[8,2] Ἔτι δ´ αὐτοῦ ταῦτα λέγοντος ἐμβαλὼν τὴν
δεξιὰν ὁ Τύλλος καὶ ἀπὸ τῆς ἑστίας ἀναστήσας θαρρεῖν
τ´ αὐτὸν ἐκέλευσεν, ὡς μηδὲν ἀνάξιον τῆς ἰδίας
ἀρετῆς πεισόμενον καὶ πολλὰς αὐτῷ χάριτας εἰδέναι
τῆς πρὸς ἑαυτὸν ἀφίξεως ἔφη, τιμήν τινα οὐ μικρὰν
εἶναι καὶ ταύτην ἀποφαινόμενος· Οὐολούσκους τ´ αὐτῷ
πάντας ὑπισχνεῖτο ποιήσειν φίλους ἀρξάμενος ἀπὸ τῆς
ἑαυτοῦ πατρίδος· καὶ οὐδεμίαν ἐψεύσατο τῶν ὑποσχέσεων.
χρόνου δέ τινος οὐ πολλοῦ διελθόντος βουλευομένοις τοῖς
ἀνδράσι κατὰ σφᾶς, Μαρκίῳ τε καὶ
Τύλλῳ, κινεῖν ἐδόκει τὸν πόλεμον. ὁ μὲν οὖν Τύλλος
αὐτίκα μάλα ἐβούλετο πᾶσαν τὴν Οὐολούσκων δύναμιν
παραλαβὼν ἐπὶ τὴν Ῥώμην χωρεῖν, ἕως ἐστασίαζέ τε
καὶ ἡγεμόνας ἀπολέμους εἶχεν, ὁ δὲ Μάρκιος αἰτίαν
πρῶτον ᾤετο δεῖν εὐσεβῆ καὶ δικαίαν ἐνστήσασθαι τοῦ
πολέμου διδάσκων, ὡς ἁπάσαις μὲν πράξεσι θεοὶ
συλλαμβάνουσι, μάλιστα δὲ ταῖς κατὰ πολέμους, ὅσῳ μείζους τέ
εἰσι τῶν ἄλλων καὶ εἰς ἀδήλους φιλοῦσι κατασκήπτειν τύχας.
ἐτύγχανον δὲ τότε Ῥωμαίοις καὶ
Οὐολούσκοις ἐκεχειρίαι τοῦ πολέμου καὶ ἀνοχαὶ πρὸς
ἀλλήλους οὖσαι σπονδαί τε διετεῖς ὀλίγῳ πρότερον
χρόνῳ γενόμεναι. Ἐὰν μὲν οὖν ἀπερισκέπτως, ἔφη,
καὶ διὰ τάχους τὸν πόλεμον ἐπιφέρῃς, τοῦ λελύσθαι
τὰς σπονδὰς αἴτιος ἔσῃ καὶ τὸ δαιμόνιον οὐχ ἕξεις
εὐμενές· ἐὰν δὲ περιμείνῃς, ἕως ἐκεῖνοι τοῦτο ποιήσωσιν,
ἀμύνεσθαι δόξεις καὶ λελυμέναις σπονδαῖς βοηθεῖν. ὅπως δ´ ἂν
τοῦτο γένοιτο, καὶ ὅπως ἂν ἐκεῖνοι
μὲν ἄρξειαν παρασπονδεῖν, ἡμεῖς δὲ δόξαιμεν ὅσιον
καὶ δίκαιον ἐπιφέρειν τὸν πόλεμον, ἐγὼ σὺν πολλῇ
φροντίδι ἀνεύρηκα. δεῖ δ´ ὑφ´ ἡμῶν αὐτοὺς ἐξαπατηθέντας ἄρξαι
τῆς παρανομίας. ὁ δὲ τρόπος τῆς ἐξαπάτης, ὃν ἐγὼ τέως μὲν
ἀπόρρητον ἐφύλαττον ἀναμένων
τὸν οἰκεῖον αὐτοῦ καιρόν, νῦν δὲ σοῦ σπουδάζοντος
ἔργου ἔχεσθαι θᾶττον ἐκφέρειν εἰς μέσον ἀναγκάζομαι,
τοιόσδε ἐστίν· θυσίας ἐπιτελεῖν Ῥωμαῖοι μέλλουσι καὶ
ἀγῶνας ἄγειν ἀπὸ πολλῶν χρημάτων σφόδρα λαμπρούς,
ἀφίξονταί τε κατὰ θέαν ἐπὶ τούτους πολλοὶ τῶν
ξένων. τοῦτον ἀναμείνας τὸν χρόνον ἴθι καὶ σὺ καὶ
Οὐολούσκων ὅσους δύνασαι πλείστους παρασκεύασον
ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν θέαν· ὅταν δ´ ἐν τῇ πόλει γένῃ, τῶν
ἀναγκαιοτάτων τινά σοι φίλων κέλευσον ἐλθεῖν ὡς
τοὺς ὑπάτους καὶ δι´ ἀπορρήτων εἰπεῖν, ὅτι μέλλουσιν
ἐπιτίθεσθαι τῇ πόλει Οὐολοῦσκοι νύκτωρ, καὶ ἐπὶ
τοῦθ´ ἥκουσι τὸ ἔργον ἀθρόοι. εὖ γὰρ ἴσθι, ὡς εἰ
τοῦτ´ ἀκούσειαν οὐδὲν ἔτι ἐνδοιάσαντες ἐκβαλοῦσιν
ὑμᾶς ἐκ τῆς πόλεως καὶ παρέξουσιν ἀφορμὴν δικαίας ὀργῆς.
