[8,1] Οἱ δὲ μετὰ τούτους ἀποδειχθέντες ὕπατοι κατὰ
τὴν ἑβδομηκοστὴν καὶ τρίτην ὀλυμπιάδα, {καθ´} ἣν
ἐνίκα στάδιον Ἀστύλος Κροτωνιάτης ἄρχοντος Ἀθήνησιν
Ἀγχίσου, Γάιος Ἰούλιος Ἰοῦλος καὶ Πόπλιος
Πινάριος Ῥοῦφος, ἄνδρες ἥκιστα πολεμικοὶ καὶ διὰ
τοῦτο μάλιστα τῆς ἀρχῆς ταύτης παρὰ τοῦ δήμου τυχόντες, εἰς
πολλοὺς καὶ μεγάλους ἠναγκάσθησαν κινδύνους καταστῆναι
πολέμου καταρραγέντος ἐκ τῆς ἐκείνων
ἀρχῆς, δι´ ὧν ἡ πόλις ὀλίγου ἐδέησεν ἐκ βάθρων
ἀναιρεθῆναι. ὁ γὰρ Μάρκιος ἐκεῖνος ὁ Κοριολάνος, ὁ
τὴν ἐπὶ τῇ τυραννίδι αἰτίαν σχὼν καὶ φυγῇ ἀιδίῳ
ἐλασθείς, ἀγανακτῶν τ´ ἐπὶ τῇ συμφορᾷ καὶ τιμωρίαν
παρὰ τῶν ἐχθρῶν βουλόμενος λαβεῖν, δι´ οὗ δ´ ἂν
αὕτη γένοιτο τρόπου καὶ δι´ οἵας δυνάμεως ἀνασκοπῶν
μίαν εὕρισκε Ῥωμαίοις τότ´ ἀντίπαλον ἰσχὺν τὴν Οὐολούσκων,
εἰ κοινῇ χρησάμενοι γνώμῃ καὶ τυχόντες
ἡγεμόνος ἔμφρονος ἐνστήσονται πρὸς αὐτοὺς τὸν πόλεμον.
ἐλογίζετο μὲν οὖν, ὡς εἰ πείσειε τοὺς Οὐολούσκους δέξασθαί τ´
αὐτὸν καὶ τὴν ἡγεμονίαν ἐπιτρέψαι
τοῦ πολέμου, ῥᾳδίως αὐτῷ διαπεπράξεται τὸ ἔργον·
ἐτάραττε δ´ αὐτὸν ἡ συνείδησις, ὅτι πλειστάκις κατὰ
τὰς μάχας δεινὰ δεδρακὼς ἦν αὐτοὺς καὶ πόλεις συμμαχίδας
ἀφῃρημένος. οὐ μὴν ἀπέστη γε τῆς πείρας
διὰ τὸ τοῦ κινδύνου μέγεθος, ἀλλ´ εἰς αὐτὰ τὰ δεινὰ
χωρεῖν ἐβουλεύσατο καὶ πάσχειν ὑπ´ αὐτῶν ὁτιοῦν.
φυλάξας δὲ νύκτα καὶ ταύτην σκοταίαν ἧκεν εἰς Ἄντιον, τὴν
ἐπιφανεστάτην τῶν ἐν Οὐολούσκοις πόλεων,
ἡνίκα περὶ δεῖπνον ἦσαν οἱ κατὰ τὴν πόλιν, καὶ παρελθὼν εἰς
οἰκίαν ἀνδρὸς δυνατοῦ, δι´ εὐγένειάν τε καὶ
πλοῦτον καὶ τὰς ἐν τοῖς πολέμοις πράξεις μέγα ἐφ´
ἑαυτῷ φρονοῦντος καὶ τὸ ἔθνος ὅλον ἄγοντος ὡς τὰ
πολλά, ᾧ Τύλλος Ἄττιος ὄνομα ἦν, ἱκέτης τοῦ ἀνδρὸς
γίνεται καθεζόμενος ἐπὶ τῆς ἑστίας. διηγησάμενος δ´
αὐτῷ τὰς κατασχούσας αὐτὸν ἀνάγκας, δι´ ἃς ὑπέμεινεν
ἐπὶ τοὺς ἐχθροὺς καταφυγεῖν, μέτρια ἠξίου φρονῆσαι
καὶ ἀνθρώπινα περὶ ἀνδρὸς ἱκέτου καὶ μηκέτι πολέμιον ἡγεῖσθαι
τὸν ὑποχείριον μηδ´ εἰς τοὺς ἀτυχοῦντας
καὶ τεταπεινωμένους ἀποδείκνυσθαι τὴν ἰσχὺν ἐνθυμούμενον,
ὡς οὐ μένουσιν ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς πράγμασιν
αἱ τῶν ἀνθρώπων τύχαι. Δύναιο δ´ ἄν, ἔφη, τοῦτ´
ἐξ αὐτοῦ μάλιστα μαθεῖν ἐμοῦ, ὃς ἐν τῇ μεγίστῃ πόλει
κράτιστός ποτ´ εἶναι τῶν ἄλλων δοκῶν νῦν ἔρημος
καὶ ἄπολις καὶ ταπεινὸς ἐρριμμένος τοῦτο πείσομαι,
ὅ τι ἂν ἐχθρῷ ὄντι σοι δοκῇ. ὑπισχνοῦμαι δέ σοι
τοσαῦτ´ ἀγαθὰ ποιήσειν Οὐολούσκους φίλος τῷ ἔθνει
γενόμενος, ὅσα κακὰ εἰργασάμην ἐχθρὸς ὤν. εἰ δέ τι
ἄλλο γινώσκεις περὶ ἐμοῦ, χρῆσαι τῇ ὀργῇ παραχρῆμα
καὶ θάνατον χάρισαί μοι τὸν τάχιστον αὐτοχειρίᾳ τε
καὶ ἐπὶ τῆς ἑστίας τῆς σεαυτοῦ καθιερεύσας τὸν ἱκέτην.
