HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre VIII

Chapitres 90-94

  Chapitres 90-94

[8,90] ἐγένετο δὲ καὶ τόδε ἐν τῷ θορύβῳ τούτῳ. τῶν τινες Φοινίκων, τῶν αἱ νέες διεφθάρατο, ἐλθόντες παρὰ βασιλέα διέβαλλον τοὺς Ἴωνας, ὡς διἐκείνους ἀπολοίατο αἱ νέες, ὡς προδόντων. συνήνεικε ὦν οὕτω ὥστε Ἰώνων τε τοὺς στρατηγοὺς μὴ ἀπολέσθαι Φοινίκων τε τοὺς διαβάλλοντας λαβεῖν τοιόνδε μισθόν. (2) ἔτι τούτων ταῦτα λεγόντων ἐνέβαλε νηὶ Ἀττικῇ Σαμοθρηικίη νηῦς. τε δὴ Ἀττικὴ κατεδύετο καὶ ἐπιφερομένη Αἰγιναίη νηῦς κατέδυσε τῶν Σαμοθρηίκων τὴν νέα. ἅτε δὲ ἐόντες ἀκοντισταὶ οἱ Σαμοθρήικες τοὺς ἐπιβάτας ἀπὸ τῆς καταδυσάσης νεὸς βάλλοντες ἀπήραξαν καὶ ἐπέβησάν τε καὶ ἔσχον αὐτήν. (3) ταῦτα γενόμενα τοὺς Ἴωνας ἐρρύσατο· ὡς γὰρ εἶδε σφέας Ξέρξης ἔργον μέγα ἐργασαμένους, ἐτράπετο πρὸς τοὺς Φοίνικας οἷα ὑπερλυπεόμενός τε καὶ πάντας αἰτιώμενος, καὶ σφεων ἐκέλευσε τὰς κεφαλὰς ἀποταμεῖν, ἵνα μὴ αὐτοὶ κακοὶ γενόμενοι τοὺς ἀμείνονας διαβάλλωσι. (4) ὅκως γάρ τινα ἴδοι Ξέρξης τῶν ἑωυτοῦ ἔργον τι ἀποδεικνύμενον ἐν τῇ ναυμαχίῃ, κατήμενος ὑπὸ τῷ ὄρεϊ τῷ ἀντίον Σαλαμῖνος τὸ καλέεται Αἰγάλεως, ἀνεπυνθάνετο τὸν ποιήσαντα, καὶ οἱ γραμματισταὶ ἀνέγραφον πατρόθεν τὸν τριήραρχον καὶ τὴν πόλιν. πρὸς δέ τι καὶ προσεβάλετο φίλος ἐὼν Ἀριαράμνης ἀνὴρ Πέρσης παρεὼν τούτου τοῦ Φοινικηίου πάθεος. οἳ μὲν δὴ πρὸς τοὺς Φοίνικας ἐτράποντο. [8,90] XC. Des Phéniciens, ayant perdu leurs vaisseaux dans ce tumulte, accusèrent auprès du roi les Ioniens de trahison, et d'être la cause de leur perte. Les généraux ioniens ne furent pas cependant punis de mort, et les Phéniciens qui les avaient accusés reçurent le salaire qu'ils méritaient. Ils parlaient encore, lorsqu'un vaisseau samothrace fondit sur un vaisseau athénien et le coula à fond. En même temps un vaisseau éginète tomba sur le vaisseau samothrace et le coula aussi à fond ; mais les Samothraces, excellents hommes de trait, chassèrent à coups de javelot les soldats du vaisseau qui avait coulé à fond le leur, et, s'étant jetés dessus, ils s'en rendirent maîtres. Cette action sauva les Ioniens. Témoin de cet exploit, Xerxès se tourna vers les Phéniciens; et comme il était très affligé de la perte de la bataille, et qu'il les accusait tous d'en être les auteurs, il leur fit couper la tête, afin que des lâches ne pussent plus calomnier des gens plus braves qu'eux. Assis au pied du mont Ægaléos, qui est vis-à-vis de Salamine, il considérait tout, et, quand il apercevait quelque action remarquable, il s'informait de celui qui l'avait faite, et ses secrétaires écrivaient son nom, celui de son père et de quelle ville il était. Ariaramnès, seigneur perse, qui était ami des Ioniens, et qui se trouvait présent au récit des Phéniciens, contribua beaucoup par ses accusations au malheur de ceux-ci.
