[414] καὶ ἐν ἀνδράσι βασανι (414a) ζόμενον καὶ ἀκήρατον ἐκβαίνοντα
καταστατέον ἄρχοντα τῆς πόλεως καὶ φύλακα, καὶ τιμὰς δοτέον καὶ ζῶντι
καὶ τελευτήσαντι, τάφων τε καὶ τῶν ἄλλων μνημείων μέγιστα γέρα
λαγχάνοντα· τὸν δὲ μὴ τοιοῦτον ἀποκριτέον. τοιαύτη τις, ἦν δ’ ἐγώ, δοκεῖ
μοι, ὦ Γλαύκων, ἡ ἐκλογὴ εἶναι καὶ κατάστασις τῶν ἀρχόντων τε καὶ
φυλάκων, ὡς ἐν τύπῳ, μὴ δι’ ἀκριβείας, εἰρῆσθαι.
Καὶ ἐμοί, ἦ δ’ ὅς, οὕτως πῃ φαίνεται.
(b) ῏Αρ’ οὖν ὡς ἀληθῶς ὀρθότατον καλεῖν τούτους μὲν φύλακας
παντελεῖς τῶν τε ἔξωθεν πολεμίων τῶν τε ἐντὸς φιλίων, ὅπως οἱ μὲν μὴ
βουλήσονται, οἱ δὲ μὴ δυνήσονται κακουργεῖν, τοὺς δὲ νέους, οὓς δὴ νῦν
φύλακας ἐκαλοῦμεν, ἐπικούρους τε καὶ βοηθοὺς τοῖς τῶν ἀρχόντων δόγμασιν;
῎Εμοιγε δοκεῖ, ἔφη.
Τίς ἂν οὖν ἡμῖν, ἦν δ’ ἐγώ, μηχανὴ γένοιτο τῶν ψευδῶν τῶν ἐν δέοντι
γιγνομένων, ὧν δὴ νῦν ἐλέγομεν, γενναῖόν (c) τι ἓν ψευδομένους πεῖσαι
μάλιστα μὲν καὶ αὐτοὺς τοὺς ἄρχοντας, εἰ δὲ μή, τὴν ἄλλην πόλιν;
Ποῖόν τι; ἔφη.
Μηδὲν καινόν, ἦν δ’ ἐγώ, ἀλλὰ Φοινικικόν τι, πρότερον μὲν ἤδη
πολλαχοῦ γεγονός, ὥς φασιν οἱ ποιηταὶ καὶ πεπείκασιν, ἐφ’ ἡμῶν δὲ οὐ
γεγονὸς οὐδ’ οἶδα εἰ γενόμενον ἄν, πεῖσαι δὲ συχνῆς πειθοῦς.
῾Ως ἔοικας, ἔφη, ὀκνοῦντι λέγειν.
Δόξω δέ σοι, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ μάλ’ εἰκότως ὀκνεῖν, ἐπειδὰν εἴπω.
Λέγ’, ἔφη, καὶ μὴ φοβοῦ.
(d) Λέγω δή : καίτοι οὐκ οἶδα ὁποίᾳ τόλμῃ ἢ ποίοις λόγοις χρώμενος
ἐρῶ : καὶ ἐπιχειρήσω πρῶτον μὲν αὐτοὺς τοὺς ἄρχοντας πείθειν καὶ τοὺς
στρατιώτας, ἔπειτα δὲ καὶ τὴν ἄλλην πόλιν, ὡς ἄρ’ ἃ ἡμεῖς αὐτοὺς
ἐτρέφομέν τε καὶ ἐπαιδεύομεν, ὥσπερ ὀνείρατα ἐδόκουν ταῦτα πάντα
πάσχειν τε καὶ γίγνεσθαι περὶ αὐτούς, ἦσαν δὲ τότε τῇ ἀληθείᾳ ὑπὸ γῆς
ἐντὸς πλαττόμενοι καὶ τρεφόμενοι καὶ αὐτοὶ καὶ τὰ (e) ὅπλα αὐτῶν καὶ ἡ
ἄλλη σκευὴ δημιουργουμένη, ἐπειδὴ δὲ παντελῶς ἐξειργασμένοι ἦσαν,
καὶ ἡ γῆ αὐτοὺς μήτηρ οὖσα ἀνῆκεν, καὶ νῦν δεῖ ὡς περὶ μητρὸς καὶ
τροφοῦ τῆς χώρας ἐν ᾗ εἰσι βουλεύεσθαί τε καὶ ἀμύνειν αὐτούς, ἐάν τις
ἐπ’ αὐτὴν ἴῃ, καὶ ὑπὲρ τῶν ἄλλων πολιτῶν ὡς ἀδελφῶν ὄντων καὶ
γηγενῶν διανοεῖσθαι.
Οὐκ ἐτός, ἔφη, πάλαι ᾐσχύνου τὸ ψεῦδος λέγειν.
| [414] et de l'âge viril, et en sera sorti pur, (414a)
nous l'établirons chef de la cité et gardien, nous
l'honorerons pendant sa vie et après sa mort, lui
accordant l'insigne récompense de tombeaux et de
monuments à sa mémoire ; mais celui qui ne sera pas tel,
nous l'exclurons. Voilà, Glaucon, de quelle façon doit se
faire, à mon sens, le choix des chefs et des gardiens, à ne
le décrire qu'en général, et sans entrer dans le détail.
Je partage ton avis, dit-il.
Par suite, pour être vraiment aussi exact que possible, ne
convient-il pas d'appeler, d'une part, gardiens accomplis
(414b) ceux qui veillent sur les ennemis de l'extérieur et les
amis de l'intérieur, afin d'ôter aux uns la volonté, aux
autres le pouvoir de nuire, et de donner, d'autre part,
aux jeunes gens que nous appelions tout à l'heure gardiens,
le nom d'auxiliaires et de défenseurs de la pensée des chefs ?
Il me le semble.
Maintenant, repris-je, quel moyen aurons-nous de faire
croire quelque noble mensonge - l'un de ceux que
nous avons qualifiés tantôt de nécessaires - principalement
(414c) aux chefs eux-mêmes, et, sinon, aux autres citoyens ?
Quel mensonge ? s'enquit-il.
Un qui n'est point nouveau, mais d'origine phénicienne,
répondis-je ; il concerne une chose qui s'est déjà
passée en maints endroits, comme les poètes le disent et
l'ont fait croire, mais qui n'est point arrivée de nos jours,
qui peut-être n'arrivera jamais, et qui, pour qu'on
l'admette, demande beaucoup d'éloquence persuasive.
Comme tu parais hésiter à parler !
Tu verras, quand j'aurai parlé, que j'ai bien raison d'hésiter.
Mais parle et ne crains point.
(414d) Je vais donc le faire - quoique je ne sache de quelle
audace et de quelles expressions j'userai pour cela - et
j'essaierai de persuader d'abord aux chefs et aux soldats,
ensuite aux autres citoyens, que tout ce que nous leur
avons appris en les élevant et les instruisant, tout ce dont
ils croyaient avoir le sentiment et l'expérience, n'était,
pour ainsi dire, que songe; qu'en réalité ils étaient alors
formés et élevés au sein de la terre, eux, leurs (414e)
armes et tout ce qui leur appartient ; qu'après les avoir
entièrement formés la terre, leur mère, les a mis au jour;
que, dès lors, ils doivent regarder la contrée qu'ils
habitent comme leur mère et leur nourrice, la
défendre contre qui l'attaquerait, et traiter les autres
citoyens en frères, en fils de la terre comme eux.
Ce n'est point sans raison que tu éprouvais de la honte à
dire ce mensonge !
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