il le devait, afin que tous les magistrats parussent accorder
d'une commune voix la grâce dont il était question, il l'avoir voulu accorder
lui seul et de sa pleine puissance pour s'en réserver toute la gloire , mais
encore, (et c'est ce qu'il y avait de plus odieux) parce que sous prétexte
de distribuer les terres publiques aux citoyens, il n'avait point d'autre
intention que de leur enlever ce qu'ils avaient acquis, puisque, selon la loi
qu'il proposait, il ne leur en restait qu'un tiers, et que les Herniques et les
Latins, à qui ces biens n'appartenaient en aucune manière, en devaient
avoir les deux autres tiers. Que les tribuns s'y étant opposés et ayant
voulu retrancher de cette loi l'article qui donnait aux étrangers la même
portion des terres publiques qu'aux Romains mêmes, non seulement il ne
s'était pas rendu à leurs remontrances, mais qu'il avait absolument
entrepris de faire recevoir la loi en son entier, nonobstant l'avis contraire
des tribuns, de son collègue du sénat et de toutes les personnes bien
intentionnées pour les intérêts de la république. Sur ces chefs
d'accusation ils prennent tous les citoyens à témoins de la justice de leurs
plaintes. Ensuite ils passent aux preuves secrètes pour le convaincre
d'avoir aspiré à la tyrannie. Ils représentent que les Latins et les
Herniques lui avaient fourni de l'argent et préparé des armes : que les
jeunes gens les plus hardis sortaient de leurs villes pour se joindre à lui :
qu'ils tenaient des assemblées secrètes, et qu'en toute rencontre il se
servait de cette jeunesse pour exécuter ses volontés.
III. Sur tous ces chefs d'accusation qu'ils prouvaient par la déposition
d'une infinité de témoins irréprochables et distingués par leur mérite, tant
citoyens Romains que des autres villes alliées, le peuple persuadé que
Cassius était coupable, ne fit plus d'attention au discours artificieux qu'il
avait préparé pour sa défense. Ses trois enfants, ses proches et ses amis
se présentèrent en vain en état de suppliants pour fléchir ses juges ; le
souvenir de ses belles actions qui l'avaient élevé à un si haut point de
gloire, ne put adoucir les esprits irrités. Le peuple haïssait tellement
jusqu'au seul nom de tyrannie, qu'il prononça dans le moment la sentence
de mort contre Cassius, sans garder ni modération dans sa colère,
ni mesures dans la qualité de la peine à laquelle il le condamna. Comme
il était un des plus grands capitaines de son siècle, on appréhendait que
si on se contentait de l'exiler, il suivît l'exemple de Marcius, et que
calomniant ses amis il ne soulevât les nations voisines pour déclarer à sa
patrie une guerre irréconciliable.
IV. Son procès fait, les questeurs le menèrent sur une roche
escarpée qui commandait la place publique, d'où ils le précipitèrent
devant tous les citoyens assemblés: c'était alors le supplice ordinaire dont
on punissait chez les Romains ceux qui étaient condamnés à mort.
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