| [8,2] IV. Pendant qu'il parlait, Tullus lui tendait la main pour le relever. Il lui
dit de prendre courage : il le rassure, il lui engage sa parole qu'on ne lui
fera aucun traitement indigne de sa vertu. Il lui rend mille grâces de ce
qu'il s'est adressé à lui plutôt qu'à tout autre : il proteste qu'il est très
sensible à cet honneur, et promet de lui concilier la bienveillance de tous
les Volsques en commençant par la ville d'Antium sa patrie. Ces
promesses furent effectuées, et Tullus ne manqua point à sa parole.
V. QUELQUE temps après, Marcius et Tullus tinrent conseil entre
eux, et convinrent de susciter une guerre aux Romains. Tullus voulait
ramasser promptement toutes les forces des Volsques pour attaquer
Rome, tandis que le feu des séditions était encore allumé dans cette ville
et qu'elle avait des généraux peu aguerris. Mais Marcius fut d'avis
qu'avant toutes choses il fallait trouver un honnête prétexte de faire la
guerre. Il lui représenta que les dieux sont témoins de toutes nos
démarches, que dans tous les démêlés ils prennent fait et cause pour l'un
ou l'autre parti, mais particulièrement dans les affaires de la guerre qui
sont d'une plus grande conséquence et dont le succès est plus incertain.
L'affaire était d'autant plus délicate qu'il y avait alors entre les Romains et
les Volsques une trêve ou suspension d'armes pour deux ans, et dont le
traité n'était conclu que depuis peu.
« VI. Si donc ajouta Marcius, vous déclarez la guerre trop
précipitamment et sans avoir pris les précautions nécessaires, vous
serez l'infracteur du traité et vous n'aurez point les dieux pour vous. Si au
contraire vous attendez que les Romains aient fait les premières
démarches, vous serez alors sur la défensive et en droit de punir les
violateurs de la trêve. Mais voyons comment on peut s'y prendre :
cherchons les moyens de les porter à rompre le traité les premiers, afin
d'avoir un légitime prétexte de leur déclarer la guerre. Je les ai cherchés
longtemps ces moyens, avec toute l'application dont je suis capable, et je
les ai enfin trouvés. Il ne s'agit que de tromper les Romains, et de les
engager par-là à violer le droit des gens. J'ai trouvé le moyen le plus sur
pour y réussir. Il y a longtemps que je le tiens secret en attendant
l'occasion favorable. Mais aujourd'hui que je vous vois dans le dessein de
leur faire la guerre je ne crains point de vous le découvrir.
VII. Voici donc comme il faut s'y prendre. Les Romains doivent faire
des sacrifices et célébrer des jeux magnifiques avec beaucoup de
dépense. La curiosité attirera à ce spectacle un grand nombre
d'étrangers. Attendez cette favorable occasion : allez à la solennité de ces
jeux, et disposez le plus grand nombre des Volsques qu'il vous sera possible
à y assister avec vous. Quand vous serez à Rome, envoyez un
de vos plus fidèles amis avertir secrètement les consuls que les Volsques
se préparent à attaquer la ville pendant la nuit, et que c'est pour cela qu'il
en est venu un si grand nombre sous prétexte de voir la pompe des jeux,
Soyez certain que vous ne leur aurez pas plutôt fait donner cet avis, que
prenant l'épouvante ils vous chasseront incessamment de Rome, et vous
fourniront par-là un juste sujet de vengeance. »
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