[8,91] τῶν δὲ βαρβάρων ἐς φυγὴν τραπομένων καὶ ἐκπλεόντων πρὸς τὸ Φάληρον, Αἰγινῆται ὑποστάντες ἐν τῷ πορθμῷ ἔργα ἀπεδέξαντο λόγου ἄξια. οἱ μὲν γὰρ Ἀθηναῖοι ἐν τῷ θορύβῳ ἐκεράιζον τάς τε ἀντισταμένας καὶ τὰς φευγούσας τῶν νεῶν, οἱ δὲ Αἰγινῆται τὰς ἐκπλεούσας· ὅκως δὲ τινὲς τοὺς Ἀθηναίους διαφύγοιεν, φερόμενοι ἐσέπιπτον ἐς τοὺς Αἰγινήτας. [8,91] XCI. Tandis que ces choses se passaient à l'égard des Phéniciens, les Barbares, mis en fuite, tâchaient de gagner le port de Phalère ; mais les Éginètes, placés dans le détroit, tirent des actions mémorables. Dans le trouble et la confusion oit se trouvaient les ennemis, les Athéniens détruisaient et les vaisseaux qui leur résistaient et ceux qui fuyaient; d'un autre côté, les Éginètes ne maltraitaient pas moins ceux qui cherchaient à s'échapper : de sorte que quand un vaisseau s'était tiré des mains des Athéniens, il tombait dans celles des Éginètes.
[8,92] ἐνθαῦτα συνεκύρεον νέες τε Θεμιστοκλέος διώκουσα νέα καὶ Πολυκρίτου τοῦ Κριοῦ ἀνδρὸς Αἰγινήτεω νηὶ ἐμβαλοῦσα Σιδωνίῃ, περ εἷλε τὴν προφυλάσσουσαν ἐπὶ Σκιάθῳ τὴν Αἰγιναίην, ἐπἧς ἔπλεε Πυθέης Ἰσχενόου, τὸν οἱ Πέρσαι κατακοπέντα ἀρετῆς εἵνεκα εἶχον ἐν τῇ νηὶ ἐκπαγλεόμενοι· τὸν δὴ περιάγουσα ἅμα τοῖσι Πέρσῃσι ἥλω νηῦς Σιδωνίη, ὥστε Πυθέην οὕτω σωθῆναι ἐς Αἴγιναν. (2) ὡς δὲ ἐσεῖδε τὴν νέα τὴν Ἀττικὴν Πολύκριτος, ἔγνω τὸ σημήιον ἰδὼν τῆς στρατηγίδος, καὶ βώσας τὸν Θεμιστοκλέα ἐπεκερτόμησε ἐς τῶν Αἰγινητέων τὸν μηδισμὸν ὀνειδίζων. ταῦτα μέν νυν νηὶ ἐμβαλὼν Πολύκριτος ἀπέρριψε ἐς Θεμιστοκλέα· οἱ δὲ βάρβαροι τῶν αἱ νέες περιεγένοντο, φεύγοντες ἀπίκοντο ἐς Φάληρον ὑπὸ τὸν πεζὸν στρατόν. [8,92] XCII. Sur ces entrefaites, Thémistocle, qui était à la poursuite des Perses, rencontra Polycrite, fils de Crios d'Égine, qui attaquait un vaisseau sidonien. Celui-ci avait pris le vaisseau éginète envoyé à la découverte près de l'île de Sciathos, que montait Pythès, fils d'Ischénoüs, qui fut criblé de coups en se battant contre les Perses, et que ceux-ci avaient conservé par admiration pour son courage. Ce vaisseau sinodien ayant été pris par Polycrite avec les Perses qui le montaient, Pythès recouvra la liberté et s'en retourna à Égine. Polycrite reconnut aussitôt le vaisseau amiral athénien à la figure dont il était orné, et, appelant à haute voix Thémistocle, il le railla d'une manière sanglante sur l'attachement qu'on reprochait aux Éginètes pour les Mèdes; et, sans discontinuer de lancer ces traits contre Thémistocle, il attaquait le vaisseau sidonien. Quant aux Barbares qui conservèrent leurs vaisseaux par la fuite, ils se retirèrent au port de Phalère sous la protection de l'armée de terre.
[8,93] ἐν δὲ τῇ ναυμαχίῃ ταύτῃ ἤκουσαν Ἑλλήνων ἄριστα Αἰγινῆται, ἐπὶ δὲ Ἀθηναῖοι, ἀνδρῶν δὲ Πολύκριτός τε Αἰγινήτης καὶ Ἀθηναῖοι Εὐμένης τε Ἀναγυράσιος καὶ Ἀμεινίης Παλληνεύς, ὃς καὶ Ἀρτεμισίην ἐπεδίωξε. εἰ μέν νυν ἔμαθε ὅτι ἐν ταύτῃ πλέοι Ἀρτεμισίη, οὐκ ἂν ἐπαύσατο πρότερον εἷλέ μιν καὶ αὐτὸς ἥλω. (2) τοῖσι γὰρ Ἀθηναίων τριηράρχοισι παρεκεκέλευστο, πρὸς δὲ καὶ ἄεθλον ἔκειτο μύριαι δραχμαί, ὃς ἄν μιν ζωὴν ἕλῃ· δεινὸν γάρ τι ἐποιεῦντο γυναῖκα ἐπὶ τὰς Ἀθήνας στρατεύεσθαι. αὕτη μὲν δή, ὡς πρότερον εἴρηται, διέφυγε· ἦσαν δὲ καὶ οἱ ἄλλοι, τῶν αἱ νέες περιεγεγόνεσαν, ἐν τῷ Φαλήρῳ. [8,93] XCIII. Les Éginètes se distinguèrent le plus à cette journée, et, après eux, les Athéniens; et parmi les Éginètes, Polycrite; et du côté des Athéniens, Eumènes d'Anagyronte et Aminias de Pallène, qui poursuivit Artémise. S'il eût su que cette princesse était sur ce vaisseau, il n'aurait pas cessé de lui donner chasse qu'il ne l'eût prise, ou bien il aurait été pris lui-même. Tel était l'ordre qu'avaient reçu les capitaines athéniens. On avait même promis une récompense de dix milles drachmes à celui qui la ferait prisonnière, tant les Athéniens étaient indignés qu'une femme fût venue en armes contre eux; mais elle trouva moyen d'échapper, comme on l'a dit plus haut. Il y eut encore d'autres vaisseaux barbares qui se retirèrent au port de Phalère sans être endommagés.
