[206] (206a) ἐρῶσιν ἅνθρωποι ἢ τοῦ ἀγαθοῦ. ἢ
σοὶ δοκοῦσιν; Μὰ Δί᾽ οὐκ ἔμοιγε, ἦν δ᾽ ἐγώ. Ἆρ᾽ οὖν, ἦ δ᾽ ἥ, οὕτως ἁπλοῦν ἐστι
λέγειν ὅτι οἱ ἄνθρωποι τἀγαθοῦ ἐρῶσιν; Ναί, ἔφην. Τί δέ; οὐ προσθετέον, ἔφη, ὅτι
καὶ εἶναι τὸ ἀγαθὸν αὑτοῖς ἐρῶσιν; Προσθετέον. Ἆρ᾽ οὖν, ἔφη, καὶ οὐ μόνον εἶναι,
ἀλλὰ καὶ ἀεὶ εἶναι; Καὶ τοῦτο προσθετέον. Ἔστιν ἄρα συλλήβδην, ἔφη, ὁ ἔρως τοῦ
τὸ ἀγαθὸν αὑτῷ εἶναι ἀεί. Ἀληθέστατα, ἔφην ἐγώ, λέγεις.
XXV. (206b) Ὅτε δὴ τούτου ὁ ἔρως ἐστὶν ἀεί, ἦ δ᾽ ἥ, τῶν τίνα τρόπον διωκόντων
αὐτὸ καὶ ἐν τίνι πράξει ἡ σπουδὴ καὶ ἡ ξύντασις ἔρως ἂν καλοῖτο; τί τοῦτο
τυγχάνει ὂν τὸ ἔργον; ἔχεις εἰπεῖν; Οὐ μεντ᾽ ἂν σέ, ἔφην ἐγώ, ὦ Διοτίμα,
ἐθαύμαζον ἐπὶ σοφίᾳ καὶ ἐφοίτων παρὰ σὲ αὐτὰ ταῦτα μαθησόμενος. Ἀλλ᾽ ἐγώ
σοι, ἔφη, ἐρῶ. ἔστι γὰρ τοῦτο τόκος ἐν καλῷ καὶ κατὰ τὸ σῶμα καὶ κατὰ τὴν
ψυχήν. Μαντείας, ἦν δ᾽ ἐγώ, δεῖται ὅτι ποτε λέγεις, καὶ οὐ μανθάνω. (206c) Ἀλλ᾽
ἐγώ, ἦ δ᾽ ἥ, σαφέστερον ἐρῶ. κυοῦσιν γάρ, ἔφη, ὦ Σώκρατες, πάντες ἄνθρωποι
καὶ κατὰ τὸ σῶμα καὶ κατὰ τὴν ψυχήν, καὶ ἐπειδὰν ἔν τινι ἡλικίᾳ γένωνται,
τίκτειν ἐπιθυμεῖ ἡμῶν ἡ φύσις. τίκτειν δὲ ἐν μὲν αἰσχρῷ οὐ δύναται, ἐν δὲ τῷ
καλῷ. ἡ γὰρ ἀνδρὸς καὶ γυναικὸς συνουσία τόκος ἐστίν. ἔστι δὲ τοῦτο θεῖον τὸ
πρᾶγμα, καὶ τοῦτο ἐν θνητῷ ὄντι τῷ ζῴῳ ἀθάνατον ἔνεστιν, ἡ κύησις καὶ ἡ
γέννησις. τὰ δὲ ἐν τῷ ἀναρμόστῳ ἀδύνατον γενέσθαι. (206d) ἀνάρμοστον δ᾽ ἐστὶ
τὸ αἰσχρὸν παντὶ τῷ θείῳ, τὸ δὲ καλὸν ἁρμόττον. Μοῖρα οὖν καὶ Εἰλείθυια ἡ
Καλλονή ἐστι τῇ γενέσει. διὰ ταῦτα ὅταν μὲν καλῷ προσπελάζῃ τὸ κυοῦν, ἵλεών
τε γίγνεται καὶ εὐφραινόμενον διαχεῖται καὶ τίκτει τε καὶ γεννᾷ· ὅταν δὲ αἰσχρῷ,
σκυθρωπόν τε καὶ λυπούμενον συσπειρᾶται καὶ ἀποτρέπεται καὶ ἀνείλλεται καὶ
οὐ γεννᾷ, ἀλλὰ ἴσχον τὸ κύημα χαλεπῶς φέρει. ὅθεν δὴ τῷ κυοῦντί τε καὶ ἤδη
σπαργῶντι πολλὴ ἡ πτοίησις γέγονε (206e) περὶ τὸ καλὸν διὰ τὸ μεγάλης ὠδῖνος
ἀπολύειν τὸν ἔχοντα. ἔστιν γάρ, ὦ Σώκρατες, ἔφη, οὐ τοῦ καλοῦ ὁ ἔρως, ὡς σὺ
οἴει. Ἀλλὰ τί μήν; Τῆς γεννήσεως καὶ τοῦ τόκου ἐν τῷ καλῷ. Εἶεν, ἦν δ᾽ ἐγώ.
Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη. τί δὴ οὖν τῆς γεννήσεως; ὅτι ἀειγενές ἐστι καὶ ἀθάνατον ὡς
θνητῷ ἡ γέννησις. ἀθανασίας
| [206] car les hommes n'aiment que le bien; n'est-ce pas ton avis?
— Si, par Zeus, répondis-je.
— Donc, reprit-elle, on peut dire simplement que les hommes
aiment le bien?
— Oui, répliquai-je.
— Mais ne faut-il pas ajouter, reprit-elle, qu'ils aiment que le
bien soit à eux?
— Il le faut ajouter.
— Et non seulement qu'il soit à eux, continua-t-elle, mais qu'il
soit à eux toujours?
— Oui, aussi.
— L'amour est donc en somme, dit-elle, le désir de
posséder toujours le bien.
—C'est parfaitement exact", répondis-je.
— Elle continua : "Si l'amour est en général l'amour du bien,
comment et dans quel cas appliquera-t-on le nom d'amour à la
passion et à l'ardeur de ceux qui poursuivent la possession du
bien? Qu'est-ce au juste que cette action spéciale? Pourrais-tu
me le dire?
— Si je le savais, Diotime, lui dis-je, je ne serais pas
en admiration devant ta science, et je ne fréquenterais
pas chez toi pour m'instruire précisément sur ces matières.
- Eh bien ! reprit-elle, je vais te le dire. C'est l'enfantement
dans la beauté, selon le corps et selon l'esprit.
— Il faut être devin, dis-je, pour saisir ce que tu dis,
et je ne comprends pas.
— Eh bien, reprit-elle, je vais parler plus clairement. Tous
les hommes, dit-elle, sont féconds, Socrate,
selon le corps et selon l'esprit. Quand nous sommes en
âge, notre nature sent le désir d'engendrer, mais elle ne
peut engendrer dans le laid, elle ne le peut que dans le
beau ; et en effet l'union de l'homme et de la femme est
enfantement. C'est là une oeuvre divine, et l'être mortel
participe à l'immortalité par la fécondation et la génération ;
mais elle est impossible dans ce qui est discordant;
or le laid ne s'accorde jamais avec le divin, tandis
que le beau s'y accorde. La Beauté est donc pour la
génération une Moire et une Eileithyie. Aussi quand
l'être pressé d'enfanter s'approche du beau, il devient
joyeux, et, dans son allégresse, il se dilate et enfante et
produit ; quand, au contraire, il s'approche du laid,
renfrogné et chagrin, il se resserre sur lui-même, se
détourne, se replie et n'engendre pas; il garde son
germe, et il souffre. De là vient pour l'être fécond et
gonflé de sève le ravissement dont il est frappé en
présence de la beauté, parce qu'elle le délivre de la
grande souffrance du désir; car l'amour, ajouta-t-elle,
n'est pas l'amour du beau, Socrate, comme tu le crois.
— Qu'est-ce donc?
— L'amour de la génération et de l'enfantement dans le beau.
— Je veux bien l'admettre, dis-je.
— Rien n'est plus vrai, reprit-elle. Mais pourquoi de
la génération? Parce que la génération est pour un
mortel quelque chose d'immortel et d'éternel;
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