| [8,1] CHAPITRE PREMIER.
I. APRES ceux-ci, Caius Julius Julus et Publius Pinarius Rufus
furent élevés au consulat, la première année de la soixante-treizième
olympiade en laquelle Astylus de Crotone remporta le prix de la course,
Anchise étant archonte à Athènes. Ils n'étaient pas grands guerriers,
et ce fut principalement pour cette raison que le peuple les élut. Ils furent
néanmoins exposés aux plus grands périls : sous leur consulat il s'excita
une guerre qui mit la république à deux doigts de sa perte, et la
domination Romaine faillit à être renversée de fond en comble.
II. MARCIUS surnommé Coriolan qui avait été banni à perpétuité sur
la déposition des tribuns qui l'accusaient d'aspirer à la tyrannie, portait
impatiemment sa disgrâce et ne la songeait qu'à tirer vengeance de ses
ennemis. Comme il cherchait des forces suffisantes pour exécuter son
dessein, il ne trouva que la seule nation des Volsques qui fût en état de
balancer la puissance des Romains, si elle voulait d'un commun
consentement choisir un bon général et prendre les armes pour leur
déclarer la guerre. Il se persuada même que s'il pouvait les engager à le
recevoir chez eux et à lui donner le commandement des troupes, il
viendrait facilement à bout de ses entreprises. Une seule chose
combattait ses espérances : c'était le souvenir des maux qu'il leur avait
faits en leur enlevant un grand nombre de villes alliées dans les guerres
précédentes. Mais ces considérations. ne furent pas capables de le
détourner de son premier dessein. Méprisant la grandeur du péril et
déterminé à tout, il résolut de s'exposer aux plus rigoureux traitements
que ces peuples pourraient lui faire.
III. Il attend l'occasion favorable d'une nuit obscure, et sur l'heure du
souper il se rend à Antium la plus célèbre ville des Volsques. Il entre dans
la maison d'Attius Tullus homme puissant et par sa naissance et par ses
richesses : ce Tullus par le mérite de ses grands exploits de guerre avait
parmi les siens un air de supériorité ; il conduisait la plupart du temps
toute la nation. Marcius le trouve auprès de son foyer : il se jette à ses
pieds, il lui raconte ses malheurs, et lui expose la nécessité de les
affaires qui l'oblige d'avoir recours à ses ennemis mêmes. Il le conjure de
prendre à son égard des sentiments de compassion et de bonté, de ne
plus regarder comme ennemi un suppliant qui s'abandonne à sa
discrétion, et de ne pas faire sentir les effets de sa vengeance à un
malheureux accablé par ses propres misères, mais de respecter dans sa
personne l'inconstance de la fortune et les vicissitudes des choses
humaines qui ne restent pas toujours dans le même état. « C'est, ajouta-t-il,
ce que vous pouvez apprendre par mon exemple. Autrefois un des plus
considérables citoyens d'une grande ville, je me vois aujourd'hui
abandonné de tout le monde : chassé de ma patrie, je suis obligé de me
jeter à vos pieds en qualité de suppliant pour souffrir tout ce qu'il vous
plaira. Je vous promets au reste, que si les Volsques veulent me recevoir
dans leur amitié, je ferai dans la suite autant de bien à cette nation que je
lui ai fait de mal lorsque j'étais son ennemi. Si vous avez résolu de me
traiter à la rigueur, déchargez dès à présent toute votre colère sur cette
victime. Accordez-moi pour toute grâce une mort prompte, égorgez de
votre main et devant votre foyer un suppliant prosterné à vos pieds.
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