[8,94] Ἀδείμαντον δὲ τὸν Κορίνθιον στρατηγὸν λέγουσι Ἀθηναῖοι αὐτίκα κατἀρχάς, ὡς συνέμισγον αἱ νέες, ἐκπλαγέντα τε καὶ ὑπερδείσαντα, τὰ ἱστία ἀειράμενον οἴχεσθαι φεύγοντα, ἰδόντας δὲ τοὺς Κορινθίους τὴν στρατηγίδα φεύγουσαν ὡσαύτως οἴχεσθαι. (2) ὡς δὲ ἄρα φεύγοντας γίνεσθαι τῆς Σαλαμινίης κατὰ ἱρὸν Ἀθηναίης Σκιράδος, περιπίπτειν σφι κέλητα θείῃ πομπῇ, τὸν οὔτε πέμψαντα φανῆναι οὐδένα, οὔτε τι τῶν ἀπὸ τῆς στρατιῆς εἰδόσι προσφέρεσθαι τοῖσι Κορινθίοισι. τῇδε δὲ συμβάλλονται εἶναι θεῖον τὸ πρῆγμα. ὡς γὰρ ἀγχοῦ γενέσθαι τῶν νεῶν, τοὺς ἀπὸ τοῦ κέλητος λέγειν τάδε. (3) “Ἀδείμαντε, σὺ μὲν ἀποστρέψας τὰς νέας ἐς φυγὴν ὅρμησαι καταπροδοὺς τοὺς Ἕλληνας· οἳ δὲ καὶ δὴ νικῶσι ὅσον αὐτοὶ ἠρῶντο ἐπικρατήσαντες τῶν ἐχθρῶν”. ταῦτα λεγόντων ἀπιστέειν γὰρ τὸν Ἀδείμαντον, αὖτις τάδε λέγειν, ὡς αὐτοὶ οἷοί τε εἶεν ἀγόμενοι ὅμηροι ἀποθνήσκειν, ἢν μὴ νικῶντες φαίνωνται οἱ Ἕλληνες. (4) οὕτω δὴ ἀποστρέψαντα τὴν νέα αὐτόν τε καὶ τοὺς ἄλλους ἐπἐξεργασμένοισι ἐλθεῖν ἐς τὸ στρατόπεδον. τούτους μὲν τοιαύτη φάτις ἔχει ὑπὸ Ἀθηναίων, οὐ μέντοι αὐτοί γε Κορίνθιοι ὁμολογέουσι, ἀλλἐν πρώτοισι σφέας αὐτοὺς τῆς ναυμαχίης νομίζουσι γενέσθαι· μαρτυρέει δέ σφι καὶ ἄλλη Ἑλλάς. [8,94] XCIV. Les Athéniens disent qu'Adimante, général des Corinthiens, saisi de frayeur au premier choc des ennemis, déploya ses voiles et se sauva; que les Corinthiens, voyant leur vaisseau amiral s'enfuir, se retirèrent aussi; qu'arrivés près du temple de Minerve Sciras, sur la côte de Salamine, ils rencontrèrent une felouque envoyée par les dieux. On conjecture qu'il y avait là quelque chose de divin, sur ce que celui qui l'envoyait ne parut point, et que cette felouque s'étant approchée des Corinthiens, qui ignoraient ce qui se passait sur la flotte, et étant à la portée de leurs vaisseaux, ceux qui la montaient leur dirent « Adimante, traître envers les Grecs, tu t'enfuis à la hâte, et cependant ils sont victorieux et remportent tous les avantages qu'ils ont désirés; » qu'Adimante ne les croyant pas, ceux qui montaient la felouque ajoutèrent, selon les Athéniens, qu'on les retînt pour otages, et qu'on les fit mourir si les alliés n'étaient pas victorieux ; que là-dessus Adimante et les siens virèrent de bord et arrivèrent à la flotte grecque après l'action. Tel est le bruit généralement répandu à Athènes ; mais les Corinthiens, bien loin de convenir de la vérité de ce fait, prétendent s'être signalés des premiers dans le combat naval, et le reste de la Grèce leur rend aussi ce témoignage,


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Dernière mise à jour : 2/02/2006